Saint Joseph m’a dit :
« Tout ce que je n’ai pas pu dire, tu le diras «
Ce roman historique ne prétend pas reconstituer exactement des événements qui resteront inconnus en ce monde, sauf quelques indications très lacunaires dont nous avons ici et là tenu compte. Il n’y a pas d’autres documents que les Évangiles qui ont été exposés dans toute leur objectivité et expliqués par la règle de la Foi. Ce que nous avons reconstitué constitue une trame « vraisemblable » en terre d’Israël et dans la diaspora de l’époque de saint Joseph.
Préface
Le premier chapitre de l’EVANGILE de saint Matthieu
« Livre de la Genèse de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.
Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda…
« Mathan engendra Jacob, Jacob engendra Joseph, l’homme de Marie,
de laquelle fut engendré Jésus appelé Christ.
« Quant à la génération de Jésus-Christ, elle fut ainsi : sa mère Marie était mariée à Joseph, et avant qu’ils soient allés ensemble, il se trouva qu’elle portait en son ventre du fait de l’Esprit Saint. Joseph son homme étant juste ne voulut pas la citer en exemple, et il se résignait à la renvoyer en secret. Comme il avait cela en tête, voici que l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, n’hésite pas à garder avec toi Marie ta femme du fait que ce qui est en elle est de l’Esprit Saint. Elle va enfanter un fils et tu l’appelleras du nom de Jésus, car il vient sauver son peuple de ses péchés. » Et cela arriva pour que fût accompli ce qu’avait dit le Seigneur par la bouche du Prophète : « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils et ils lui donneront le nom « Emmanuel », ce qui signifie : « Dieu-avec-nous ». Joseph s’étant éveillé de son sommeil fit ce que lui avait enjoint l’Ange du Seigneur et il garda sa femme auprès de lui. Et sans qu’il la connût, elle enfanta un fils et il l’appela de son nom : Jésus.
L’Ancien Testament commence par une Genèse : c’est la genèse du péché par la transgression de la Loi naturelle spécifique de la créature humaine, la rupture du témoignage (amartia en grec) : la déchirure de l’hymen. Le premier fruit taré de cette Genèse fut Caïn, « qui tua son frère parce qu’il était du Diable » (I Jn. 3/12 et Jn. 8/44) et dont la race dévoyée suscita l’indignation de Dieu et périt dans le déluge. Cette ancienne Genèse a engendré aussi tous les hommes sur la Terre qui restent, en conséquence de cette transgression, pliés sous la sentence de la douleur et de la mort.
La pédagogie de la Loi de Moïse et des Prophètes a tenté de ramener la chair dans la voie droite. Ainsi lorsque la Foi est advenue en Israël, elle a entraîné une nouvelle Genèse : la génération sainte, conforme à la Loi spécifique de la créature humaine, dont le premier fruit béni est Jésus qui a triomphé de la mort par sa Résurrection et proposé le Salut et l’adoption filiale pour Dieu son Père à tout homme qui donne l’assentiment de la Foi à sa parole et à ce qu’Il est.
Le Royaume de Dieu comme Père s’établira sur une Genèse conforme à celle du Verbe de Dieu fait chair comme témoin et Maître de Vérité.
Saint Matthieu résume en 42 générations toute l’histoire du péché en Israël, telle qu’elle a été racontée dans les Livres historiques de l’Ancien Testament.
Jacob : le père de Joseph et grand-père de Jésus est ce Jacques le Juste dont Jésus parle dans le logion 12 de l’Evangile de saint Thomas (cf. ci-dessous). Saint Luc dit, contrairement à saint Matthieu que Joseph était « fils d’Héli ». Aucun homme ne saurait avoir deux pères, si ce n’est en Israël par la loi du Lévirat. C’est pourquoi il faut admettre que la mère de Joseph (que nous appelons « Rachel » dans ce livre) a eu deux maris : le premier Héli qui mourut prématurément, et le second Jacob qui a accompli envers elle la loi du Lévirat.
