Saint-Sacrement

Pourquoi les promesses du Christ Rédempteur ne furent-elles pas accomplies pendant tout le temps de l’Eglise ? Pourquoi malgré les Sacrements et surtout le Sacrement du Saint Corps du Christ, les chrétiens, même fervents et pratiquants, même prêtres et religieux, n’ont-ils pas échappé aux sentences portées dans le chapitre 3 de la Genèse sur l’humanité issue d’Adam  ?

Postface

Pourquoi les promesses du Christ Rédempteur  ne furent-elles pas accomplies pendant tout le temps de l’Eglise ? Pourquoi malgré les Sacrements et surtout le Sacrement du Saint Corps du Christ, les chrétiens, même fervents et pratiquants, même prêtres et religieux, n’ont-ils pas échappé aux sentences portées dans le chapitre 3 de la Genèse sur l’humanité issue d’Adam  ?

A cette question Saint Paul a répondu prophétiquement à la fin du chapitre 11 de la première Epître aux Corinthiens, dans un texte mémorable, que voici : (v.26 et s.)

« … vous dénoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne.  De sorte que celui qui mangerait ce pain, ou boirait à la coupe du Seigneur indignement, serait coupable du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s’examine lui-même, et alors seulement qu’il mange  de ce pain et boive à cette coupe ! Celui qui mange  et qui boit, mange et boit sa propre condamnation, s’il ne discerne pas le corps.  Voilà pourquoi parmi vous beaucoup sont malades et sans force, et  un grand nombre sont morts.  Mais si nous nous jugeons nous-mêmes, nous ne serons pas condamnés: jugés par le Seigneur, nous sommes  éduqués, afin de ne pas être condamnés avec ce monde… »

Ce texte constitue l’argument fondamental de cette tétralogie dramatique.  De fait c’est toute l’histoire  de l’Eglise qui fut éminemment dramatique: « elle a  espéré contre toute espérance » (Rom. ch. 4/ 18-22). L’Eglise Catholique, en effet,  a toujours gardé fermement sa profession de foi d’une part dans la génération sainte et virginale du Christ: « Conçu du Saint-Esprit et né de Marie toujours vierge » – et de l’immaculée conception de cette dernière, (Pie IX, 1850)  et d’autre part dans la  Présence réelle et corporelle du Christ  dans le Sacrement Eucharistique, en interprétant au sens obvie et direct  les paroles  de la consécration: « Ceci est mon corps, ceci est mon sang »,  quoiqu’elle ait toujours dû enterrer ses morts, même les saints qu’elle a canonisés pour leurs sublimes vertus évangéliques.

Acte  1 –     Dans  la maison d’Aquila et Prisca à Corinthe.

Tous les personnages de cette scène ont leur nom dans la Sainte Ecriture sauf Martha. Le lecteur les trouvera  dans le chapitre 16 de l’Epître aux Romains.  Aquila et Prisca (ou Priscille) (Rom.16/3; Act.18, 2s. et 25) , couple de Juifs de la  diaspora qui ont reçu Paul lors de sa 3ème mission.

Il est tour à fait  vraisemblable que certains disciples, dont Sosthène, aient pu assister à l’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie à Ephèse, où elle vivait auprès de Jean. Une tradition immémoriale  subsiste à Ephèse qui commémore chaque année le fait de l’Assomption de la Vierge Marie, auprès de  sa « maison », qui a toujours subsisté en ce lieu, et encore de nos jours.

Martha : ce personnage  incarne le drame de l’Eglise Apostolique exposé par Paul: « Beaucoup sont malades et un grand nombre sont morts ». « Un grand nombre » peut se traduire aussi « des forts » (ikanoi).  L’ambiguïté du « discernement du corps » a résulté de la décision abrupte et sans explication qui fut prise au « Concile de Jérusalem » (Ac.15), décision qui ne fut pas acceptée par les chrétiens issus du judaïsme. De fait, les chrétiens grecs, privés de la Loi de Moïse, n’ont pas su « discerner le corps », c’est-à-dire, apprécier la gravité du péché de génération – péché originel – dénoncé par les  Livres de Moïse et surtout par  les premiers chapitres de la Genèse. C’est parce que les chrétiens n’ont pas su s’arracher au péché de génération  que le Sacrement Eucharistique est resté pour eux inefficace.

