Immaculée Conception

La doctrine catholique atteste que Marie la mère du Christ, reçut le « privilège » d’être immaculée dès le premier instant de sa conception, pure de toute tache du péché originel; qu’elle enfanta le Fils de l’homme sans perdre l’honneur de sa virginité: elle ne connut ni les douleurs de l’enfantement, ni les angoisses de la mort: sa chair incorruptible s’envola dans la gloire.

Proposition scandaleuse, insupportable..! Pourquoi elle, la seule, et pas  les autres ?  Pourquoi les malheureux fils et filles d’Adam sont-ils  gravement blessés dès leur conception par une faute dite  « originelle » ? Dieu est-il juste d’avoir courbé le genre humain sous le péché et la mort, pour ne « privilégier »  qu’une seule créature… ? Tous les trains déraillent, sauf un ?…

Alors… ce péché originel, qu’est-ce que c’est ? Un délit ? Une erreur ? Un forfait ? Un crime ? Une maladresse ? Une offense ? A l’égard de qui ? Qui l’a commis ? Et la souillure de ce péché, où est-elle ? Dans l’âme ? Dans le corps ? Morbidité ? Mortalité ?….  Affreuses misères, qui frappent aveuglément toute chair… A vrai dire la terre est un immense cimetière ! Il n’y a plus un seul gramme de terre arable qui n’ait été un résidu cadavérique. Le responsable du désastre ?  Le coupable du péché ?…  Dieu a-t-il été, intelligent, bienveillant, sage… infiniment  bon… s’il a voulu, permis ou toléré le mal ?

Questions infranchissables….  Si le mal est inhérent à la création, mieux vaut, en toute logique, écarter la notion d’un  Dieu créateur;  limiter l’usage de l’intelligence à l’étroit domaine des sciences exactes, dans une honnête laïcité,  ravaler toute métaphysique à l’adage simpliste du « hasard et de la nécessité ». Il y aura toujours une chance d’échec: heureux qui tire le bon  numéro ! La loi des grands nombres veut que la rupture d’une chaîne d’ADN soit inévitable… et irréversible. Tant pis ! Il faut se résigner: la chair, soumise aux conditions draconiennes de température, pression, nutrition…  survit par des organes d’une tremblante fragilité: « tissu vivant » d’une complexité inouïe:  invisibles cellules assaillies par des poisons, toxines, microbes, virus, doit se défendre férocement, pour s’avouer vaincu sous l’inexorable décomposition cadavérique.

Les choses étant ainsi:  qu’y faire ?  Eh bien…   courons au stade, au théâtre, divertissons-nous, la belote, le bridge, les échecs, les romans, les films, les concerts… Pourquoi se plaindre ? « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons.. » O mortel, qu’il te suffise le spectacle hilarant de ce monde !

Ainsi pleurait l’Ecclésiaste, qui, en son temps, conclut la longue méditation de toute une vie: « Tout est vanité  et poursuite du vent… puisque le sage meurt aussi mal que le fou… à quoi bon la sagesse ?… « 

Axiome sur lequel convergent toutes les philosophies,  en plein accord  avec le cri du psalmiste : « Pour quel néant  as-tu créé les fils d’Adam ? » …

Mais… le même psalmiste ajoute ce défi qui  termine une longue imprécation contre le scandale du mal, que Dieu lui-même semble accepter :

« Quel sera le héros qui vivra  et ne verra pas  la mort ?

« Arrachera sa vie à la griffe du schéol ? (Psaume 88)

Le défi a-t-il été relevé ?

Oui:  par les pionniers de la Foi.  « Lorsque la foi est venue dans le monde…  à la plénitude des temps… Dieu a envoyé son Fils, fait de la femme, engendré sous la loi…  »  Ils connaissaient les Ecritures, et notamment la parole de Jérémie le Prophète:

« Va et dis à ce peuple: ainsi parle Yahvé: j’ai mis devant toi le chemin qui     conduit à la vie, et le chemin qui conduit à la mort… »

Jacques le juste, Joachim, Anne, Joseph, Marie lisaient aussi dans le chapitre 15 de Ben Sirah cette alternative qui exclut tout fatalisme, tout hasard et toute nécessité.  Tout va dépendre de la liberté intelligente:  la conception immaculée de la Vierge, puis la génération sainte du Fils de l’homme, ne sont pas arrivées  comme des météores imprévisibles:  mais un assentiment lucide et total à la parole de Dieu a donné son fruit de justice et de vie.

La  metanoia… Le retournement de mentalité

Très éloignés de la perfection du Commencement, nous sommes, hélas! étroitement conditionnés par ce monde désastreux dont Jésus disait: « Je ne suis pas du monde…  » et à ses disciples : » Je vous ai arrachés du monde…  Ne vous étonnez pas si le monde vous hait: il m’a haï avant  vous… » Les principes directeurs de ce monde… Grandes familles sacerdotales, haute noblesse:  maisons  de France, d’Espagne, d’Autriche…  chaumières obscures, greniers poussiéreux:  survivance de la faim, de l’épidémie, de la prostitution…  Le point commun entre les riches et les pauvres ? L’accouplement reproducteur que l’imagination débridée  des mâles convoite avec frénésie;  que les femmes subissent dans l’humiliation, le viol et le sang…

L’Eglise n’a cessé d’actualiser, plusieurs fois par an l’insupportable, accusation du Précurseur: Jean le Baptiste, issu, lui, d’une génération miraculeuse. Il connaissait intimement Jésus, fruit béni de la Foi.  Il les voyait les deux générations: il jugeait les deux arbres: celui de la vie et l’autre, digne de la cognée et du feu… le nudiste du désert, mangeur de sauterelles, crachait l’anathème sur  l’embonpoint somptueux des gardiens de la vertu publique: « Race de la vipère….  » Oui…  non pas  singes évolués, mais engeance de serpents venimeux.

Un peu plus tard, Jésus, aux mêmes tartufes engraissés par les veuves:  « Vous avez le diable pour père »… Le diable ? Oui,  le menteur effronté que Moïse identifie au début de l’histoire, coupable d’avoir ravalé l’image de Dieu au rang des mammifères. « Le serpent était le plus rusé des animaux…  il dit à la femme: mange de l’arbre génétique qui te donnera l’honneur de la maternité… » Voilà le point de départ de l’explosion en chaîne, de la prolifération anarchique: tribus, races, nations…. de leurs épées, de leurs lances, de leurs canons, de leurs bombes… pour survivre en s’exterminant les unes les autres.  L’honneur de la maternité !…  Allez visiter les nécropoles de Verdun et de  Douaumont…

Texte ultra-connu.. rabâché par les Rabbis, mémorisé par les petits juifs entassés sur les bancs de la synagogue, médité  par les sages; légué par Israël à la jeune Eglise, illustré par les fresques, les vitraux des cathédrales, commenté par les Pères, les Docteurs; chanté en  toute saison  par la liturgie, enfoui, encore aujourd’hui, sous les résidus de la culture chrétienne.  Est-il possible de révéler la Vérité sur la Genèse du premier homicide, alors que les  universitaires de l’Education Nationale se définissent eux-mêmes comme sous-produits des primates,  avouant que leur grand-mère était une guenon –  ont-ils vraiment tort ?