« …de laquelle fut engendré Jésus appelé Christ » Jusqu’au mot Joseph, le texte sacré porte 42 fois le verbe « engendra ». Mais celui-ci n’est pas employé pour Joseph. Joseph, comme son nom l’indique, a « dépassé » la génération qui redevient avec lui conforme au Conseil éternel et immuable de la Sainte Trinité sur la nature humaine.
« Quant à la génération de Jésus-Christ, elle fut ainsi » par opposition aux générations antérieures qui étaient « selon la chair ». Effectivement tous les ancêtres qui avaient semé dans leur chair ont « récolté de la chair la corruption » ; Joseph et Marie qui ont « semé dans l’Esprit Saint ont récolté de l’Esprit Saint le vie impérissable » (Gal.6/7-8). C’est en cela très précisément que consiste l’Evangile : Jésus, fils de Dieu, la Bonne Nouvelle de la suppression des anciennes sentences de malédiction.
« Sa mère Marie était mariée à Joseph » L’Evangéliste n’emploie pas ici le mot « gaméîn », mais un mot particulier, employé également par saint Luc (1/27 et 2/5) : « mnèsteuô ». Le premier indique le trafic de femmes qui se faisait dans l’ancien monde où le mariage était avant tout un marché. C’est pourquoi ce mot ne convient nullement à l’union parfaite et parfaitement libre de Joseph et de Marie. L’étymologie hébraïque du second (radical « mnè ») signifie « confiée à la mémoire » de Joseph, selon d’ailleurs l’étymologie du mot « homme » en hébreu : « Zakar : celui qui se souvient (de la Révélation divine) ».
« Avant qu’ils aient été ensemble » « Non pas « habité ensemble », mais « allés ensemble » : co-ire. L’Evangile indique ici qu’ils n’avaient pas de relations génitales. Marie était déjà femme de Joseph, l’Ange le dit : « Marie ta femme », et ils habitaient ensemble au moment de l’Annonciation.
Jésus est le « fils de l’homme », c’est-à-dire de l’Homme achevé, conformément au Dessein primordial selon lequel c’est l’homme et la femme ensemble devenus « une seule chair » qui sont l’image et la ressemblance de Yahvé-Elohim (Gen.1/27). C’est pourquoi au moment de la nouvelle Genèse, celle de Jésus fils de l’homme, le couple de Joseph et de Marie était unifié et sanctifié selon les dispositions primordiales de l’Ecriture. Il est impensable que Jésus soit né d’une maman toute jeune à peine sortie de l’adolescence comme on voudrait parfois nous le faire croire, je ne sais pourquoi. Il n’est pas non plus le fils d’une fille-mère comme la piété chrétienne le laisserait penser, elle qui a volontairement ignoré pour des raisons « monastiques » le fait que Marie était « en pouvoir d’homme » ( St Irénée), vierge mais épouse véritable, ayant atteint dans l’amour de l’homme, éclairé par la Vérité, la plénitude de sa féminité.
« Il se trouva que... » Litt. « elle fut trouvée ». « Dieu ne laisse pas dans l’ignorance de ses desseins ceux qui sont ses serviteurs ». Le Mystère de l’Incarnation n’est pas une surprise mais la réponse divine à la Foi claire et consciente du Dessein de Dieu. La génération spirituelle s’est faite par l’initiation – ou Annonciation – angélique, comme saint Luc le raconte explicitement. L’Ange n’intervient pas pour enseigner la Foi, « ils ont pour cela Moïse et les Prophètes », mais pour assurer les serviteurs de Dieu instruits de la Foi que les moments, dans l’histoire, sont venus pour eux de prendre telle ou telle décision, leur liberté restant entière.
« du fait de l’Esprit Saint » Joseph n’avait aucun doute comme le Texte Sacré l’enseigne explicitement ici, sur l’origine céleste de l’Enfant conçu dans les entrailles virginales de Marie.
