Melchisédech

Les fondements historiques et théologiques se trouvent dans les Saintes Écritures. Le Christ est prêtre selon « l’ordre de Melchisédech » et non pas selon « l’ordre d’Aaron », sacerdoce nouveau et ancien à la fois, lié à ce « roi de Salem », « roi de Paix » qui offrit un sacrifice pacifique de « pain et de vin » a contrario des prêtres du Temple qui eux offrait des sacrifices sanglants. Nous entrons dans la dimension spirituelle de ce sacrement.

Postface

Les fondements historiques et théologiques se trouvent dans les Saintes Ecritures.  Le nom de Melchisédech y est mentionné 9 fois: une fois dans la Genèse, une fois dans les psaumes, et sept fois dans l’Epître aux Hébreux, où Paul expose  l’importance de Melchisédech dans l’histoire du Salut, et explique le sens de son Sacerdoce.

Les voici :  pour éviter au lecteur la peine de les chercher dans la Bible:

Genèse : ch.14, 18-20  « Melchisédech, roi de Salem, apporta du pain et du vin; il était prêtre du Dieu Très-Haut. Il bénit Abram et dit: « Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut, qui a créé le ciel et la terre ! Béni soit le Dieu Très-Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains ! » Abram lui donna la dîme de tout. »

Psaume 110 / 4 – « Le Seigneur l’a juré, il ne s’en repentira pas: « Tu es prêtre pour l’éternité selon l’Ordre du roi Melchisédech ».

Hébreux – 5/ 5-7  « Ainsi le Christ ne s’est pas glorifié lui-même d’être advenu comme grand-prêtre,  mais c’est Celui qui a prononcé pour lui: « Tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré ». Tout comme il dit dans un autre passage: « Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech ». 

5 /9-10  – «… il a atteint ainsi la perfection pour être la source du Salut Eternel pour ceux qui lui donnent leur assentiment de foi, et Dieu l’a promu ouvertement grand-prêtre selon l’ordre de Melchisédech ».

6/ 17-20 – « Ainsi par deux arguments inébranlables, où Dieu ne saurait mentir, nous tenons une démonstration assurée, nous qui échappons au naufrage en nous accrochant à l’espérance mise à notre portée, placée comme une ancre pour notre vie, inébranlable et bien affermie, qui nous introduit de l’autre côté du voile, là où Jésus, avant nous, a pénétré déjà pour nous, du fait que, grand prêtre selon l’ordre de Melchisédech, il l’est pour l’éternité ».

7 /1-3 « En effet, ce Melchisédech, roi de Salem et prêtre du Dieu Très-Haut, demeure prêtre en permanence. Il vint au-devant d’Abraham à son retour du massacre des rois et le bénit.  Son nom, tout d’abord, signifie « Roi de la Justice », ensuite il est « Roi de Salem » ( = Jérusalem) c’est-à-dire « Roi de la paix ». Il est sans père, ni mère, ni généalogie, il n’y a pas de commencement de ses jours, ni fin de sa vie, assimilé par avance au fils de Dieu, il demeure prêtre pour l’éternité ».

7 /4-10 – « Considérez donc l’excellence de cet homme (Melchisédech)  auquel Abraham, lui, le patriarche donna la dîme de ses conquêtes ! Car ceux qui parmi les fils de Lévi accèdent au sacerdoce ont le droit, selon la loi, de prélever la dîme  sur le peuple,  le peuple de leurs frères, issu comme eux des reins d’Abraham; alors que celui qui ne se rattache aucunement à leur généalogie a prélevé la dîme sur Abraham et béni celui qui détenait les promesses. Sans contredit, c’est le plus petit qui reçoit la bénédiction d’un meilleur.  Ici, en Israël des hommes mortels prélèvent la dîme; auparavant ce fut celui dont il est attesté qu’il vit. A vrai dire, Lévi lui-même qui prélève la dîme, (sur les autres fils d’Israël) l’a payée à travers Abraham, car il était dans les reins de son père lorsque Melchisédech le rencontra ».

7 – /15 -17 – « Plus clair encore et tout à fait évident qu’il (le Christ) est érigé en prêtre  tout autre (que les fils de Lévi),  selon l’Ordre de Melchisédech,  du fait qu’il n’advient pas  selon le code qui régente  la chair,  mais en raison  d’une puissance de vie indestructible: en effet, il est attesté: « C’est toi qui est prêtre pour l’éternité selon l’Ordre de Melchisédech »

La chronologie de la Bible qui permet de fixer l’intervalle de temps qui sépare Adam d’Abraham est donnée dans les chapitres 5 et 11 de la Genèse: les patriarches d’avant le Déluge, et ceux qui relient Noé à Abraham.  La vie du père du peuple élu est datée avec précision. Abraham avait entre 75 et 85 ans lorsqu’il reçut la bénédiction par le ministère de Melchisédech. Abraham est né en l’an 1946 après Adam, il est mort à l’âge de 175 ans, 48 ans après Sarah, soit en 2121 après Adam. Sarah a eu son fils Isaac à l’âge de 90 ans, Abraham avait 100 ans. Elle a vécu jusqu’à 127 ans, Isaac jusqu’à 180 ans.