Le paradis de délices ? L’Arbre  de la vie ?… L’Arbre de la connaissance du bien et du mal frappé d’interdit ? Condamner l’homme à mort parce qu’il a mordu dans une pomme ?… Un mystère insondable se cache-t-il sous ces images ?  Est-il encore nécessaire pour discerner et reconnaître « la Vérité qui nous délivrera » de s’attarder sur cette parabole antérieure aux patriarches ?

Absolument: l’automobiliste qui, au carrefour, se trompe de direction doit y revenir pour se mettre sur la bonne route.  C’est bien ce que recommandait le Seigneur:

Les disciples dirent à Jésus:  « Dis-nous comment sera notre fin ? »  Jésus dit:  « Avez-vous donc dévoilé le commencement pour que vous me questionniez sur la fin ? Car là où est le commencement, là sera la fin. Heureux celui qui se tiendra dans le commencement ! Et il connaîtra la fin, et il ne goûtera pas la mort. » (Logion 18 de l’Evangile de saint Thomas)

Toute plante est conditionnée par sa semence. L’homme aussi, commence par une seule cellule… L’humanité qui grouille sur le globe a débuté par un premier couple : Adam, façonné directement par la main de Dieu, dans un état de beauté, de grâce, de bonheur, de justesse … Le Créateur souverain dans son insondable Sagesse, sa puissance invincible, ne peut se tromper: « Ses oeuvres sont achevées dès l’origine.. » Il est Saint, trois fois saint: telle est l’admiration criée par les Anges aux oreilles du Prophète, reprise en choeur au cours des siècles à toutes les messes… Saint : en Dieu aucun mal, aucune erreur, aucune hésitation; parfait en son être, irréprochable en ses ouvrages, formidable dans ses Lois qui soutiennent l’Univers, tout autant que les plus légères molécules…

Mais… il a créé des êtres libres, des « volontés rationnelles  » dont le bonheur et la réussite dépendent strictement de leur décision intelligente pour accepter et réaliser l’Ordre qui leur est offert. Tout va dépendre de l’assentiment ou du refus de la créature libre par rapport à sa loi spécifique.

Quelle est donc la Loi spécifique de la créature humaine ? Où est-elle écrite ? Sur quel parchemin ? Sur quel marbre ? quelle table de bronze, d’argent, d’or ?

La loi de vie impérissable est gravée dans la chair vivante, sous la forme d’une énigme tout aussi mystérieuse que la parabole des deux arbres. La créature humaine est sexuée.  Les deux sexes seraient-ils en rapport avec les deux arbres ? Le mâle est-ce l’arbre de la vie ?   Et la femme ? celui de la connaissance du bien et du mal ?… Quel sera le bon usage du corps ?… Bien entendu: celui qui ne produira aucune blessure, aucune douleur, aucune déchirure, aucun mal… Il ne peut en être autrement.

Dieu Législateur

Les atomes, molécules, cristaux… les plantes, les animaux obéissent à des Lois.  Les découvrir, les formuler, quel immense labeur….!  Nous y sommes  en partie parvenus:  mécanique, physique, chimie… émerveillés par la fidélité exemplaire de la matière. Même le noyau de l’atome a livré ses secrets: une énergie fantastique: pour quel usage ?… sagesse ou folie ? Il n’était pas nécessaire que le Créateur nous fît une leçon d’optique, ou d’électricité… Il ne nous a pas parlé des planètes, ni des étoiles, pour nous en dire la nature et les distances: nous nous sommes fort bien débrouillés nous-mêmes… Mais pour ce qui est de notre Loi spécifique sur laquelle doit s’appuyer l’usage de notre propre chair,  il nous a instruits; hélas ! nous n’avons pas écouté. C’est pourquoi la conscience humaine gît dans le cirage le plus épais et le plus noir quand il s’agit de sexualité et de génération…

Notre Créateur eût été souverainement injuste de nous laisser dans l’ignorance envers nous-mêmes… Il s’est exprimé, comme  l’Ecriture le rapporte, lorsqu’il eut créé le couple humain à son image et selon sa ressemblance:

 »    Dieu les bénit et leur dit :

« Soyez grands et portez du fruit, remplissez la terre qui vous sera soumise,

MAIS…

en restant au-dessus des poissons de la mer, des oiseaux du ciel et de    tout animal qui se meut sur la terre. « 

Donc c’est dans le domaine de la génération que l’homme  doit être transcendant sur tous les animaux.  Et pour être bien assuré que le premier couple ne fera pas d’erreur, il délégua l’un de ses archanges, le plus grand, Lucifer : porte-lumière.  Mission sublime: annoncer au premier homme que pour être vraiment fils d’homme, tout enfant de la femme doit naître fils de Dieu, créé par un acte de la puissance infaillible du Père éternel.

Gloire immense, insondable, qui fait, dès aujourd’hui, l’émerveillement de tous les Anges, de tous les Ressuscités avec le Christ: la génération humaine participante de la Génération qui, dans le Sein du Père, produit le Monogène.  Bonheur éternel de la Trinité Créatrice !  « Le Fils est du Père seul, non pas fait, ni créé, mais engendré; l’Esprit-Saint, n’est ni créé, ni engendré, mais il procède du Père et du Fils. »  Aujourd’hui comme hier…

Lucifer fut jaloux: « Quoi ? Moi dire à ces gens-là que c’est l’amour vivant  du Père pour le Fils qui veut féconder l’utérus ? Ah non !…  » Il ricana devant la fragilité de la chair, lui l’Ange qui n’est pas dépendant de la matière… « C’est moi, dit-il, qui m’emparerai de leur génération: j’en tirerai mes adorateurs, en nombre incommensurable, comme le sable de la mer ! On verra ce que deviendra l’espèce humaine… « 

C’est ainsi que le grand archange, qui, de Lucifer devint Satan, déclara la guerre devant la cour céleste. Consternée, elle cessa tout chant de louange. « Il y eut alors dans le ciel un silence d’une demi-heure….  » Les anges prirent leur parti personnel, les uns pour l’accusateur, les autres, sans trop comprendre, pour le Créateur. Lutte terrifiante, qui dura dans le ciel jusqu’à la Nativité du Christ, le Fils premier-né.  Ce jour-là les anges révoltés furent précipités sur la terre. Les fidèles vinrent y chanter leur joie, alors que la Vierge Mère exultait dans l’extase divine de la sainte génération du Sauveur de toute chair:

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux…

« et, sur la terre, paix pour  les hommes qui obtiennent la Complaisance.

