Méthode
Notre méthode correspond au but que nous nous proposons : à savoir : purifier la doctrine = le vocabulaire de la théologie et de la piété chrétiennes, des altérations qu’elles ont subies au cours des âges, dans nos « civilisations » occidentales, qui procèdent d’une philosophie et d’un droit étrangers aux concepts et à la législation de la sainte Écriture.
Nous partons donc des mots français en usage, qui, pour la plupart, ont des racines latines, afin de retrouver, par le texte sacré original, leur véritable sens théologique. L’essentiel est de bien recevoir la Parole et la Pensée de notre souverain Créateur et Législateur afin de la mettre en application et de retrouver ainsi notre véritable identité et la vie incorruptible, selon la promesse formelle du Verbe Incarné, notre Seigneur Jésus-Christ.
Nous nous reportons aussi au latin et au grec, car c’est dans ces deux langues que se sont exprimés les Pères, les Docteurs et les Conciles. En outre, Saint Jérôme qui nous a donné le texte latin de l’Écriture, par lequel toute l’Église occidentale a trouvé son enseignement courant, était lui-même familier du texte grec des Septante. Il faut aussi remarquer que, lorsque Saint Paul, dans ses épîtres, cite l’Ancien Testament, il utilise le texte des Septante.
Il importe aussi de mettre en évidence les vocables qui interviennent dans les moments les plus importants de la divine Révélation.
Racine des mots Hébreux
Lexique des mots hébreux
Lisez les mots hébreux de droite à gauche. Seules les consonnes sont écrites; la prononciation est donnée à côté, avec les voyelles écrites en minuscule.
= אב : « HaBaH), de la racine hébraïque « HaB( אבא = abba: mot araméen père, אבי = HaBÌ (mon père = papa) ; אבות = HaBÔTh (les pères)
abîme: תהום = ToHOM ; Tohu: תהו Bohu : בהו (Tohu-Bohu: mot hébreu)
Adam: אדם (mot hébreu: HaDaM) de la racine דם (DaM) = argile, terre rouge.
שחה : adorer
נאף :adultère
ברית :alliance
= ShaHaH = NaHaPh
= BeRIT
âme: נףש = NéPhèSch
Amen: mot hébreu = אמן (HaMéN) d’où Vérité : אמת = Hèmèth ;
oui = הן (HéN) non = לא (LoH)
ami: דוד = DÔD (ami intime, bien-aimé) דודי = DÔDI (mon ami)
)RéHa (ami, copain, camarade = רע
amour: אהבה = HaHaBaH du verbe אהב = HaHaB (aimer)
)RéHéM (aimer de tendresse, de miséricorde, pardonner = רחם
)HèN (aimer de pitié, compatir’ = חן
)HéSéD (amour de bonté, don de grâce’ = חסד
)HèMèTh (amour de fidélité, de certitude, d’où le mot Vérité = אמת
ange: מלאך = MaLeHaK
arbre: עץ = HèTs
baptême: טבל = ThaBaL
beau, bon : טוב = ThÔB
bénédiction: ברכה = BaRaKaH ; bénir : ברך = BaRaK bonheur: אשר = HaSchèR ; שלוה = SchaLÔaH ; טוב = ThÔB bras : זרוע ou זרע = ZeRÔHa ou ZeRHa
chair ou corps : נשר = BaSaR
chaste : טהור = ThaHOR ; être pur : טהר = ThaHeR châtiment : מוסר = MOUSaR ; châtier : יסר = IaSaR circoncision : מול = MOUL
colère : אף = HaPh ; rage, fureur : חמה = ‘HéMaH courroux : עבר = HèBeRaH
indignation : קצף = KèTsèPh
ciel, cieux : שמים = SchaMaÏM (mot pluriel) soleil : שמש = SchèMèSch
lune : ירח = IaRéHa
étoile : כוכב = KOKaB ; astre : מאור = MAOR firmament : רקיע = RaQIHa
coeur : לב = LéB
commandement, ordre : מצוה = MiTseVaH ; commander : צוה = TseVeH « les dix commandements » = « les dix paroles ». Parole : דבר = DaBaR
voie : דרך = DaRaC
loi : תורה = ThORaH
témoignage : עדות = HéDOUTh
préceptes, (ou volontés) : פקודים = PiQOUDIM (au pluriel) du verbe inspecter : פקד = PaQaD
jugement : שפת = SchèPhèTh
volonté (ou précepte) : חקה = ‘HouQaH
du verbe décréter : חקק = ‘HaQaQ
comprendre : בין = BiÌN (discerner) ; בינה = BÌNaH (intelligence)
)SaCaL (examiner avec attention, pour comprendre = שכל )SaBaL (comprendre un mystère, un secret = סבל
confession : ידה = IDeH (confesser, faire sortir de soi)
connaître: ידע = IaDaH ; connaissance : דע = DéHa ; main : יד = IaD conscience : c’est le mot coeur : לב = LéB
contradiction : מדון = MaDÔN
conversion : שוב = SchOUB (revenir)
couple : שנים = ScheNaÌM (=deux) ; שן = SchéN (=dent)
créer : ברא = BaRaH
damnation : Géhenne: גי הנם = GuéÌ HiNoM (vallée de Hinnom) )GuéÌ BèN-HiNoM (vallée du fils de Hinnom = גי בן-הנם
diable : שטן = SaTaN ; נחש = NaHasch (vipère ou serpent) ; )SchéDÌM (démons = שדים ; )TaNaÌN (dragon = תנין )ROUHa RaH (esprit impur = רוח רע
)HéÌLéL (étoile du matin, Vénus, Lucifer= הילל
DIEU :
)ÈHÌèH ( = Je suis = אהיה , )IaHeVèH (Yahvé = Il est = יהוה ÉL = אל ÈLoHIM, pluriel de = אלהים
; )HèLeÌÔN (Très-Haut = עליון ; SchaDaÌ = שדי
)ADoNaÌ (mon Seigneur = אדני )ADÔN (Seigneur = אדון
; )HiMèNOU-HéL (Emmanuel = עמנו אל )IéSchOUHa (Jésus = ישוע
disciple : למוד = LiMOUD ; (למודים = LiMOUDIM : les doctrines) TaLeMID = תלמיד
don : נתנת = NiThaNaTh du verbe N(e)Th(e)N = donner
QaReBaN (offrande) du verbe Q(e)R(e)B = offrir = קרבן
sagesse : חכמה = ‘HaKeMaH
science : דעת = DaHaTh
intelligence : בינה = BINaH
conseil : עצה = HiTsaH
force : גבורה = GheBOURaH de גבור = GhiBOR (l’homme fort) piété : דעת = DaThaH (comme science)
crainte : יראה = IReHaH + odeur : ריח = RéÌHa
église : קהל = QaHaL קהלת = QoHèLèT (ecclésiaste)
encratisme : למדות = LeMiDOTh
enfer : שאול = ScheHOL (séjour des morts) באר = BeHèR (puits profond)
espérance : מקוה = MiQeVèH ou תקוה = TiQeVaH du verbe קוה = QaVaH (espérer) ; et le verbe יחל = IaHaL au piel (=espérer)
eucharistie : (hébreu : grâce) חסד = ‘HèSèD
Evangile : בשורה = BeSORaH, vient de בשר = BaSaR (chair, corps)
= איש HiSchaH (féminin de = אשה ; )NeQéBaH (coupe = נקבה : femme HÌSch : homme)
)HaLeMaH (vierge = עלמה ; )HéM (mère = אמ ; HaVaH’ = חוה fils : בנ = BéN ; fille : בת = BaTh ; du verbe בנה = BaNaH (construire) ;
d’où la maison = la famille : בית = BaÌTh (Beth)
אמנ : HèMOUNaH , vient du mot Amen = אמונה : foi
génération : תולדה = TOLaDaH, תולדות = TOLéDOTh (générations)
du verbe ילד = IaLaD (engendrer) , IèLeD (enfant) ; ולד = VaLaD (rejeton)
DoR VaDoR (de génération = דר ודר )DOR (génération = דור en génération)
gloire : grâce :
haine :
KaBOD = כבוד
)HaNaH (Anne’ = חנה ; HéN’ = חן
)HaNOUN (gracieux’ = חנון ; )HaNaN (faire une grâce’ = חנן )HèSèD (faveur, grâce’ = חסד
SaNéH = שנא : SiNeHaH , du verbe haïr = שנאה
hérésie : מחלקת = MaHaLoQèTh, du verbe חלק = ‘HaLaQ (diviser, séparer)
homme : אדם = AdaM ; זכר = ZaKaR (le mâle, celui qui se souvient) ;
; HiSch = איש
)HèNOSch (l’être humain, le malade, l’homme né du péché = אנוש )MeThÌM (les mortels = מתים ; )GèBèR (l’homme viril = גבר
honte : בשת = BeSchèTh , du verbe בוש = BOSch (avoir honte) ; d’où le mot לבוש = LeBOUSch (vêtement)
idole : פסל = PèSèL ou PaSÌL (idole sculptée) ; שקוץ = SchiQOUTs (idole détestée) ;
; )GhèL (crotte = גל GhiLOULÌM (pl.) idoles méprisantes, de = גלולים HeTseB = עצב HaTsaBÌM (pl.) idoles asservissantes de = עצבים (affliger) ;
ThéROUPhaH = תרופה TheRaPhÌM (amulette…) de = תרפים (remède) ;
BaHaL = בעל
Israël : ישראל du verbe שרה = SaRaH (être fort) et אל = ÉL (Elohim)
Jacob : יעקב du verbe עקב = AQèB (qui tient le talon, qui fait tomber, qui supplante)
= שלום IeROUSchaLeM ou IeROUSchaLaìM , de = ירושלם : Jérusalem SchaLOM (paix)
TsÌON (Sion, la forteresse des Jébuséens, conquise par = ציון David) ; יבוס = IeBOUS (Jébus, ville des Jébuséens)
JÉSUS : ישוע = IéSchOUHa, du verbe ישע = IaSchaH (sauver) )MoSchèH (le sauvé = Moïse = משה
Joseph : יוסף = IOSéPh du verbe יסף = IaSaPh (dépasser, surpasser)
Jugement : שפט = SchèPhèTh du verbe SchaPhaTh (juger) ; SchiPhéth (juge). משפט = MiSchePhaTh (arrêt, procès) ;
)SchePhaThÌM (les jugements = שפטת )DÌN (jugement, discernement = דין
juste, justice : צדק = TsèDèQ (justice) ; TsaDaQ (être juste) ; צדיק = TsaDÌQ (juste)
= ישע ; )DeROR (rendre libre = דרור ; )SchaKiL (être libre = שכל : liberté IaSchaH (libérer)
liturgie : עבדה = HaBiDaH (service) ; עבד = HèBèD (serviteur) livre : ספר = SéPhèR
loi : תורה = TORaH
lumière : אור = HOR
maison : בית = BaÌTh (prononcez Beth)
mal : רע = RaH ;
malade : חלה ou חלא = ‘HaLaH ; maladie : חלי = ‘HaLÌ ; de חל = ‘Hol (profanation)
mariage : חתנה = ‘HaThouNaH , de חתנ = ‘HaThaN (père de l’épouse) Marie : מרים = MiRÌaM
Melchisédech : מלכי צדק = MaLeKÌ-TsèDèQ
miséricorde : רחמים = RaHaMÌM , de רחם = RaHaM (être miséricordieux) Moïse : משה = MoSchèH , de ישע = IaSchaH (sauver)
monde : עולם = HOLaM
mort : מות = MOUTh (être mort) ; מות = MaVèTh (la mort) – mêmes
consonnes
mystère : רז = RaZ (secret) ; et סוד = SOD (mystère, conseil secret)
Nazareth : נצרת = NeTsaRèTh , de נצר = NaTsaR (être attentif, sur ses gardes, chaste)
nom : שם = SchéM
nombre : מספר = MiSePhaR ; vient du verbe ספר = SaPhaR (compter)
paix : שלום = ShaLOM
paradis : גן = GaN (jardin) ; עדן = ÉDèN
parousie : קבץ (mot le plus proche) = QaBaTs (rassembler)
pauvre : ענו ou עני = HaNaV ou HaNÌ
péché : פשע = PèSchaH ; עון = HaVoN ; חטא = ‘HaThaH
pénitence : שוב = SchOUB (revenir) ; סלח = SaLaH’ (oublier le péché)
philosophie : חקר = ‘HéQèR ou מחקר = MèHeQaR (= investigation, examen); de חקר = ‘HaQaR (scruter, explorer)
prière : תפלה = ThePhiLaH, du verbe פלל = PaLaL (intercéder à l’hitpaël) )HaLaL (louer = הלל TheHiLaH, du verbe = תהלה
)IaDaH (rendre grâce = ידה ThODaH, du verbe = תודה
promesse : בטח = BèThaH du verbe BaThaH (être sûr de)
révélation : חזון = ‘HaZÔN (vision) ou חזיון = ‘HiZaÌÔN
royaume : ממלכה = MaMeLaKaH ou מלכות = MaLeKOUTh , du verbe מלכ = MaLaK (régner), MèLèK = roi.
sacerdoce : כהנה = CeHouNaH (c dur) ; כהן = CoHéN (prêtre)
sacrement : רז = RaZ (mystère, secret)
saint, sainteté : קדוש = QaDÔSh ; קדש = QoDèSh (sainteté) ou QaDaSh (être consacré)
salut : ישועה = IeSchOUHaH ; ישע = IéSchaH ; תשועה = TeSchOUHaH ; de ישע = IaSchaH (sauver) ; רפא = RaPhaH (guérir)
scandale : מוקש = MÔQéSch
témoin, témoignage : עד ou עדה = HéD ou HéDaH ; עדות = HéDOUTh
(témoignage); de ידע = IaDaH (connaître) théologie : תורה = TÔRaH
tradition : קבלה = QaBaLaH, du verbe קבל = QaBaL (transmettre)
vérité : אמת = HèMèTh
vertu : כן = KéN, du verbe כון = KOUN (être ferme)
vie : חיים = ‘HaìÌM (pl.), du verbe חיה = ‘HaÌaH (vivre) ; חי = ‘HaÌ (être vivant)
A comme Adam…
Abba
Abba : mot araméen (HaBaH) , racine hébraïque « HaB » = père Hébreu : HaBÌ = mon père = papa ; HaBÔTh = les pères.
Ce mot est employé par Paul: « l’Esprit que vous avez reçu crie en nous : « Abba ! Père ! » (Rom 8/15, Gal.4/6), ce qui donne en hébreu : « HaBÌNOU, HaBÌNOU » = « Notre Père, Notre Père ». HaBÌ = mon père = papa. Le mot araméen HaBaH (avec un B dur, d’où son redoublement pour nous) est une forme emphatique du mot « HaB » ; il a donné le mot « abbé ».
HaB (H = aleph) est le premier mot du dictionnaire. Il signifie directement « père », géniteur. Sens direct qu’on trouve dans le v.19 du ch. 44 de la Genèse : « Mon Seigneur a interrogé ses serviteurs en disant : « Avez-vous un père ou un frère ? », dialogue très émouvant de Joseph, alors intendant du Pharaon, et de Juda qui s’est livré en otage pour la délivrance de Benjamin – afin que leur père ne soit pas écrasé de chagrin. Autres références : Deut. 24/16; I R 3 /6. Il est employé souvent au pluriel « HaBÔTh » : les pères, pour désigner les ancêtres du peuple d’Israël ; « Dieu parla autrefois à nos pères… « « Nos pères nous ont raconté… » Ps.22/5; 44/2; 78/8 etc. Le mot français « père » vient du latin « pater » et du grec « πατηρ » (racine πα = nourrir), qui désigne davantage le chef de maison – son rôle social et religieux – que le géniteur. « Pater familias ».
L’ancienne Alliance était en effet fondée sur un ordre patriarcal: le père avait la responsabilité et le grave devoir d’instruire ses enfants et de leur apprendre la pratique de la Loi de Dieu. A cette condition, Israël gardait son identité et pouvait, en principe, accomplir sa vocation, sa mission parmi les nations. Il est avéré en effet, que la société patriarcale d’Israël était incomparablement supérieure à celle des « barbares » qui ne survivait que par une élite très étroite de « citoyens » cultivés et privilégiés par rapport à leurs « esclaves »…
Dans un sens dérivé, ce vocable HaB signifie un maître de maison, un homme qui a responsabilité sur un groupe : Job 38/28 ; Gen.4/20-21 ; Is.22/21… Comme un « père », Dieu prend soin des orphelins et des veuves: idée de sa compassion et de sa miséricorde. Quelques références : Ps. 68/6 ; Dt.32/6 ; Is.63/16 ; Jr.3/4 ; Mal.1/6…
Mais surtout le nom de Père est donné à Dieu : « Dieu est un Père pour Israël… » parce qu’effectivement Isaac fut engendré d’En Haut : « de l’Esprit, » (Gal.4/29) , par une intervention créatrice directe de Dieu, dans l’utérus de Sarah, stérile et avancée en âge, qui n’a jamais pu et n’aurait pu enfanter « naturellement », d’autant plus que Paul nous dit : « le corps d’Abraham était mort » (Rom.4/19-22) en raison de son grand âge, 100 ans, et Sarah 90. Il en résulte que le peuple d’Israël a obtenu son choix parmi toutes les nations par une « mutation génétique » qui le rattache directement à la paternité réelle de Dieu révélée dans la génération d’Isaac.
Toutefois cette paternité de Dieu est pleinement révélée par la naissance virginale de Jésus-Christ, conçu par la puissance divine et fécondante du Saint Esprit. C’est pourquoi le Christ, pleinement conscient de lui-même, s’est présenté comme Fils de Dieu, selon le témoignage direct de Dieu le Père, à son Baptême et le jour de sa Transfiguration: « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui je me suis complu ». C’est pour sa filiation divine que Jésus a porté témoignage jusqu’à la mort, devant le Sanhédrin et l’autorité du grand prêtre. « Es-tu le fils du béni ? – Tu l’as dit, je le suis… » (Mt. 26/63-66, Mc. 14/51-94; Lc. 22/67-71). L’histoire a totalement basculé au moment de cette condamnation, cependant il nous faut encore prendre conscience totalement de ce témoignage du Christ * pour la paternité de Dieu, pour le Nom de Dieu qui est Père et qui veut que son Nom – de Père – soit sanctifié.
L’Église commence par la confession de Saint Pierre: « Qui dites-vous que je suis ? -Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant… » (Mt.16/16). Et l’Église recevra le pouvoir de conférer la filiation divine adoptive aux hommes qui entreront dans la foi: « Il leur a donné permission-et-pouvoir (Grec : εξουσια) de devenir fils de Dieu: ceux qui croient en son Nom ». (Jn.1/12).
Cette foi, justement, fut d’abord celle des saints géniteurs du Christ, les derniers descendants de David. Ils ont découvert la vraie nature du péché originel (Voir le mot « péché » ) et se sont élevés à la pensée primordiale de Dieu sur son image et ressemblance. Ils ont vraiment « sanctifié le Nom de Dieu », qui est Père: Jésus Christ nous en a fait la pleine Révélation : « Père, j’ai révélé ton Nom aux hommes que tu m’as donnés… « (Jn. ch.17) C’est donc bien dans le but de « délier les oeuvres du diable », (1a Jn. 3/9) que le Seigneur exhorte vivement ses disciples à briser les liens de la famille charnelle: « Celui qui ne hait pas son père, sa mère, ses frères ses soeurs…. ne peut pas être mon disciple ». (Voyez Luc ch. 14 et parall.) Et Jésus dit également, dans un passage qui a dû surprendre vivement ses auditeurs: « Pensez- vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non pas, mais la division », et il annonce qu’il vient rompre les liens familiaux (charnels). (Luc, 12/49-53).
Ce mot « Abba » a traversé les siècles en raison des structures de l’Eglise basées sur la paternité spirituelle du Sacerdoce. On le retrouve, nous l’avons dit, dans le mot « Abbé », qui désigne en effet le prêtre catholique, et aussi le supérieur ou le recteur d’une maison religieuse, avec son féminin pour les couvents de femmes « Abbesse ». Plusieurs de ces abbesses ont joué un rôle éminent dans le cheminement de la Rédemption. Nous pourrions citer un grand nombre d’exemples admirables.
* Saint Augustin, parlant de la royauté du Christ écrit : « Que le Roi des Anges devienne le roi l’Israël, ce n’est pas pour lui une promotion, mais une condescendance » De même le Verbe de Dieu qui est dans sa nature divine le Fils éternel du Père, ne gagne rien à devenir fils de l’homme. En assumant la nature humaine, il ne se glorifie pas lui-même, mais il glorifie immensément sa créature, et son témoignage de « Fils de Dieu », revêt une autorité divine indiscutable.
Abîme
Abîme. Hébreu : ToHOM ; latin : abyssus ; grec : αβυσσοσ (abussos)
Figure dans le verset 2 du 1er ch. de la Genèse : « La Terre était informe et vide ; les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu planait sur la face des eaux ». « Abyssus » en latin, abussos (αβυσσοσ) en grec : idée de l’océan immense et très profond.
Autres références : Ps.104/6, 148/7, Pr.8/27s, Gn 7/11, 8/2 …
« Informe et vide » traduit du latin de la vulgate : « inanis et vacua », pour dire les mots hébreux « TOHU-BOHU », expression qui a passé en français, et qui se suffit à elle-même – c’est presque une onomatopée, mot synonyme de « chaos ». Le grec des Septante traduit le premier par « α ο ρ α τ ο σ » = invisible, et « ακατασκευαστοσ » le second = désorganisée. Autres références : Jr 4/23, Is 34/11 (les seules pour Bohu) ; Is.40/17, Dt.32/10, Job 6/18, Ps107/40… etc
Le mot « planer » habituellement employé signifie en réalité « couver », comme
la poule sur les oeufs de son nid, pour en faire sortir ses poussins vivants. Ainsi
l’Esprit créateur de Dieu « couve » l’abîme pour y susciter les êtres vivants. Nous
retrouvons ainsi le « chaos primitif » déduit par les astronomes, les géologues et les biologistes. *
A partir de ce verset 2, l’Ecriture s’occupe uniquement de la Terre dans ce premier chapitre de la Genèse: ce qui va se passer sur la terre par l’effet créateur et organisateur de l’Esprit de Dieu.