Le récit  de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie par Sosthène correspond à la Vérité du dogme promulgué par Pie XII.

Voir sur le drame de l’Eglise Apostolique, le livre de Melle Morel: « Ce qui a manqué ».  Pour le péché originel, voir le ch. 3  du « Retour au Paradis Terrestre », ou le Livre 3 du « Traité de l’Amour ».  Voir également les décrets du Concile de Trente sur le péché originel et la Justification. (Notre livre « Traité de la Justification »)

Acte 2 –  La Fête-Dieu.  

Urbain IV  a institué  la Fête du Corps du Christ,  dite « Fête-Dieu »,  la dernière année de son Pontificat (1261-1264).  Il avait pour nom Jean Pantaléon, de Troyes, sa ville natale. Son père était savetier.  Il monte sur le trône de Saint Pierre entre la 6ème et la 7ème croisade, époque très troublée. Manfred, roi de Sicile et de Naples, est fils bâtard du grand Frédéric II, empereur d’Allemagne, qui fut excommunié 3 fois, 2 fois par Innocent III et  la dernière fois pas Innocent IV.  Charles d’Anjou, frère de Louis IX triomphera de Manfred, mais périra ensuite dans la 7ème Croisade, qui échoua en partie par sa faute.

Le miracle de Bolsena dans lequel le Christ manifesta sa Présence dans le Sacrement eucharistique est tout à fait authentique, et se produisit alors qu’Urbain IV était réfugié à Orvieto pour échapper aux menaces de Manfred. Le miracle de Bolsena est illustré par une fresque de Raphaël. La cathédrale d’Orvieto fut ornée d’une façade admirable en mémorial de ce miracle. Elle contient encore aujourd’hui l’hostie miraculeuse et le calice où coula le sang du Christ. L’autel de l’église Sainte Christine, sur lequel se produisit ce miracle fut transporté à Rome, dans l’église Sainte Prudentienne.

C’est à Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) que nous devons  le merveilleux Office du Saint Sacrement.  Saint Bonaventure: (1221-1274),  plus âgé que Saint Thomas mourut la même année que lui, au moment de l’ouverture du XIVème Concile oecuménique de Lyon (7mai – 17 juillet 1274).   Lors de l’institution de la Fête du Sacré-Coeur de Jésus,  on introduisit dans l’Office un admirable texte de Saint Bonaventure.

Urbain IV étendit à toute l’Eglise la célébration de la Fête du Corps du Christ le Jeudi qui suit la fête de la Sainte Trinité, et publia l’Encyclique « Transiturus de hoc mundo »,  le 11 Août 1264.  Il y traite de la Sainte Eucharistie comme Mémorial  de la passion du Christ, et ensuite de l’Eucharistie comme nourriture de Salut. Voici, sur ce point, un extrait de cette encyclique. (Den. 847, Edition XXXVI). 

« … Transcendens omnem plenitudinem largitatis,  omnem modum dilectionis excedens,  attribuit se in cibum.  O singularis et admiranda liberalitas, ubi donator venit in donum,  et datum est idem  penitus cum datore !… Dedit igitur nobis se in pabulum, ut quia per mortem homo corruerat, et per cibum relevaretur ad vitam… Gustus sauciavit, et gustus sanavit.  Vide, quia, unde vulnus est ortum, prodiit et medela, et, unde mors subiit,  exinde vita evenit.  De illo siquidem gustu dicitur:  » Quaecumque die comederis, morte morieris » (Gen.2/17), de isto vero legitur: « Si quis comederit ex hoc pane, vivet in aeternum ». (Jn.6/52)… Decens quoque liberalitas exstitit et  conveniens operatio, ut Verbum Dei aeternum, quod rationabilis creaturae  cibus est et refectio, factum caro,  se rationabili creaturae carni et corpori, homini videlicet,  in edulium largiretur…  Hic panis sumitur, sed vere non consumitur: manducatur sed non transmutatur, quia in edentem minime transformatur, sed , si digne recipitur,  sibi recipiens conformatur. »