Cette Nativité du juste n’est pas advenue par hasard. Paul le dit: « C’est lorsque la Foi fut dans le monde que Dieu envoya son Fils…  »  Quelle foi ? Evidemment celle de ses géniteurs: ceux de la maison de David, Jacques, père de Joseph, Joachim et Anne, parents de la Vierge Marie …  En effet, c’est de ce Jacques, dont parle Jésus, dans un célèbre logion de l’Evangile de Saint Thomas:

« Les disciples dirent à Jésus:  « Nous savons que tu nous quitteras, qui alors,  sera grand sur nous ? »  Jésus leur dit: « De là où vous irez,  vous vous rendrez  vers Jacques le Juste, car c’est à cause de lui que le ciel  et la terre ont été créés ». (Logion 12)

Quelle parole étrange !… »A cause de lui… un seul homme,  le ciel et la terre ont été créés ?…  » Assurément, si le monde dont nous souffrons, où toute chair périt dans la corruption devait durer toujours, créer eut été absurde.  Mais, dans sa  prescience, Le Père éternel a vu qu’un jour, un fils d’Adam, par un acte libre et intelligent, s’arracherait à l’absurdité de la désobéissance.

Qui est donc ce Jacques le juste ? C’est Jacob, le père de Joseph,  grand père paternel de Jésus.  « Tu nous quitteras…   » Jésus a déjà prédit sa passion, sa mort et sa résurrection.  « Là où vous irez… »  « Vous irez en Galilée, c’est là que vous me verrez…. »  « Allez dire à mes disciples qu’ils se rendent en Galilée… »

Imaginons qu’aussitôt après la mort de Jésus et sa mise au tombeau les Apôtres aient obéi. Qu’ils aient déserté sur le champ la ville qui « tue les prophètes et massacre ceux qui lui sont envoyés »… secouée par le tremblement de terre, terrifiée dans les ténèbres sous un soleil éteint, et qu’ils aient couru, avec Jean et la mère de Jésus jusqu’en Galilée. Oui la mère de Jésus savait que son fils allait manifester sa victoire sur la mort aux auteurs de sa sainte génération…. Mais quoi ? Les chefs du peuple, docteurs, grands prêtres, avaient châtié celui qui se disait égal à Dieu, son propre fils, comme un odieux blasphémateur…  Qui avait raison ? … Naguère, Pierre avait professé: « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant. » Etait-ce bien vrai ? Le fils du Dieu vivant avait expiré, sanglant, sur le gibet des  criminels, et ses juges s’étaient bien moqués de lui: « Si tu es fils de Dieu, descends maintenant de ta croix !… « … Marie seule, mère plus forte que la mort, était restée là-bas debout, à cette heure d’horreur et d’épouvante ! La puissance des ténèbres, par l’affliction, le doute, la négation sordide, écrasait les Apôtres. Ils  se sont terrés à Jérusalem, par crainte des Juifs…. Avaient-ils pris le parti des grandes familles sacerdotales ?

Ils ne sont pas allés en Galilée voir le Seigneur, qui avait dit: « Il suffit de trois jours et je ressusciterai… « 

Quelle perte ! Quel désastre !… L’humanité a commencé par la désobéissance, l’Eglise aussi.. Imaginons les Apôtres s’enfuir de la ville perfide, courir en Galilée, entrer avec Marie, chez Jacques le Juste, là ils trouvent Joachim et Anne. A peine arrivés, ils voient le Seigneur. Quelle joie ! quel débordement de joie ! Ils entendent sa voix,  baisent  ses mains, assistent à l’exultation des géniteurs du Fils de Dieu, de ceux qui s’étaient affranchis de la séduction universelle. Jacob expliquant :  » Voilà comment mon petit-fils a été conçu ! Voilà comment sa mère a été conçue ! Et Joachim d’ajouter: « C’est très simple… il suffit d’éviter la bêtise commune à tous les fils d’Adam… « 

Alors oui, dans leurs propos et leurs lettres, les Apôtres auraient porté un témoignage pertinent, appuyé sur l’exemple des géniteurs du Christ. Imaginons… Les chrétiens auraient su clairement, tout de suite, ce que signifie « Je renonce à Satan, à ses pompes et à ses oeuvres »… L’adoption filiale du Saint Baptême n’aurait duré qu’une seule génération. Après quoi on aurait eu « l’avènement des fils de Dieu ».

La genèse historique de l’Eglise

Ne rêvons pas : les choses ne se sont pas déroulées ainsi. Les apôtres ne sont pas allés trouver Jacques le juste. Marie, elle, fidèle à la parole, dès le soir du vendredi sanglant, a bondi sur les collines de Galilée, pour retrouver les siens, et voir là-bas son enfant glorieux.

Jésus (à Marie)  – Et mes disciples  ? Où sont-ils ?

Marie – Ils n’ont pas voulu partir !

Jésus – Pourtant, je leur ai dit:  « Je vous précéderai en Galilée… c’est là que vous me verrez… « 

Marie – Tu  ferais bien d’aller les chercher..

Jésus – Ah !… ils sont terrassés, prostrés sous l’ombre la mort… Ils n’ont plus la force de se mettre debout…

Jacques –  Ecoute, Jésus… monte à Jérusalem, va les voir directement et parle-leur…

Jésus – Ils ont Moïse et les Prophètes, qu’ils les écoutent !  S’ils n’écoutent pas Moïse et les Prophètes, même  si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas persuadés….

Marie – Pense aux femmes, à Madeleine, va les réconforter !

Ce que  fit Jésus; Madeleine pleurait sur le tombeau vide… les autres femmes, il les rejoignit en chemin. Sur le soir, il se déguisa en pèlerin, sur la route d’Emmaüs, auprès de deux disciples, qui revenaient chez eux le coeur broyé. Enfin, il se montra aux Onze dans le Cénacle… Il lui fallut quarante jours encore pour purifier leur esprit, réchauffer les coeurs, montrer toute la cohérence des Ecritures, afin qu’ils soient réceptifs à la lumière du Saint-Esprit, et deviennent des hommes nouveaux.

Mais Jésus pouvait-il témoigner de sa propre génération ? Pouvait-il raconter la conception de sa mère ?

Cinquante jours déjà depuis la liquidation du Nazaréen. A-t-il disparu vraiment ? La croix, sinistre et nue reste dressée sur le rocher du crâne… mais la lourde pierre monte la garde devant ce trou béant. Des tas de gens montent le voir, surmontant leur frayeur, murmurant son nom « Jésus ». Les soldats, terrifiés un instant, ont repris leurs esprits: ils racontent ce qui s’est passé le matin du troisième jour…. Certes, sous le portique de Salomon, on ne le voit plus, mais l’écho de sa voix semble encore résonner dans le parvis des gentils…. Ses disciples ? Arrêtés ? En fuite ?… Or, ce jour de Pentecôte, les voici ressuscités par un ouragan sensationnel.   La terre va-t-elle trembler, le soleil s’éteindre, comme il arriva lorsqu’il poussa son grand cri : « Eloi ! Eloi ! lamma sabactani ! » ?