N’oublions pas que les 6 nuits-et-jours de ce premier chapitre se rapportent à la vision de Moïse sur le Sinaï, exprimée en Ex. 24/ 15-16. Et non pas au temps réel qu’a duré la création et l’organisation de la planète.Pendant ces six nuits et six jours, Moïse a assisté comme à un film qui lui montrait les grandes étapes de la création de la Terre et son organisation, qui correspondent aux grandes périodes géologiques et biologiques. En effet, nous sommes assurés par les observations astronomiques que l’Univers sidéral existe depuis plusieurs milliards d’années: observation de galaxies et de quasars repérés à ces lointaines distance (années de lumière). Et la formation de la terre remonte très probablement à plus de 4 milliards d’années. (antiquité des roches et des espèces végétales). Ainsi le premier chapitre de la Genèse enseigne ce qu’aucun témoin n’a pu voir, alors qu’à partir du deuxième chapitre on a le témoignage des hommes, depuis les premiers Patriarches. La dernière rédaction de la Genèse fut celle de scribes de Moïse, qui se sont servis de documents antérieurs à lui, documents, qui apparaissent nettement, dans une lecture attentive des textes. Le nom de Moïse ne figure pas dans la Genèse : il a seulement recueilli des témoignages antérieurs. Le début du livre de l’Exode nous apprend qu’avant Moïse il y avait des scribes en Israël. **
* Il ne faut pas confondre, comme certains le font – car ils ne prennent pas le soin de lire attentivement le texte sacré – cet océan primitif qui a précédé l’érection des continents, avec le déluge qui s’est produit en 1656 après Adam, et qui a dévasté la plaine de Sennaar, c’est à dire la Mésopotamie. Ce déluge qu’on lit au ch. 6 de la Genèse, a laissé de nombreuses traces archéologiques, alors qu’en Egypte il n’y a pas eu de déluge, ni en Palestine.
** Ces scribes écrivaient, comme les scribes égyptiens, avec une habileté et une vitesse surprenantes, et sans doute dans plusieurs types d’écriture, dont celle qui fut introduite, selon la tradition, par le patriarche Joseph, l’écriture alphabétique, dont les plus anciens documents remontent en effet juste avant Moïse. (Graphitis du Sinaï, et Ougarit, qui, à cette époque était une province de l’Egypte.
Adam
Adam. – Mot hébreu « HaDaM » ; racine « DaM »
Le nom du premier homme a passé dans toutes les langues.
Il figure dans les premiers chapitres de la Genèse qui nous racontent sa création et sa faute. Le mot Adam est à la fois un nom propre, et un nom commun: le nom propre du premier homme – exactement du premier couple – et ensuite, il revient souvent au long de l’Ecriture, notamment dans l’expression: « fils d’homme » pour désigner un homme, un individu. Jésus se sert de cette expression pour se désigner lui-même, « Le fils de l’homme » (υιοσ του ανθπωπουdans l’évangile grec) : il montre ainsi qu’il a bien la même nature que nous, mais aussi il donne à son père Joseph la gloire d’avoir été l’homme idéal. Par cette même expression il rappelle à ses auditeurs la vision de Daniel, le « fils de l’homme (fils d’Adam dans le texte hébreu) assis – ou debout – à la Droite de Dieu ». (Ps. 110/1) Vision prophétique réputée « scandaleuse » par certains docteurs en Israël. (Voir Daniel 10/16)
La racine « DaM» = sang, se rattache à la couleur rouge, et aussi à la terre arable « HaDaMaH » Ce qui illustre bien qu’il fut façonné par Dieu à partir de l’argile, dont les potiers se servaient couramment. Saint Irénée parle souvent de « l’ouvrage modelé », pour désigner l’homme.
En écrivant que Dieu a « façonné » ou « modelé » l’homme à partir de la glaise du sol, l’Ecriture enseigne que le corps humain contient effectivement tous les atomes de la matière, ce que nous savons pertinemment par la physiologie. Par exemple l’atome de fer, qui joue un si grand rôle en astrophysique et en chimie moléculaire, joue aussi un très grand rôle dans l’hémoglobine sur laquelle se fixe l’oxygène qui assure la vie des cellules. Les quatre atomes les plus abondants dans l’Univers (hydrogène, azote, oxygène, carbone) sont la base des cellules vivantes dites « organiques »… Ces considérations montrent ce qu’enseignait déjà le pape Saint Grégoire que « tous les êtres ont leur point commun en l’homme. » (Homélie 29 sur les Evangiles)
En outre le mot « Adam » n’a pas de pluriel, et cependant le verbe dont il est le sujet se met au pluriel, par exemple, dans les commandements que Dieu donne à « Adam » : il s’adresse à lui comme s’il était déjà un couple, voire une société: Non pas « Tu grandiras et porteras du fruit… » Mais: « grandissez et portez du fruit… » Ce qui signifie de toute évidence que les lois prescrites au premier homme sont pour le couple et pour tout fils ou fille d’Adam. Dans le chapitre 19 de Saint Matthieu, où les pharisiens essaient de justifier le divorce, Notre Seigneur leur rappelle : « Au commencement il n’ en était pas ainsi…. Ils seront une seule chair , que l’ homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. » D’où il suit que la séparation des sexes par l’adultère est extrêmement grave, non seulement parce qu’alors l’homme perd tout bonheur, mais qu’il subira la mort et la corruption. « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Gen.2/18.
En lisant en hébreu ce commandement primordial des v. 26-27 de la Genèse, il est évident que ce commandement porte sur la génération humaine qui doit être transcendante à celle de toutes les espèces animales. (Voir le mot génération)
Il est donc tout à fait évident, selon les Ecritures, que l’homme n’est pas un être « composé » d’un corps et d’une âme, mais un être « modelé », construit, selon un « ordre » divin: un ensemble de lois internes que nous commençons tout juste à connaître – la physiologie animale, lois biologiques des cellules, etc… – et un « ordre » explicitement exprimé par Dieu qui s’est adressé clairement à sa créature rationnelle: « Tu peux manger de tous les arbres du jardin, mais ne mange pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras de mort ». Donc le choix entre la vie et la mort est parfaitement proposé à la créature rationnelle, comme l’explique très bien le chapitre 15 de l’Ecclésiastique. (Voir le mot « ordre »)
Pour terminer, rappelons l’enseignement de l’Eglise concernant l’existence d’Adam :
• Décret pontifical de Pélage 1er en 557 : « Je crois, je confesse que tous les hommes ont été créés d’Adam et de sa femme… et qu’il n’y en a pas qui soit né d’autres parents. »
– « Celui qui dirait que Dieu a créé un autre monde que celui-ci, et qu’en ce temps-là d’autres hommes et d’autres femmes ont existé et par conséquent, qu’Adam n’a pas été le premier homme, qu’il soit anathème. (décret du Pie II 1460)
• Encyclique de Pie XII « Humani generis » (1950) : « Tous les hommes descendent
d’Adam, Adam est bien le père unique du genre humain ; c’est un homme
particulier : son nom ne désigne pas le genre humain en général »
• Voyez aussi le concile de Trente.
• Notre Seigneur parle nommément « d’Abel », le fils d’Adam, c’est tout dire ! (Luc 11/51 ; Mt 23/35).
Adorer
Adorer . hébreu : « ShaHaH » latin : adorare ; grec : προσκυνεω (proskunéô)
Le mot français n’a plus la résonance qu’il a en latin ad-orare, « ad os » = à la bouche. D’où le « baiser ». C’est aussi le sens du mot grec : pros-kuneô = baiser vers, en direction de, d’où « se prosterner, en baisant sa propre main », en signe de respect, et par suite d’adoration. (kuneô = baiser). C’est l’idée de lancer un baiser à celui que l’on aime. Sens très concret. Et le baiser reste en usage dans la vénération des reliques, de l’anneau de l’évêque ou du pape. A Rome la statue de saint Pierre est complètement usée sur son orteil, à force d’être baisée par les fidèles.
Le baiser de l’union chaste est enseigné par le Cantique des cantiques, dont le texte est utilisé dans la liturgie des vierges. « Qu’il me baise des baisers de sa bouche, car tes effusions sont meilleures que le vin » (I/1) Le baiser de l’homme et de la femme reste l’image du Baiser Sublime: l’Esprit-Saint qui unit éternellement le Père et le Fils dans la Sainte Trinité. (Voir notre étude sur le Cantique des cantiques)
Le mot hébreu veut dire : « se prosterner » et par suite « adorer ». Il est donné par Dieu à Moïse (Deut 26/10). « Tu te prosterneras devant Yahvé ton Dieu ». Il n’est pas explicite dans le décalogue (Ex ch.20 et Dt ch.5) sinon pour mettre en garde contre les idoles : « Tu ne te prosterneras pas devant les idoles ». Quant à Yahvé: « Tu n’auras pas d’autres dieux que moi. » L’Eglise en a traduit l’esprit, dans son premier commandement : « Un seul Dieu, tu adoreras ». Ce commandement comporte un sens transcendant : la reconnaissance de la souveraineté absolue de Dieu créateur et législateur, auquel la créature rationnelle doit un culte qui soit, comme le précise le Seigneur Jésus (Jn4/19-24) « en Esprit et en Vérité » = en toute intelligence de la Vérité qui nous est révélée par Dieu lui-même, de sorte que le rite de l’adoration soit toujours chargé d’un sens aussi exact que possible de notre dépendance à l’égard de notre Créateur, et de notre obéissance à l’égard de notre Législateur. « L’heure vient et c’est maintenant que les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en Vérité ». Les mots sont ici grecs.
La mise en garde contre le culte des idoles est très vive dans l’Ecriture : (Lév.26/1, Dt 4/19, 8/19… ). Elle est souvent rappelée par les prophètes qui ne cessent de lutter contre l’idolâtrie : Dieu veut être adoré à l’exclusion rigoureuse de toute idole, c’est à dire de toute erreur et de toute illusion sur la Divinité. Israël, peuple choisi entre tous, en raison de la foi d’Abraham, puis de la législation mosaïque, doit être le « domaine » du vrai Dieu. Et cette « sélection » est encore plus exigeante pour l’Eglise (εκκλεσια, εκ−καλεω = appeller parmi): le chrétien, doit toujours « se garder des idoles » (Jn. Ia, fin.) En effet la réussite de la créature humaine dépend de son « alliance » avec le Dieu vivant et vrai, qui s’est révélé pleinement en Jésus-Christ.
Envers lui-même, Yahvé exige l’amour plus que la prosternation. Car celle-ci peut être hypocrite : voyez Jérémie 7/1-7, très significatif. Le grand commandement est le « Shema Israël » : « Ecoute Israël, tu aimeras le Seigneur Yahvé ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toutes tes forces ». (Dt 6/4) Alors que les idoles réclament la soumission servile. D’où le danger de se prosterner devant elle.
Autres références : Gen 22/5 ; 24/26 ; Ex 4/31 ; 1 Sam 1/3 ….
Notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas été « adoré » par le peuple d’Israël, alors que, normalement, il aurait dû recevoir une adoration exemplaire et officielle par le grand prêtre et le sanhédrin. En effet, Hérode averti par les Mages, a convoqué « tous » les prêtres et les anciens, pour les informer du lieu où devait naître le Christ. Et ils ont répondu sans hésiter, en citant le prophète Michée : « A Bethléem de Juda » Donc les autorités d’Israël savaient que le Christ était là, conformément aux Ecritures, notamment la prophétie des « Semaines » de Daniel (Ch.9). Ils auraient donc dû logiquement suivre les Mages pour venir adorer le Christ à Bethléem. Tout au contraire, Jésus a été condamné à mort et crucifié par ces mêmes autorités d’Israël * « assises sur la chaire de Moïse ».
Les mages, eux, sont venus de l’Orient, à l’avertissement céleste d’une étoile, (supernova de -5, selon les annales chinoises, qui a pu donner la nébuleuse Hélix: voir notre étude sur l’Etoile des Mages.) pour « adorer » le Christ: lire attentivement le chapitre 2 de Saint Matthieu. L’Eglise a gardé fidèlement le mémorial de cette première et authentique adoration dans la fête de l’Epiphanie, et dans celle des Saints Innocents: fêtes liturgiques qui font un pont entre la première venue de notre Rédempteur, et la seconde venue, glorieuse alors, du Juge et Roi, non seulement d’Israël mais de toute l’humanité.
* Aveuglement typique de l’autorité, que l’on peut constater ensuite dans l’histoire de l’Eglise, et que le Pape Pie X a déploré officiellement : « Omne malum a nobis sacerdotibus ». Voir aussi la prophétie de la Bienheureuse Vierge donné à La Salette à Mélanie, dans son « secret ». Voir notre ouvrage : « Apocalypse de Notre Dame »
Adultère
Adultère. – Hébreu : « NaHaPh » ; latin : « adulter » ; grec : « μοιχοσ » (moikos)
Le mot adultère dans son sens courant désigne l’infidélité conjugale (voir Jean ch.8 : la femme adultère), selon le sixième commandement du décalogue: « Tu ne commettras pas l’adultère » (Dt.5/18).
L’adultère ontologique , et non pas seulement légal, est la « séparation de ce que Dieu a uni, » la rupture du couple humain créé selon l’image et la ressemblance de la Sainte Trinité indivisible. Cette rupture arrive dès après la transgression originelle : Dieu interroge Adam: « Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais dit: « Tu n’en mangeras pas » ? Adam n’avoue pas sa faute, mais il accuse : « C’est la femme que tu m’as donnée qui m’a donné de l’arbre et j’ai mangé ». De ce fait l’unité première est rompue, celle qui établissait la femme comme « l’os de ses os et chair de sa chair ». La femme, alors, n’avait pas d’autre nom que « Adam »; après le péché, Adam lui donne frauduleusement le nom « d’Eve », en disant : « mère des vivants », alors qu’elle sera la mère des mortels.*
C’est pourquoi, en raison de cette faute originelle qui altère – et détruit – la nature et la psychologie profonde, l’adultère sera pour ainsi dire le lot commun du « genre humain », de « l’espèce humaine », qui va se reproduire comme les animaux, par « l’instinct de reproduction » comme disaient les théologiens. Ici se retrouve le sens latin du mot : « adulter » vient du verbe alterare = altérer, devenir autre (ad- alter), perdre son identité, corrompre (une femme ou un homme marié), ou se corrompre, avec les idoles notamment.
Les prophètes précisément, (Jér. 3/ 8-9, 5/7, Osée 4/2 s.) ont appliqué ce vocable « adultère » à l’infidélité d’Israël au vrai Dieu, pour aller « forniquer » avec les idoles. Et Jésus dans l’Evangile fait le même reproche d’adultère à cette « génération pervertie » qui cherche un signe…(Mt.12/38-42; et parall.) De même en Mt. 17/17: « génération adultère et pervertie, jusqu’à quand vous supporterai-je ? »
De fait les énormes difficultés psychologiques qui surgissent, lorsque les époux « tombent en piqué de la lune de miel dans la vallée des larmes » (Raoul Naz) n’ont pas d’autre raison que le viol du sein virginal; même lorsque le viol est légalisé par le mariage. Car la femme ne supporte pas l’humiliation de perdre sa dignité virginale et sa vocation première d’enfanter, non par la chair et le sang, mais par l’Esprit-Saint vivifiant de Dieu. (Spiritum vivificantem). C’est la conclusion de l’Epître aux Galates, 6/7-8. Nous retrouvons ici le sens du mot grec : μοιχοσ, verbe μοιχευω (racine μιχ = mouiller) cf ομιχλη, = brouillard, nuage, d’où obscurité, ténèbres. L’homme, ou la femme, adultère est prisonnier des ténèbres, jouet du prince des ténèbres.
L ’ Évangile est advenu dans des couples fidèles, instruits par la Sainte Écriture, du dessein éternel de Dieu. En effet, l’Église a professé comme un dogme de foi que Marie fut immaculée dès le premier instant de sa conception, dans le couple de Joachim et d’Anne, qui se sont élevés à la foi, sans doute par l’influence de Jacques le Juste, le père de Joseph. Saint Jean Baptiste le précurseur est lui-même conçu d’une femme stérile et avancée en âge, après l’Annonciation faite à Zacharie son père, comme Luc le raconte dans le premier chapitre de son évangile. Ce sont donc les saints géniteurs du Christ que les chrétiens doivent imiter: ni viol, ni adultère. L’épître aux Hébreux, d’une seule parole, fixe la conduite que les chrétiens doivent adopter en fonction de leur foi : (Hb. 13/ 4).
« Que le mariage soit honoré de tous mais que le lit soit sans souillure, car Dieu juge les fornicateurs et les adultères ».
Saint Paul affirme clairement: « Dans le Christ pas d’homme sans femme, pas de femme sans homme dans le Christ ».(I Cor. 11/11). Il prescrit, dans les épîtres à Tite (ch.2) et à Timothée, (Ia, ch.3) que « le diacre, le prêtre et l’évêque soient hommes d’une seule femme » et qu’ils vivent, l’Evêque surtout, « selon le mystère de la piété ». Ce mystère n’est autre que l’amour virginal de l’ homme et de la femme, selon l’exemple de la famille de Nazareth.
De fait la législation ecclésiastique a « séparé ce que Dieu a uni » elle a donc donné raison à ceux qui préfèrent être eunuques, plutôt que d’être fidèles, droits et intelligents dans l’ obéissance au commandement premier de Dieu: « Que l’ homme ne sépare pas ce que Dieu a uni. » (Ch. 19 de Saint Matthieu, 3-13) . Il faut signaler ce texte si important, où le Seigneur Jésus, fils de Dieu, et fils d’un couple parfaitement unifié, rappelle aux pharisiens les dispositions primordiales de la création : « Et moi je vous dis – c’est le Verbe de Dieu qui parle – que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni… car ils sont une seule chair (σαρξ μια) » Un certain nombre de manuscrits (verset 9) portent cette variante: « Sauf en cas de fornication »: trois mots seulement -« μη επι πορνεια » – On peut donc penser que cette variante fut ajoutée au texte primitif. Jésus n’a pas fait d’exception, sinon il se serait contredit devant les Pharisiens, qui, justement, voulaient justifier le divorce par le « billet de répudiation », et, pour ce motif précis de « fornication », la permission de répudier leurs femmes. L’Eglise a parfaitement compris la pensée du Seigneur en précisant, par les dispositions du droit, que le lien conjugal est indissoluble, et ne peut être rompu en aucun cas. Si le lien s’est établi avec une « clause de nullité », il n’y a pas de lien conjugal et le mariage est alors « déclaré nul ».
Quelques références bibliques sur « NaHaPh » : Lv.20/10 ; Job 24/15 ; Pr.6/32 , Ez.16/38, 23/45 ; Ex.20/14 ; Dt.5/18 ; Jr.7/9 , Os.4/2 .
*C’est ainsi que l’arbre de la connaissance du bien et du mal devient l’arbre généalogique.
Alliance
Alliance. Hébreu BeRIT ; latin : foedus, testamentum, grec : διαθηκη (diathèkè)
Ce vocable, d’une extrême importance, exprime la relation qui doit exister entre Dieu, créateur et législateur, et sa créature rationnelle, entre la Sainte Trinité et son image et ressemblance. Cette alliance assure la réussite, le bonheur, le salut et la gloire de l’homme. La rupture de cette alliance provoque l’échec, le malheur et la mort.
Le mot « alliance » ( BeRIT ) dérive du verbe BaRaH qui signifie « donner à manger, un remède, un réconfort à un malade. » Donner la « bouchée », (à un animal pour l’apprivoiser), comme Jésus le fit pour Judas sur le point de le trahir. Le « repas eucharistique » est en effet le sacrement de la nouvelle alliance. En français, le mot « compagnon » (cum-panis) signifie « celui avec lequel on partage le pain, la nourriture ».
En français, le mot « alliance » vient du verbe allier, qui dérive du latin « alligare », attacher à ; ligare : lier. On ne fait pas cependant alliance en imposant à son prochain les menottes ou les entraves. Origine mal connu de foedus, le mot latin. Foederis arca = l’arche d’alliance. « Testamentum » de testor : attester, témoigner, idée d’assurance mutuel, de serment. Les deux Testaments = les deux Alliances. Le mot grec « διαθηκη », vient du verbe θιτημι = poser ; d’où poser entre, de part et d’autre : idée d’engagement des deux parties.
Le mot hébreu revient souvent dans l’Ecriture. Il désigne, comme en français, les « alliances » que les hommes font entre eux, ainsi dans le livre de Samuel David avec Abner, (2 Sam.3/12) ou les peuples entre eux, pactes, qui en général ne tiennent pas longtemps. (voir les livres historiques, Samuel, Rois). Mais surtout les alliances que Dieu fait avec sa créature rationnelle, l’homme: avec Adam d’abord. Osée, parlant au nom de Dieu, fait des reproches au peuple d’Israël: « Comme Adam, ils ont violé l’alliance : ils m’ont trahi… » (6/7); Le mot « alliance » revient aussi dans les psaumes, notamment 89/4: « J’ai fait alliance avec mon élu… » (Voir le mot « élection »)
A -L’Alliance primordiale et fondamentale est signifiée de trois manières :
• Par la parole du commencement, Gen. 1/26-28, « …portez du fruit en surpassant les animaux » et 2/17, qui est un ordre positif, et une interdiction : « Portez du fruit, mais autrement que les animaux » et « Mangeant, tu mangeras de tous les arbres du jardin, mais ne mange pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, mourant tu mourras de mort. » C’est à dire: tu mourras de plus en plus et d’une manière de plus en plus dure. Ce que l’histoire a vérifié : la prolifération démographique entraîne en progression géométrique un nombre de morts de plus en plus grand.
• Par la nature, qui est « la parole subsistante de Dieu ». L’Ordre positif est l’attrait mutuel de l’homme et de la femme, comme Adam l’exprime lorsqu’il reçoit la femme de la main de Dieu: « Celle-ci est l’os de mes os et la chair de ma chair »; et l’interdiction est signifiée par l’hymen qui est la « porte du sanctuaire qui doit restée fermée. » Le « Lieu Saint » est interdit (Ez.44/1-6 ). Dieu en effet, prévoit pour la femme une maternité transcendante à celle des mammifères.
• Par « l’image et la ressemblance » de la Trinité Créatrice et de la trinité créée : l’homme, le mâle, (zakar = celui qui se souvient) et la femme, qui est la « coupe »(NiQeBa) : celle qui conçoit, dans tous les sens de ce mot. Si bien que si le couple humain est unifié par la Foi et la Grâce = par la présence de l’Esprit, sanctificateur et fécondateur, l’Alliance est immuable et infiniment heureuse de la joie divine.
Cette Alliance primordiale a été brisée par la transgression originelle, en raison de la fourberie de l’Ange des ténèbres. Et toute la Rédemption* est cette geste divine au cours de l’histoire, pour ramener la créature déchue à sa perfection initiale et éternelle, en passant par des « alliances » historiques, qui sont les étapes, les degrés de ce « retour » à la pensée première de Dieu. (Retour : voir le mot « conversion »)
B- Les alliances historiques, provisoires mais indispensables.
Pour que l’homme revienne à son dessein initial, Dieu intervient au cours de l’histoire dans des circonstances mémorables:
• 1- Avec Noé, au moment du déluge : Gen 6/18, pour sauver les animaux dans « l’arche d’alliance » – Après le déluge: Dieu promulgue son alliance avec Noé et ses fils, marquée déjà par un sacrifice sanglant, et l’interdiction de verser le sang; des prescriptions alimentaires, et la promesse que l’ordre du monde ne sera plus détruit. L’arc en ciel en sera le signe. (Gen. ch.8 et 9)
De fait, depuis cette alliance conclue à la fin du Déluge (2325 av.J.C.) la chair humaine a survécu dans des « civilisations » fragiles jusqu’à nos jours, avec leurs traditions littéraires et culturelles.