« Joseph qui était un homme juste ». L’embarras de saint Joseph consiste en ceci : il veut qu’il n’y ait aucune équivoque ; il veut éviter à tout prix que les gens s’imaginent que Jésus a été conçu charnellement de sa semence, ce qu’ils supposeront nécessairement si Joseph reste avec Marie, puisque le mimétisme de la génération charnelle est universel. Il faudrait donc qu’il portât témoignage pour la sainte génération de Jésus, et ainsi, « citer marie en exemple » – c’est le sens obvie du mot grec employé : « déigmatisai » – afin que toute équivoque fût levée. Mais qui le croirait ? Personne. Bien au contraire, il ne provoquerait que railleries et ricanements, car il ne peut témoigner pour lui-même. Il n’y a donc qu’une seule solution « juste », c’est qu’il laisse Marie seule, pour manifester qu’il n’est pas le père de l’Enfant, abandonnant entre les mains de Dieu le soin de manifester comme il lui plaira la Vérité sur son Fils Jésus. C’est une solution extrême à laquelle il se résout à contre cœur.
« L’Ange du Seigneur lui apparut en songe », car il faut que la paternité spirituelle, la véritable, soit réalisée pleinement, même si elle doit rester encore secrète.
« du fait que ce qui est en elle est de l’Esprit Saint ». Joseph, dans son humilité, se pensait indigne d’être si proche du Dieu vivant venu faire sa résidence en son véritable sanctuaire non fait de main d’homme. Il reçoit ici de l’Ange la mission de donner un nom à l’Enfant pour assurer la paternité à son égard, la véritable paternité authentiquement conforme à la nature humaine. Saint Joseph a été considéré comme une exception parce que la transgression universelle a été considérée comme une norme. Mais à vrai dire il est le premier à être père selon le Conseil Divin. L’accord des fornicateurs dans leur erreur ne prouve pas qu’ils ont raison : la mort qui les frappe tous, eux et leurs fils, manifeste au contraire qu’ils sont tous dans le péché. Ainsi l’enseigne saint Paul dans le chapitre 5 de l’Épître aux Romains (voir notre étude).
« Voici que la vierge concevra » la citation est Isaïe 7/14. Saint Matthieu nous précise ici, comme auteur inspiré par le Saint Esprit, le sens qu’il faut donner à cet antique oracle, comme l’Église l’a toujours compris et chanté dans sa sainte Liturgie. Le prophète annonce que l’enfantement virginal est la preuve authentique de la justification par la Foi de la créature humaine. Le mot « Emmanuel », « Dieu-avec-nous », se trouve 3 fois dans la Sainte Écriture : en Isaïe, ici au principe de l’Évangile, et pour caractériser le fondement de la Jérusalem céleste, en Apoc.21/3.
« Sans qu’il la connût » Litt. « Il ne la connaissait pas au point qu’elle engendra » (grec « èôs où » suivi de l’indicatif). La génération céleste est exactement l’inverse de la génération charnelle, c’est pourquoi le texte paraît difficile et rebute les mentalités asservies à l’antique transgression.
Le Genre Littéraire…
…Que nous avons adopté pour ce livre est le genre historique qui ne prétend pas cependant reconstituer exactement des événements qui resteront inconnus en ce monde, puisque le souvenir en a été perdu, sauf quelques indications très lacunaires dont nous avons ici et là tenu compte. Il n’y a pas d’autres documents que les Évangiles qui ont été exposés dans toute leur objectivité et expliqués par la règle de la Foi Catholique. Ce que nous avons reconstitué constitue une trame « vraisemblable » en terre d’Israël et dans la diaspora de l’époque de saint Joseph. Les Juifs alors, même les plus humbles, avaient une connaissance des Écritures, grâce à l’enseignement synagogal, mille fois meilleure que celle des chrétiens moyens d’aujourd’hui. Ce qui fut nécessaire pour qu’advienne le Sauveur de toute chair, c’est la repentance accomplie par les pionniers de la Foi quelles que furent les circonstances contingentes. Ils ont retrouvé par une marche intérieure de leur conscience instruite par les Écritures le Dessein premier et éternel, le Conseil divin primordial sur la génération humaine qui doit sanctifier le Nom de Dieu comme Père.