C’est Pierre ! Sa grosse voix de pêcheur sous le portique de Salomon ! Il crie : « Jésus Fils de Dieu ! Aucun autre nom sous le ciel en qui nous serons sauvés… C’est vous, grands prêtres, qui l’avez renié devant Pilate, alors qu’il voulait le relâcher.. Vous autres scribes, docteurs, pharisiens, vous avez condamné le juste en le traitant de  blasphémateur ! » …  Bonne nouvelle l’Evangile ? Non pas : accusation terrible contre les maîtres, assis sur la chaire de Moïse, gardiens de l’ordre religieux, familial, social…, la sacrée race d’Israël…!  « Pensez-vous que je sois venu jeter la paix sur la terre ? Non pas !  mais la contradiction, la division, la guerre… » Qui a dressé cette croix ? Qui l’a couché dans un tombeau scellé, avec des soldats en armes pour le refouler dedans, si jamais il faisait comme Lazare !….

Le grand-prêtre hurlait: « Faites taire ces galiléens !… leurs disciples se multiplient comme la vermine parmi le peuple ! » On arrête Pierre et Jean. Ils attestent: « Oui: Jésus est bien celui que nous attendons, le fils de David, le Sauveur de toute chair, et fils de Dieu…  comme il vous l’a dit. »  -« Fils de Dieu ? Engendré de Dieu ? Son père, c’est Joseph, un misérable charpentier ! Comment peut-il être à la fois fils d’un homme et fils de Dieu ?… »

Sous les flammes de l’Esprit-Saint, ils prêchent aussitôt l’essentiel de la foi salvatrice à tous ces gens qui demandaient: « Alors, puisque nos grandes familles sacerdotales ont crucifié le Fils de Dieu, qu’allons-nous devenir ? Que faire… ?  »  – « Repentez-vous et arrachez-vous à cette génération dévoyée ».

C’est là, précisément ce que Jésus proposait déjà comme la condition absolue à quiconque voulait le suivre:  « Si quelqu’un ne hait pas son père, sa mère, ses fils et ses filles…. il ne peut être mon disciple…  » C’est-à-dire revenir  à l’Ordre de Melchisédech qui n’avait ni père, ni mère, ni fils, ni filles…  La Pensée du Père éternel est immuable, il veut que son Nom soit sanctifié dans la génération humaine : « Si je suis Père, où est l’honneur dû  à mon nom ?… »

Parmi les disciples, Etienne, appuyant ses discours par de nombreux prodiges, faisait des ravages dans la communauté judaïque. Ses  contradicteurs baissaient le nez et grinçaient des dents.  Pour le faire taire il fallut l’écraser sous les pierres. Son dernier cri se grava dans toutes les mémoires : « Je vois Jésus, debout à la Droite de Dieu »…

Un disciple de Gamaliel se tenait là. gardant les habits des bourreaux. Saul, estimé, chéri par le sanhédrin: « Quelle mémoire, quelle intelligence, ce garçon !  Il aura un grand nom en Israël ! » La secte des Nazaréens s’était répandue jusqu’à Damas, l’antique cité, illustrée naguère par Abraham ! les grands prêtres confièrent au jeune Saul  la mission d’aller là-bas  les chercher, pour les ramener enchaînés à Jérusalem.  Il partit, tout fier, à la tête d’une escouade. « Il faut faire taire le blasphème qui outrage la gloire de l’Unique ! Fils de Dieu… quelle prétention !…  » Une femme enfanter sans semence d’homme… ? Toujours vierge !  Pure folie !… « 

Saul exhortait ses hommes à chevaucher, malgré la chaleur, malgré la fatigue,  pour une cause si juste !… Un éclair, fulgurant lui coupe la parole, le fait tomber de cheval. Une voix comme le tonnerre:  « Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » – « Qui es-tu Seigneur ? » – « Jésus… »  Quoi ? Comment ? Le crucifié sur un tas d’ordures, aux portes de Jérusalem ?… « Notre chef aplati par terre, le nez dans le sable… » Ils le relèvent, l’attachent comme un sac de blé sur son cheval… Chez Ananias, disciple du Seigneur, il reste prostré, aveugle, pendant  trois jours… Il retrouve ses esprits…  A peine remis debout, le sabbat suivant, il proclame, en pleine synagogue : « Jésus est fils de Dieu ! »…. Que faire maintenant ? Retourner à Jérusalem ? Impossible ! « Les juifs me tueront et les chrétiens se méfient de moi »..

Trois ans de retraite… retraite forcée, retraite fructueuse dans le désert d’Arabie. Là, il comprit enfin la Loi de Moïse : elle dénonce le péché, le péché de génération,  péché qui prive Dieu de sa paternité, péché qui conduit à la mort. Le juste, lui, Jésus-Christ, échappe à cette loi provisoire, car il est né d’En Haut, d’une génération sans tache… Bouleversante révélation !…

Saul, devenu Paul, homme nouveau, régénéré par le baptême, brûle du désir de porter la Vérité aux extrémités de la terre. Comme il est de Tarse, de culture grecque, citoyen romain, les anciens d’Antioche l’envoient fonder des églises parmi les gentils.

Ces barbares, était-ce croyable ? reçurent avec jubilation la science de Jésus fils de Dieu, transformés par les dons du Saint-Esprit.  Tout marchait à merveille dans ses communautés. Les textes de l’Evangile, surtout celui de Luc, copiés par mille mains se répandaient à profusion « Je ne cesse de rendre grâces à Dieu à votre sujet pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus  ! En lui vous avez été comblés de toutes les richesses, celles de la science, de la parole… Vous ne manquez d’aucun don de la grâce, dans l’attente de la Manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ: c’est lui qui vous affermira, pour que vous soyez irréprochables en son Jour… « Jour »  qu’il envisageait alors comme prochain.  La jeune Eglise, vierge pure, dans la splendeur du baptême, faisait baver de jalousie les vieux renards du Sanhédrin attardés dans leur temple poussiéreux, autour d’un autel des holocaustes déserté par les Lévites. Oui, elle était à portée de mains la régénération de l’humanité !

Hélas… certains frères, juifs de race, protestèrent : « Quoi ! ces Goim, à peine décrottés de leurs idoles, obtiendraient la faveur du Très Haut, sans la discipline de la Loi ? Impensable ! Il faut les circoncire pour qu’ils deviennent fils d’Abraham, héritiers des promesses données à nos pères ! » – « Inutile ! objecte Paul, la Foi seule suffit, en Jésus fils de Dieu… c’est elle qui justifie celui qui croit. » –  » Tu t’égares, Paul ! Pas  un iota de la loi ne tombera, le Seigneur l’a dit ! » … Impossible de s’entendre ! L’Eglise corps du Christ, à peine enfantée, se déchire ? Que faire ?… Porter l’affaire à Jérusalem, devant les colonnes, Pierre, Jacques et Jean….