• 2 – Avec Abraham; Dieu reprend l’initiative de la vie en raison de sa foi, parl’ avènement miraculeux d’ Isaac, engendré d’ une femme stérile et avancée en âge: Sarah. Donc c’est à Dieu qu’appartient l’initiative de la vie et la paternité. Cette alliance est renouvelée avec Isaac et Jacob. Genèse à partir du ch 12. Le signe de cette Alliance sera la circoncision* (Gen ch.17)
• 3 – Avec Moïse ; (Ex.34/10) : « Je vais conclure avec toi une alliance… » au nom de tout le peuple issu d’Isaac, fils de la foi d’Abraham: d’où l’importance d’une législation précise et détaillée; et d’une organisation liturgique et scripturaire rigoureuse. (lévites, chantres et copistes). Il est indispensable que le mémorial de Yahvé, (NOM révélé à Moïse) et de ses commandements soit gardé de génération en génération. Le mémorial de cette alliance sera concrétisé dans la fête de la Pâque.Cependant cette alliance fut souvent transgressée, malgré les prophètes, (Jer.24/5-7; 30/18-24; 33/1-3, 31-33) qui prévoient une alliance « nouvelle ».
Ame
Ame Pas de mot hébreu. « NéPhèSch » = souffle ; Grec : « ψυχη » (psuché) = souffle ; Latin : « anima » = souffle, dérive du grec « ανεμοσ (anémos) = vent ». Anima a donné âme en français.
L’Ecriture dit pour désigner tout être vivant – et l’homme – « NePheSch Haï », qui se traduit le plus exactement possible par « souffle vivant ». Mais les Septante ont écrit en grec « ψυχη » qui veut dire aussi âme, comme on dit « rendre l’âme = rendre le dernier souffle », et, de ce fait, le dualisme philosophique issu de Platon, Aristote, Zoroastre,… a passé dans la lecture habituelle de la Sainte Ecriture et infecté la théologie gréco-latine. C’est pourquoi les promesses d’immortalité que nous a laissées le Christ (Jn.8/51) ont été transférées dans « l’autre monde. » L’Eglise a survécu en pratiquant une religion sépulcrale assez semblable à celle des Egyptiens des anciennes dynasties. Finalement les curés ont eu l’ obligation d’ enterrer les morts, alors que la vraie mission du Sacerdoce est d’empêcher les vivants de mourir.
Ainsi le mot « âme » fut abusivement employé en théologie, liturgie et langage courant: « L’homme est un animal raisonnable composé d’un corps et d’une âme ». La créature humaine n’a pas été « composée », mais « façonnée » non pas à partir de deux éléments, mais d’un seul : la glaise du sol: c’est-à-dire la matière, dont nous commençons à connaître les structures et les lois merveilleuses: ce qui échappait aux anciens. L’histoire montre, hélas ! que l’humanité n’a pas encore atteint l’âge de raison. Cette distinction entre « corps » et « âme » fut introduite très tôt par Marcion et par Manès (Ier et 2è S.) pour consoler leurs disciples de la « nécessité » où ils se trouvaient de mourir. « Tant pis si le corps meurt, du moment que l’âme est immortelle ! » Telle est la consolation philosophique qui a fait dévier Marcion, Tertullien… Origène, les docteurs grecs, et saint Augustin et les docteurs latins.
La Genèse, ch.2/7 fut interprétée dans le sens du dualisme « corps » et « âme ». Il ne faut pas faire dire au texte plus qu’il ne dit; il suffit de retenir exactement ce qu’il dit. Car ce verset fameux exprime en effet la transcendance de l’homme sur les animaux, en raison de l’intervention spéciale du Créateur qui n’est mentionnée pour aucune autre des créatures.
Voici donc les traductions les plus courantes: celle de la Bible de Jérusalem d’abord , puis celle du Chanoine Crampon :
Jérusalem – « Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, et insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant. »
Crampon – « Yahvé Dieu forma l’homme de la poussière du sol, et il souffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. »
Traduction grecque des Septante : « Et Dieu façonna l’homme terrestre (χουν) de la terre et il souffla sur son visage un souffle de vie, et l’homme devint une âme (ψυχην) vivante. »
Ma traduction de l’hébreu : « Yahvé-Elohim façonna Adam terrestre de l’argile , et il souffla dans ses narines une haleine de vie et Adam devint un souffle (NePheSch) vivant. »
Yahvé = le nom de Dieu révélé à Moïse, mot singulier ; et Elohim, le mot pluriel de Dieu. Il est très remarquable en effet que ces deux vocables expriment par eux-mêmes l’unicité de Dieu dans sa substance et la trinité de ses Personnes, selon la Parole du premier chapitre : « Faisons l’homme (Adam) selon notre image et notre ressemblance… et Elohim créa l’homme à son image ».
« Glaise » ou « argile » : Le mot est très expressif si l’on se rapporte au mot « façonna ». Saint Irénée, parlant de l’homme, dit « l’ouvrage modelé. » Allusion au « potier suprême » qui a façonné, modelé, l’homme à partir de l’argile. Cette image est employée par les Prophètes: « Le vase se révolte-t-il contre le potier qui l’a fait ? » (Rom.9/21; Is.29/16 s ; Jr. 18/6; Sag.15/7…) Le mot « poussière » traduit en grec par « χουν, accusatif de χοοσ », (amoncellement de terre, alluvion, poussière), s’accorde avec Adam, il faut donc traduire « l’homme fait de terre = terrestre ». Ce mot exprime bien ce que nous savons aujourd’hui de la « matière » qui est un assemblage extrêmement complexe de particules, d’atomes et de molécules. Et nous ne cessons d’admirer, avec les progrès de la biologie, l’architecture insondable de la matière vivante et l’ordre qui préside à la « chimie organique »: 24 acides aminés basés sur les quatre atomes: carbone, oxygène, azote, hydrogène…
La bible de Jérusalem et Crampon sont tombés d’accord pour « être vivant » : c’est le « souffle vivant » qui désigne aussi les autres animaux supérieurs. Et de fait les lois fondamentales qui régentent tous les animaux sont les mêmes que pour l’homme. Le tout est de savoir quelle sera la loi spécifique de l’être humain.
Dans le cas de l’homme, au moment de sa création, je dirais de sa filiation, c’est le souffle même de Dieu qui passe en lui (ce qui n’est pas dit pour les animaux) ; ce souffle divin n’est autre que l’Esprit-Saint lui-même. « Adam était fils de Dieu » rapporte Luc (3/38). Cette considération est capitale, car elle nous montre que l’homme est au principe fils de Dieu et qu’il doit le rester, et que ses enfants doivent l’être aussi. Ils ne pourront l’être que si Dieu intervient personnellement dans la génération. « Vos corps sont les temples du Saint-Esprit. » (1Cor 6/19 ; Rom 12/1- 3). Rappelons la parole de Dieu à Noé : « Mon Esprit a été humilié dans l’homme » (Gen.6).
En réalité, le mot hébreu que les grecs ont traduit par « ψυχη », et les latins par « anima », signifie tout simplement « souffle », les animaux sont des « souffles vivants » (animal de anima). De fait tout le monde sait que la vie se révèle par le souffle. La respiration est plus nécessaire à la vie que la nourriture, puisqu’il suffit de quelques minutes seulement de privation d’air pour que la vie s’en aille. Le corps humain a besoin de 3 à 4 mètres cubes d’air par jour, alors que 1 à 2 kg de nourriture lui suffisent. Tout au long de son existence terrestre, chaque homme consomme une quantité, et donc un poids fantastique d’air. Le mot hébreu « souffle » devrait se traduire plutôt par « vie » que par « âme. ». L’hébreu ne considère pas l’homme « corps et âme », mais l’homme comme « personne », qui ne disparaît pas avec la mort, mais qui devra rendre compte de ses actes.
Mais le souffle est aussi l’instrument de la parole intelligible, par laquelle la créature humaine manifeste sa transcendance sur tous les êtres terrestres.
« Attention ! Vous ne mangerez pas la chair (= corps) avec son âme (= souffle) , c’est à dire avec son sang. Je tirerai vengeance du sang qui est votre vie (souffle). De ma (ou notre) main, nous tirerons vengeance de tout vivant, et de la main de l’homme (Adam), de la main de l’homme son frère, je tirerai vengeance de toute vie (souffle) d’homme. Qui verse le sang de l’homme, son sang sera versé, car Elohim a fait l’homme à son image ». (Gen. ch 9/6-7) Traduction littérale.
Dieu identifie l’âme qui est le souffle avec le sang. Et on sait bien que lorsque le sang coule, la vie s’en va. Dieu promulgue une prescription alimentaire pédagogique pour donner aux hommes l’horreur du sang versé, prescription qui demeure encore aujourd’hui chez les Juifs, obligés de manger de la viande cachère = dont on a fait couler le sang.
Voici quelques explications:
« Attention ! » interjection démonstrative; « Voilà ! » souvent exclamative.
« main »: (Voir ce mot) ce mot revient trois fois dans ce texte. Il indique le geste que l’on fait avec la main lorsque l’on prononce un serment. « Soyez bien assurés, j’en fais le serment, que j’en tirerai vengeance ». Et l’homme ensuite en tirera vengeance, en s’engageant par un serment. C’est en effet le pacte militaire, (latin « sacramentum », engagement du légionnaire romain), du milicien, du vassal… et celui des soldats des républiques démocratiques: serment d’obéir à l’ordre de tuer son prochain. Le déserteur sera fusillé : et ils furent nombreux à l’être ! avec l’accord et l’absolution des aumôniers militaires !…. C’est dire que tous les fils d’Adam, engendrés selon la chair, sont prisonniers du pacte diabolique , de « celui qui a l’empire de la mort, » depuis le meurtre d’Abel. (Hb.2/14). Cette horrible servitude est psychosomatique: il faut une grâce et une re-création de Dieu pour qu’elle disparaisse: « O Dieu crée pour moi un coeur pur ! » (Ps.51/12)
V ous observez le passage du singulier au pluriel: « Je et Nous tirerons vengeance », de même « ma ou notre main », tout comme dans la vocation du prophète Isaïe : « Qui enverrai-je et qui ira pour nous ? » Parole du Dieu unique qui est aussi Trinité de Personnes. (Is. 6/8)
Le Christ lui-même formule à nouveau cette même prescription lorsqu’il arrête le geste meurtrier de Pierre: « Remets ton épée au fourreau, car quiconque tirera l’épée sera puni par l’épée ». (Mt.26/62)
Dès la première génération charnelle, le premier fruit en fut Caïn qui tua son frère, comme l’Ecriture le raconte, et il le tua malgré l’avertissement de Dieu. (Gen. Ch.4).
Le manichéisme fut sévèrement proscrit depuis Saint Irénée (Adversus haereses) puis par les documents infaillibles de l’Eglise, (condamnation de l’origénisme par le Pape Vigile, 453. (Anathèmes N° 403-411 dans Denzinger édition XXXVI). Cependant il subsiste étrangement dans la piété habituelle. « Je n’ai qu’une âme qu’il faut sauver… » La liturgie latine emploie le mot « mens, mentis » dans ses oraisons, ce qui évite le manichéisme. Mais les traducteurs, le plus souvent, écrivent « âme, » alors qu’il vaudrait mieux dire: « mentalité », « manière de penser… » Le dictionnaire classique latin-français d’Emile Châtelain (1889) donne 19 sens possibles au mot latin « mens », ce qui montre à quel point le latin est une langue pauvre. Le mot grec le plus voisin de « mens » est « νουσ ».
Amen
AMEN : (= vrai) Mot hébreu (HaMéN) ; HèMèTh = vérité
passé dans le latin liturgique, souvent employé en français dans le sens d’un assentiment : « oui », on dit aussi : « d’accord ». Et c’est ce qu’il signifie : « oui, c’est vrai, c’est sûr, vraiment, bien entendu, ok… ». Ce mot revient souvent dans l’Evangile sur les lèvres de notre Seigneur: « Amen, dico vobis… » « En vérité, je vous le dis… vraiment, je vous le dis… c’est vrai, je vous le dis…» « Αμεν, λεγω υμιν », expression équivalente à un serment.
Saint Jean l’ emploie dans l’ A pocalypse ch. 3/14 pour désigner le Christ lui- même: « Ainsi parle le témoin fidèle, l’Amen véritable ». En effet Jésus est venu accomplir exactement « en fils » (Hb.1/1-8) la volonté du Père, avant tout sur la génération. « Je suis né et j’ai été engendré en ce monde pour porter témoignage à la Vérité » (Jn.18/34) Il dit aussi aux apôtres, dans le ch. 4 de Jean: « Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père », c’est-à-dire : « Il est plus urgent et plus nécessaire pour moi de faire la volonté de mon Père que de me nourrir ».
Le mot « oui » en hébreu se dit « HéN » : c’est la dernier son de Amen. « Que votre oui soit oui, (HéN, HéN) que votre non soit non (LoH, LoH) » Mt.5/37.
Le verbe hébreu « HaMéN » dans son sens premier signifie « tenir en main fermement une chose, ou quelqu’un, pour qu’il ne tombe pas à terre » : un enfant par exemple. D’où l’idée de « fermeté inébranlable ». Au mode hiphil, souvent employé, il intensifie l’idée de certitude absolue : « tenir fermement pour vrai, » que l’on traduit en latin par « credere », et en grec par « πιστευω » : accorder sa confiance, donner son assentiment à un témoignage. En français le mot « croire », dérivé du latin, a perdu son vrai sens, car on l’emploie souvent dans le sens de « supposer ». Pour donner une ferme approbation à une parole on dit en hébreu: « Amen ». L’usage est aussi de répéter l’affirmation ou de dire à l’interlocuteur : « Tu l’as dit ». C’est ainsi que le Christ répond à Caïphe qui lui demande: « Es-tu le FilsdeDieu? -Tul’asdit».Lemot«Amen»estainsisouventliéauverbe«dire» : très souvent dans l’Evangile: « En vérité, en vérité, je vous dis… » « Amen, amen, dico vobis… » C’est ainsi que la parole que Dieu nous adresse en la Personne de son Verbe Jésus-Christ doit être reçue sans aucune hésitation. Voyez par exemple, Jean 8/51.
Il semble que ce mot « Amen » tiré directement de l’hébreu s’inscrive sur le mot « AM » qui signifie « mère ». (Voir Amour*)
Dans le sens de « Vérité », (du latin veritas, de verus = vrai), il se rencontre assez souvent dans l’Ecriture. Le mot « Vérité » en hébreu dérive du mot Amen : HèMèTh. « Le Père est Vrai, le Fils est Vérité, Véritable est l’Esprit-Saint » dit la liturgie. Le mot « veritas », dans la Vulgate revient plus de 300 fois. Il est rare dans les livres historiques de l’Ancien Testament, mais plus fréquent dans les livres de Sagesse: Psaumes, Ecclésiastique… En Saint Matthieu (et parall. de Marc. et Luc), les mots « vrai » et « vérité » figurent dans le verset 16 du ch. 22, ce qui est tout à fait remarquable dans la bouche des Pharisiens et des Hérodiens qui mettent le Seigneur à l’épreuve, en disant: « Maître nous savons que tu es « vrai » et que tu enseignes la voie de Dieu en « vérité ». Ils lui tendent alors le piège du « tribut à César ». Le mot vérité figure souvent dans l’Evangile de Jean, dans ses controverses avec les pharisiens et les maîtres d’Israël, et devant Pilate dans l’interrogatoire suprême de sa Passion: « Je suis venu et j’ai été engendré en ce monde pour porter témoignage à la Vérité ». Cette parole est en quelque sorte le testament du Christ. A quoi Pilate répond : « Qu’est-ce que la Vérité ? » = Qu’est-ce que « l’Amen » ?
En grec le mot vérité est « αληθεια » (alèthéia), de α−ληθη = le non-oubli . La Vérité est ce qui n’est pas oublié : ce qui montre bien qu’elle était première, et qu’elle nous fut donnée entière par Dieu à l’origine du monde, confiée à la mémoire d’Adam, puis incarnée parfaitement par Jésus-Christ, le Verbe de Dieu : « Je suis la Vérité ». C’est ce que nous lisons dans le cantique d’Isaïe (45/19) : « Ce n’est pas en cachette que j’ai parlé ni en un lieu ténébreux ; je n’ai pas dit à la race de Jacob : cherchez-moi dans le chaos ! Moi le Seigneur je dis vrai, je proclame le droit. » Dieu ne pouvait agir autrement envers sa créature rationnelle , il a confié à son intelligence et à sa mémoire les lois qui lui sont spécifiques et qui devaient le garder dans la vie immortelle et dans le bonheur parfait.
Ce même mot « vérité » revient plus de 50 fois sous la plume de Paul, en référence avec l’Evangile et au témoignage de Jésus-Christ. Et, curieusement, 6 fois dans la très courte épître de Jean, la troisième et dernière.
Dans l’Ancien testament le mot « vérité » est en rapport avec la loi et les jugements de Dieu, et aussi avec l’ordonnance et la fidélité de la Création. Cette fidélité est devenue évidente en notre temps, car nous pouvons nous fier absolument aux lois qui président à la stabilité de la matière, notamment dans ses plus petites dimensions: transistors, cellules photoélectriques, ordinateurs, etc… Le psaume 118, (Hb.119) est particulièrement significatif, notamment dans les versets 30, 43, 75, 86, 90, 138, 142, 151, 160. C’est dans le Nouveau Testament, avec l’avènement du Verbe de Dieu en notre chair, que la Vérité resplendit dans tout son éclat. « Je suis la voie, la vérité et la vie ». Jn. ch.14/ 6. C’est pourquoi il a aussi le sens de fidélité, obéissance, adhésion à la volonté de Dieu. C’est justement cette adhésion intelligente qui s’appelle la foi, à laquelle est attachée la justification de la créature humaine et son triomphe sur la mort.
La spiritualité de « l’Amen » est celle de l’acceptation du bon plaisir de Dieu sur soi, et des dons qu’Il nous donne. La véritable humilité consiste à accepter ceux- ci, et à répondre à la vocation, fut-elle exceptionnelle, que Dieu nous donne. « Qu’il me soit fait selon ta Parole ! » dit sainte Marie.
Ami, Amitié, Amour
Ami, amitié, amour. Pour amour : hébreu : ’AHaBaH; de ’AHaB = aimer
latin : Amor ; grec : αγαπη (agapè) …Et les autres… (ci-dessous)
Vocables d’une extrême importance, la base même de la Révélation définitive. Malheureusement le mot « Amour » est l’un de ceux qui furent le plus profanés et dévalués, « désacralisés », parce que l’homme déchu par le péché ne sait plus « se conduire », c’est-à-dire ne sait plus quelle est la dignité de son corps ni les lois fondamentales de l’usage de ses sens et de ses membres. Si nous arrivons à rectifier le mot « amour » nous aurons fait un grand pas dans l’intelligence de la Révélation heureusement gardée dans la Sainte Ecriture. *
Le latin « amor » signifie en effet amour, d’une manière très générale, comme en français. On peut dire d’une personne, « je l’aime, » mais aussi « j’aime la bonne chère et le bon vin » ; et on se sert de ce mot « passe-partout » pour traduire le commandement fondamental: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… ». Le latin a d’autres mots « dilectio », de diligere, plus orienté vers les personnes, et le mot choisi dans les traductions latines pour traduire le précieux mot grec « α γ α π η » : « caritas » (voyez Ia Cor. ch. 13) qui a donné « charité ». L’adjectif latin « carus », d’où vient « caritas » signifie « cher, qui a du prix, d’où coûteux » lorsque l’on parle d’un objet ou d’une denrée, si bien que Cicéron pouvait dire « La cherté (caritas) des blés est grande cette année, en raison de la sécheresse. » Notre mot français « charité », dans l’expression courante « faire la charité », signifie « aumône », sans que la notion de l’amour fraternel soit même évoquée. Certains vocables, couramment employés: « Les « copains » d’abord… », les « camarades » de combat ou de parti, les « collègues » de bureau ou d’ateliers, « con-lego » = « liés ensemble » n’évoquent que rarement des liens d’amitié, et presque jamais des relations vraiment cordiales, venant du coeur….
Le Nouveau Testament a retenu deux vocables qui, en grec, sont beaucoup moins dévalués : l’un désigne l’amour « fraternel » qui procède ou devrait s’appuyer sur l’union des esprits dans la vérité, pour que les coeurs soient unis dans la charité : « φιλαδελφια» » = la philadelphie , l’amitié fraternelle. Nous rencontrons le verbe φιλεω, ou « φιλω » (contracté) qui signifie « aimer » dans un sens très général. Le préfixe grec « φιλο−… » (comme dans « philosophie », « philanthropie »), figure dans la langue grecque classique sur plus de six cents vocables, désignant les « amateurs » de toutes sortes de choses ou d’activités diverses. Φιλοσ = ami (Jn 15/15)
La « φιλαδελφια» »: est recommandée par les Apôtres en plusieurs passages, notamment par saint Pierre, (2ème épître ch.1/7), lorsqu’il indique la continuité des vertus qui conduisent à la perfection qui se caractérise par l’αγαπη. Pierre se souvient sans doute de l’entretien qu’il eut avec Jésus, après sa résurrection, sur le rivage du lac de Tibériade: « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » (αγαπασ με). Et Pierre n’ose répondre que par le verbe « φιλω », sans oser se mettre au niveau de la question du Seigneur. Ce qui montre avec évidence que le commandement « nouveau »(= définitif) que Jésus promulgua pendant la dernière Cène: « Aimez- vous l’un l’autre comme je vous ai aimés » prescrit un amour transcendant à celui que l’on trouve sur terre, même dans les meilleures familles et entre les meilleurs amis. Il s’agit en effet de l’Amour subsistant: l’Esprit-Saint lui-même, que l’homme charnel ne peut connaître si ce n’est par la grâce sacramentelle du Baptême (et de la Confirmation) donnés validement dans la véritable Eglise Catholique. Au moment de son interrogatoire par le Seigneur, cité ci-dessus, Saint Pierre n’avait pas encore reçu la plénitude de l’Esprit-Saint qui lui sera donnée le jour de la Pentecôte. (Voyez aussi Jn.7/37-39).
Saint Paul explique merveilleusement les caractéristiques de cet « Amour divin », l’αγαπη dans le ch. 13 de la Ière aux Corinthiens. Que de chrétiens ont savouré ce texte, qui fait briller avec éclat l’idéal de réussite et de bonheur que peut et doit nous apporter la Rédemption, dont nous attendons depuis plus de deux mille ans déjà, le plein accomplissement.