C’est ce même itinéraire spirituel qu’ont fait ensuite les Apôtres et saint Paul (non sans peine pour celui-ci) à la suite du déroulement des faits : le témoignage de Jésus devant le Sanhédrin, sa Résurrection et son Ascension. Par là, ils reconnurent qu’il est fils de Dieu conçu par l’Esprit de Sainteté. (Rom.1/4)
Je ne cite pas les Écritures, afin de ne pas alourdir le texte, car il m’aurait fallu mettre une référence toutes les trois lignes environ. Ceux qui connaissent les Écritures n’auront aucune peine à retrouver les Textes Sacrés qui soutiennent toute l’argumentation de ce livre.
Les Titres des Chapitres
1- « Vous irez vers Jacques le Juste »
Parole de Jésus citée par l’Évangile de saint Thomas, logion 12. Voir notre étude de cet Évangile. Voici ce logion extrêmement intéressant :
« Les disciples dirent à Jésus : « Nous savons que tu nous quitteras, qui, au-dessus de nous, sera alors le plus grand ? » Jésus leur dit : « De là où vous serez, vous vous rendrez vers Jacques le Juste, car c’est à cause de lui que le Ciel et la Terre furent produits ».
Qui est ce Jacques ? Il ne peut être l’un des apôtres qui portent ce nom, car Jésus l’aurait dit. Il n’y a qu’un seul autre Jacques – ou Jacob – dans le Nouveau Testament, en Mt.1/16 : le père de Joseph. Dans les Evangiles canoniques, Jésus dit à plusieurs reprises avant sa Passion : « Je vous précéderai en Galilée, là vous me verrez ». Et de même le matin de la Résurrection, les Anges le redisent aux femmes à l’adresse des disciples (Mt.26/32 ; Mc.14/18 ; Mt.28/7). Jésus est donc en Galilée le jour même de sa Résurrection et les jours qui suivent ; et si les Apôtres avaient obéi à l’ordre du Seigneur, ils auraient vécu en Galilée, avec Lui et les siens, la pleine Joie de la Résurrection, au lieu de rester cantonnés dans le Cénacle par peur des Juifs, à Jérusalem, pendant les huit jours de la Pâque. Il est tout à fait normal en effet que Jésus manifeste sa Résurrection à ceux qui ont posé l’Acte de Foi indispensable pour qu’il ait pu venir en ce monde assumer la nature humaine.
Si les Cieux et la Terre ont été créés à cause de Jacques le Juste, c’est parce que le Créateur avait prévu de toute éternité que la Foi germerait enfin dans la conscience de cet homme, après quatre mille ans de transgression identique à celle d’Adam (Rom.5/14), cette Foi qu’Adam aurait dû donner à Dieu dès le principe ; cette Foi qui lui a offert la possibilité d’envoyer le Sauveur ; cette Foi qui procurera effectivement à tout homme qui la professe exactement le Salut que nous a mérité le Christ Jésus. « Il n’y a qu’une seule Foi » (Eph.4/5)
C’est parce que le père de Jésus a été le « Juste » aux yeux de la Sainte Trinité que Joseph a été immaculé dès sa conception. Cette proposition n’est pas une vérité de Foi comme l’est celle de la Conception Immaculée de Marie. Mais Dieu ne change pas dans ses Desseins : de même qu’au départ il a créé Adam avant Eve, de même lorsqu’il refait son ouvrage il crée Joseph immaculé avant Marie. C’est en effet le sens plénier de l’Encyclique « Neminem fugit », de Léon XIII que nous citons ci-dessous.
La thèse de l’immaculée conception de saint Joseph, comme de son assomption, a été professée dans l’Église Catholique par plusieurs écoles de théologie.