Ce que l’on fit. Assemblée solennelle. Le premier Concile…  La question posée était simple: « Faut-il, oui ou non, circoncire les païens ? »

Les discussions jaillirent, acharnées… Paul et Barnabé  rapportaient les merveilles de la Grâce opérées dans leurs églises. Les gens de l’entourage de Jacques fronçaient les sourcils:  « Il faut faire l’éducation de ces nouveaux nés, à peine remontés de la piscine baptismale, sous la Loi de Moïse ! » On se tourna vers Pierre: par le Seigneur Jésus, il avait le pouvoir de lier ou de délier … Il délia :  « Les barbares devenus croyants  ne seront pas tenus à la circoncision. » Des explications, il n’en donna aucune… Lacune déplorable !

Que pensez-vous qu’il arriva ?

Les « judaïsants », loin de se soumettre, s’obstinèrent. Ils coururent sur les traces de Paul, imposèrent aux nouveaux chrétiens la Loi et la circoncision. Paul lui-même, dans un sursaut de judaïsme, coupa le prépuce de Timothée avec le silex tranchant, selon le rite ! N’avait-il pas déclaré : « La circoncision est aussi le sceau de la justice de la Foi d’Abraham. » … C’était à ne plus rien comprendre !…  Comment déméler l’écheveau ?

C’est alors qu’il prit sa plume: « Mes pauvres Galates, vous n’avez donc rien compris….! Enfin !   Abraham fut justifié par la foi, quatre cents ans avant Moïse ! Il eut deux fils, l’un de l’esclave, l’autre de la femme libre; le fils de l’esclave engendré selon la chair persécuta celui qui le fut selon l’Esprit… N’allez pas vous remettre sous le joug de l’esclavage… Si vous revenez à la chair, le Christ ne vous sert de rien… vous êtes sur le point de mourir !… Frères,  on ne se moque pas de Dieu: celui qui sème dans la chair récoltera de la chair la corruption, celui qui sème dans l’Esprit-Saint récoltera de l’Esprit-Saint le vie éternelle…  » Semez donc dans l’Esprit-Saint : ne revenez pas sous le couvert de la Loi, à la génération charnelle qui ne fructifie que pour la mort:  voilà l’enseignement de Paul.

Exhortation poignante que cette lettre aux Galates ! On y devine l’immense chagrin de Paul:  ses églises sacrifiées, pillées par les tenants de la chair… la Rédemption retardée, anéantie peut-être… les sentences de la colère de Dieu maintenues inexorables… « Moi qui vous avais fiancés à votre unique époux, comme une vierge chaste à présenter au Christ ! Je crains fort que le Serpent qui a séduit Eve par sa malice ne fasse déchoir vos pensées de la simplicité et de la chasteté qui conduisent au Christ… »  Quelle douleur de son âme ! « Vous n’avez donc rien compris !… » C’est au niveau de la génération que doit porter la « métanoia », le changement de mentalité. Devenu fils de Dieu par la foi et le baptême, le chrétien doit rendre à Dieu ce qui lui appartient de droit : la paternité. Comme l’a fait Abraham: vieux, sans semence, il crut que Dieu lui donnerait un fils par sa puissance créatrice. Tel fut l’objet de sa foi. Saint Paul l’explique admirablement dans l’épitre aux Romains. Le devoir du chrétien: imiter Abraham !

Paul, pourquoi dans tes lettres, n’as-tu pas invité les chrétiens à suivre l’exemple des géniteurs du Christ, depuis Jacques le juste… jusqu’à Joseph le père du Christ selon l’Esprit ? Tu parles d’Abraham, tu présentes Sarah, la « femme libre », la « Jérusalem d’En Haut », qui a conçu de l’Esprit un fils miraculeux, tu l’opposes à Agar, la femme esclave qui enfante de la chair des esclaves… Bravo ! Mais pourquoi ce silence sur Marie et son époux Joseph ? La femme libre, plus encore que Sarah stérile, c’est elle ! Pas un mot de Joachim, le père de l’Immaculée, de sainte Anne sa mère. Pouvons-nous comprendre ce mutisme inquiétant ? Oui. Quelle autorité les géniteurs du Christ possédaient-ils en Israël, à l’époque des faits ? Aucune. Descendants de David ils étaient, mais obscurs personnages, relégués loin de la ville sainte, sans titre, sans renommée, sans nom dans l’Histoire Sainte… Comment Paul pouvait-il utiliser leur image pour convaincre le Sanhédrin et tout juif pétri de la Loi et des Prophètes ?…

« Ce qui a manqué… »

L’Eglise partit en boitant: désormais elle ne marcherait qu’avec des béquilles: les constitutions, règlements, observances, célibat, clôtures, coules, soutanes, capuchons… autant de disciplines infiniment plus pénibles – et vaines –   que la bonne loi de Moïse, qui autrefois autoriserait même la polygamie !…

Dommage, Pierre, qu’au concile de Jérusalem, tu n’aies pas expliqué clairement les choses ! Que devais-tu dire pour éclairer définitivement l’assistance, et arrêter dans l’oeuf la contestation des judaïsants ? Ceci: « le chrétien qui renonce à la génération charnelle est affranchi de la Loi, donnée pour régenter la chair. Voulez-vous, oui ou non, renoncer ? »

« Si Oui ! – Désormais il n’y a plus pour vous de condamnation. Vous voulez vous faire circoncire ? Votre circoncision sera pour vous le sceau de votre foi, comme pour votre père Abraham. »

« Si Non ! – Qu’on vous impose la circoncision de Moïse et toutes les prescriptions de la Loi… elle vous apprendra la gravité de ce péché biologique qui vous met sous le joug de la mort. Désormais vous êtes déchus de la grâce qui est en Jésus-Christ… »

Le choix devient clair, motivé, acceptable pour tous.

Pierre, Paul… se faisaient illusion: ils imaginaient que les païens fraîchement convertis identifiaient le péché d’origine, le péché d’Adam et d’Eve, ce péché dénoncé par Moïse, qui a placé le genre humain sous la tyrannie de Satan, la puissance des ténèbres, du mensonge, et de la corruption cadavérique. Les apôtres, instruits par le Saint Livre, ne pouvaient mesurer l’abîme d’ignorance des nations.

Dès lors l’Eglise dite « militante » affronta les Enfers par les deux ailes de son armée: l’aile marchante et l’aile traînante.