C’est avant tout sur ces deux vocables : φιλαδελφια et αγαπη que repose la Loi divine et éternelle du Royaume. C’est pourquoi, en exposant le plan du Salut opéré par le Verbe de Dieu fait chair, Saint Paul, dans les premiers chapitres de l’Epître aux Ephésiens, nous donne une idée des dimensions de l’Amour de Dieu tel qu’il nous est révélé par Jésus-Christ: Voici le texte qui termine son argumentation théologique des trois premiers chapitres :
« … Voici pourquoi je fléchis les genoux devant la paternité de Dieu en Jésus- Christ notre Seigneur : c’est en lui que, dans les cieux, toute paternité tire son nom, mais aussi dès maintenant sur terre, de sorte qu’il vous accorde désormais selon la richesse de sa gloire, d’être fortifiés puissamment par son Esprit en vue de l’homme intérieur: le Christ résidant en vos coeurs par la foi, enracinés dans l’amour (αγαπη) et construits sur l’amour: ainsi vous aurez la pleine capacité de comprendre avec tous les saints, ce qu’est la largeur et la longueur, et la hauteur et la profondeur, connaître, oui, par une science suréminente l’amour (αγαπη) du Christ, de sorte que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu. »
Il est bien difficile de faire passer dans une traduction, l’enthousiasme de saint Paul, lorsqu’il contemple la plénitude de cette Rédemption qui doit et qui peut s’opérer en nous, par la foi (πιστισ) et par l’amour (αγαπη). En effet L’Apôtre qui avait pleinement pris conscience, par les textes et la pédagogie de la Loi mosaïque, de la gravité de la chute de l’homme, savait pertinemment désormais que, par le Christ, c’est l’Esprit-Saint, amour vivant et personnel de Dieu – une Personne divine – qui est rendu à l’homme « justifié par la foi ». Celui-ci peut, dès lors, vivre de l’amour qui fait éternellement le bonheur du vrai Dieu: la Trinité Sainte. Tel est donc le sens théologique exact de ce mot αγαπη le commandement « nouveau » de la définitive et éternelle alliance: « Aimez-vous l’ un l’ autre (ou les uns les autres: réciproquement) comme je vous ai aimés ».
Paul énonce les quatre dimensions de l’amour : hauteur et profondeur, longueur et largeur. Ces quatre dimensions correspondent exactement aux plus profondes aspirations du coeur humain:
la hauteur : c’est l’amour que nous recevons de Dieu et que nous devons lui rendre. Nous rejoignons ici le commandement de Moise dans le ch. 6 du Deutéronome. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur… »
la profondeur : qui est l’amour de soi-même, c’est-à-dire non pas selon l’idée que nous pouvons avoir de nous-mêmes par une introspection psychologique, mais l’amour de ce que Dieu a voulu, et veut réaliser dans son image et sa ressemblance. la longueur : on peut ici penser à l’amour de l’homme et de la femme, l’amour face à face, lorsque l’homme et la femme, dans une psychologie purifiée, peuvent se regarder les yeux dans les yeux, amour par lequel la « trinité créée » = le couple, est initialement et définitivement la ressemblance de Dieu.
la largeur: c’est l’amour fraternel, l’amour d’amitié, main à main, qui doit
s’étendre à l’humanité entière lorsque Rédemption sera pleine.
C’est en effet le mot « αγαπη » qui a pris un sens transcendant, par lequel Saint Jean ose dire « Dieu est amour… » (1ère épître, 4/8)
L’Ancien Testament exprime l’amour par des vocables variés et précis, qu’il est difficile de rendre exactement en français. Le mot le plus courant et le plus fort sans doute se trouve dans le « Shema » Israël : « Ecoute (Shema) Israël, Yahvé notre Dieu est seul Yahvé ; tu aimeras Yahvé ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toutes tes forces ». (Dt.6/4) C’est ici le verbe : « ’AHaB » qui semble dériver du mot « ’AB » = Père. Saint Jean écrit « Dieu est Amour » (Ia 4/8), et Jésus-christ nous a révélé le Nom de Dieu qui est « Père » précisément. L’Ancien Testament disait déjà : « Dieu est un Père pour Israël ». Ainsi l’amour est-il rattaché à Dieu le Père. « Le Père est Amour, le Fils est grâce, l’Esprit-Saint communion » dit une antienne de l’office de la Sainte Trinité. L’Esprit-Saint est le lien de connaissance et d’amour entre le Père et le Fils, il est aussi le lien de connaissance et d’amour entre l’homme et la femme. C’est ce même mot « ’AHaB » qui exprime l’amour entre l’homme et la femme.
Le texte très important, qui a dominé toute l’histoire d’Israël, depuis l’Exode jusqu’au Sermon sur la Montagne, est la Révélation que Dieu donne de lui-même à Moïse, qui lui demandait : « Montre-moi ta gloire » (Ex. 33/18-23). Dieu lui répond en lui donnant les caractéristiques de son Nom. (34/5-7) . Voici deux traductions de ce dernier texte:
Crampon :
« Yahweh descendit dans la nuée, se tint là avec lui et prononça le nom de
Yahweh. Et Yahweh passa devant lui et s’ écria: « Yahweh Yahweh ! Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve sa grâce jusqu’à mille générations, qui pardonne l’iniquité, la révolte et le péché ; mais il ne les laisse pas impunis, visitant l’iniquité des pères sur les enfants, et sur les enfants des enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération ! » Aussitôt Moïse s’inclina vers la terre et se prosterna… »
Bible de Jérusalem:
« Yahvé descendit en forme de nuée et il se tint là avec lui. Il invoqua le nom de Yahvé. Yahvé passa devant lui et cria: « Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et fidélité, qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché, mais ne laisse rien impuni et châtie la faute des pères sur les enfants et les petits-enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération. « Aussitôt Moise tomba à genoux sur le sol et se prosterna… »
Le lecteur remarque aussitôt de nombreuses différences de traduction, ce qui montre la nécessité de recourir au texte original et éventuellement au dictionnaire qui donne les références utiles. En suivant le texte de Crampon, nous aurons successivement :
• miséricordieux, de l’hébreu RéHéM .
Le substantif signifie « utérus », ou entrailles. Le verbe ainsi se réfère en premier lieu à un amour maternel. Son sens verbal « aimer » est plus général, mais toujours avec une nuance de tendresse, que les traducteurs ont rendu souvent par « miséricorde », surtout dans les passages où le prophète explique ou prédit l’attitude de Dieu à l’égard des hommes pécheurs, en particulier Israël. Voyez par exemple Habacuc au début de son cantique, ch.3/2, et Isaïe 54/7-8. Voyez aussi le Ps 86/5 et 145/ 8-9. Et le psaume 51 v.3 etc. très expressif de confiance du pécheur en la « miséricorde » de Dieu, les « entrailles », de Dieu.
• Compatissant, de l’hébreu ‘HèN
Le verbe est formé sur le substantif ‘HèN que l’on traduit par « grâce », (et l’adjectif « gracieux »). C’est avant tout l’idée de la « faveur divine » : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux » Gen. 18/3, Ex.33/12, 13, 17. Premier mot du ps.51 : « Fais-moi grâce, Seigneur… » Les noms propres « Anne », la mère de Samuel, et Hénoch le patriarche, sont de la même racine. C’est aussi l’idée exprimée si fortement par Paul de la « justification » aux yeux de Dieu, justification accordée par la foi même aux incirconcis, qui leur procurera, indépendamment des oeuvres de la Loi, la grâce de Dieu. (Epîtres aux Romains et aux Galates). Nous trouvons dans l’Evangile, le mot « ευδοκια (eudokia)» dans le cantique des Anges, le jour de Noël : « Paix sur la terre aux hommes de la complaisance » = ceux qui trouvent grâce aux yeux de Dieu par la foi, à commencer par les saints géniteurs du Christ, et au Christ lui-même par l’autorité de Dieu le Père: « Voici mon fils bien-aimé en qui j’ai mis toute ma « complaisance »: « ευδοκια ».
• Bonté, de l’hébreu HéSéD
Ce verbe, fréquent dans l’Ecriture, signifie un amour attentif et vigilant, toujours aux aguets, avec une nuance de zèle et parfois même de jalousie: c’est l’amour de prédilection. Voyez le Ps. 33/5 « Dieu aime la justice et le jugement, de l’amour (vigilant) de Yahvé la terre est remplie ». De même le Ps. 135, dont le refrain est : « Car éternel (pour toujours)est son amour ». Il s’agit ici de l’amour de prédilection de Dieu pour Israël, puisqu’au nom de cet amour il « frappe les premiers-nés des Egyptiens ». Il faut comprendre en effet que c’est pour la Rédemption de toute chair qu’Israël fut « choisi » entre tous les peuples. Mais du fait de l’infidélité d’Israël qui a rejeté son roi Sauveur du monde, c’est maintenant l’Eglise fidèle qui est « le véritable Israël de Dieu » (Gal.6/16).Tout le désir ardent de Dieu: voir enfin le Salut de toute chair se réaliser, repose sur l’Eglise, épouse du Christ, à l’égard de laquelle il garde cet amour singulier de prédilection.
Ce verbe est le premier mot du psaume 101 (vulg. 100) que la Bible de Jérusalem intitule « Le miroir des princes », non sans raison, car ce psaume définit bien la piété de saint Joseph qui est prince, fils de David, époux vigilant de la Vierge Marie, et père du souverain Juge et Roi.
« Amour et jugement je chanterai, pour toi Yahvé je jouerai sur la harpe »…
« Point de place en ma maison pour rien de vil… Je hais les façons des dévoyés…. »
Attitude de celui qui se garde jalousement de tout mal:
C’est ainsi qu’il faut comprendre ce mot « jaloux » dans l’expression « Dieu est un Dieu jaloux », parce qu’il ne tolère aucune idole en Israël, ni aucune erreur dans l’Eglise. Ce mot « tolérer » employé ci-dessus dans la traduction de la bible de Jérusalem n’ est pas juste. Il faut dire « supporte ». C’ est le mot qu’ emploiera Jean Baptiste, en voyant Jésus se mettre au rang des pécheurs pour expier le péché du monde. « Voici l’agneau de Dieu qui supporte le péché du monde.» Paradoxe extraordinaire, en effet, que le juge et roi souverain, dont Moïse voulait contempler « la gloire » intervienne dans l’histoire comme la victime du sacrifice expiatoire, immolée, effectivement par le souverain pontife ! (Voir Epître aux Hébreux, et le ch.4 de l’ A pocalypse.) On ne mesurera jamais assez cette grandeur de l’ amour de Dieu, ni l’amère confusion de ses juges, lorsqu’il manifestera, lors de sa Parousie, cette gloire, que Moïse sur le Sinaï , désirait contempler.
L’adjectif « Hassid » formé sur cette racine sera célèbre dans la confrérie des « Hassidim » pour leur zèle qui prit un caractère excessif, dans les querelles intimes qui divisèrent Israël après la mort et la résurrection du Christ, et aboutirent à la ruine de Jérusalem (voir Mt. 23/37-39, et Luc. 13/34-35. ).
• fidélité , de l’hébreu ’AMèT (prononcez Emèt) (= Vérité)
Nous retrouvons ici le mot « vérité » (voir Amen*) car la racine exprime une idée de fermeté et de certitude absolue, plutôt qu’une idée d’amour. Ici la traduction « fidélité » est la meilleure possible. C’est de cette racine que vient le mot « amen », que nous avons étudié. A vrai dire le substantif A M signifie « mère », d’ où l’ on peut conclure que ce mot ’AMèT exprime l’amour maternel qui, sans contredit, est le plus fidèle**. Nous avons sur terre, l’expérience d’un amour maternelle blessé par les douleurs de l’enfantement, mais non pas l’expérience de l’amour maternel que Jésus a reçu de sa mère vierge. Lorsque Dieu interviendra lui-même dans la conception de l’être rationnel par son Esprit vivifiant et créateur, nous pourrons alors mesurer ce qu’est l’amour maternel conforme à la « fidélité » c’est-à-dire à la foi exacte: le plein assentiment à la volonté de Dieu, et conforme à la Vérité. Il est très admirable de trouver dans les attributs de Dieu, que nous enseigne ici Moïse, cette notion tout à fait transcendante de la « fidélité maternelle ».
Ce mot, que l’on peut traduire par « fidélité », est souvent lié à l’idée de justice, et par suite du Jugement. « Rendez la justice selon la Vérité » (Zach.7/9, 8/16) Voyez aussi Ez.18/8; Ps. 111/7, 45/5, 19/40; 119/142…
T elles sont les caractéristiques du « NOM » de Y ahvé c’ est-à-dire ce qu’exprime ce NOM dont Moïse a reçu la révélation dans le Buisson Ardent. Puis nous avons cette phrase :
« qui conserve sa grâce jusqu’à mille (générations) qui pardonne l’iniquité, la révolte et le péché, mais il ne les laisse pas impunis, visitant l’iniquité des pères sur les enfants, et sur les enfants des enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération… »
Le mot (générations) n’est pas dans le texte hébreu: interprétation de Crampon. Il est meilleur de dire comme la bible de Jérusalem: « à des milliers » (de personnes). Le mot « pardonne » ne doit pas laisser supposer une faiblesse en Dieu, car Dieu ne pardonne qu’à celui qui se repent. Si l’enfant prodigue ne fait pas la démarche de revenir à son Père, il n’obtient aucun pardon. C’est là précisément que le texte sacré nous montre que Dieu considère toujours ADAM, l’homme, comme une créature rationnelle, douée de conscience et de liberté .
« Visitant l’iniquité des pères » ou « châtiant l’iniquité des pères ». Le mot hébreu est celui qui désigne l’inspection faite par un capitaine sur ses hommes, ou un maître sur sa maison: « L’oeil du maître ». Ce texte manifeste le « conditionnement chromosomique » que découvre la biologie moderne. En effet l’Eglise, au Concile de Trente, conformément à l’instruction du pape Innocent Ier (402-417), a professé la transmission héréditaire du péché originel – mais non de la culpabilité qui reste personnelle. « Il faut baptiser les enfants pour les purifier par la régénération de la souillure qu’ils ont contractée par la génération, même s’ils sont nés de parents chrétiens.»
Voir le ch. 9 de saint Jean où Jésus enseigne clairement que la culpabilité qui a provoqué l’infirmité de l’aveugle de naissance doit être attribuée aux docteurs de la Loi et aux prêtres qui ont la responsabilité d’instruire le peuple. Lire tout ce chapitre 9, car la question posée au début: « Seigneur qui a péché ? Lui ou ses parents ? » obtient la réponse formelle et définitive dans la parole que Jésus adresse aux prêtres et aux pharisiens.
Enhébreulemot«ami»-«amicusouamatus»enlatin–sedit«DÔD» sens de « l’ami intime », du « bien-aimé » ; le mot David vient de là : « le bien-aimé ». DÔDI = « mon bien-aimé ». C’est probablement ce mot que le Seigneur a choisi lorsqu’il a dit à ses apôtres : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis » (Jn 15/15). Φιλοσ en grec. « car le serviteur ne sait pas ce que fait son Maître, moi je vous ai dit tout ce que m’a dit mon Père. » Voyez le Cant 5/1.
Un autre mot pour dire ami, copain, proche, frère, camarade… sens plus général : « RéHa » (Dt.13/7, Gen.38/12 ; Ex.33/11 ; 1 Sam.30/26…)
Pour conclure, rappelons cette vérité : « Le sceau de l’ Amour , c’ est la virginité. »
*L’Église a toujours tenu la Sainte Écriture = la Bible, comme le « Verbum scriptum » le Verbe écrit, alors que Jésus-Christ est le Verbe incarné. Les « critiques modernes » de la Sainte Écriture ont altéré gravement son autorité, de sorte que la Théologie a déraillé, et qu’il est devenu bien difficile de retrouver la Voie qui conduit à la Vérité, d’où nous pourrons retrouver la Vie !.
**Pour les femmes qui n’ont pas été trop blessées par les douleurs de l’enfantement, et par l’humiliation du viol ! Il faut bien comprendre en effet que la femme n’est pas créée pour la génération charnelle, mais pour la génération virginale, comme Sainte Marie nous en a fait la pleine et entière démonstration.
Anathème
Anathème – hébreu : HéRèM ; grec : αναθεμα (anathèma) : latin : anathema
Ce vocable est d’une importance extrême. C’est le dernier mot de l’Ancien
Testament, du prophète Malachie, qui se termine par cette redoutable menace :
« Voici, moi, j’enverrai pour vous Elie le prophète, il arrivera juste avant le jour de Yahvé, jour grand et redoutable : il ramènera le coeur des pères sur les fils, et le coeur des fils vers les pères, de peur que je vienne et que je frappe la terre d’anathème. »
Il figure 15 fois dans l’Ancien Testament, 5 fois dans le Nouveau. Voici les références : Nb. 21/1 ; Dt. 7/26, 13/17 ; Jos. 6/7 , 7/1, 11s ; Jg.1/17 , 16/23 ; Za. 14/11 ; Mal.4/6 ; Rom.9/2 ; I Cor.12/3, 16/26 ; Gal.1/8, 9. (anathématiser : Mc.14/71)
L’église l’a repris dans ses conciles et décrets, jusqu’à Vatican II, consciente qu’elle était de l’importance du « dépôt de la Foi » qu’il convient de garder intact, et d’expliciter selon la saine doctrine catholique et apostolique. « Anathema sit ! » c’était la formule consacrée. Nous y reviendrons.
Ce mot apparaît pour la première fois dans l’épisode typique de la bataille entre le roi d’Arad au Négeb et Israël qui remonte de l’oasis de Cadès pour entrer en Palestine. Le lieu de cette bataille s’appellera désormais « HoRMa » qui signifie « destruction, extermination », mot dont les consonnes sont précisément celles qui forment le mot hébreu: « anathème » HéRèM.
Ce vocable a une double signification: celle d’abord d’une offrande sacrée où
l’on consacre à Yahvé la victime expiatoire qui sera brûlée entièrement : sens du mot
« holocauste » du grec ολοσ et καιω : brûler entièrement, consumer par le feu.
καυμα : brûlure, brasier. Nul ne pouvait reprendre pour lui une offrande faite à Dieu en sacrifice* , personne ne pouvait plus en faire usage. Elle était donc détruite par le feu afin d’éviter tout « sacrilège »: outrage contre une chose sacrée.
Les guerres entre peuplades voisines ont pour but de s’emparer des biens ou des territoires: le « butin ». Lorsque sous le poids de la prolifération rapide – démentielle – les ressources locales ne suffisaient plus, pour ne pas mourir de faim, il faut s’emparer de celles des voisins.**
Logique implacable et redoutable. L’ Occident en a fait la triste expérience lors de l’invasion des « barbares ». En outre si on laisse survivre les vaincus, ils von à nouveau et rapidement se multiplier et devenir d’autant plus dangereux qu’ils voudront « prendre leur revanche ». Ce processus infernal qui a dominé toute l’histoire, – ce qui est connu et ce qui ne l’est pas… – a pris une ampleur phénoménale jusque dans les temps modernes: guerres « mondiales » du XXème siècle. Aussi pour éviter la « revanche » de l’ennemi, un seul moyen: l’exterminer, le « livrer à l’anathème ».
Cet anathème, cette « destruction » est prescrite par Dieu en faveur de son peuple: Deutéronome chapitres 7 et 13, dont la lecture est presque insupportable. De fait la conquête de la Palestine par Josué nous fournit de sinistres exemples d’une cruauté implacable, voyez par exemple les anathèmes prescrits et exécutés sur les villes de Jéricho et d’Aï. (Jos. Ch.7 et s.)
Il est vrai que dans certains cas, pour rejoindre sa « terre promise » Israël demandait loyalement le passage qu’il promettait tout à fait pacifique. S’il lui était refusé, c’était la guerre, avec, en conclusion, l’anathème. Ainsi pour la traversée de Moab et d’Edom. Comment comprendre que Dieu ait approuvé, et même prescrit cette loi terrible de l’anathème ?
Il faut avoir une notion exacte de la gravité du péché originel qui, par la ruse terrifiante du Diable, a précipité la nature et la personne humaines au rang des animaux, et même au-dessous. Le crime de Caïn s’est répercuté en s’amplifiant dès les premières générations, comme la Genèse l’affirme en signalant le degré progressif de la vengeance. Voir Lamek et ses descendants, ch. 4/23-24; telle est l’histoire humaine: une suite de génocides, exécutés souvent avec une cruauté innommable. Dieu est en quelque sorte contraint, pour sauver ce qui peut l’être, de sélectionner une race, une lignée, parmi les autres, pour opérer le redressement de sa créature: d’abord la lignée des Patriarches, de Seth à Abraham puis Joseph***. Le Fils miraculeux, « né de l’Esprit » (Gal. 4/29)****, d’Abraham fut Issac engendré d’une femme stérile : Mutation génétique fondamentale : première étape de la restauration de la chair humaine. Isaac sera l’homme pacifique par excellence, qui creuse des puits au lieu de faire la guerre. Dieu maintiendra la race d’Abraham, parmi les autres, quoiqu’elle fût encore dominée par « la chair », comme le dirait Saint Paul, c’est-à- dire par les « instincts animaux ». Il fait l’éducation de son peuple, surtout par « l’économie » de la Loi Mosaïque et l’intervention des Prophètes. Deux millénaires sont nécessaires pour qu’enfin la Pensée première – et immuable – du Créateur soit comprise et mise en application par les géniteurs du Christ . Cette longue pédagogie est enregistrée soigneusement par les scribes dans la langue hébraïque qui va rester intelligible pendant quatre millénaires, jusqu’à nos jours. L’ histoire d’Israël, gardée dans la Bible, devient pour tous les peuples et toutes les races le « catéchisme » fondamental dont l’intelligence amènera la pleine Rédemption.
Il est donc aisé de comprendre pourquoi Dieu, par des règlements sévères mais indispensables , devait absolument préserver Israël contre toute déviation idolâtrique, et c’est pourquoi la prescription de l’anathème était nécessaire. Si en effet, Israël ne restait pas fidèle, tout était à recommencer, et avec une autre race qui n’avait aucune chance de mieux réussir. Ezéchiel enseigne en effet qu’Israël n’est pas meilleur que les autres races, mais seulement qu’il a une plus grande responsabilité, en raison de l’éducation spéciale qu’il reçoit de Dieu lui-même.
C’est en premier lieu contre les idoles et leurs images peintes ou sculptées, les cultes lubriques et dépravés qui les honoraient, que Dieu prescrit l’anathème, comme on le voit très bien dans le Deutéronome. Si Dieu n’avait pas prescrit cette extermination terrible de gens pervertis et irrécupérables.
Israël perdait définitivement le sens de sa vocation et de sa mission. Tel est le sens de « l’anathème » dans tout l’Ancien Testament.