2- « Je suis l’Immaculée Conception »
Les chrétiens ont toujours vénéré Marie comme « comblée de grâces » et ils ont progressivement découvert en elle le secret de sa pleine réussite. « O marie conçue sans péché… » La Sainte Liturgie a toujours fêté solennellement la Nativité de Marie, puis sa Conception Immaculée, plus encore lorsque Pie IX en eut défini le dogme : « Marie préservée de toute tache du péché originel dès le premier instant de sa conception. »
Il ne saurait y avoir de conception immaculée si Marie est conçue de la semence de l’homme, comme le professèrent avec tant d’éloquence saint Bernard et saint Thomas d’Aquin (cf. les lettres de St Bernard aux chanoines de Lyon). Nous savons aujourd’hui scientifiquement la raison biologique de cette thèse puisque la programmation chromosomique est nécessairement déficiente par les mutations accidentelles inévitables. Marie est donc, comme le fut Isaac, fruit de la Promesse de Dieu. Saint Paul dit expressément qu’Isaac était « de l’Esprit » (Gal.4/28-29). Ainsi en fut-il de Marie. De même que la naissance d’Isaac a exigé la Foi d’Abraham, de même la conception immaculée de Marie a exigé la Foi de ses parents, et leur retour conscient aux dispositions originelles et saintes de la nature.
3- « Ils seront tous enseignés par Dieu »
L’Église a gardé le mémorial de cette initiation de Marie par sainte Anne, en nous présentant l’image de la mère ouvrant le Livre des Écritures sous les yeux de sa fille. L’Écriture, au dire de St. Jacques, est le « miroir de notre génération », de notre genèse (généséôs) (Jc.1/23). Elle nous convainc de péché, selon la première interrogation de Dieu, souverain Législateur et Créateur : « Qui t’a appris que tu es nu ? Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’ai dit : Tu n’en mangeras pas ? » Tant que l’homme récuse cette interrogation, comme Adam l’a fait en accusant Eve, et celle-ci en accusant le Serpent, il ne peut être amené à cette instruction divine de la Vérité. Si le Fils Monogène dans le sein du Père (Jn.1/18) a pu faire son entrée dans le monde pour instruire éternellement toute créature humaine, c’est parce que les pionniers de la Foi (« les Gloires » Jude 8), dans la lignée de David, ont accepté cette interrogation divine et ont posé l’acte de repentance qui a ouvert leurs yeux sur les merveilles de l’Écriture prophétique et la Création idéale de la Sainte Trinité. Le Royaume de Dieu en effet se rattache aux « plantations que le Père a plantées de sa main » (Mt.15/13). C’est pourquoi à la suite de Jacques le Juste, les artisans de la génération du Christ ont dépassé l’Ordre de la Loi en récoltant le fruit de sa longue pédagogie.
4- Les flèches de Joseph
« Comme flèches en la main du héros, ainsi les fils de la virginité !
« Heureux celui qui de ces traits a pu remplir son carquois ! (Ps.127/4-5)
Joseph est la « Terreur des démons » (Litanies), parce que sa Foi simple et droite, conforme à la Révélation première, écarte toutes les confusions et toutes les équivoques, détruit tous les raisonnements de la fausse sagesse de ce monde pervers et corrompu qui rationalise l’erreur par la philosophie (Col. 2/8s) et la morale. Que de gens ont été confondus par saint Joseph ! Mais ils n’ont pas voulu le reconnaître, c’est pourquoi ils ont fait silence autour de lui, comme on le fait toujours en ce monde autour des prophètes et des sages. Celui dont l’Évangile ne rapporte pas de parole, mais ce qu’il a réalisé par sa conduite, pourra d’une seule parole réduire au silence tout le tintamarre de l’iniquité. C’est en effet le sens plénier de l’antique bénédiction prononcée par le patriarche Jacob sur son fils Joseph :
« … des archers le provoquent,
« ils lui lancent des flèches et l’attaquent,
« mais son arc riposte ferme, ses bras et ses mains sont rendus agiles
« par les mains du Puissant de Jacob,
« par celui qui est le Pasteur et le Rocher d’Israël. » (Gen.49/23s)
5- « Ce que Dieu a uni »
L’Église des nations a été déficiente au cours de toute son histoire parce que « l’homme a séparé ce que Dieu a uni », en désobéissant officiellement et canoniquement aux prescriptions apostoliques bien stipulées dans les Épitres pastorales (voir notre étude sur le « Testament de saint Paul »). Cette mentalité d’adultère a brisé la trinité créée : l’homme et la femme (Gen.1/27) ; elle s’est introduite dans le système législatif de l’Église, par le biais du droit romain , et elle a déformé aussi la Théologie, si bien que l’on a présenté la Vierge Marie comme une fille-mère, négligeant entièrement ce qui est indispensable pour l’épanouissement de la féminité véritable : l’amour de son homme dans la Vérité. Sous prétexte d’échapper à la convoitise charnelle, il ne fallait pas mutiler la nature sexuée.