Marchante: celle de la virginité sacrée,  chasteté victorieuse et pleine d’espérance, sanctification sous la mouvance du Saint-Esprit. Liberté pour l’adoration,  charité dans l’action….   Mais elle n’a pas été délivrée de l’adultère, alors que Paul avait spécifié: « Dans le Christ Jésus, pas d’homme sans femme, pas de femme sans homme »…  Jamais aucun saint, ni sainte de l’Eglise n’ont reproduit l’exemple du couple virginal qui nous a donné le Christ ! Toutefois pendant l’heureuse époque apostolique, les chrétiens traqués, traînés en spectacle devant une populace avide de sang, honnis de tous  comme « ennemis du genre humain » – ils l’étaient en effet, ennemis de ce genre-là -, affrontaient le martyre: jeunes vierges livrées  aux flammes – qui ne les brûlaient pas… – aux fauves – qui s’agenouillaient devant elles…. Sainte Cécile, dont le corps reste intact encore aujourd’hui, modèle de la morale conjugale chrétienne. A Valérien, chevalier romain, auquel elle fut vendue en mariage, elle dit, le soir de leurs noces : « Est secretum Valeriane… J’ai un secret à te révéler, Valérien: un ange de Dieu garde mon corps. Il te frappera si tu m’outrages…  » Valérien recula, réfléchit, reçut le Baptême par le pape Urbain, dans le secret des catacombes. Il vit l’ange. Il mourut martyr, avec Tiburce son frère, avant même son épouse qu’on essaya de brûler vive, puis que l’on frappa du glaive.  Au milieu du IIIè siècle l’engagement baptismal avait encore sa plénitude de sens !…

Traînante:  sous les douleurs de l’enfantement, tribulations de la chair, décès, sépultures, querelles d’héritages, procès, luttes fratricides, carnages impitoyables…  tout comme dans l’Ancien Testament, où Dieu châtiait les infidélités d’Israël par la peste, la famine et la guerre… Elle ne fut délivrée ni du péché, ni de l’adultère…

« Génération adultère et pécheresse, jusqu’à quand vous supporterai-je  ? »

Aucun fils de Dieu, frère de Jésus le premier-né, ne fut engendré comme tel dans le monde.

Les couples chrétiens dévots, vertueux, fidèles, résignés, – angoissés – ont souvent invoqué le Dieu Vivant pour  qu’il les assiste dans la génération et l’éducation de leurs enfants. Leur amour de Dieu et leur piété leur ont procuré consolation et réconfort pour affronter la douleur et garder l’unité et l’indissolubilité du couple…. Qu’elles étaient loin les joies ineffables de la Sainte Famille !… Beaucoup ont obtenu d’éclatants miracles d’assistance et de guérisons… Plusieurs ont donné des saints à l’Eglise. Ils ont imité l’exemple édifiant  raconté dans le livre de Tobie: mais ils sont restés, comme lui, sous la servitude de la Loi.

    Ils n’ont pas eu l’idée de la conception immaculée.

La Vierge-épouse et mère, Marie, maîtresse de Vérité

Caïn, premier fils d’Adam et d’Eve, « était du diable », et tua son frère; Moïse raconte l’hostilité viscérale des deux fils d’Isaac: Jacob et Esaü: ils n’étaient pas de l’Esprit ces deux-là ! puis des fils de Jacob contre Joseph, l’enfant de Rachel. Michée avait écrit: « Offrirai-je mon premier-né en expiation de ma faute ? Moïse répondait: « C’est le sacrifice sanglant d’un agneau que vous m’offrirez en expiation pour l’enfant qui ouvre le sein. » Il ne fallait pas l’ouvrir ! Melchisédech ramena la bénédiction sur la terre: il avait renoncé au péché qui offense le Très-Haut. Isaïe, le premier, annonca clairement: « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils; son nom sera Emmanuel ». « Cette porte restera fermée, on ne l’ouvrira pas – paroles d’Ezéchiel – car Yahvé est passé par là ! » Le voile du Sanctuaire devait n’être jamais déchiré… C’est pourquoi, Marie, vierge très prudente, oppose à l’Ange la barrière infranchissable de sa virginité :

    « Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas l’homme ? »

Parole centrale, de toute la Bible, de toutes les littératures et de toute l’histoire du genre humain !

Sarah avait connu l’homme, mais elle était stérile. De même Rébecca, sa belle fille, Rachel l’épouse de Jacob, plus tard Anne, mère de Samuel, la femme de Manoah, mère de Samson, Elizabeth mère de Jean-Baptiste… Toutes ces femmes célèbres, choisies par Dieu dans l’histoire du salut, avaient enfanté par une intervention miraculeuse de Dieu. A l’évidence, le Très-Haut voulait manifester le rôle éminent qu’il doit jouer dans l’avènement d’un être nouveau.

Anne, mère de Marie, fut de celles-là. Une tradition, très sûre, rapporte que sa fille fut conçue sous la porte dorée du temple. Voici l’histoire: Joachim et Anne vieillissaient sans enfant. Le prêtre lévitique, voyant dans cette stérilité, une malédiction, les chassa du temple. Réprouvés, humiliés, ils se mirent tous deux en prière. Ils méditèrent longuement. Puis Joachim se retira quelque temps dans la montagne, Anne demeura dans son jardin. Au moment précis de leurs retrouvailles à Jérusalem, Anne conçut d’En-Haut celle qui allait devenir la mère du Sauveur.

Qu’est-ce à dire, sinon qu’ils sont revenus tous deux à la voie qui mène à la vie, aidés sans doute dans leur démarche par Jacques le juste…

La piété chrétienne, a toujours vénéré les parents de la Vierge, comme les artisans d’une mutation génétique semblable à celle qui confirma Abraham dans sa  foi  en  la divine promesse: « Moi, je te donnerai un fils…  » Isaac « était de l’Esprit » (Gal 4/29), Marie le fut aussi, fille de Dieu dès le sein de sa mère, pleine de grâce dès le premier instant de sa conception.

C’est donc elle qui présida la réunion des Apôtres et de quelques disciples dans le Cénacle quand ils se préparèrent à leur mission: « Vous irez prêcher l’Evangile dans le monde entier « … Pierre naguère avait confessé « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant…  »  là se trouve l’essentiel de l’Evangile… Mais… par quel mystère de génération ? Seule Marie pouvait expliquer: ils se tournèrent vers elle. Elle éleva la voix. Raconta les souvenirs qu’elle avait si longtemps médités dans son coeur.  Enfin des hommes sûrs, capables de les entendre ! Ils furent subjugués par sa beauté, sa grâce, et plus encore par sa simplicité. Matthieu et Luc mirent par écrit, ce que nous lisons dans leurs premiers chapitres. L’Eglise, au long des siècles, en a gardé le mémorial. Sa liturgie, avec le déroulement de l’année, célèbre par des psaumes, hymnes et cantiques, la conception immaculée de la Vierge, l’Annonciation, La Visitation, la Nativité du Seigneur son Fils.  Elle s’unit avec les sept douleurs de la passion de l’Agneau immolé, pleurant avec Marie, sur l’incrédulité d’Israël, la cruauté des prêtres et des scribes. Elle chante l’inaltérable bonheur de la mère du Juste ressuscité, glorifié. Sa propre victoire sur la mort… Les humbles fidèles méditent, égrenant leur chapelet, sur le mystère de la piété… Sans Marie nous n’aurions jamais eu de Rédempteur. Sans la foi des pionniers, nous n’aurions jamais eu la conception immaculée par laquelle la transgression originelle est supprimée, le Diable écrasé sons le pied virginal.

Le magistère infaillible de l’Eglise a toujours professé : « Virgo concepit, virgo peperit, virgo permansit…  » (Vierge elle a conçu, vierge elle a enfanté, vierge elle est demeurée.)