Il y eut heureusement en Israël un retour à la Pensée initiale de Dieu sur la génération digne de l’homme, comme le dit Saint Paul explicitement dans l’Epître aux Galates: « Lorsque la Foi est venue en ce monde… nous ne sommes plus sous le pédagogue « (Gal. 3/25), c’est-à-dire sous la Loi de Moïse, mais à condition que la Foi soit identiquement celle des géniteurs du Christ: foi exprimée exemplairement par la Vierge Marie, décrite dans les premiers chapitres de Luc. Pour que la Rédemption advienne et soit réelle, il faut revenir au « commencement », c’est-à-dire avant la chute d’Adam et d’Eve et s’arracher ainsi au processus infernal de la mort et de la corruption. Paul le recommande en conclusion de son épître aux Galates: 6/7-8
Le plus grand des malheurs – le mal absolu – est le meurtre rituel, « l’anathème » de Jésus. Le Fruit béni de la génération sainte, le Fils de l’homme mais aussi le Verbe de Dieu lui-même en sa Personne, est venu en Israël, conformément aux promesses prophétiques, il ne fut pas reçu par le peuple choisi comme Fils de Dieu, mais accusé de « blasphème » – péché puni par la mort, selon la Loi mosaïque -, condamné et exécuté sur une croix, comme un vulgaire esclave criminel, sur un tas d’ordures, aux portes de la ville. Cette erreur et cette faute du haut sacerdoce mosaïque – Caïphe le grand prêtre et le Sanhédrin – aurait arrêté à jamais l’entreprise divine de la Rédemption de la chair humaine, si Jésus, prévoyant ce qui allait lui arriver en raison de son témoignage, n’avait pas « sélectionné » en Israël un groupe de disciples, qui allaient porter témoignage pour lui, après sa Résurrection: preuve éclatante de sa filiation divine. Cette nouvelle « sélection » est appelée par Paul : « L’Israël de Dieu ». Gal.6/16.*******
C’est l’Eglise. Alors l’économie divine change complètement, à condition que les disciples de Jésus-Christ, renoncent totalement, comme les saints géniteurs du Christ, aux « oeuvres de la chair », aux « oeuvres mortes »,******** c’est à dire la séduction diabolique, selon la promesse du Baptême: « Je renonce à Satan, à ses pompes et à ses oeuvres, » c’est-à-dire à la séduction qui a précipité la première femme, Eve, dans la génération de Caïn. C’est pourquoi le Sacerdoce Catholique, dans la ligne de toute la pédagogie divine de l’histoire, est tenu au voeu de chasteté, c’est-à-dire au respect absolu de la nature corporelle: la virginité de la femme, créée en vue d’une maternité transcendante.
Telle est la foi véritable qui « remporte la victoire sur le monde » comme le dit Saint Jean dans son Epître: Ia 5/4. Malheureusement, tout au long de l’histoire de l’Eglise, dès l’influence des « Judaïsants », les négateurs et les hérétiques n’ont pas tenu compte du principe fondamental de la Foi, la foi de la Vierge Marie « heureuse parce qu’elle a cru ». Il a donc fallu fortifier la foi par les décrets des conciles qui définissent les vérités fondamentales, les « vérités de foi », et les canons qui condamnent les négations de ces vérités. Et ce sont des « anathèmes » qui suivent ces canons; de même qu’il y a de simples décrets suivi d’anathème. Prenons deux exemples:
– Un décret du pape Pie II (1460) : « Celui qui dirait que Dieu a créé un autre monde que celui-ci, et qu’en ce temps-là d’autres hommes et d’autres femmes ont existé, et par conséquent, qu’Adam n’a pas été le premier homme, qu’il soit anathème. »
– Chapitre 1 sur le péché originel, du concile de Trente: « Si quelqu’un ne confesse pas qu’Adam, le premier homme, pour avoir transgressé le commandement de Dieu au Paradis, a aussitôt perdu la sainteté et la justice dans lesquelles il avait été établi, et qu’il a encouru par l’offense de cette prévarication la colère et l’indignation de Dieu, et de ce fait, la mort, dont auparavant Dieu l’avait menacé, et avec la mort, la captivité sous le pouvoir de « celui qui a l’empire de la mort (Hb.2/14), c’est-à-dire du diable, et que Adam tout entier par l’offense de cette prévarication, selon le corps et l’âme, a été changé dans un état de déchéance, qu’il soit anathème. »
C’est ainsi que le Magistère a toujours essayé, sans y parvenir vraiment, d’écarter les « hérésies » et les « schismes » afin d’instruire et de fortifier les Fils adoptifs de Dieu dans leur combat pour le Salut: leur Salut personnel et celui de tous les baptisés. (Voir le mot salut)
Alors que signifie le mot « anathème » dans le contexte de l’Eglise Catholique ? Il signifie tout simplement que celui qui rejette une vérité de foi, vérité révélée par Dieu, se met dans l’impossibilité de garder la grâce sanctifiante et d’atteindre le salut. Celui qui rejette consciemment une vérité de foi est absolument certain de mourir et de subir la corruption de sa chair. Pour lui la parole de Jésus en Jn 8/51 devient irréalisable : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui garde ma parole ne verra jamais la mort ». Si face au jugement de Dieu qui suit la mort, il persévère dans les mêmes négations, il lui est alors impossible d’échapper à la « seconde mort ». (Ap.20/14)
Ce mot est grec : αναθεμα ; il vient du verbe τιθημι : poser, par-dessus (ανα). C’est l’idée de l’offrande offerte à Dieu, consacrée entièrement à Dieu, offrande consumée par le feu, d’où holocauste, destruction, malédiction…
Au principe du monde Dieu a menacé Adam du premier anathème, si celui-ci s’engageait dans la voie interdite: « Le jour où tu mangeras l’arbre de la connaissance du bien et du mal, mourant, tu mourras ». Si l’homme ne revient pas à la parole de Dieu, parole confiée à son Eglise, s’il s’oppose, il reste sous ce premier anathème. Il n’y a rien de nouveau. L’Eglise ne fait qu’entériner le commandement premier.
Et nous pouvons nous rendre compte que cet anathème est pleinement efficace, puisque l’humanité le subit depuis 6000 ans.
En effet, si l’on compare le genre humain terrestre – les nations et les royaumes- à un champ, comme le fait le Seigneur dans le chapitre 13 de Saint Matthieu, comprenons que le nettoyage du champ est indispensable pour récolter les bons fruits. Telle fut la vocation de Jérémie: (Ch.1/9-10)
« Puis Yahvé étendit sa main et toucha ma bouche, et Yahvé me dit: Voici que je mets mes paroles dans ta bouche;
Vois je t’établis en ce jour sur les nations et les royaumes
Pour arracher et pour abattre,
Et pour perdre et pour détruire;
Et pour bâtir et pour planter. » *********
Quatre verbes pour la destruction – anathème-, et deux seulement pour évoquer le renouvellement : planter et bâtir. Les quatre verbes définissent l’humanité issue d’Adam, engendrée sous la séduction diabolique; les deux derniers annoncent le Royaume qui sera construit sur la Vérité divine: Vérité déjà connue dans l’Eglise depuis la génération sainte du Fils de l’Homme: Jésus.
Ce mot est grec : αναθεμα ; il vient du verbe τιθημι : poser, par-dessus (ανα). C’est l’idée de l’offrande offerte à Dieu, consacrée entièrement à Dieu, offrande consumée par le feu, d’où holocauste, destruction, malédiction…
Au principe du monde Dieu a menacé Adam du premier anathème, si celui-ci s’engageait dans la voie interdite: « Le jour où tu mangeras l’arbre de la connaissance du bien et du mal, mourant, tu mourras ». Si l’homme ne revient pas à la parole de Dieu, parole confiée à son Eglise, s’il s’oppose, il reste sous ce premier anathème. Il n’y a rien de nouveau. L’Eglise ne fait qu’entériner le commandement premier.
Et nous pouvons nous rendre compte que cet anathème est pleinement efficace, puisque l’humanité le subit depuis 6000 ans.
En effet, si l’on compare le genre humain terrestre – les nations et les royaumes- à un champ, comme le fait le Seigneur dans le chapitre 13 de Saint Matthieu, comprenons que le nettoyage du champ est indispensable pour récolter les bons fruits. Telle fut la vocation de Jérémie: (Ch.1/9-10)
« Puis Yahvé étendit sa main et toucha ma bouche, et Yahvé me dit: Voici que je mets mes paroles dans ta bouche;
Vois je t’établis en ce jour sur les nations et les royaumes
Pour arracher et pour abattre,
Et pour perdre et pour détruire;
Quatre verbes pour la destruction – anathème-, et deux seulement pour évoquer le renouvellement : planter et bâtir. Les quatre verbes définissent l’humanité issue d’Adam, engendrée sous la séduction diabolique; les deux derniers annoncent le Royaume qui sera construit sur la Vérité divine: Vérité déjà connue dans l’Eglise depuis la génération sainte du Fils de l’Homme: Jésus.
Le prophète n’a jamais un rôle facile, mais un rôle cependant indispensable pour sauver ce qui peut l’être.
Ange
Ange. Hébreu : MaLeHaK grec : αγγελοσ (anguélos) latin : angelus
Le mot hébreu, comme le mot grec et par suite latin, signifie « messager », soit d’un homme pour un autre, comme un « ambassadeur », soit d’une manière plus spécifique, un messager de Dieu. Il est en effet certain que la chute de l’homme fut provoquée par un Ange : Lucifer et que les grandes gestes de Dieu dans l’ouvrage de la Rédemption ont été confiées à des Anges, comme on le voit dans l’Ancien Testament, notamment pour l’Exode, pour Daniel (Michel, Gabriel) , Zacharie, Malachie…et Tobie (Raphaël), et dans le Nouveau au commencement de l’Evangile, avec l’archange Gabriel. On aura les Anges de la Résurrection, de l’Ascension… Au désert « les Anges le servaient » (Mt.4/11). Saint Michel est nommé dans l’Apocalypse dans son combat contre le Dragon : (Ap.12/7) Voir aussi Ap. 20/1-3. Les références aux Anges sont nombreuses dans toute l’Ecriture. Le mot français « Ange » dérive du latin et du grec αγγελοσ, lequel vient de la racine γαρ signifiant « résonner, crier, parler », d’où le mot voix (γηρυσ) .
L’Eglise a toujours vénéré les Anges, dans sa liturgie. Leur existence et leur rôle sont des vérités de foi. (Den. Index Syst C 6). De nombreux théologiens, surtout au Moyen Age, ont disserté sur les neuf « choeurs des Anges » : « Les Anges, Archanges, Principautés, Puissances, Vertus, Dominations, Trônes, Chérubins et Séraphins ». Les Anges Gardiens sont une vérité de foi : parlant des enfants, le Christ dit : « Leurs Anges dans le ciel voient sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux. » (Mt.18/10) Il est très louable et utile d’avoir une piété attentive aux Anges Gardiens, et de demander leur secours dans la lutte que nous avons à mener contre les anges pervers, pour « retrouver le chemin de l’arbre de la vie ». (Voyez Eph. 6/10- 20: le combat spirituel contre les mauvais anges. Gen. 3/34 et Apoc. 2/7).
Saint Paul dans l’Epitre aux Hébreux précise : « Dieu dit des Anges : Celui qui fait de ses Anges des vents, et de ses serviteurs une flamme de feu » (1/7) et plus loin (1/14) : « Ne sont-ils pas tous des Esprits au service de Dieu, envoyés comme serviteurs pour le bien de ceux qui doivent recevoir le salut en héritage ». L’Ange est une créature spirituelle ; certains Pères de l’Eglise leur ont donné un « corps subtil » qui reste néanmoins bien difficile à définir.
Sept Anges se tiennent en permanence devant la face de Dieu selon la parole de l’Archange Raphaël à Tobie (12/15) : « Je suis l’Ange Raphaël, l’un des sept qui nous tenons en présence du Seigneur. » Nous connaissons trois noms de ces sept grands Archanges : « Michel, Gabriel, Raphaël » qui sont intervenus dans l’histoire des hommes.
Les Anges ont été créés par Dieu bons dans leur principe : ce sont des créatures rationnelles et libres. Certains ont usé de leur liberté pour s’opposer à leur Créateur, et par suite séduire l’homme et le faire chuter dans la mort. Leur responsabilité est immense dans la faute originelle, aussi leur condamnation est-elle sans remède. (Mt25/41). Voir diable *.
Selon les révélations faites à Mechtilde Thaller (1868-1919), chaque chœur des Anges est dévolu à une cause particulière ou à une catégorie d’hommes ; ainsi les Vertus personnifient la force de Dieu auprès de celui qui veut progresser dans la vie spirituelle ; les Puissances sont dévolues plus spécialement aux prêtres, les Principautés aux Paroisses, les Dominations aux enseignants, missionnaires, supérieurs, à tous ceux qui s’efforcent d’entendre le Règne de Dieu sur la terre ; les Trônes aux Evêchés, Royaumes, Communautés chrétiennes. Les Chérubins ont le zèle personnifié pour la gloire de Dieu et pour sa défense : ils sont les glaives de Dieu. Les Séraphins sont l’amour au service de l’Amour…etc 1
Terminons par cette belle invocation aux neuf choeurs des Anges :
Séraphins ardents, embrasez-moi Chérubins très sages, enseignez-moi Trônes suprêmes, pacifiez-moi Dominations très élevées, commandez-moi Vertus célestes, fortifiez-moi
Puissances invincibles, défendez-moi Principautés souveraines, gouvernez-moi Archanges très nobles, conduisez-moi Anges très saints, gardez-moi,afin que je puisse servir, bénir, et glorifier la très Sainte Trinité
maintenant et dans tous les siècles. Amen.
Arbre
Arbre. Hébreu : HèTs ; grec : δενδρον, ξυλοσ (dèndròn, xulos) ; latin : arbor
Mot important. Création du troisième jour : « Que la terre fasse pousser des arbres portant semence… » (Gen. Ch. 1) Et au milieu du paradis terrestre : « L’arbre de la vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal… » Dieu interdit de manger de ce dernier sous peine de mort. (Gen. ch.2/17)
L’Ecriture suppose que le lecteur est intelligent: car il est évident que Dieu ne va pas condamner à mort sa créature rationnelle pour la manducation d’un « arbre », du fruit d’un arbre. On interprète en effet souvent en ajoutant le mot « fruit » à cet arbre : le « fruit défendu. » Le mot « fruit », dans le texte hébreu, n’intervient qu’une seule fois au début du chapitre 3, lorsque la femme dit au serpent: « Nous ne mangeons pas du fruit de l’arbre… » Toutefois dans la version du Sinaïticus ( très ancien manuscrit), le mot « fruit » n’est pas écrit: la femme dit : « Nous ne mangeons pas de l’arbre… »
Il faut donc retenir « manger de l’arbre », ou simplement « manger l’arbre ». Nous avons vu précédemment le sens du mot « manger » = la bouchée est le signe de l’alliance. Ezéchiel « mange » le livre des prophéties que Dieu lui donne: c’est-à-dire il les lit et les comprend. (Voyez Ez. ch.2/8 s. et début du ch.3) Comme on dit aussi dans l’ expression française : « T el livre est indigeste », ou « Ce livre, je l’ ai dévoré ». Cette corrélation entre « manger » et « comprendre » est tout à fait remarquable dans le livre des Proverbes, 8/33-39 à 9/1-6 où la Sagesse divine invite l’homme « insensé » à écouter son instruction, en même temps qu’elle lui « dresse une table » pour l’inviter au repas de pain et de vin. L’Eglise a mis cette exhortation dans la bouche de la Vierge Marie, qui nous a donné le Verbe incarné, non seulement comme maître de vérité, mais aussi comme nourriture eucharistique : « Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé, quittez la sottise et vous vivrez, marchez droit dans la voie de l’intelligence » (3ème leçon du premier nocturne du Commun de la B.V.M.)
La Bible de Jérusalem dans le souci de rendre le texte plus intelligible, sans doute, ajoute le mot « fruit ». La Bible de Crampon ne porte pas le mot fruit: elle est plus fidèle au texte.
Alors que signifie ce mot « arbre » ? De fait il désigne, le plus souvent, un arbre qui porte du fruit, comme tous les arbres de la forêt. Mais il désigne aussi le mot « bois » et par suite tout objet en bois, comme une statue en bois sculpté par exemple, ou un instrument, un outil – puisque la plupart des outils d’autrefois étaient en bois, et que les haches, les bêches ont un manche en bois. Voyez par exemple: Ex 7/18, 2 Sam 6/5, Gen.40/19, Deut. 4/28, 17/7, 19/5… D’ailleurs les Septante ont traduit ce mot arbre de la Genèse par « ξυλοσ » qui veut dire d’abord bois, alors que δενδρον veut dire arbre, arbre à fruit notamment. De ce fait le vocable «arbre», très concret, a aussi le sens d’outil, de moyen, deprocédé, de technique, de «truc» comme on dit en langage courant. (Ce mot «truc»apparaît au XIIIè S. dans le sens de «tour d’adresse», il dérive d’un motgermanique qui signifie «bâton»). Et, de fait, le mot: «technique», vient de laracine grecque «τικτω» qui signifie «enfanter dans la douleur», par opposition auverbe noble : «(γενναω)» engendrer, racine (γεν). (Voir le mot génération )Ainsi les deux arbres du paradis, signifient deux moyens, deux procédés, deux«techniques» de génération. C’est donc bien la femme, effectivement, qui estdirectement intéressée par les deux «arbres». (Voyez ci-dessous le mot: diable ) Lafemme est créée pour la maternité, mais quelle maternité ?… Quel procédé faut-ilemployer pour parvenir à la maternité ?Voyez ici ce dialogue très instructif de Jésus avec Salomé. En voici la traduction.Cet entretien de Salomé et de Jésus est rapporté par Saint Clément d’Alexandrie:(Stromates III 6; 45,3)«Salomé s’informait auprès du Seigneur pour savoir jusqu’à quand la mortaurait sa puissance. Il lui répondit: «Tant que vous, les femmes, vousenfanterez (dans la douleur): (τικτω)». Salomé lui dit alors: «Alors ai-je bienfait de ne pas enfanter ?» – Il lui répondit: «Mange de toute plante, (arbre) nemange pas de celle (celui) qui contient l’amertume».(Voir Synopse de Huch-Leitzmann, p.141.) Voir aussi des paroles semblables dansl’Evangile de Saint Thomas. (Consulter notre étude.)L’avertissement de notre Seigneur, dans le sermon sur la montagne, rapportéen Luc 6/43-45, et Matthieu 7/12-18; «Vous jugerez l’arbre à ses fruits, un arbrebon porte de bons fruits..» porte justement sur les deux arbres: ce sont évidemmentles deux arbres du Paradis terrestre : celui de la connaissance du bien et du mal, etl’arbre de la vie. L’enseignement du Christ est d’autant plus pertinent qu’on lerapproche de Mt.13/33 s. où Jésus dit: «Race de vipères, comment pouvez-vousdire de bonnes choses étant mauvais ?»En effet, tous les fils d’Adam proviennent de la séduction de la vipère, le«serpent brillant» (Hb. NaHaSch) d’où est issu l’arbre généalogique, qui, depuis6000 ans est un arbre mort: on peut même dire l’arbre de la mort. En effet, lesgénéalogistes, consultent les registres des sépultures pour établir la lignée charnelledont tout homme est issu. Et cet arbre est tout à fait illusoire, puisque celui quidécouvre son ancêtre lointain, ne tient pas compte que, pour avoir un enfant, il acopulé avec une femme, qui, elle aussi, a ses propres chromosomes. Il en résultequ’à chaque génération, la programmation génétique du mâle est divisée par deux,comme celle de la femelle. Si donc on divise par deux l’une des programmations àchaque génération, qu’advient-il à la troisième, quatrième… dixième… nièmegénération ? Le calcul est très simple: nous obtenons les puissances fractionnaires successives de 2: 1/2, 1/4 ,1/8, 1/16, etc. Au bout de la 10ème génération il n’y a plus que 1/210 caractères de l’aïeul, ou de l’aïeule, ce qui donne, en décimales : 0,000 000 0001.. un dix-milliardième seulement, et au bout de la 20ème génération ? Combien de zéros avant le chiffre 1 ?
Inversement, que serait-il advenu s’ils avaient mangé l’arbre de la vie ? En clair cela signifie qu’ils se seraient élevés par la foi à la hauteur de la génération sainte dont le Christ Jésus fut le premier « fruit béni ». C’est-à-dire que la terre aurait été peuplée – et non surpeuplée – de fils de Dieu, qui n’auraient pas été des personnes divines – comme le Christ – mais des personnes humaines dans une nature humaine intacte et parfaite. Il n’y aurait jamais eu sur la terre ni cimetières, ni champs de bataille, pour souiller le sol par des cadavres comme elle le fut par le meurtre d’Abel par Caïn. Gen.4/10: « Yahvé répondit à Caïn: «Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie vers moi depuis le sol… »
A la fin du ch. 3 de la Genèse, Adam et Eve sont chassés du paradis dont la porte est désormais gardée par un « chérubin au glaive fulgurant », afin qu’ils ne reviennent pas à l’arbre de vie « pour vivre indéfiniment ». Ce qui signifie, comme Jésus le dit dans l’Evangile de Saint Thomas: « Nul ne peut tirer deux arcs à la fois, nul ne peut monter deux chevaux à la fois ». Il y a une impossibilité psychologique radicale à revenir à l’arbre de vie pour ceux qui se sont laissés piéger par la séduction diabolique. A moins que, par la grâce de Dieu, ils ne remportent la victoire sur cette séduction, selon la promesse de l’Apocalypse : « Au vainqueur je donnerai de l’arbre de la vie planté au paradis de Dieu ». Apoc. 2/7; 22/2.
Il est donc tout à fait certain que les deux « arbres » désignent deux types de génération. L’arbre est un être vivant qui, par sa semence, tend à envahir toute terre fertile, tout comme aussi les autres plantes qui « portent semence ». Si l’on fait, en effet, le calcul des progressions géométriques sur les plantes, par exemple les érables ou les pissenlits, on voit immédiatement que si toutes les graines redonnaient une plante, il suffisait de quelques dizaines d’années pour que tous les continents soient envahis par une seule espèce de plantes annuelles. Et de fait, si l’on applique le calcul des mêmes progressions géométriques sur les possibilités de la génération charnelle, on voit que l’humanité subit une véritable explosion, même si la raison de la progression n’est que 2 (chaque couple a 4 enfants). Ce qui montre avec évidence que la terre a été très vite surpeuplée, (moins de 1000 ans) et que le genre humain actuel ne représente qu’une fraction infime de tous les descendants d’Adam et d’Eve. Nous sommes ainsi assurés mathématiquement que la génération charnelle est une erreur pyramidale.
Tel est donc bien l’arbre « de la connaissance du bien et du mal » interdit sous peine de mort progressive et générale.
