Caïphe

L’action se déroule en l’an 36, dans le bagne romain de Lugdunum Convenarum, actuellement Saint-Bertrand-de-Comminges, où fut déporté le grand prêtre juif Joseph Caïphe, qui avait présidé, six ans auparavant, au jugement solennel où notre Seigneur Jésus-Christ fut condamné à mort, en raison d’un blasphème : l’affirmation sous serment de sa filiation divine.  La controverse reprend au sein du camp…

Postface

Les textes, qui nous rapportent la condamnation de notre Seigneur Jésus-Christ, (Lire Luc 22/66-71; Marc,14/56-63;  Mt. 26/59-68) ne prononcent aucun jugement de valeur ni sur les personnes ni sur les procédés qui furent employés par les Juges du Sanhédrin. Seul, le vrai motif de cette accusation de blasphème qu’ils ont portée contre lui, est rapporté avec précision. Et c’est ce point  qu’il faut  retenir, indépendamment des autres motifs qui peuvent expliquer la sentence de mort prononcée contre notre Seigneur Jésus-Christ.

Cependant nous savons par l’histoire [1] que la charge de grand-prêtre était devenue vénale, et que ceux qui cédaient à l’ambition de cette haute dignité, l’achetaient des autorités romaines. C’est ainsi que les grands prêtres qui se sont succédés rapidement après Caïphe, restèrent en fonction pendant peu de temps.  Quatre fils d’Anne, – celui des évangiles – se succédèrent à la dignité de grands prêtres après la déposition de Caïphe.

Il est probable que les hommes qui, à cette époque, ont exercé cette charge si redoutable étaient peu compétents. Il faut supposer que le « blasphème » ne fut pas l’unique raison de la condamnation du Christ, mais jouèrent  aussi des sentiments de jalousie à son égard, ou, de crainte qu’il ne prenne le pouvoir qu’il possédait de droit, en raison de sa filiation davidique.

Certains auteurs apologistes ont noirci à plaisir Anne, Caïphe, et les autres membres du Sanhédrin, afin de les disqualifier. Il est vrai que l’on peut tirer de tels arguments des documents historiques que l’on trouve dans les écrits juifs, ou dans l’historien Josèphe. On a aussi pensé, par une lecture traditionnelle et liturgique des textes de la Passion du Christ, que le procès fut expédié en quelques heures, dans la nuit du Jeudi Saint et la matinée du Vendredi Saint, de sorte  que l’on a gardé l’idée que les Juges du Christ avaient transgressé les règles de la jurisprudence. Mais les études plus approfondies, basées sur une meilleure connaissance des us et coutumes des contemporains du Christ,[2] en raison du double calendrier en usage, nous font savoir que le Christ a été arrêté, non pas dans la nuit du Jeudi Saint, mais dans la nuit du Mardi au Mercredi Saint.  Le procès devant les autorités juives a duré tout le Mercredi. Celui devant Pilate et Hérode, dans la journée du Jeudi, et ce n’est que le Vendredi Saint au matin que Pilate, cédant à la pression de la foule ameutée par les autorités juives, a  abandonné le Christ aux bourreaux. De ce fait, c’est bien un procès en bonne et due forme qui a voulu disqualifier complètement Notre Seigneur de sa qualité de Messie, de Roi, et surtout de Fils de Dieu.

C’est donc bien l’argument théologique qui est le coeur du procès du Christ, de sa condamnation, et enfin de sa Résurrection. La Filiation divine cependant est d’abord, dans la première démonstration historique, sa génération d’En Haut, telle que le Seigneur Jésus l’exprime à Nicodème dans le chapitre 3 de Jean, et telle qu’elle est rapportée dans les premiers chapitres de Saint Luc et de saint Matthieu Ainsi nous rejoignons les complexes psychologiques les plus profonds de la nature humaine déchue, depuis le péché d’Adam. Les grands prêtres, gardiens de la Loi, n’ont pas voulu accepter l’enseignement que Jésus-Christ donne, non seulement par ses paroles, mais par sa nature et sa personne, par son être et son existence. Ils lui ont opposé le comportement charnel qui était le leur, que la Loi de Moïse régentait pour assurer la salubrité et la permanence de leur race élue. Cette loi, en effet, qui dénonce le péché, qui l’expie par des sacrifices, le légitime aussi en donnant bonne conscience aux pécheurs. [3] Ainsi le drame de la Passion est l’affrontement de deux sacerdoces: celui d’Aaron qui règlemente la génération charnelle, et celui de Melchisédech, qui laisse à Dieu l’initiative de la vie, et procure à la femme, créée vierge, toute sa dignité. Ainsi la Vierge Marie, qui est l’archétype de la femme est toujours vierge,[4] épouse virginale et mère intacte, ayant enfanté le Fils de l’Homme non pas dans le sang et les larmes, mais dans la joie céleste de l’extase divine.