L’intervention séculaire de Sainte Marie, médiatrice de toutes grâces

Marie a répondu des myriades de fois aux chrétiens qui l’ont implorée sous le titre de « l’Immaculée Conception ». Dès les premiers siècles, les pères ont enseigné cette vérité. Jusqu’au XIème siècle, elle ne rencontra aucune contradiction. Elle fut même sanctionnée par saint Léon IX dans un concile au XIème siècle. L’Espagne revendiqua le titre de « peuple de l’Immaculée Conception » tant cette dévotion y était fervente. Sur leurs maisons, des écriteaux: « O Marie conçue sans péché », « Salut, Marie très pure »… Saint Anselme expliqua dans un livre important: « De peccato originali et de conceptu virginali », qu’une conception virginale arrête toute propagation du péché originel et de ses conséquences. Depuis le haut Moyen âge, les chanoines de Lyon célébraient cette fête le 8 décembre. Sur la colline de Fourvières, sa chapelle tapissée d’innombrables ex-voto…

Arrivèrent Bernard de Clairvaut et Thomas d’Aquin. Le premier écrivit aux chanoines lyonnais quatre lettres: « Non, très révérends, n’invoquez pas Sainte Marie sous ce vocable, si vous pensez qu’elle est le fruit de l’accouplement de ses parents….  »  Il avait raison : la biologie moderne nous assure que les maladies héréditaires sont programmées dans les chromosomes !… Mais… si Marie fut engendrée d’En Haut, comme le fut Isaac ?…

L’amour et la piété des fidèles, surmonta les hésitations des théologiens… Au Concile de Trente, l’un des cardinaux, Pierre Pachecco, intervint pour que la sainte assemblée en définît le dogme… Il n’obtint pas satisfaction, mais les pères précisèrent qu’il n’était pas dans leur pensée d’inclure la Vierge Marie dans la transmission du péché originel à tous les fils d’Adam…

En 1623, à plusieurs reprises, Sainte Anne se fit voir à un honnête paysan, nommé  Nicolazic. Elle se manifesta près d’une fontaine adjacente aux ruines d’une ancienne chapelle qui lui était dédiée.  Eblouissante de lumière, dans une robe éclatante de blancheur, elle portait un flambeau dont la lumière repoussait au loin les ténèbres de la nuit. Elle lui demanda de reconstruire, là même, cette chapelle.. Deux ans plus tard, en 1625, les autorités de l’Eglise persuadées de l’authenticité de cette apparition posèrent la première pierre de la Basilique de Sainte Anne d’Auray…

Depuis, les pèlerins ont accouru. Ils se sont multipliés. Jusqu’à atteindre des millions chaque année… Sainte Anne a des chapelles et des oratoires sur tout le territoire de l’Eglise, et jusqu’aux extrémités du monde, jusque dans les vallées perdues au coeur de nos montagnes.

Le flambeau éclatant de lumière brandi par Sainte Anne qui dissipe les plus obscures ténèbres ?… C’est sa foi, par laquelle elle a engendré Marie sa fille, « immaculée dès le premier instant de sa conception… »

Au XIXème siècle cette  dévotion prit un essor fulgurant à la suite de l’apparition de la Vierge à Catherine Labouré. La médaille – qui produisit des miracles sans nombre – portait sur toutes les lèvres l’invocation répétée des millions de fois : « O Marie conçue sans péché,  priez pour nous qui avons recours à vous ! » En plein milieu de ce même XIXème siècle, juste après la prophétie apocalyptique de la Salette, l’événement le plus important, le plus mémorable:  la promulgation infaillible par Pie IX  du dogme de l’Immaculée Conception de Marie, la mère du Sauveur.

8 Décembre  1854, dans la basilique Saint Pierre noire de monde, Pie IX: « Nous déclarons et définissons, que la Bienheureuse Vierge Marie a été exempte de toute tache du péché originel dès le premier instant de sa conception…. » Il avait auparavant pris l’avis de tous les Evêques et théologiens du monde. Quatre ans plus tard Marie elle-même, à Lourdes, à la jeune Bernadette qui lui demandait son nom: « Je suis l’Immaculée Conception ». Attestation céleste !

Ce qui signifie « dès sa première cellule ». Nous sommes donc assurés que « lorsque la  foi est venue en ce monde, Dieu a envoyé son Fils… » Cette foi est d’abord celle de Sainte Anne et de Saint Joachim, derniers descendants de David, le roi prophète qui avait avoué, sous le reproche de Nathan: « Ma mère m’a conçu dans le péché…  » Nous en sommes assurés aujourd’hui:  une mère, Sainte Anne a conçu une fille sans péché, et cette fille, Marie, nous donne par sa maternité virginale le Fils de l’Homme, Jésus, qui, en sa Personne, est le Verbe « Témoin fidèle et Amen véritable ».  « Engendré en ce monde pour porter témoignage à la Vérité »… Ou encore dans le prologue de Jean: » Il est la lumière qui  éclaire tout homme en faisant son entrée dans le monde ».

Réfléchissons: Anne, mère de l’Immaculée, n’a pu le devenir sans être parfaitement informée des desseins de Dieu, qui ne laisse jamais ses serviteurs dans l’ignorance. C’est en toute clarté et parfaite liberté qu’elle est devenue la mère de Marie.

La conception immaculée… Privilège unique ? Ou modèle universel ?

Alors ? Et nous chrétiens ? Qui nous empêche d’entrer dans la même foi que les saints géniteurs du Christ, à savoir ses parents et grands-parents ?

Qui nous empêche de Sanctifier le Nom de Dieu, qui est Père, en accédant à la génération sainte, dont les bons Anges sont les Messagers, alors que les mauvais sont les initiateurs de la génération dévoyée ?

Qui nous interdit de croire que Dieu peut, tout aussi bien aujourd’hui qu’autrefois, féconder le sein d’une vierge-épouse, par le souffle d’En haut, accomplissant ainsi la monition de Jésus à Nicodème: « Nul, s’il n’est engendré d’En Haut, ne peut voir le Royaume de Dieu  » ?

 Certes, il faut honorer la Divinité par un sacrifice. Quel est le sacrifice véritable ? C’est évidemment la renonciation à la paternité et à la maternité charnelles… Sacrifice que l’Eglise a toujours imposé aux hommes qui reçoivent les Ordres majeurs, et aux femmes qui se dévouent à la grande oeuvre de la Rédemption: les « religieuses ».  Est-ce un si grand « sacrifice », que d’échapper aux tribulations de la chair ?

Selon le mot du Seigneur la génération antique fut, « adultère et pécheresse ». Supprimons d’abord l’adultère. Dans la foi, dans un amour « flamme du Saint-Esprit », réalisons l’unité de l’homme et de la femme. Le Christ est appelé « Fils de l’Homme  » et non pas fils de la femme ni de la Vierge. Pourquoi « de l’homme » alors qu’il ne fut pas  conçu par la semence de Saint Joseph ?  Oui, fils de l’homme unifié, comme l’étaient Adam et Eve avant la faute: « Celle-ci est la chair de ma chair et l’os de mes os ». Désormais donc l’homme aimera sa femme « comme le Christ  a aimé l’Eglise : il la nourrit de sa propre chair », exhortation de Paul au chapitre 5 de son épître aux Ephésiens, où l’Apôtre nous explique la norme du véritable comportement.