A lors que l’ A rbre de la vie est, au contraire, la génération spirituelle = par le Saint-Esprit vivifiant, qui a donné naissance à la Vierge Marie « immaculée dès le premier instant de sa conception, » et ensuite celle du Christ, le « Fils de l’homme », dont le témoignage primordial est celui même de sa génération. (Voyez Epître aux hébreux: enseignement sur le mariage : Hb.13/3 )
Voyez notre livre « Retour au Paradis Terrestre » ch.4. Voyez ci-dessous le mot « génération » .
Planté au milieu du corps de l’homme se trouve le sexe mâle. Comment l’homme va-t-il l’utiliser ? Va-t-il en faire un « arbre de vie » ou un « arbre de mort » : arbre de la connaissance du bien et de mal ? On perçoit ici les deux usages de la sexualité : l’un charnel, par le viol du sein virginal et la génération pécheresse, l’autre virginal en vue de la génération d’En-Haut, et eucharistique ; la semence de l’homme comme toutes les semences, a d’autres usages que celui de la reproduction. Elle est aussi nourriture.
B comme Baptême…
Baptême
Baptême : de l’hébreu Thabal grec : βαπτισμα latin : baptisma Le baptême d’eau.
Ce vocable hébreu ne signifie pas « baptême », mais seulement « tremper, immerger ». Il figure rarement dans l’Ancien testament, mais dans quelques textes significatifs.
En effet en Genèse, 37/31, pour la première fois dans l’Ecriture, il s’agit des fils de Jacob, jaloux de Joseph, qui tuent un bouc et trempent dans son sang la tunique de leur frère, pour ensuite la présenter à Jacob, leur père, et lui faire croire qu’une bête féroce a dévoré son fils véritable, né de sa femme légitime Rachel, rendue féconde miraculeusement.
Il figure ensuite en Ex.12/22, lors de la première Pâque. Moïse prescrit l’immolation de l’agneau, et prescrit de tremper un rameau d’hysope dans son sang, pour ensuite en oindre les linteaux et les montants des portes, afin qu’à la vue de ce sang, l’ange exterminateur s’écarte et ne frappe pas de mort les premiers-nés des Hébreux.
Le livre du Lévitique, au chapitre 4 décrit le rite d’expiation pour le prêtre « consacré par l’onction, qui aura péché, et rendu ainsi le peuple coupable ». Il offrira le sacrifice d’un taureau « sans défaut ». « Il trempera son pouce dans le sang de ce taureau, et en aspergera sept fois le voile du sanctuaire. » Rite tout à fait significatif: le voile du sanctuaire est le symbole de l’hymen de la vierge dont l’utérus est le « sanctuaire non fait de main d’homme ». (Voir Ez. 44/1-s.) Sur la gravité de la faute des prêtres dans leur conduite envers la femme, voyez les deux premiers chapitres du prophète Malachie. (lire en hébreu les v.15-16 du ch.2 en général très mal traduits)
Nous trouvons donc dans ces « baptêmes » de sang la base de l’argumentation de l’épître aux Hébreux : « Sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission ». (Hb.8/22). Lire tout le contexte, où Paul montre avec une grande clarté la signification prophétique des sacrifices sanglants de l’Ancien Testament.
Le premier « baptême », au sens de bain purificateur, est celui de Naaman, qui sur l’ordre du prophète Elisée, est guéri de sa lèpre en se plongeant ou se baignant sept fois dans le Jourdain. (2 Rois, ch. 5/14 s.)
C’est avant tout dans le Nouveau Testament que le Baptême prend sa pleine signification sacramentelle. D’abord le baptême de pénitence administré par Jean- Baptiste qui ne parle pas des « droits de l’homme » ni de la « dignité humaine » pour flatter son auditoire ! « Race de vipères », dit-il, pour leur rappeler que tous les fils d’Adam sont victimes du Serpent « menteur et homicide ». Sur le baptême de Jean lire Mt.3/7 s. et Luc 3/7 s. Le sens du rite est expliqué par la prédication de Jean-Baptiste et son appel à la pénitence. Ce baptême administré par le précurseur du Christ et ses disciples eut un grand retentissement en Israël, comme en témoigne l’évangile de Jean qui rapporte l’enquête officielle des pharisiens envoyés par les grands prêtres. (Jn. 1/19-28). Remarquons qu’il fallait faire une démarche importante pour descendre des plateaux de la Palestine, jusqu’au rivage de l’embouchure du Jourdain, le creux le plus profond de toute la terre, à près de 400 m au-dessous du niveau de la mer.
Jésus-Christ atteste l’authenticité divine du baptême de Jean en se faisant lui- même baptiser. Ce jour-là, le Père rend un témoignage capital: « Voici mon fils bien- aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances ». Si le peuple Juif avait tenu compte de cette attestation, la Rédemption pouvait être accomplie en une seule génération. L’Eglise en effet, le jour où elle célèbre l’anniversaire de ce baptême, le 13 Janvier, chante: « Aujourd’hui l’Eglise est unie à son Epoux céleste, car dans le Jourdain, le Christ a lavé ses crimes ». Le baptême d’eau exprime et opère la purification du péché, mais aussi, du fait que pour être ainsi plongé dans l’eau, il faut se mettre nu, il favorise un redressement psychologique pour aider celui qui le reçoit à triompher de la honte congénitale – « complexe » redoutable – conséquence de la chute originelle: « J’ai eu peur et je me suis caché parce que je suis nu ». (Gen. 3/8-13) Le port universel du vêtement prouve que la dislocation psychologique de la créature humaine est universelle. C’est pourquoi le rituel baptismal, observé dans les premiers temps de l’Eglise, en raison du baptême « par immersion totale », opérait une profonde guérison, qui aujourd’hui n’existe plus. (Lire Rom. Ch.6). Ce qui explique le débordement des moeurs dont nous mourons aujourd’hui plus que jamais, même en « terre chrétienne » !
C’est pourquoi la Bienheureuse Vierge Marie fit jaillir une source miraculeuse à Lourdes, en disant non pas « venez la boire », mais « venez vous y laver ». Il n’y avait pas lieu de construire des « cabinets de bains » et de prendre mille précautions pour respecter la fausse pudeur des fidèles: il suffisait de remplir un grand bassin en plein air et plein soleil, où le bain collectif rituel aurait produit une guérison psychologique efficace, qui nous aurait rapproché de la simplicité et de la droiture du Paradis terrestre: « Ils étaient nus tous deux, l’homme et sa femme, l’un devant l’autre, et ils ne rougissaient pas » (Gen. 2, fin). Il est tout à fait étrange et aberrant que les chrétiens, absous du péché originel, en subissent encore les conséquences, surtout psychologiques: la peur et la honte !
Le sacrement de Baptême.
Le vocable grec « βαπτιζω », plonger, tremper, a le même sens que le mot hébreu. Les mots spécifiques pour désigner le sacrement de baptême sont « βαπτιζω » et « βαπτισμα ». Les mots latin et français dérivent du grec. De βαπτω = plonger.
Jésus lui-même dans les premiers versets des Actes des Apôtres (1/4-5) instaure et définit le « Sacrement » qui permet à la créature humaine, moyennant sa foi, de retrouver sa vraie nature: c’est-à-dire, qu’elle redevienne le « temple du Saint Esprit » et non plus un repaire de démons. (Voyez Mt /17/17-20, et Mc.9/28-29) Lire aussi Mt. ch.12/22 s. notamment les v.43-45 (et autres textes). L’intelligence du Sacrement de Baptême exige que l’on comprenne bien ce que Jésus enseignait à Nicodème. (Jn.3/1-8). « Celui qui n’est pas engendré d’En Haut (comme le fut le Christ) ne peut pas entrer dans le Royaume de Dieu ». Mais par une disposition de miséricorde, la Sainte Trinité a décidé de prendre un moyen « artificiel » pour conférer la filiation divine à l’homme déchu, « né de la chair et du sang ». C’est le bain de « ré- génération » : παλιγγενεσια (palìnguénésia) = renouvellement de la génération. Ce texte de saint Paul (Ti. 3/4-7) est lu et chanté avec insistance par la liturgie de Noël: le Baptême nous associe à la sainte génération de Jésus-Christ.
Effectivement, les Apôtres ont reçu ce baptême le jour de la Pentecôte, selon le récit des Actes, (ch. 1/12 s. – début du ch.2). Pendant les 10 jours qui ont suivi l’Ascension, ils ont fait ensemble le mémorial de ce qu’ils avaient vu et entendu, – comme « témoins des faits » (Act.1/21-22) – dans la compagnie du Christ. Mémorial qui est la base de l’Evangile de Saint Matthieu. En outre, ils sont avec « les femmes et la mère de Jésus ». Les femmes ont connu le Christ d’une manière plus intime et plus perspicace (Jn.12/7) que les hommes; elles ont reçu les confidences de la Vierge Marie. C’est dont la Mère de Jésus, la « Mère du Juste », qui, pendant cette « retraite dans la chambre haute », leur explique pourquoi et comment Jésus est Fils de Dieu, selon l’intuition de Pierre (Mt.16/17-18). Elle leur raconte « Toutes les choses qu’elle observait et méditait en son cœur » (Lc.2/51) c’est-à-dire la conception et la génération de Jésus-Christ, fruit béni du Saint-Esprit en elle. Lorsqu’ils partagent alors la foi qui nous a enfanté le Christ, ils reçoivent à leur tour, par grâce, le Saint- Esprit, et, dès lors, portent témoignage sans hésitation et sans crainte. L’Eglise a vénéré la Vierge Marie sous le titre de « Révélation des Apôtres ».
Il importe donc que les catéchumènes s’élèvent à la vraie foi avant de recevoir le Baptême. Cette pédagogie indispensable était exigée dans les premiers siècles, qui nous ont donné une armée de martyrs et de vierges. L’engagement du baptême, dont nous avons gardé la formule: « Je renonce à Satan, à ses pompes et à ses oeuvres » signifie exactement: « Je renonce à la séduction diabolique », dans laquelle sont tombés Adam et Eve, par laquelle la mort est entrée dans le monde sous la tyrannie du Prince des ténèbres. (Ia Jn.5/19). Pendant leur catéchuménat ceux qui se préparaient au baptême étaient délivrés des filets du Diable par 7 exorcismes qui ont subsisté dans le cérémonial du baptême des adultes. (Consulter le rituel romain).
L’administration du Baptême était alors conforme à la théologie des Apôtres. Pierre en effet dénonce « la folle tradition de nos pères » (Ia Pe.1/18), et Paul, surtout dans l’Epître aux Galates précise bien ce que doit être l’engagement baptismal par rapport à la loi de Moïse qui était la « force du péché ». (Voyez Gal 6/7-8). Enfin la doctrine du baptême, comme une « mort à ce monde » et une « résurrection avec le Christ » est bien définie dans le ch. 6 de l’Epître aux Romains.
Voir les mots « sacrement », « ordre », « Eucharistie »
Beau, Bon
Beau, Bon – hébreu : ThÔB
grec : καλοσ (kalos) = beau et αγαθοσ (agathos)= bon,
d’où le mot grec : « καλοσκαγαθοσ » = l’homme beau et bon. Latin : pulcher (beau) et bonus (bon)
Ce vocable hébreu est l’un des plus « étendus », si je puis dire. Il peut être employé comme adjectif pour qualifier une chose, un animal, un homme, au sens de bon, utile, agréable, honnête, bienfaisant, généreux… Et aussi dans le sens de substantif, la bonté, la beauté, la vertu, le plaisir, la joie, le bonheur. Les références sont très nombreuses. On peut résumer ce mot en disant : « le beau, le bon, le joyeux ».
C’est avant tout un attribut de Dieu: Ps.65/12; 68/11 …
Le mot arrive au début de l’Ecriture; dans les grandes étapes de la création:
Pour chacune d’elles: « Dieu vit que cela était bon ». Puis, lorsqu’il eût fait l’homme et la femme à son image et ressemblance : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et tout était très bon. » Cet enseignement théologique est d’une importance extrême, et ne sera jamais démenti tout au long de la Sainte Ecriture, notamment dans le psaume 104*, intitulé dans la bible de Jérusalem : « Les splendeurs de la Création ». Les découvertes de la science, depuis la fin du Moyen Age à nos jours, ont amplifié presque à l’infini (l’infiniment grand et l’infiniment petit, disons-nous) notre admiration pour la beauté et la bonté de Dieu dans sa création.
Cette vue scripturaire fondamentale détruit entièrement les idolâtries fumeuses (certaines nous viennent de l’Extrême-Orient) qui voudraient nous faire croire que la création de Dieu est un mélange de bien et de mal, ou qu’il y a un « mal nécessaire », comme d’aucuns le disent. Le mal n’est jamais nécessaire, il est toujours le fait d’un mauvais choix: et l’on peut, heureusement ! toujours s’en passer, si l’on se laisse guider par les commandements de Dieu et la vertu du Saint-Esprit. En outre, ces « philosophies » qui supposent un mélange nécessaire de bien et de mal dans la création de Dieu, conduisent à une désespérance absolue = on ne pourra jamais se débarrasser du mal ! (Voyez de nos jours Sartre, Camus…etc). Alors que par la Foi chrétienne nous sommes assurés de la pleine victoire sur tout mal par la confusion absolue et la damnation définitive de celui qui en est la cause, le « menteur et homicide dès l’origine » (Jn.8/44). Voyez Apoc. 20/10 et suivants. La manichéisme, pire encore ! prône l’existence d’un Dieu bon qui aurait fait l’esprit et d’un Dieu mauvais auteur de la matière. On voit le danger d’une telle philosophie et l’outrage qu’elle représente envers l’ouvrage achevé de Dieu, dont nous mesurons aujourd’hui la beauté et la science.
Au milieu du jardin de délices est planté « l’arbre de la connaissance du bien et du mal » – Le mot « connaissance » a un sens éminemment pratique, on devrait le traduire par « expérience », « expérimentation » (voir le mot connaissance) – Il ne désigne pas une connaissance purement intellectuelle, mais, selon la racine hébraïque de ce mot, une manière concrète d’agir, qui dépend du bon ou mauvais usage de la liberté accordée aux créatures douées de volonté rationnelle: anges et hommes. Dieu a « planté » cet arbre non pour nous faire chuter, puisqu’il nous en interdit l’usage : « Tu n’en mangeras pas = tu ne feras pas cette expérience », mais pour respecter entièrement notre liberté de créature rationnelle. Il sait que nous sommes suffisamment intelligent pour dire « non », à un usage qui contiendrait un mélange de bien et de mal. Et de fait, c’est une absurdité que de choisir délibérément une mauvaise chose. C’est par la séduction diabolique que cette désobéissance a pu se produire. (voir Diable).
Sur ce point, saint Anselme a parfaitement défini la liberté de l’être doué de raison, notamment dans son ouvrage : « De peccato originali et de conceptu virginali » (Voir notre traduction et étude de cet ouvrage.)
Il faut donc tenir fermement comme une vérité révélée fondamentale que le mal s’est introduit dans la création de Dieu comme un parasite étranger, en raison du mauvais usage que les créatures rationnelles, anges et hommes, ont fait de leur liberté.
On doit donc comprendre que le Créateur et Législateur souverain, nous interdit tout « mélange » de bien et de mal, de manière à rejoindre exactement la bonté, la beauté, la vérité qui sont les attributs directs et directeurs de Dieu. (Voir le mot « arbre « et le mot « génération ».)
*Ce psaume a son origine en Egypte. Il était en usage dans le culte du Dieu Aton. Moïse l’a certainement rapporté d’Egypte. Voir l’ouvrage de A.C. Carpiceci «Merveilleuse Egypte des Pharaons », Page 104.
Bénir
Bénir, bénédiction. Hébreu : BaRaK (bénir) BaRaKaH : (bénédiction)
Grec : ευλογειν (euloguéìn) ; latin : benedicere
BaRaKah : c’est le mot hébreu, et arabe, qui nous disons en imitant ces derniers: « j’ai la Baraka ». L’étymologie française est copiée sur le latin: « bien-dire », « benedicere » , en grec « ευλογειν » : « parler avec bienveillance », « dire du bien. » C’est le cri d’Elisabeth dès que Marie la salua: « Tu es bénie entre les femmes et béni le fruit de ton utérus ».
On remarquera tout de suite la différence étymologique profonde entre l’hébreu d’une part, et le grec et le latin d’autre part. En effet, dans ces deux dernières langues, puis dans le français, et d’autres langues modernes, la bénédiction est liée à la parole: latin: « dico, dicere », en grec: « λογειν, λογοσ ». Alors qu’en hébreu le mot « bénédiction » est formé sur le mot qui signifie « genou ». Indication précieuse: c’est l’enfant que l’on porte, que l’on cajole sur les genoux, c’est celui-là que l’on bénit; c’est aussi l’épouse bien-aimée, qui est, comme le dit Isaïe, « caressée sur les genoux ». (Is. 66/12) Cette prophétie consolante fut retenue par sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, lorsqu’elle subissait la « nuit obscure » dans le Carmel de Lisieux, et l’Eglise a repris ce texte dans l’Office liturgique de cette Sainte.
Ce verbe « bénir » se présente très souvent dans la Sainte Ecriture, aussitôt qu’il eut créé l’homme – le couple – à son image et ressemblance : « Dieu les bénit et leur dit… « ,-« leur prescrivit »-: il joint aussitôt un ORDRE à sa bénédiction. « Soyez grands et portez du fruit, mais en dominant, en étant au-dessus… des autres animaux » . Après cette première bénédiction intervient la fourberie de Lucifer et la chute originelle. La malédiction tombe sur Lucifer, puis sur Eve : »Tu enfanteras dans la douleur… » et sur Adam : « Le sol est maudit à cause de toi… » Il n’y a plus de bénédiction avant celle qui fut rendue à Noé lors de son sacrifice, à la fin du déluge: conclusion de l’alliance avec la création. Au ch. 9/1s. de la Genèse, Dieu bénit Noé et promulgue à nouveau l’ordre premier déjà donné à Adam, avec quelques prescriptions morales et rituelles.
Cinq siècles se passent. Le peuplement de la terre est prodigieux *. Grandes civilisations, post-diluviennes de la Mésopotamie : Lagash, Assur, Uruk, Ur, etc… C’est peu avant la chute d’Ur, en 2003 av.J.C., qu’Abraham reçoit l’ordre de quitter son pays…(Gen. ch.12) Peu de temps après, Abraham rencontre Melchisédech, le Roi de Salem (Jérusalem), et reçoit enfin la bénédiction du « Créateur du ciel et de la terre ». (Gen. 14/19) :
« Béni (soit) Abram par le Dieu Très Haut qui régit 2 le Ciel et la Terre ! « Béni (soit) le Dieu Très Haut qui a livré tes ennemis 3 entre tes mains.
Cette bénédiction de Melchisédech (voir le mot sacerdoce) est d’une importance extrême pour toute l’humanité en vue du Salut de toute chair, car elle ouvre une « économie » (voir ce mot) nouvelle dans l’histoire. Elle se produit au cours d’un sacrifice de pain et de vin, sacrifice non sanglant, qui rappelle celui d’Abel, et qui préfigure le sacrifice eucharistique du Christ. C’est pourquoi l’Eglise, pendant deux mille ans, a fait le mémorial chaque jour à la messe du Sacrifice et de la bénédiction de Melchisédech.
De nombreuses références dans les Ecritures pour le mot « bénédiction » : celles qui « bénissent » Dieu, celles aussi qui expriment la bénédiction de Dieu sur les hommes, et sur ses autres créatures. La parole de bénédiction prononcée par Dieu est efficace. Ce sont les prêtres et éventuellement les prophètes qui ont le ministère de la bénédiction.
L’Eglise a eu, dans sa vraie Tradition, la plus vive conscience de son pouvoir d’exorciser (voir le vocable « maladie ») et de bénir. Elle a officiellement son rituel – très précieux – , qui contient de nombreuses formules d’exorcismes et de bénédictions variées. La dernière édition officielle du Rituel est celle de Pie XII du 25 Janvier 1952, conforme à l’édition première de Paul V promulguée à Sainte Marie Majeure, le 17 Juin 1614, avec l’adjonction de toutes les bénédictions utiles sur les objets inventés par la technique moderne. La seule lecture du rituel de l’Eglise est un grand émerveillement et une grande consolation.
L’Eglise délègue son pouvoir de bénir les aliments (pain et fruits) au Lecteur, son pouvoir de chasser le Diable à l’Exorciste, et le pouvoir de bénir les personnes et de consacrer aux prêtres. La cérémonie la plus émouvante est celle de l’Onction des mains. L’ordinand est à genoux devant l’Evêque assis sur son trône épiscopal, il se place entre les genoux de l’évêque (conformément au sens hébreu du mot « bénir »), et l’évêque lui oint les mains d’huile sainte, en disant :
« Daignez, Seigneur, consacrer et sanctifier ces mains par cette onction et notre bénédiction…- Amen.
« Afin que tout ce qu’elles béniront soit béni, et que tout ce qu’elles consacreront soit consacré et sanctifié: au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. – Amen.
Notons que très souvent ce mot « bénédiction, bénir » se rapporte à Dieu de la part de la créature rationnelle, sous forme de prière : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël ».. (Cantique de Zacharie, Luc ch. I). Voir aussi le « Cantique des Créatures », que l’Eglise chante aux Laudes du Dimanche, qui toutes sont invitées à bénir le Seigneur leur Créateur. Il y a donc un grand enthousiasme de piété dans ce mot « bénir ».
*Voir dans le ch.4 de notre livre I, « Retour au Paradis terrestre », les considérations sur les progressions géométriques qui président à la génération. Le Déluge n’a pas touché l’Egypte, il a seulement déferlé sur la Mésopotamie. En Egypte, les premières Dynasties, (antérieures à 2325 av. J.C.) ont laissé des monuments archéologiques formidables , notamment les grandes Pyramides et tout ce qui les entoure. C’est là que nous avons les preuves les plus assurées de la valeur de la culture et de l’intelligence des descendants d’Adam, contemporains des anciens Patriarches, alors que le péché originel n’avait pas encore opéré les ravages qu’il fit par la suite.
Bonheur
Bonheur de hébreu : HaSchèR , et aussi SchaLÔaH, ThÔB. Grec : μακαριοσ (makarios) Latin : beatus
« Bonheur, heureux, bienheureux… » vocable très important car il évoque le plus ardent désir de l’homme : être heureux. Mais comme les hommes se trompent en cherchant le bonheur où il n’est pas, – qu’ils n’ont plus depuis la chute originelle – ils passent rapidement de l’illusion à la désillusion.
Le mot « bonheur », en français, a une étymologie conforme au « fatum » des anciens, comme l’exprime le mot disparu « heur », qui ne subsiste que dans ses composés « bon-heur », « mal-heur. « heur » dérive du latin « augurium » = augure (bon ou mauvais), chance, présage (favorable ou non). Le mot a pris le sens de « sort, destin » ; avoir reçu un sort, bon ou mauvais. Comme le mot « sortilège » désigne encore aujourd’hui une cérémonie magique censée provoquer la réussite ou l’échec, la santé ou la maladie. « Jeter un sort ». Et il est vrai que le Diable peut agir en faveur de certains hommes méchants et pervers. Il faut alors avoir recours à l’exorcisme pour être délivré d’un «mauvais sort ».