C’est ainsi que l’Evangile, en exposant la sainte génération du Christ,[5] est la charte d’un monde entièrement nouveau, le Royaume de Dieu, qui ne procède pas du conditionnement charnel, mais qui procède de la fécondité du Saint Esprit. C’est contre cet Ordre  nouveau, dont le Christ est le premier fruit béni, que se sont dressés les prêtres de l’ancienne loi, car ils n’en ont saisi ni la nature, ni la grandeur.

Leur obstination haineuse contre le « Charpentier de Nazareth », le « faux-prophète de Galilée », qu’ils ont accablé de toutes sortes d’injures,[6] ne peut pas s’expliquer par de seules considérations psychologiques normales. Mais c’est vraiment la parole de Notre Seigneur qui nous donne la révélation du « Mystère » de sa passion et de sa croix:  à savoir l’emprise du Prince des Ténèbres,[7] qui a fait peser, en ces moments dramatiques, une séduction monstrueuse sur des hommes qui ne furent ni suffisamment sanctifiés, ni vigilants, pour échapper à sa prise. Il fallait en effet que le séducteur de l’homme, qui a poussé Adam et tous ses fils dans la faute de génération,  soit confondu par l’excès même de son crime, et qu’ainsi, lorsque toute la lumière sera faite devant la conscience humaine, il n’ait plus aucune prise sur elle. C’est pourquoi, dans le Royaume futur, il sera « lié dans l’abîme » [8] et la  Pensée primordiale et éternelle de la Sainte Trinité sur son image et ressemblance sera accomplie.

L’argumentation de cette présentation théâtrale du drame de l’Evangile [9] est bien la « Démonstration de la doctrine Apostolique », telle que l’exposait Saint Irénée dans le livre qui porte ce titre.[10] De fait, pour Israël c’est l’argumentation par la Sainte Ecriture qui met en évidence la messianité et la royauté du Christ, et aussi sa filiation divine. Tout au long des siècles les Juifs ont rayé volontairement des lectures synagogales et de la prière officielle les passages de la Sainte Ecriture qui prêchent en faveur de Notre Seigneur Jésus-Christ. La propagande judaïque actuelle, en amplifiant les malheurs qui sont tombés sur ce peuple, [11] consiste à nous faire croire que le « Messie » annoncé par les Prophètes n’est autre que le peuple juif lui-même dans sa collectivité historique. Toutefois un grand nombre de Juifs confessent aujourd’hui la messianité de Jésus-Christ, ce qui nous laisse penser que les temps sont proches de leur conversion générale, telle qu’elle est prophétisée dans les chapitres 9-11 de l’Epître aux Romains.

Les personnages de la tragédie.

Certains de ces personnages sont imaginés, d’autres ont réellement existé. La mise en scène théâtrale exige qu’ils soient autant que possible représentatifs de l’Histoire, telle qu’elle s’est déroulée, dont malheureusement, la plupart des documents furent perdus ou détruits par la haine de la synagogue contre les disciples du Christ.[12]

Sextus Quirinius

Nom inventé, car je ne sais pas quel était le nom du commandant du bagne de Lugdunum Convenarum. Cet homme avait assurément un certain âge, pour avoir une responsabilité importante. De ce fait j’imagine que sa carrière militaire s’est déroulée, en partie, dans la province de Judée. De même pour Sertorius.

Manahem

Nom de plusieurs personnages bibliques. Je donne ce nom à l’un des membres du Sanhédrin, que j’imagine exilé à Lugdunum Convenarum avec Caïphe.

Alexandre

Il y eut un membre du Sanhédrin de ce nom, qui appartenait à une grande famille sacerdotale, cité dans le Actes, pour la comparution des Apôtres, (Atc. 4/6), mentionné aussi par Josèphe. Antiquités. 18/6,3; 20/5,2.

Corneille

C’est le nom que je donne au centurion romain dont le fils fut guéri par notre Seigneur. Cet homme devint assurément disciple du Christ. Mais il put prolonger son métier militaire pendant une partie de son contrat d’engagement dans la légion. 

Lazare et Marie Madeleine

Qui furent abandonnés avec Marthe et quelques autres chrétiens, sur une barque, sans rames ni voiles, et que les vents favorables, miraculeusement, conduisit aux « Sainte Marie de la mer », où ils débarquèrent, et vinrent ensuite à Marseille. Lazare fut le fondateur de la communauté chrétienne de cette ville, donc le Ier Evêque.

Zachée

La Tradition rapporte qu’il devint disciple de notre Seigneur et vint en Gaule, sous le nom de « Amadour ». Le changement de nom impliquait en effet la régénération baptismale et l’orientation toute nouvelle de la vie. Ainsi Zachée exerça un ministère de témoignage en Gaule Narbonnaise, et se retira dans le lieu qui porte aujourd’hui son nom: « Rocamadour ».