6- « L’Epouse comblée de joie »
« La Loi du Seigneur est parfaite, réconfort pour l’âme… joie pour le cœur, sagesse du simple, plus délicieuse que millions d’or et d’argent… » car cette Loi est avant tout la Loi naturelle, à la fois virginale et eucharistique, spécifique de la nature humaine, transcendante à la sexualité animale ; loi par laquelle l’épouse assimile la semence de son époux pour ne faire avec lui qu’une seule chair. « C’est ainsi que les hommes doivent aimer leurs femmes, comme le Christ a aimé l’Église, car il la nourrit de sa propre chair. » (Eph.5/21s)
7- L’Évangile
Il n’y a rien à ajouter ni rien à retrancher au Texte Sacré : il suffit seulement de le bien comprendre par la lumière de la Foi mariale qui nous a donné le Verbe de Vérité fait chair, Premier-né de toute créature. Notre manière de lire l’Ecriture est la règle de la Foi catholique, et le sens obvie du Texte.
8- Le Juste a été enlevé
Hénoch et Hélie ont été enlevés. A combien plus forte raison saint Joseph ! De même aussi ceux et celles qui furent les intimes du Seigneur (Mc.9/1). Et l’enlèvement aurait dû devenir la règle générale dans l’Église – ou le martyre, suivi de la résurrection d’entre les morts – selon la promesse du Seigneur : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui garde ma parole ne verra jamais la mort ». (Jn.8/51) Mais à la suite des Judaïsants, la transgression d’Adam a été dans l’Église même, admise et légalisée : il ne faut donc pas s’étonner si les Promesses du Christ ont été écartées. L’Église toute entière est restée victime de la défection des Galates, à la suite des ambiguïtés du Concile de Jérusalem (voir notre étude sur l’Épître aux Galates et notre Introduction à l’Évangile ch.15).
L’enseignement Pontifical
« Lorsque le Dieu miséricordieux a décidé d’entreprendre la Rédemption du genre humain attendue depuis tant de siècles, il disposa l’ordre de son ouvrage de manière à reproduire ce qu’il avait établi dès le commencement, à l’origine du monde. Il a montré ainsi ce qu’était la famille établie sur des bases divines : et c’est là que tous les hommes auraient sous les yeux l’exemple le plus absolu de toute vertu et de toute sainteté. Cette illustre famille fut celle de Nazareth. C’est là que le Soleil de Justice fut caché avant de resplendir sur toutes les nations : le Christ, Dieu lui-même et notre Sauveur en compagnie de sa mère vierge et de Joseph, homme très saint qui s’acquitta envers Jésus du privilège paternel. C’est là, sans aucun doute, que Dieu a reçu les plus grandes louanges du fait même de cette société et de ses habitudes domestiques toutes remplies d’un mutuel amour, du fait de la sainteté de ses mœurs et de sa continuelle piété. Et c’est là, dans cette Sainte Famille, que Dieu a laissé un document qui sera la charte de celles qui viendront dans le futur. Voilà pourquoi précisément il est dans le Conseil de la divine Providence que tous les chrétiens, quelles que soient leur situation ou leur condition, portent leur attention sur elle et qu’ils y trouvent une raison et une invitation pratiques et faciles à l’exercice de quelque vertu que ce soit. »
Léon XIII « Neminem fugit », 14 juin 1892
Jean-Paul II, audience du 19 mars 1980
« Joseph, époux de Marie et, devant la Loi, déjà son mari, reçoit son Annonciation personnelle… (cf. Mt.1)
« L’époux de Marie, celui qui, devant les hommes passait pour être le père de Jésus, fut, selon l’Esprit, une incarnation parfaite de la paternité dans la famille humaine, et en même temps sacrée. »
Le 8 juin 1980 (15 novembre 2008)
Abbé Joseph Grumel – Marie-Pierre Morel