Ainsi dans son étymologie lointaine liée à la civilisation latine, le mot « bonheur » en français évoque presque toujours, consciemment ou non, la « chance » et le mot malheur la « malchance ». Cela signifie que l’on ne sait plus, – ou pas encore, – que le bonheur = la réussite d’une créature rationnelle, dépend uniquement de l’usage qu’elle va faire de sa liberté. Voir le mot liberté . Sir. 15/11-20; 16/11-14
Il est donc très important de recourir à la sainte Ecriture pour définir le mot « bonheur », et les adjectifs qui s’y rapportent.. « heureux, malheureux, joyeux ou triste… etc. »
Beatus….
Ce mot latin est resté dans la civilisation chrétienne le seul qui traduise le grec et l’hébreu des Saintes Ecritures. »Beati immaculati in via… » et les « béatitudes » par lesquelles notre Seigneur a commencé son « Sermon sur la montagne », si important, puisqu’il donne les normes d’une conduite capable de procurer le vrai « bonheur ». On ajoute souvent le préfixe « bien. » « bienheureux », et cet adjectif a pris un sens transcendant pour désigner les saints qui sont présentés comme des modèles aux chrétiens qui veulent et qui ont tout intérêt à les imiter.(Voir le vocable saint, sainteté) Cette imitation des « bienheureux » devient légitime par la cérémonie papale de la « canonisation ». Après examen des vertus « évangéliques » dont ils ont fait preuve durant leur vie, l’autorité de l’Eglise garantit aux chrétiens qu’ils auront de bonnes chances de ne pas se tromper en les prenant pour modèles (martyrs, confesseurs) ou en suivant leurs enseignements: (docteurs). Mais en général, les saints, en raison même de leur témoignage, ont connu des épreuves pénibles en ce monde: ils n’ont pas obtenu sur terre le plein bonheur. Toutefois la route qu’ils ont suivie était la bonne. C’est la parole de l’Apôtre Jacques au début de son épître: « Tenez pour une joie suprême, frères, d’être en butte à toutes sortes de tribulations. »
Il en fut de même des Prophètes, qui se sont rendus intolérables en disant toujours « non » aux comportements et aux décisions des rois, des prêtres, des « grands » de ce monde. Selon la parole du Seigneur : »Quel est celui des Prophètes que vos pères n’ont pas persécuté ? »
Nous sommes donc avertis que la notion du « bonheur » est complexe et contient de redoutables paradoxes !
Toutefois le mot « beatus » en latin exprime avant tout l’idée que les humains se font automatiquement du bonheur: richesse, opulence, succès, popularité , etc. Ainsi le mot latin reste toujours ambigu, et il convient de l’analyser attentivement pour éviter l’erreur d’interprétation.
μακαριοσ, μακαρ
La racine μακ du mot grec signifie « être grand, élevé ». Il exprime la réussite et le succès, « un grand personnage » grand par la fortune, l’influence, l’éloquence, le succès théâtral d’un acteur, la qualité d’un écrivain, etc. Il s’agit donc en quelque sorte de la bonne opinion qu’un citoyen peut avoir dans la « cité », par ses mérites ou son habileté.
Mais, que ce soit en grec ou en latin, il est évident que l’idée de bonheur est liée aux structures de ce monde, au conditionnement familial, social, politique… donc au « milieu vital » avec ses avantages et ses inconvénients. D’où il résulte que le « bonheur » que le « monde » propose aux mortels n’a pas une valeur absolue.
Ce mot grec, traduit par « beatus » dans la vulgate, figure une cinquantaine de fois dans le Nouveau Testament. Il se rencontre 13 fois dans Saint Matthieu, 16 fois dans Luc, une dizaine de fois dans les épîtres et 7 fois dans l’Apocalypse. Dans les épîtres il se présente dans des citations de l’Ancien Testament.
Les Béatitudes.
Il convient de s’arrêter quelque peu sur les versets 3-11 du ch.5 de Saint Matthieu. Notre Seigneur énonce une série de paradoxes, c’est-à-dire de propositions étranges qui contredisent pied à pied l’idée que les hommes se font du bonheur. Et dans le ch. 6 de Luc (v.20-26) le contraste « scandaleux » est encore plus accentué, car les « béatitudes » sont suivies de plusieurs malédictions intraitables :
« Malheur à vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et les larmes… « Malheur à vous si les hommes disent du bien de vous, car c’est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes ».
L’esprit des béatitudes évangéliques est bien résumé dans l’avertissement de Notre Seigneur lorsqu’il fait l’éloge de Jean-Baptiste, (7/18-23), avec cette conclusion : « Heureux celui pour lequel je ne suis pas un objet de scandale ».
Au point de vue étymologique, il n’y a aucun rapport entre l’hébreu et le grec, entre l’Ancien et le Nouveau Testament : mais le bonheur promis par le Christ à celui qui « écoute sa parole et la met en pratique » (Luc 11/27-28) est dans la ligne directe du bonheur promis par les nombreux textes de l’Ancien Testament: le « Verbum Incarnatum » est tout à fait conforme au « Verbum Scriptum. »
Selon le mot de Saint Augustin: « Le Verbe qui s’est exprimé par la bouche des Prophètes, s’est, pour nous chrétiens, exprimé par sa propre bouche » (Homélie sur les Béatitudes, lue pour la Toussaint.)
Hébreu : HaSchèR.
Ps. 1/1 -« Heureux cet homme celui-là qui ne marche pas au conseil des impies,
« ni dans la voie des égarés ne s’engage, ni au banc des railleurs ne s’assied »
Ps. 119/1 – « Heureux ceux qui, sur le chemin de la perfection, »marchent dans la loi de Dieu »
Nous voyons apparaître immédiatement, dans ces exemples type, la différence capitale entre les sens étymologiques de l’hébreu et des autres langues occidentales. On voit, comme dans de nombreux autres passages de la Sainte Ecriture, particulièrement des psaumes, que la notion du bonheur, pour la créature humaine, n’est pas attachée à des biens matériels ou à l’opinion des hommes, mais au sens étymologique du mot hébreu : HaSchèR vient du verbe « marcher ». L’homme heureux est un marcheur. En effet, la pédagogie divine sur Abraham commence par cet ordre : « Quitte ton pays, et va dans le pays que je te montrerai ». (Gen ch.12) De même, sous la conduite de Moïse, le peuple Hébreu s’est mis en route (l’Exode) et a entrepris une longue marche pour atteindre la « terre promise » à Abraham. Et il faut bien constater, en effet, que lorsque le peuple de Dieu eut occupé sa terre, la Palestine, son histoire est devenue assez lamentable, comme en témoignent les livres historiques (Rois et Chroniques). Dieu reproche souvent à son peuple de « n’avoir pas marché dans ses voies ».
Ce n’est que dans son exil à Babylone, qu’Israël s’est rénové et qu’il a pris une meilleure conscience de sa vocation, comme en témoignent le Livre de Tobie, et ceux qui furent ensuite écrits par les Sages, dont certains habitèrent loin de la terre promise.
L’homme heureux est un marcheur, non seulement avec ses jambes, mais avec son esprit. Il doit faire marcher son intelligence pour comprendre la Parole de Dieu et la volonté de Dieu sur lui. Car il est bien évident que le bonheur de la créature humaine dépend de son exacte adaptation au bon vouloir de Dieu sur elle. Nous rejoignons le précepte évangélique : « Cherchez et vous trouverez », et dans l’Evangile de saint Thomas (Logion 2) « Celui qui cherche ne doit pas cesser de chercher jusqu’à ce qu’il trouve, et lorsqu’il trouvera il sera stupéfait, et étant stupéfié, il sera émerveillé et il règnera sur l’Univers. »
Cette longue marche vers la vérité doit conduire l’homme au bonheur, bonheur qui découle d’un acte libre, par lequel la décision est posée et maintenue d’obéir à la Parole de Dieu, de manière à se conformer à sa Volonté. C’est alors que la créature humaine atteint la « justice »(Voir ce mot) et le bonheur dans une pleine réussite.
Elle ne pourra se réaliser qu’en suivant d’abord la parole fondamentale de la Genèse: « L’homme quittera son père et sa mère », ceci pour acquérir ses pleines dimensions d’adulte. Comme la famille hélas ! est restée tributaire du péché originel et des sentences qui l’ont sanctionné, le Christ impose à ses disciples un arrachement qui peut paraître héroïque: « Celui qui vient à moi et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères et ses soeurs, et même encore sa vie, ne peut être mon disciple.. » (Luc.14/23-26) Cependant – voici le paradoxe ! – « En vérité je vous le dis, nul n’aura quitté sa maison, frères, soeurs, père, mère, enfants, ou champs à cause de moi et à cause de l’Evangile, qui ne reçoive le centuple, dès maintenant en ce temps, en maisons, frères, soeurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et dans le siècle à venir la vie impérissable ». (Mc. 10/23-31). Le texte de la Genèse poursuit en disant: « et il s’attachera à sa femme ». C’est bien dans le couple – image de la Sainte Trinité – que le bonheur sera plein. Faut-il encore ne pas reproduire la faute des Pères !
Le bonheur absolu est celui de Dieu, dans sa Trinité immuable. Et l’homme en raison de sa création à l’image et la ressemblance de son Créateur, créé mâle et femelle, est appelé à participer au bonheur absolu de Dieu. Les seuls couples humains qui ont atteint l’idéal de ce bonheur absolu, sont les saints géniteurs du Christ : Jacques le juste (= Jacob) et son épouse, Joachim et Anne qui nous ont donné Marie, immaculée dès sa conception, et surtout Saint Joseph et Sainte Marie qui sont les éternels modèles vivants du plein bonheur que la Sainte Trinité a voulu pour la créature humaine : aboutissement de la création, et sommet de l’Univers. « Efforcez-vous d’entrer dans le repos de Dieu », cette parole de l’épître aux Hébreux fixe la direction qu’il faut suivre pour rencontrer le vrai bonheur. (Ch. 4).
SchaLÔaH : du mot Shalom : (la paix) l’homme heureux est pacifique, paisible.
ThÔB (la bonté) : l’homme heureux est bon. (mot déjà vu)
Voici quelques références importantes, particulièrement dans les psaumes, qui indiquent, sans aucune ambiguïté, que le bonheur découle, pour la créature humaine, de son adhésion intelligente et libre à la volonté de Dieu, exprimée par ses lois, préceptes, indications , avertissements etc. (voir dans le psaume 119 (hb.) Etconsulter dans cet ouvrage le mot « Loi ». (Références Vulgate)Ps. 1/1; 2/12; 31/1-2; 32/12; 33/9, 39/5, 40/2-3, 64/5, 83/5-6-13; 88/16; 93/12;105/3; 111/1; 118/1-2; 126/5; 127/1-2; 136/8-9; 143/15; 145/5. etc.
Bras
Bras hébreu : ZeROHa ou ZeRoHa ; Grec : βραχιων (brakiôn); Latin : brachium
Ce mot « bras » intervient souvent dans la Sainte Ecriture, lorsqu’il est question des hauts faits de Yahvé, qui a, par exemple, libéré les fils de Jacob et de Joseph de la terre d’Egypte « à main forte et à bras étendu ». « Brachio extento ». Cette expression se présente une vingtaine de fois dans l’Ecriture, elle évoque l’intervention de justice et de châtiment qui oblige les hommes à réfléchir par les leçons de l’histoire. C’est dans ce sens que la Bienheureuse Vierge Marie a dit à La Salette, en prévoyant les désastres des guerres modernes: « Je ne peux plus retenir le bras de mon Fils ». Tout comme elle le prédisait dans son Magnificat (Lc.1/51s.) :
« Déployant la puissance de son bras, il a dispersé (διεσκορπισεν) les orgueilleux (υπερηφανουσ), par les raisonnements (διανοια) de leurs coeurs; (voyez le mot coeur)
Il a abattu (καθ−ειλεν)les puissants de leurs trônes, il a ex-alté « (mettre au dessus : υψωσεν) les petits ».
Le texte est au « passé prophétique » que le grec rend par l’aoriste. Marie est instruite par l’histoire d’Israël, qui montre comment l’action providentielle de Dieu dispose et réalise une « justice immanente »: les hommes récoltent toujours ce qu’ils ont semé par leurs actes et leurs décisions – qui ont rarement le caractère d’une véritable liberté de jugement et de conscience. Dieu agira dans l’avenir tout comme il l’a fait dans le passé, pour qu’en définitive la vérité devienne incontestable et que tous les menteurs soient confondus. (Ps.62/12)
Nous trouvons aussi ce mot dans le fameux chapitre 53 d’Isaïe, celui du « Serviteur souffrant », qui annonce d’une manière singulière le « scandale » de la passion et de la croix, et laisse entendre que le Messie promis à Israël sera méconnu et rejeté. Cette célèbre et surprenante prophétie commence par cette interrogation: « Le bras de Yahvé à qui fut-il révélé ? » « Brachium Domini cui revelatum est ? »
En hébreu le mot « bras » : ZeRoHa, est très voisin, à une voyelle près, du mot qui signifie « semence » ZeRHa, et du verbe qui signifie « semer » : si bien que l’on relie immédiatement l’idée de bras et de « puissance », à l’idée de « génération », comme nous le disons dans le premier article du Credo : »Je crois en un seul Dieu le Père tout-puissant » qui lie étroitement la « puissance » de Dieu à sa « paternité ».
Et, de fait, l’intervention de Dieu dans l’histoire, pour le Salut de la chair humaine a commencé par la génération céleste – « de l’Esprit »(Gal.4/29) – d’Isaac, l’ancêtre du peuple choisi. Et Dieu a opéré le plein salut par son Verbe conçu par le Saint Esprit dans l’utérus virginal de Sainte Marie, toujours vierge, qui nous a révélé en plénitude la volonté de Dieu sur la génération humaine. Lorsque l’Ange Gabriel lui annonce qu’elle sera la mère du Roi « dont le règne n’aura pas de fin », elle lui oppose la barrière de sa virginité inviolable : « Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas l’homme ? » = puisque je n’ai pas et ne veux pas avoir de relation génitale avec un homme. C’est alors qu’elle reçoit la confirmation céleste : « Ne crains pas, Marie : c’est l’Esprit Saint qui te fécondera de sorte que l’enfant qui naîtra sera vraiment fils de Dieu ». (Luc, ch.2/30-38.)
Le Prophète Isaïe avait prévu le remède de tous les maux d’Israël : la génération virginale du Messie (Is.7/14; 66/9). Il prédit aussi qu’il sera rejeté par ce même peuple. Voici pourquoi, au début du ch.53, il s’écrie :
« Qui dira « Amen » à ce que nous avons entendu ?
« Et la semence (bras, vulgate) de Yahvé sur qui a-t-elle resplendi ? « Il a grandi comme un jeune arbre devant sa Face,
« comme une oasis au milieu d’une terre désertique
« Malgré sa grâce et sa beauté, nous ne l’avons pas vu,
« malgré sa gloire nous ne l’avons pas aimé !
« Il fut délaissé et méprisé par les hommes,
« lui, homme des douleurs, qui a connu la torture !
« Ils se sont voilé la face devant lui, comme devant un objet de rebut, « et ils ne l’ont pas pris en considération.
‘Et pourtant, il portait nos maladies,
« il s’était chargé de nos douleurs !
« Et nous l’avons cru frappé par Dieu, comme s’il fût pécheur,
« alors qu’il était transpercé par le fait de nos péchés,
« et broyé sous le poids de nos iniquités.
« La Droiture qui nous apporte la paix était sur lui,
« et c’est par ses blessures que nous sommes guéris.
« Nous étions tous errants comme des brebis perdues,
« chacun marchait devant lui, aveuglément…
« Et Yahvé a fait retomber sur lui l’iniquité qui nous perdait tous ! « Maltraité, il ne répond pas, il n’ouvre pas la bouche,
« comme l’agneau qu’on abat, la brebis devant celui qui la tond. « Pris au piège sous l’oppression qui l’a condamné.
« Qui a pris en considération sa génération ? »
Le « bras » de Yahvé exprime ici la puissance virile de Yahvé, qui a suscité en Marie la conception du véritable « fils de l’homme», et de surcroît Verbe de Dieu. On peut le rapprocher de l’organe viril.
Voilà qui met en évidence le contraste irréductible entre « la génération adultère et pécheresse » (Mt.17/17) issue du péché d’Adam et de ses descendants, et la génération sainte et virginale du Christ. Quoique instruits par les prophètes, ils ont condamné Jésus comme blasphémateur parce qu’il s’est dit fils de Dieu, – engendré de Dieu – et l’avait prouvé aussi bien par l’éloquence de sa parole que par ses miracles.
Et pourtant comment Dieu pouvait-il opérer le Salut du « genre », de « l’espèce », de la prolifération charnelle, d’une manière plus directe et plus éloquente qu’en montrant explicitement en Jésus-Christ, la véritable génération humaine ? C’est cela qu’exprime à la perfection le début de l’Epître aux Hébreux: « Jésus venu en fils… » comme la manifestation concrète et la démonstration définitive de la Pensée éternelle du Créateur. (Hb. 1/1-4). Le mot français vient du latin : brachium, et du grec : βραχιων, qui dérive de βραχυσ = court.
C comme Confession…
Chair
Chair. Hébreu : BaSaR (s doux) ; grec: σαρξ (sarx) ; Latin: caro
Le mot « chair » revient souvent dans la sainte Ecriture et il est resté une énigme inquiétante pour la théologie et surtout pour la spiritualité chrétienne. C’est précisément à cause de cette ambiguïté que le manichéisme eut tant de succès pour dévier la foi chrétienne dans les premiers temps de l’Eglise, aussitôt après la période apostolique, et ensuite dans la théologie scolastique du moyen âge. Nous ne sommes pas encore sortis de ces difficultés.
Comment se fait-il, en effet, que nous ayons des textes « contradictoires, » même dans l’Evangile et surtout dans les épîtres ? Par exemple: dès le Prologue de saint Jean, nous lisons : « Il n’est pas né de la chair et du sang… » et quelques versets plus loin: « Le Verbe s’est fait chair » ? Au chapitre 3 Jésus apprend à Nicodème que « nul ne peut entrer au royaume de Dieu s’il n’est engendré d’En Haut »… »de l’Esprit »…. « car ce qui engendré de la chair est chair ». Est-ce une condamnation de « la chair », de la structure biologique corporelle de l’homme ?… Or, plus loin, au chapitre 6, le Seigneur propose sa chair en « nourriture véritable », « Celui qui mange ma chair et boit mon sang ne mourra jamais ». C’est sur ces paroles étranges que se produisit le grand scandale des foules de Galilée, et même de la plupart des disciples « qui tous l’abandonnèrent ». (Jn. ch.6, fin)
Ce furent surtout les argumentations incisives de Paul, dans ses épîtres aux Galates et aux Romains, qui se heurtèrent à une incompréhension séculaire, qui dure encore aujourd’hui. « Si vous vivez selon la chair, vous êtes sur le point de mourir et le Christ ne vous sert de rien…. » Et surtout la conclusion de son Epître aux Galates: « Frères, prenez garde : on ne se moque pas de Dieu ! Celui qui sème dans sa chair récoltera de la chair la corruption, celui qui sème dans l’esprit récoltera de l’esprit la vie impérissable ». Condamnation de la nature corporelle de la créature humaine ? Et ce mot « esprit » que signifie-t-il ? Que signifie « semer dans l’esprit »? Faut-il mettre un E majuscule à Esprit pour comprendre qu’il s’agit du Saint Esprit… ?
De même, ce texte très éclairant, dans l’Epître aux Philippiens: « … Et pourtant j’aurais lieu, moi aussi d’avoir confiance dans la chair ! J’ai beaucoup plus de raisons que n’importe qui de me recommander de la chair ! Circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, hébreu issu d’hébreux, pharisien pour l’observance de la loi, pour le zèle : persécuteur de l’Eglise, pour la justice qui procède de la loi, irréprochable. Tous ces avantages, je les considère maintenant comme un inconvénient, à cause du Christ !… » (3/4 s.) Pourquoi donc ? Parce que l’évidence qui lui fut donnée en voyant le Christ dans sa gloire, lui fait comprendre que Jésus n’était pas blasphémateur en se proclamant fils de Dieu : il ne fut pas engendré de semence d’homme, mais de l’Esprit de Dieu….
Il est donc indispensable de résoudre le problème qu’a toujours posé ce mot « chair » pour écarter toute ambiguïté et comprendre enfin l’importance capitale des paradoxes de l’Evangile et des exhortations poignantes et mystérieuses de Saint Paul.
Le mot hébreu.
Le mot hébreu : BaSaR désigne soit la chair soit le corps selon le contexte. La distinction entre les mots « chair » et « corps » arrive seulement dans le grec, puis le latin. On a en effet en grec « σαρξ » et « σωμα » (soma) qu’il convient en effet de rendre par « chair » et « corps », « caro » et « corpus ».
A vrai dire c’est en raison du malaise psychologique de l’homme déchu que la chair ou le corps – quel que soit le mot que l’on emploie – fait « problème ». Depuis la faute originelle l’homme ne sait plus quel est le bon usage de son sexe. Il a mangé « l’arbre de la connaissance du bien et du mal, » et il ne peut revenir à l’arbre de la vie que par un discernement très exact de la volonté de son Créateur, et par une guérison sacramentelle de sa mentalité, de sa psychologie. C’est alors seulement que tous les problèmes sont résolus. « Rendez l’arbre bon et son fruit sera bon ». (Mt. 13/33-37)
En effet, dans son sens premier, comme verbe, le mot hébreu « corps », (ou « chair ») signifie : « annoncer une bonne nouvelle ». D’où le mot Evangile = BaSoRaH, (du verbe BaSaR) : la « bonne nouvelle ». Ευ−αγγελια (eu-angélia) en grec = la bonne nouvelle. « Evangile » et « Evangelium » en latin, dérivent du grec.
Voici quelques références remarquables dans l’Ancien Testament:
Dans les livres historiques, (1 Sam 31/9; 2 Sem 18/19…) et quelques autres, il s’agit de l’annonce d’une victoire, ou d’une action qui paraît favorable, comme en Jér. 20/15, l’annonce de sa naissance à son père – Jérémie, ensuite, maudira le jour de sa naissance, comme aussi Job. C’est surtout dans les Prophètes que la « bonne nouvelle » qu’ils annoncent a un intérêt universel, en vue de la Rédemption et du Royaume de Dieu: Is.40/9, 47/37, 52/7,60/6… (lire les contextes) La citation de Luc 3/6, se rapporte à Is. 40/3 s. Le texte le plus remarquable est celui du début du ch.61 d’Isaïe, cité par Notre Seigneur dans la Synagogue de Capharnaüm, en Luc.4/18-19, que voici:
« L’Esprit du Seigneur Yahvé est sur moi car il m’a oint (hb. messie). « Il m’a envoyé pour annoncer la bonne nouvelle aux humiliés, « pour guérir les coeurs brisés, annoncer aux captifs la délivrance, « aux prisonniers la liberté.