Longinus

La Tradition nous a gardé le nom et l’histoire du soldat romain qui a percé de sa lance le côté de Notre Seigneur. Nous savons qu’il abandonna la carrière militaire en rompant son engagement. Il mena une vie solitaire quasi monastique à Césarée de Cappadoce, où il fit de nombreuses conversions. Il mourut Martyr, et son juge, après lui avoir fait trancher la tête, fit pénitence. On fête Saint Longin Martyr le 18 mars.

Samuel Kakkaton

L’un des membres les plus fougueux du Sanhédrin.  Il appartenait à la chambre des scribes. C’est lui qui composa la « malédiction des Nazaréens » que nous citons à l’Acte 3. Saint Jérôme mentionne qu’en son temps tous les Juifs dans leur Synagogue anathématisaient le nom chrétien. (Comment. de St.Jean, ch.5/18-19) Samuel Kakkaton est mentionné plusieurs fois dans le Talmud.Il mourut avant la chute de Jérusalem, 15 ou 20 ans après la mort et la résurrection de N.S.J.C.

Jochanan, ben Zachaï

Personnage très célèbre, qui faisait partie de la chambre des scribes. On le surnommait « La splendeur de la sagesse ». Il est mentionné plusieurs fois dans le Talmud, dans la Mischna, et par Josèphe  (Guerre des Juifs, 6/5,3). Selon le Talmud il était dans le temple de Jérusalem au moment de la mort du Christ; il assista à l’ouverture  spontanée des énormes portes d’airain, et s’écria: « O temple, ô temple, qu’est-ce qui t’émeut, et pourquoi te troubles-tu ? »  Il survécut à la ruine de Jérusalem et se retira à Japhné avec les restes du Sanhédrin. C’est à cette date et en ce lieu que la Synagogue exangue prit la décision de poursuivre malgré l’évidence des faits, son obstination contre le Christianisme. Il mourut  très vieux en 73 ap. J.C.  Il est cité de nombreuses fois dans le Talmud et dans la Mischna.

 

Abba Saül

Il était d’une prodigieuse stature, et d’une grande force de caractère. Il était chargé de veiller à ce que l’ensevelissement des morts se fît selon les règles. Il professait une confiance aveugle aux récits du Talmud et de la Mischna, même les plus extravagants. Acharné pour les traditions judaïques. Il mourut avant la ruine de Jérusalem.

Judas

Qui a livré le Seigneur, et se pendit.

Jonathas ben Uziel

On lui doit de grands et remarquables travaux sur le Pentateuque et les Prophètes. C’est lui qui mit en doute l’authenticité prophétique de Daniel en raison de la mention du « Fils de l’homme », qui figure dans son livre, et que Jésus s’est constamment appliquée à lui-même.  Il s’appuyait sur les travaux d’Onkelos, qui n’était pas juif de naissance, mais « craignant Dieu » et devint par son zèle judaïsant l’un des plus écoutés parmi les scribes.

Rabbi Sadok

Il avait environ quarante ans au moment du procès de Jésus. Il mourut après l’incendie du Temple. Le Talmud rapporte que quarante ans durant il ne cessa de prier et de jeûner pour demander à Dieu que le Lieu Saint ne soit pas profané, ni détruit par le feu. Sans doute fut-il impressionné par la prophétie de Daniel et par celle de Notre Seigneur qui en Mt.24/2 a prophétisé cet événement.

Oppius

Centurion romain qui a commandé la cohorte chargée de l’exécution du Christ. Son nom est Caïus Oppius. Il était très jeune, car son père était lui même centurion sous le nom de Cornélius Oppius. Peu après la résurrection du Christ, il se fit chrétien et se fit délier de son engagement militaire. Il s’attacha, comme diacre, à Saint Ignace d’Antioche, qui le mentionne dans plusieurs de ses lettres, sous le nom de « Agathoppius ». Il accompagna Saint Ignace à Rome pour l’assister dans son martyre. Ensuite il se rendit en Espagne et revint en Italie. Il passait par Milan, lorsque les chrétiens de cette ville le retinrent auprès d’eux et en firent leur évêque. Il était alors très vieux, presque centenaire, et c’est à Milan qu’il mourut, le 27 Septembre,[13] date à laquelle on célèbre sa fête.

Siméon, fils de Gamaliel

Gamaliel, surnommé l’Ancien, se convertit au Christianisme peu après son intervention dans le Sanhédrin, mentionnée dans les Actes des Apôtres (Ch.5/31-39). Il le pratiqua avec une grande ferveur et l’Eglise l’a mis au nombre des saints, fête le 3 Août.  Il mourut en l’an 52. Son fils Siméon ne suivit pas l’exemple de son père, mais devint au contraire un ennemi juré des chrétiens, et joua un grand rôle dans le Sanhédrin.  Il mourut au début du siège de Jérusalem par Titus.