Texte que l’on peut traduire ainsi:

« …Transcendant toute plénitude de largesse, dépassant tout mode de dilection, il se propose lui-même en nourriture.  O singulière et admirable libéralité,  où le donateur se fait don,  et le don est  précisément celui qui se donne !  Il s’est donc donné à nous comme un aliment, de sorte que, puisque l’homme, par un aliment, s’était abîmé dans la mort, ce soit par une nourriture qu’il serait relevé pour la vie ! Par le goût, il s’est empoisonné, par le goût il est guéri.  Vois donc:  là même où s’est produite la blessure, de là provient le remède; là où la mort est survenue, là aussi advient la vie. C’est de cette première manducation qu’il est dit: « Le jour où tu en mangeras tu mourras de mort ». De cette actuelle manducation on lit:  » Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour l’éternité ».  Vois donc la belle ordonnance de cette libéralité dans son entreprise efficace : Le Verbe éternel de Dieu, nourriture et remède de la créature rationnelle s’est fait chair pour se donner en nourriture à la  chair et au corps, c’est à dire à  l’homme.  Ce pain est pris comme nourriture, mais il ne  disparaît pas;  il est mangé, mais il ne change pas de nature;  car il ne se transforme pas du tout en celui qui le mange, mais,  s’il est  reçu dignement, c’est celui qui le mange qui se conforme à lui ».

Acte  3 –  Marbourg  (Ier Octobre 1529)

Ce colloque célèbre fut organisé par Philippe landgrave de Hesse, (1504-1567) protecteur de la Réforme. La formule qui en résulta est citée par Daniel Rops. (Histoire de l’Eglise, Tome IV, La Réforme Protestante, p.375)

Luther (1483-1546), initiateur  de la Réforme, en 1517,  par  la querelle contre les Indulgences. Peu après son « Appel à la jeunesse allemande ».  En 1524 son traité « De servo arbitrio », auquel Erasme répond par « De libero arbitrio ». La guerre des paysans : 1524-1525. A cette date également son mariage avec Catherine Bora. En 1527  prise et  sac de Rome par les Impériaux. La lettre de Luther à Albert de Prusse date en réalité de 1532, je l’insère  en conclusion du colloque de Marbourg. Le texte est cité par Marion, Tome III, p. 289. Le langage de Luther était d’une grossièreté légendaire, comme on le trouve dans ses « Propos de table ».  Plusieurs des réparties de Luther sont ici des citations exactes.

Zwingle (1484-1531) fut membre de ce colloque et s’opposa violemment à Luther. Curé de Glaris, il partage très vite les idées de la réforme, se marie en 1522,  exerce à la Cathédrale de Zurich la charge de prédicateur.  Il mourut à la bataille de Koppel, peu de temps après le Colloque de Marbourg.

Bucer, (1491-1551) dominicain, (le mot « Bucer » dérive du grec, et signifie « corne de boeuf »),  se rallie à Luther en 1521, exerce son ministère à Strasbourg, où il recevra Calvin pendant plusieurs années, après que ce dernier fut expulsé de Genève.  J’introduis Bucer dans le colloque de Marbourg, pour mettre en évidence cette fraction de la Réforme plus tolérante, dont il fut le promoteur, et qui se manifesta par la « Tétrapolitaine » (= 4 villes d’Allemagne: Strasbourg, Constance, Lindau et Memmingen),  confession de foi différente de celle de l’Eglise Luthérienne. Plus tard Bucer  se séparera de la Réforme et se réfugiera  à en Angleterre (1549) à Cambridge, comme professeur de Théologie. Bucer  expose des arguments conformes à l’Ecole dominicaine de la scolastique, qui donnait une grande importance à Aristote. C’est à cette philosophie d’Aristote qu’il faut attribuer les déviations doctrinales qui ont abouti au calvinisme: déviations que ne prévoyait pas Saint Thomas d’Aquin, mais que les conciles du début du 13ème siècle (Londres et Paris) et les décrets des Papes, avaient clairement dénoncée (Voir:  Marion, Histoire de l’Eglise, Tome II p.496). Il faudra attendre Gassendi pour entendre dans l’Eglise les premières réfutations scientifiques d’Aristote. Mais Gassendi, hélas !  ne fut pas entendu.