Une tradition immémoriale dans l’Eglise – tradition venant sans doute  du Judaïsme, – rapporte qu’Adam fut enterré au lieu même où la croix du Christ fut dressée:  le Calvaire ou Golgotha. C’est pourquoi on figure souvent un crâne au pied des crucifix: celui d’Adam. Si nous supposons, comme nous le faisons dans cette tragédie, que Melchisédech, roi de Jérusalem, a connu Adam, il avait alors onze siècles. Ce n’est pas invraisemblable à cette époque, celle des patriarches dont les plus âgés ont largement dépassé 900 ans.  Saint Paul affirme fortement la justice de Melchisédech: on doit donc admettre que celui qui était « assimilé à l’avance au fils de Dieu » n’a pas connu la mort, mais une vie très longue, avant d’être assompté, comme le furent Hénoch et Elie.  « L’homme justifié par la Foi vivra », c’est la doctrine même de saint Paul. Et l’apôtre confirme ce point de vue en écrivant: « Il est attesté qu’il vit » , « il est prêtre pour l’éternité » , « il n’y a pas de fin à ses jours ». Melchisédech avait gardé, ou retrouvé, la justice du Commencement, celle qui établissait, au principe, – avant la faute – Adam, dans la vie impérissable. Il a offert à Dieu le culte véritable de la créature rationnelle, qui se rapporte non à des symboles, mais directement à la nature sortie des mains de Dieu: c’est pourquoi il était prêtre du Très-Haut.

Indications sommaires.

Il faut noter que les personnes qui ont joué un grand rôle dans l’histoire du Salut, telles qu’Isaac, Samuel, Samson… certains prophètes comme Jérémie, et Jean Baptiste,  ont  reçu une grâce de Dieu dans leur génération même. Saint Paul exprime clairement dans l’Epître aux Galates qu’Isaac était « de l’Esprit », alors que les autres fils d’Abraham, dont Ismaël, étaient « de la chair » et il persécutait Isaac « fils de la promesse » qui était « selon l’esprit » (Gal.4/23-29) Dans le ch. 9/6-13  de l’Epître aux Romains, saint Paul explique très clairement que le véritable fils d’Abraham, sur lequel repose l’économie du Salut est Isaac, dont la génération préfigure celle de Jésus-Christ ainsi que la filiation adoptive conférée  par le Baptême. D’où il résulte que le chrétien a pour premier engagement baptismal de « renoncer aux oeuvres de la chair ».

A vrai dire  Saint Joseph a exercé un « ministère sacerdotal » envers la Bienheureuse Vierge Marie son épouse, puisque le véritable « sanctuaire » de la Divinité n’est pas le lieu saint du Temple de Jérusalem, mais le Lieu Saint du corps de la femme créée vierge.  Il est donc tout à fait légitime de dire que Saint Joseph a été prêtre selon l’Ordre de Melchisédech dans la génération du Christ.  C’est ainsi que fut exaucée la prière du psaume 72:1 « O Dieu, donne au roi ton jugement, au fils du roi ta justice ». Le roi était Saint Joseph, comme fils de David, et il a obtenu le « jugement », c’est-à-dire le discernement exact du péché et de la justice, et son fils, Jésus-Christ, a obtenu la pleine justice aux  yeux de Dieu en sa nature humaine, en raison de sa  génération sainte.

On peut dire de même que Saint Joachim et Sainte Anne, ont participé à ce même Sacerdoce dans la Conception Immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie, puisque nous savons  par Vérité de foi qu’elle fut  immaculée dès le premier instant de sa conception, et que de ce fait la tête venimeuse du Serpent menteur a été écrasée, comme le dit le texte de l’exorcisme: « Qu’elle te commande Marie toujours vierge qui a écrasé ta tête dès le premier instant de sa conception immaculée ».

Enfin, il importe de rappeler que les prêtres de l’Eglise Catholique sont ordonnés non pas suivant l’ordre d’Aaron, mais selon l’Ordre de Melchisédech, et c’est pourquoi  il leur  est expressément imposé  par la discipline apostolique de l’Eglise, de prononcer, avant leur ordination sacerdotale (dès le sous-diaconat) le voeu de chasteté. De même les femmes qui veulent se consacrer vraiment au service du Christ en vue de la Rédemption, sont invitées à prononcer le voeu de virginité. Ainsi le renoncement volontaire à la paternité et à la maternité charnelles reste dans l’Eglise le plus constant et le plus exemplaire témoignage de l’Esprit de l’Evangile, dans sa teneur primordiale.  Les « voeux religieux », sont en fait une explicitation des engagements du Baptême.

Le sacerdoce de Lévi était un « ministère de condamnation » qui s’exerçait par des sacrifices sanglants destinés à convaincre les Israélites de péché et à leur rappeler que la mort est la conséquence du péché. Le Sacerdoce  catholique, au contraire  ne se rapporte plus à des rites périmés, mais à la Nature même, à savoir que la femme est crée vierge, et que la fermeture de son utérus par l’hymen est une donnée anatomique dont il faut comprendre la signification sacrée, en vue de la pleine Rédemption, de la génération sainte et de l’établissement du Royaume de Dieu comme Père.

Les personnes désireuses d’en savoir plus pourront se référer à nos ouvrages: « Traduction et explication des Epîtres aux Romains aux Galates et aux Hébreux », et notre « Traité du Sacerdoce catholique: l’Ordre de Melchisédech ».    

Fêtes du Précieux Sang  de N.S.J.C. et de la Visitation. 1-2/7/97