Les vrais amis sont comme des étoiles ; vous ne pouvez les reconnaître que lorsqu’il fait sombre autour de vous.
Bob Marley
Préambule
Le ciel est grand. Avez-vous eu l’idée de calculer sa surface ? Surface apparente évidemment. Comment cela ?… Rien de plus simple ! L’astuce consiste à prendre le rayon de la sphère céleste pour unité.
Il suffit d’appliquer la formule d’une sphère de rayon 1. Vous découvrez alors le monde qui vous entoure : 41 253 degrés carrés. Nombre immense quand on sait que dans un seul degré carré, on peut mettre 5 lunes.
88 constellations se partagent cette aire si vaste. Savez-vous que la Croix du Sud est la plus petite ? Que l’Hydre est la plus grande, s’étirant dans le ciel de printemps, piétinée par le Lion, terrassée par la Vierge ?
Un observateur situé au pôle de la Terre ne voit que l’hémisphère nord céleste: logique. A nos latitudes, nous voyons les 3/4 du ciel. Et à l’équateur ? Quelle chance d’habiter là ! Le regard embrasse les deux hémisphères à la fois sans aucun problème.
L’œil nu voit 3000 étoiles dans chaque hémisphère. Comptez-les, vous verrez !… Par une nuit très noire, on peut même en saisir 4000. Ce sont elles qui dessinent nos constellations: ces beaux dessins d’étoiles que les Anciens ont inventés et que nous conservons toujours.
Mais, il n’y a pas que les étoiles dans le ciel. Mis à part les planètes, bien sûr, d’autres objets invisibles à l’œil nu, ornent le ciel profond: amas, nébuleuses, galaxies… Sans parler des étoiles variables, si chères aux astronomes de l’antiquité, des étoiles doubles que seule l’invention de la lunette a permis de découvrir. Que de mondes là-haut !
Et notre propre Galaxie, cette « fumée » blanche qui s’élève jusqu’au faîte de l’Empyrée, la « Voie Lactée », que suivaient les pèlerins de saint Jacques… elle regroupe à elle seule des milliards d’étoiles. Quand Galilée pointa vers elle sa modeste lunette, il crut tomber d’inanition. Était-il possible qu’une telle profusion d’astres existe, inconnus jusqu’alors ? Le monde serait-il plus beau, plus riche qu’on avait pu l’imaginer jusqu’alors ? Dans les grandes profondeurs, seules les étoiles les plus brillantes sont accessibles… Que dire des naines rouges qui, au dernier recensement, peuplent l’espace en nombre impressionnant ? Pensez: pour une seule étoile supergéante, on compte un million d’étoiles naines ! Astres à jamais oubliés, du moins dans les conditions présentes de l’humaine faiblesse.
Et l’homme dans tout cela ? Il habite sur la Terre, le fait est certain, petite planète, moins grosse qu’une poussière à l’échelle galactique… choisie entre toutes, entre beaucoup disons, pour porter la vie. La vie… complexité, richesse, beauté… plus merveilleuse encore que les étoiles, trop simples dans leur composition et leur physique interne ! On n’a jamais fait mieux !
Considérons maintenant notre univers proche, dans un rayon de 18 al autour du soleil. Toutes les étoiles de cette sphère sont connues: 84 en tout. Les 2/3 sont doubles ou multiples, les 3/4 des naines rouges. Aucune géante, aucune supergéante, pardi ! C’était prévisible… Distance moyenne entre deux groupes d’étoiles: 7,7 al. Un abîme ! puits sans fond !… Comment aller de l’un vers l’autre ? Déjà, à la vitesse de la lumière, il faut 4,2 ans pour rejoindre l’étoile la plus proche: Proxima Centauri. Si maintenant je donne aux étoiles la dimension d’une tête d’épingle, elles sont alors écartées de 77 km. Vide omni-présent… non seulement dans l’infiniment grand, mais aussi dans l’infiniment petit… espace de liberté… condition du bonheur, sans doute…
Marie-Pierre MOREL