Oecolampade (1482-1531) de Bâle.  Professeur  à l’Université, moine défroqué, partage les idées extrêmes de Zwingle, pour nier la Présence réelle.  Exalté et fanatique.

Mélanchton (1497-1560) rédigea la « Confession d’Augsbourg », confession de foi de l’Eglise Luthérienne, en 1530, l’année qui suivit le colloque de Marbourg, sous l’ordre de Charles-Quint, pour tenter de mettre fin à la division des Réformés. Pratiquement c’est Mélanchton qui restaura certaines institutions ecclésiastiques qui empêchèrent la réforme allemande de sombrer dans la pulvérisation.  Notons  que  Képler, peu avant sa mort, fut excommunié de l’Eglise Luthérienne, sous prétexte qu’il niait la présence réelle, mais  surtout parce que les réformés, dans leur ensemble, étaient  opposés à l’héliocentrisme de Copernic, chanoine catholique. 

Albert de Brandebourg, Archevêque de Mayence, né en 1490. Voici quelques références qui  justifient le discours de Luther:  Daniel Rops, « La Renaissance et la Réforme »,  p. 293, 309, 329, 349 : « …. le branle fut donné par Albert de Brandebourg, grand maître des Chevaliers Teutoniques,  qui, ayant consulté Luther sur ses débats de conscience, reçut de lui le conseil de rompre ses voeux et de séculariser à son profit les domaines de l’Ordre. Il suivit sans trop de peine un conseil si judicieux, et en 1526, il se maria, fondant en même temps la dynastie des Hohenzollern et le duché de Prusse. Les évêques de Poméranie et de Samkland l’imitèrent… » 494 : exposé des persécutions que fit subir le Duc de Prusse aux catholiques.  De fait, le fils d’Albert de Prusse mourut en 1618, sans avoir eu d’enfants. La dynastie des Hohenzollern passa aux électeurs de Brandebourg, Hohenzollern aussi. Albert de Brandebourg se maria avec Dorohée de Pologne; il  fut déposé de son siège épiscopal. Il participa au siège de Münster (1535) et au sac de la ville, qui mit fin aux anabaptistes de Jean de Leyde.  Voir aussi sur ce personnage fabuleux  Dom Poulet, Histoire de l’Eglise, Tome II, p. 17,30, 34.

Voir pour tous ces événements tragiques du début du 16ème siècle, Daniel Rops:  « La Renaissance et la Réforme », ou autres auteurs comme le chanoine Christiani, dans le volume sur la Réforme au 16ème Siècle de la collection Flichte et Martin;  Marion, Tome III, « Histoire de l’Eglise »; Dom Poulet,  Histoire de l’Eglise, Tome II,  « L’éclosion de la Réforme ».  Pastore, Histoire de l’Eglise.

Acte 4 –  Le laboratoire de biologie génétique.

Nous imaginons ce laboratoire de l’an 2000 pour mettre en évidence les découvertes de notre siècle sur la constitution de notre corps et de nos cellules. Voir, pour plus d’informations le volume  « Les manipulations génétiques » dans la collection « Pour la Science ».  Voir aussi les publications faites pour le milieu médical par les docteurs Olivier Cussenot, et H.  Gilgenkrantz.

Pour les calculs de la multiplication des hommes par la génération charnelle, voir notre livre « Retour au Paradis Terrestre », ch. 4, « La rigueur insupportable des calculs ».  Si l’on admet une progression de raison 2  avec 4 générations  par siècle, il suffit  de 750 ans pour peupler la terre, à partir d’un seul couple, d’un milliard d’individus, fruits de la dernière génération.  Dans les mêmes conditions, il suffit de 1000 ans pour peupler la terre de 1000 milliards d’individus, à supposer, évidemment, que tous les enfants parviennent à l’âge adulte et puissent se reproduire selon la même raison 2 de multiplication.