La vocation ontologique de la femme

Révélée par Marie qui fut Vierge inviolée, épouse très aimée, et mère admirable.  Toute femme est vierge: toute femme a le droit le plus strict à ce que son hymen soit rigoureusement respecté. Le sceau de l’amour c’est le respect de la virginité. Y a-t-il joie plus grande pour une femme que d’être aimée constamment dans son incomparable dignité, puis  d’enfanter dans la joie de l’extase divine  un enfant immaculé qui lui soit  le plus haut Don de Dieu ?  « Si tu savais le don de Dieu…  » dit Jésus à la Samaritaine. Il se désignait lui-même, puisqu’il fut pour Marie sa Mère, ce plus précieux don de Dieu… Voyant les bonnes dispositions de cette femme qui le devinait Prophète, il entreprit de l’instruire davantage: « Va chercher ton mari…  »  car il fallait qu’ils soient ensemble initiés à la Vérité…  Hélas !

De même à Abraham, lorsque le Seigneur Dieu vient lui annoncer la bonne nouvelle: « Où est Sarah ta femme ?  »  Elle était intéressée tout aussi bien que lui à la naissance miraculeuse d’Isaac leur vrai fils !

Aujourd’hui, dans un chapitre de moines, ou de chanoines, où l’on dispute de questions frivoles…  dans une assemblée d’Evêques qui bâtissent des plans illusoires sur la politique mondiale… le Seigneur dirait –  s’il lui était possible de leur faire surmonter le scandale de la Vérité: – « Où sont vos femmes ?  » Et ces messieurs, célibataires endurcis, protestent, indignés : « Oh…  mais enfin, Seigneur, que dis-tu là  ?…  »  Et Jésus leur dit: « Pourquoi n’obéissez-vous pas à mon apôtre Paul, lorsqu’il vous enseigne à mettre en pratique « le mystère de la piété », dont je suis le premier Fruit Béni ?  Ne savez-vous pas qu’il a prescrit que l’évêque, le prêtre et le diacre seront hommes d’une seule femme ? »

Bien entendu le Mystère de la piété dont parle ici Saint Paul, n’est autre que la conception immaculée d’un fils ou d’une fille de Dieu !

Chaque année l’Eglise, le 11 Février, chante l’office de l’Apparition de la Vierge à Lourdes, et cette antienne en particulier: « Ce n’est pas pour moi seule que cette loi fut établie, mais pour tous ».  Quelle Loi ? Celle de la conception immaculée de tout être humain.

Enfin, pour couronner les gloires de Marie qui, la première et d’une manière exemplaire, a réalisé la Vocation pleine de la femme, Pie XII a proclamé le dogme de son Assomption, célébrée depuis la plus haute antiquité dans l’Eglise.  Comment aurait-elle connu la mort celle qui a échappé au péché originel ? « Cette vérité, affirme le pape, est la clé de voûte de tout l’édifice de la foi ». Il choisit pour l’Introït  de la Messe, la parole de Jean dans l’Apocalypse: « Je vis un grand signe dans le ciel: une femme revêtue du soleil, la lune  sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles. »

« Heureuse es-tu parce que tu as cru. »

Le saint Père nous invite à considérer la « septième trompette », signal de la fin des temps. En vision Jean est enlevé jusqu’au coeur du Temple de Dieu, jusqu’à cette Arche de l’Alliance, dont autrefois Moïse avait façonné le symbole. L’ Arche c’est la femme qui accomplit en plénitude sa vocation ontologique. Contre elle: le Dragon soulève les puissances des Enfers… De fait, l’histoire vécue par l’humanité depuis le péché originel, est la frénésie rageuse de Lucifer qui veut profaner l’Arche de l’Alliance véritable: le corps virginal de la Femme. Si, par la foi, la femme retrouve sa vocation ontologique, dont Marie reste le modèle primordial, les Enfers sont anéantis. Ils s’efforcent, sans y parvenir, d’engloutir dans l’oubli, de noyer sous le sarcasme, cette VERITE qui les brûle. La cour céleste au contraire, acclame la victoire définitive de la foi sur l’erreur, de la vie sur la mort : « Alleluia !  Elle est tombée, elle est tombée la grande Babylone…  Réjouissons-nous et exultons d’allégresse… « 

La promesse

« En vérité, en vérité  je vous le dis: celui qui garde ma parole ne verra jamais la mort ».   Jésus nous assure de même « Au vainqueur, je donnerai de l’Arbre de la vie, planté dans le paradis de Dieu ». Et Paul nous promet aussi: « L’homme justifié par la foi vivra ». La promesse directe est la victoire de la foi sur la mort,  sur le châtiment du péché de génération.

« Il est fidèle celui qui a promis ».

L’immaculée conception de saint Joseph ?

Il était le fils de Jacques le Juste… celui dont il est dit « c’est à cause de lui que le ciel et la terre ont été créés. » Fut-il conçu immaculé ? L’église ne s’est pas prononcée. De nombreux théologiens l’ont cru et enseigné. Le texte de Léon XIII ci-dessous semble le confirmer: en Joseph et Marie, Dieu a reproduit l’oeuvre qu’il avait faite au commencement, Adam et Eve étaient immaculés. Autre raison: « Le plus grand des fils de la femme fut Jean Baptiste » – parole du Seigneur – conçu de la semence de Zacharie, mais régénéré par l’Esprit-Saint dès le sein de sa mère. Joseph est plus grand que Jean Baptiste, donc…

La prophétie de Léon XIII

Le pape de la fin du siècle dernier (XIXème) écrit à propos de la sainte famille:

Lorsque le Dieu miséricordieux eut décidé d’entreprendre la Rédemption du genre humain, attendue depuis tant de siècles, il disposa son ouvrage de manière à reproduire ce qu’il avait déjà établi au commencement, à l’origine du monde. Il a ainsi montré ce qu’était la famille établie sur des bases divines….  Et c’est là dans cette sainte famille que Dieu a laissé un document qui sera la charte de celles qui adviendront dans le futur. Voilà pourquoi il est dans le conseil de la Divine Providence que tous les chrétiens, quelle sur soit leur condition ou leur situation, portent leur attention sur elle, et qu’ils y trouvent une raison et une invitation pratiques et faciles pour l’exercice de quelque vertu que ce soit… « 

« N’ai-je pas fait un seul être sur lequel repose mon Esprit ?

« Et cet être unique, que cherche-t-il ?

« – une semence d’Elohim.

                        Malachie 2/15

Le 13 janvier 2001

(Je n’ai pas indiqué les références aux textes sacrés… Les lecteurs instruits des Ecritures les trouveront facilement. Pour explications supplémentaires et exhaustives voir notre ouvrage: « Retour au Paradis Terrestre », dans lequel les références aux Ecritures sont abondantes, avec toutes les explications désirables. Voir aussi, éventuellement « Les arcanes du Sacrement Eucharistique ».)