Damnation de Lucifer

Adresse :
Les boudeurs rengorgés,
Les purs de mode,
Les inquisiteurs chagrins,
Les hérissés de poil,
Les durs de cœur,
Les superstitieux fanatiques,
Et tous les gens en uniforme, civil, religieux ou militaire,
sont priés de s’abstenir de lire ce livre, s’ils veulent garder leurs culottes…
On a trouvé ce livre dans la poche d’une gabardine noire laissée au secours catholique…

Introduction

On a trouvé le manuscrit de ce livre dans la poche d’une gabardine noire laissée au Secours Catholique. Le pauvre qui l’a reçue en partage, un algérien, qui ne savait lire que l’arabe, eut l’heureux réflexe de ne point le jeter, mais de le confier à sa voisine de pallier, une brave chrétienne, qui, par la suite, vint s’accuser en confession d’avoir lu un mauvais livre. Son confesseur, en homme intelligent et avisé, lui imposa comme pénitence de lui remettre le livre en question.

Elle le fit, et c’est la raison pour laquelle il ne fut pas perdu.

C’est une sorte de journal écrit par un vicaire parisien nommé « Michel », ce nom, il est vrai, ne figure qu’une seule fois dans le récit, et dans une circonstance tout à fait exceptionnelle.

Je pouvais évidemment beaucoup hésiter à livrer ce « journal » au public, en raison de son caractère intime, presque confidentiel, et surtout par crainte que tel ou tel lecteur ne crût se reconnaître sous les traits de tel ou tel personnage. Ce serait là une coïncidence tout à fait fortuite et involontaire, de la part d’un auteur volontairement discret, et qui semble avoir pris le plus grand soin à travestir les noms, pour éviter toute méprise.

Le titre et l’adresse figuraient également  dans le manuscrit.