« Pour annoncer une année de grâce de la part de Yahvé,
Isaïe poursuit:
« le jour de la revanche (rétribution) que fera notre Dieu, « pour consoler les affligés
« et les couronner d’un diadème, au lieu de leur cendre, « l’huile parfumée de la joie, à la place de l’habit de deuil, « l’action de grâce au lieu du désespoir.
« Leur nom sera « térébinthes de Justice » ,
» plantés (dans le jardin) de Yahvé pour la gloire.
« Ils relèveront les ruines antiques, … les édifices dévastés depuis des siècles. »
La » bonne nouvelle » est donc bien la restauration de la Terre pour le Royaume du Père, avec, avant tout, la sanctification de son Nom, tout comme il fut sanctifié dans la sainte génération du Christ. C’est pourquoi les « filles de Sion » (ou de Jérusalem) sont particulièrement invitées à entendre cette « bonne nouvelle », Ps.9/15: citation particulièrement intéressante par son sens prophétique en vue du Messie souffrant: le « serviteur de Yahvé » (Is. ch.53)
« Pitié pour moi, Seigneur, vois mon malheur:
« tu me retires des portes de la mort: que j’annonce toute ta louange
« aux portes de la fille de Sion : car j’exulte de joie en ton salut. »
C’est bien en effet aux Saintes Femmes qui avaient compati à ses douleurs que
Jésus-Christ a manifesté la joie de sa Résurrection !
Voir aussi: Ps.96/2, 97 /8 (Hb) ; les vierges, en effet, sont créées pour « engendrer d’en haut », « le peuple nouveau qui doit naître ». (Ps. 22 Hb, 31-33; Ps.69 Hb. 36-37). Il est fort intéressant de suivre dans l’Ecriture les textes où figurent « les filles » de Juda, de Sion, ou de Jérusalem. Par exemple leur détresse au moment de la ruine de Jérusalem . (Voir lamentations de Jérémie), ainsi que l’avertissement que leur donne le Christ lorsqu’il montait au Golgotha en portant sa croix :
« Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais plutôt sur vous et sur vos enfants: car des jours viendront où l’on dira: « Heureuses les femmes stériles, et les ventres qui n’ont pas porté, et les mamelles qui n’ont pas allaité ! Alors on dira aux montagnes; « Tombez sur nous ! » et aux collines : « Cachez-nous ! » car si l’on traite ainsi le bois vert, qu’en sera-t-il du bois sec ? (Luc 23/27-30.)
Pour bien comprendre ce contraste entre les plus grandes gloires et les plus extrêmes détresses des « Filles de Jérusalem », il faut s’instruire de la distinction que fait Saint Paul (Gal. 4/22-31) entre la Jérusalem terrestre (centre de la Loi qui régit la chair = la génération charnelle), et la Jérusalem céleste = la génération d’En Haut, manifestée en Jésus-Christ, mais déjà prophétisée par la naissance d’Isaac le « fils de la promesse ». Voyez ce même raisonnement théologique en Rom. 9/6-9.
Il va de soi, en effet, que la bonne nouvelle par excellence est celle que la Bienheureuse Vierge Marie – la véritable « fille de Sion » – a entendue par l’Ange Gabriel: la saine génération virginale du Christ point de départ de la Rédemption de toute chair, et l’archétype de la Génération du Royaume.
Au commencement de la création, la « Bonne Nouvelle » de tout l’Univers est en effet le corps humain , qui achève toute l’oeuvre créatrice du Dieu tout-puissant; « Yahvé se repose de son ouvrage à la fin du sixième jour…. » (Gen, fin du ch.1 et début du ch.2). Cette bonne nouvelle, corporelle, est en effet l’image et la ressemblance de la Trinité, inscrite, imprimée, gravée dans cette merveille: les corps de l’homme et de la femme. Elle a réjoui les Anges, à l’exception de Lucifer qui en fut jaloux, et qui, par son envie, va faire entrer la mort dans le monde. (Sag. 2/23). Le corps est la « bonne nouvelle » parce qu’il est le sacrement naturel de l’amour et de l’unité entre l’homme et la femme. D’où la gravité de la mort, qui est LA « mauvaise nouvelle » : elle déchire l’Homme (l’homme de la femme), et divise l’être en « corps et âme, » ou « corps et esprit ». Si la mort n’était pas entrée dans le monde jamais le dualisme n’aurait existé, ni la honte du corps. La « bonne nouvelle » par excellence est celle de « l’incarnation du Verbe » : Dieu a pris chair.
Le substantif hébreu » BaSaR « , que l’on traduit par « corps », manifeste, selon les textes où il figure le double aspect de joie et de trouble. La joie qui fut celle d’Adam en recevant la femme « engendrée de ses os et de sa chair » :
« Celle-ci est l’os de mes os , « le corps de mon corps »
« elle mérite le nom de « virgo » car elle a été tirée du « vir »
Il convient en effet de traduire ainsi ce texte, car en hébreu le mot « femme » est
le féminin d’homme (Ischah de Isch), de même qu’en latin « virgo » et « vir » (Voir les mots « homme » et « femme »)
C’est pourquoi, dès le commencement, le corps et sa sexualité ont un caractère sacré éminemment lié à la création-fabrication (ouvrage modelé) du premier homme, et à la génération divine directe de la femme à partir du corps de l’homme. Ainsi la virginité est sacrée, car elle est la signature et l’indication de la Paternité de Dieu; mais la sexualité aussi est sacrée, car elle indique l’identité de nature entre l’homme et la femme, qui sont deux personnes distinctes, tout comme il y a identité de nature des Personnes distinctes de la Sainte Trinité.
C’est par la fourberie du Diable que le corps humain, dans toutes ses dispositions (virginité et sexualité), a perdu son caractère de sacrement (1 Cor. 3/16; 6/19, Rom.12/1-3). Et, de fait, cette « profanation du Temple » était déjà sanctionnée par la Loi de Moïse qui imposait des sacrifices sanglants pour l’expiation du sang versé, que ce soit par le viol ou par l’homicide. La valeur sacrée du « sang » est en effet précisée nettement à Noé par ce formidable texte (Gen. 9/4-6): « Vous ne mangerez pas de chair (corps) avec son âme (souffle) c’est-à-dire avec son sang. » Ce texte aurait dû maintenir dans la voie droite le comportement de tout être rationnel; mais il montre aussi que « le sang appelle le sang », comme le disaient les Grecs après la guerre du Péloponnèse, c’est-à-dire que la vengeance a toujours prévalu sur le pardon, et que l’histoire des nations n’est qu’un déferlement de l’homicide. Telle est bien, en effet, la terrible prophétie de la Sainte Ecriture qui annonce quelles seront les « lois » de la vengeance homicide dans la génération issue de Caïn. (Gen.4/23-24). Lire ce texte : prophétique de toute l’histoire humaine. Les Juifs aujourd’hui encore mangent de la viande cachère = dont on a fait couler le sang. Ont-ils pour autant aboli les armes de leurs armées ?…
L’histoire sanglante de toute l’humanité est la démonstration péremptoire de la gravité du péché originel. De fait, aussitôt après la faute, Adam et Eve se sont « caché le sexe avec des feuilles de figuier », et sont allés se cacher devant la Face de Dieu. (Gen ch.3) Tel est l’enseignement fondamental : le péché a complètement ravagé la psychologie de l’homme, qui ne peut plus supporter loyalement son corps, sa chair, alors qu’elle est le chef d’oeuvre de Dieu.
De fait, la Loi de Moïse authentifie en quelque sorte, cette honte congénitale, qui demeure incoercible tant que dure le péché. C’est pourquoi le prêtre qui montait à l’autel des holocaustes pour immoler la victime expiatoire, devait « porter des caleçons de lin » pour que « sa nudité » ne soit pas visible quand il gravissait les marches de l’autel. (Lev.6/3, 15/2s, 16/4 etc.) L’Eglise a renchéri: les religieux « prennent l’habit », et les prêtres « revêtent la soutane ». Pis: le prêtre « défroque » qui revient dans le monde et à son péché ! Pas étonnant que les psychologies sont faussées et malades.
Voyez aussi l’expression qui revient tout au long du ch.19 du Lévitique : « Tu ne découvriras pas ta nudité » : euphémisme pudique pour dire : « Tu ne t’accoupleras pas avec… » (voyez le contexte).
Le port universel du vêtement est donc bien la preuve que l’humanité entière découle du péché originel, comme on le lit dans cet entretien de saint Barthélémy avec le Diable. L’Apôtre le questionna pour l’éprouver : »Qu’y a-t-il de commun à tout homme ? – « C’est le péché, avec lequel l’homme est conçu, naît et vit ». Barthélemy approuva la réponse. (voir « la Légende dorée » de Jacques de Voragine, fête de St Barthélemy).
« Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’esprit est esprit » (Jn 3/6). Cette parole de Jésus à Nicodème nous permet de comprendre les deux sens du mot chair. Ce qui est né de la chair = de la génération charnelle… et ce qui est né de l’Esprit = de l’Esprit-Saint, de la génération d’En-Haut. Différence absolue entre ces deux modes de génération. C’est ainsi qu’il faut comprendre les paroles de St Paul lorsqu’il oppose la chair à l’Esprit: « Si vous vivez selon la chair = selon la génération charnelle, vous êtes sur le point de mourir ». Et aussi: « La chair ne sert de rien, c’est l’Esprit qui vivifie », etc… Au contraire lorsque saint Jean écrit: « Le Verbe s’est fait chair », il nous dit que Dieu a pris un corps (= chair en hébreu) d’homme, corps hautement estimable et adorable, que le Christ offrira en nourriture à ses disciples. Le dualisme philosophique a pris argument hélas, sur ces textes de l’apôtre Paul pour mépriser la chair humaine, et par suite la soumettre à toutes sortes de tortures, sévices, flagellations, jeûnes… Si on avait compris où se trouve le péché, jamais les chrétiens n’auraient sombrer dans de tels désordres; mais la chair a fait peur. Aujourd’hui encore elle fait peur. Il en sera ainsi tant que la question du péché ne sera pas éclaircie.
Toutefois Dieu n’a pas abandonné son ouvrage « parfaitement achevé dès le commencement » (Hb. 4/3). Il est venu en la Personne du Verbe « délier les oeuvres du Diable »(Hb.2/14. Ia Jn 3/8) et restaurer la créature humaine selon le bon vouloir immuable du Père, en refaisant de nos corps les Temples de l’Esprit-Saint. « (Rom.12/1-3: 1 Cor. 6/12-20 et surtout 18-19. Tite 3/5) ). C’est pourquoi désormais il n’y a pas de meilleure nouvelle que l’Evangile « ευαγγελια »: le péché est supprimé par la sainte génération de Jésus-Christ, et la mort supprimée par sa résurrection. En effet cette « bonne nouvelle » de la Résurrection fut confiée aux « filles de Jérusalem »: les Saintes Femmes, qui en ont porté cette « bonne nouvelle » aux Apôtres, qui, à leur tour, ont vu le Seigneur Jésus dans son corps de gloire. Ils n’osaient en croire leurs yeux, tant leur joie était grande.(Luc. 24) Evidemment le Christ était nu: ses vêtements aux mains des soldats, son suaire laissé dans le tombeau. Toute peur, toute honte étaient désormais écartées, et la puissance du Diable – « qui a l’empire de la mort » (Hb. 2/14) – anéantie. Jésus, fils de vierge, fils de l’homme et fils de Dieu: telle est bien la Bonne Nouvelle annoncée dans son corps de gloire, selon la vieille étymologie de la langue sacrée. « Dieu nous a parlé en fils… » Voir le prologue de l’Epître aux Hébreux.
Chaste, Chasteté
Chaste, chasteté. De l’Hébreu : ThaHOR = pur
Grec : αγνοσ (agnos, g dur) , αγνεια (agnéia) ;
Latin: castus, castitas.
Ce vocable « chasteté » est significatif de la difficulté qu’ont rencontrée les Apôtres pour maintenir dans l’unité de la même foi les chrétiens issus des Juifs, et les chrétiens issus des « nations », ces derniers n’ayant pas reçu la pédagogie hébraïque de Moïse, gardaient la psychologie et la conscience qu’ils avaient héritées de leur civilisation hellénique, voire déjà latine.
Dans la Vulgate de l’Ancien Testament, l’adjectif « castus » se rencontre 2 fois seulement:
1 – Dans le psaume 11/7 ( hb 12), que voici : « Eloquia Domini eloquia casta ». (Les paroles du Seigneur : paroles chastes)
2 – Dans le livre de la Sagesse, Vulgate ch.4/1 : »O quam pulchra est generatio casta cum claritate. » (O qu’elle est belle la chaste génération (qui se fait) dans la gloire).
Ps.11/7 – Lorsque l’on se rapporte au grec des Septante, nous trouvons pour le mot « casta »: « αγια », neutre pluriel de « αγιοσ » qui ne signifie pas « chaste » mais « saint ».
Si nous nous reportons au texte hébreu de ce psaume, nous lisons : « Les paroles de Yahvé: paroles pures (chastes), et la suite: argent épuré dans le creuset (fournaise) de la terre cuite-et-recuite depuis des temps. »
La bible de Jérusalem traduit « argent natif » au lieu de « argent épuré », qui semble bien exprimer la pensée du texte, qui évoque le long travail des profondeurs du sol pour en faire sortir des métaux précieux, l’or, l’argent, le cuivre… très recherchés pour la monnaie, les outils, les armes…
Mais ce texte – unique ! – est précieux car il nous permet de passer de la racine hébraïque ThaHOR à la conception chrétienne de chasteté. ThaHOR = pur, propre, d’où chaste… ThaHeR = être pur, et ThiHaR = rendre pur, purifier.
En effet le mot hébreu de ce psaume est le participe passé (ThaHoROT dans le texte) du verbe « purifier », « nettoyer ». Et ce verbe figure dans un grand nombre de passages de l’Ecriture où il est question des rites de purification, ou de guérison de diverses maladies, dont la « lèpre », considérées comme des « impuretés ». Ainsi en Ps 11/7, les paroles de Yahvé sont-elles comme des paroles purifiées, passées dans le creuset de la terre, épuré comme l’argent, ou « argent natif ». L’auteur veut donner une comparaison.
Voici quelques autres références pour ce verbe. Lév.4/12, 6/4, 10/14 ; Nb. 19/9; Ex.25/11; Job 28/19 ; Purifier de tout péché : Job 14/4; Pr. 15/26, 30/2; Ps.51/12; Jr.33/8, Ez.24/13, Mal. 3/3…
Ce qui ressort de tous ces textes, c’est que l’homme, dans sa nature même, est « souillé » et qu’il ne peut survivre que si Dieu son Créateur le purifie et le guérit, d’abord par les lois et les rites sacrificiels qu’il a prescrits. Le judaïsme vivait en fonction de l’observance des lois et des rites, à partir de la naissance, puisque la femme qui mettait un enfant au monde devait, dès l’accomplissement du temps prescrit, (40 jours après la naissance pour un garçon, 60 pour une fille) offrir le « sacrifice pour le péché ». (Lév. Ch.12). Saint Joseph et Sainte Marie ont accompli ce rite, comme il est écrit dans l’Evangile de Luc ch. 2/22-39.
Cette racine hébraïque figure en effet, dans le psaume 50/4 (hb.51) : « De mon péché purifie-moi ». David, sous le reproche de Nathan, prend une vive conscience que sa conduite (l’adultère, puis le meurtre d’Urie) a été « conditionnée » par une déficience non seulement de son comportement, mais avant tout par une sorte d’aveuglement de sa conscience: tare profonde qui remonte à sa conception: « Ma mère m’a conçu dans le péché », dit-il (Ps. 50/7).
Les sciences modernes biologiques expliquent fort bien que la mitose et la programmation chromosomique dérivent irrémédiablement vers une dégénérescence de la nature. (Voir le mot « génération ») De nos jours on discerne dans le génome humain plusieurs milliers de maladies héréditaires incurables, car il faudrait guérir toutes les cellules du corps ! Il est donc impossible à l’homme déchu de se purifier lui-même de ses tares héréditaires, par quelque remède ou cure psychothérapique que ce soit : il faut une intervention directe de Dieu pour réparer les « barreaux » de la chaîne d’ADN.
L’illusion du Judaïsme, qui subsista chez les « Judaïsants » (= des Juifs devenus chrétiens), fut d’imaginer que l’observance de la Loi mosaïque suffit à guérir et à reconstituer la nature humaine. Paul avait cette conviction intime et poursuivait les chrétiens avec acharnement, jusqu’au jour où, voyant le Seigneur Jésus dans sa gloire, il dût enfin reconnaître que Jésus n’était pas un blasphémateur, quoiqu’il fut, pour ce « blasphème », condamné et crucifié. Après sa conversion il comprit alors que la personne humaine ne pouvait être justifiée ni sauvée par le seul moyen « superficiel » de la Loi mosaïque. (Voyez 2 Cor.11/1 et le mot virginité.) Toutefois, Paul lui- même, dans le ch.7 de la 1ère aux Cor, semble hésiter sur la virginité et le mariage… Alors que sa pensée se précise mieux à partir du ch. 11. Enfin dans le ch. 5 de l’Epître aux Ephésiens , à partir du v. 20, sa pensée devient très précise.
Sag. 4/1 – Le grec des Septante ne comporte pas le texte de la Vulgate (traduction latine de St Jérôme) cité ci-dessus: « O qu’elle est belle la chaste génération qui se fait dans la gloire ». Mais ceci, comme traduit dans la Bible de Jérusalem :
« Mieux vaut ne pas avoir d’enfant et pratiquer la vertu, car l’immortalité se rattache à sa mémoire ».
Ou Crampon:
« Mieux vaut la stérilité avec la vertu,
sa mémoire est immortelle: elle est connue de Dieu et des hommes. »
Le mot « stérilité » n’est pas juste: le grec « ατεκνια » signifie seulement « ne pas avoir d’enfant » « être sans enfant », expression plus générale: car une femme non stérile qui garde la virginité n’aura pas d’enfant, de semence d’homme. Cependant le texte n’évoque pas le choix volontaire de la chasteté pour l’homme ou de la virginité pour la femme.
Le texte de la Vulgate est du 4ème siècle après Jésus Christ, tandis que le texte grec des Septante est du 3ème avant Jésus-Christ. On doit donc tenir compte de la transformation de la mentalité opérée depuis le Christ et les Apôtres, qui eux les premiers, ont « tout quitté », à savoir leur famille, pour suivre le Christ et pour recevoir de lui l’instruction nécessaire pour accepter qu’il soit « Fils de Dieu », et comprendre enfin, entre l’Ascension et la Pentecôte, que Jésus est vraiment le Fruit béni d’une génération virginale, selon les textes de l’Evangile de l’Enfance, les deux premiers chapitres de Luc et les deux premiers de Matthieu. Comme l’enseigne Paul à Tite, (Ch.3/5), le chrétien devient Fils de Dieu, retrouvant dans le Baptême de « régénération », la vraie nature humaine, « l’homme nouveau », qui doit se développer avec les dons du Saint Esprit. (voir le mot don) Et justement, parmi ces dons, énumérés dans l’Epître aux Galates, ch.5, figure, dans certains manuscrits, « la chasteté » (αγνεια), (Gal.5/22-23).
Surgit ici une nouvelle difficulté, car le texte latin de saint Jérôme porte « castitas », alors que le texte grec porte « εγκρατεια » (enkratéia) = maîtrise de soi. Les deux mots ne sont pas synonymes. En effet, la « maîtrise de soi » était déjà la vertu des « stoïciens ». L’école de philosophie, fondée au 4ème siècle av.J.C. par Zénon de Cition, et ses assesseurs Chrysipe et Cérinthe, eut un grand retentissement. Elle cherchait à découvrir les lois immuables qui régissent l’Univers et l’homme. Ce dernier devait se diriger avant tout par l’« εγκρατεια ». Cette philosophie dura jusqu’aux premiers siècles de notre ère avec Epictète, Sénèque, Marc-Aurèle… Elle se prolongea et se fortifia dans les milieux monastiques, érémitiques… (moines d’Egypte) et elle fut codifiée dans d’innombrables règles, constitutions, règlements, coutumes, etc… qui donnèrent à l’Eglise cette dualité qui a subsisté jusqu’à nos jours : les « religieux » et les « laïcs ». C’est ainsi que la « consécration de soi » fit dévier la notion de « chasteté » vers celle de l’encratisme (voir ce mot).
Il faut bien définir en quoi consiste le « voeu de chasteté » qui est imposé aux prêtres catholiques, depuis leur sous-diaconat. Il signifie exactement le respect absolu de la virginité de la femme, que ce soit hors du mariage ou dans le mariage. Le voeu de chasteté n’est pas le voeu de célibat, comme on dit depuis le Concile de Vatican II et le nouveau Droit Canon. En effet, la doctrine apostolique clairement formulée par Saint Paul dans les Epîtres à Tite et à Timothée, exige que le diacre, le prêtre et l’évêque soient « hommes d’une seule femme », mais qu’ils doivent « avoir leurs enfants « en toute chasteté », « Qu’ils tiennent fermement le mystère de la piété (ευσηβειασ) (eusèbéias) dans une conscience pure ». Ce « mystère de la piété » n’est autre que celui vécu à Nazareth par Joseph et Marie, pour la génération sainte du Verbe fait chair. Le mot « ευσεβεια » signifie en effet la « bonne relation à la divinité »:
ευ−σεβησ: σεβω =être pieux, plein de respect pour les choses divines; le mot a passé dans le prénom « Eusèbe »
Il importe donc, selon Saint Paul, que les « consacrés », élevés par le sacrement de l’Ordre à participer au Sacerdoce de Jésus-Christ, imitent très exactement la Sainte Famille de Nazareth. D’ailleurs, cette imitation devrait être la conclusion logique et directe de l’engagement baptismal de tous les chrétiens.
Terminons par la parole de saint Jacques 3/17 : « Mais la Sagesse d’En-Haut est tout d’abord chaste, ensuite paisible, douce, docile, pleine de miséricordes et de bons fruits, non versatile et sans hypocrisie. » Et c’est pourquoi l’Eglise a toujours mis dans la bouche de la Vierge Marie les paroles de la Sagesse divine (voir les offices de la Vierge). L’homme chaste par excellence fut saint Joseph.
Châtiment
Châtiment- hébreu : MOSaR du verbe IaSaR : châtier
Grec : παιδευω (paideuô) : je châtie, παιδευμα : châtiment
Latin castigo : je châtie; castigatio : châtiment
Le mot latin « castigo » vient de « castus »: pur, chaste, conforme aux règles. Etymologiquement: « rendre pur ».
Ps. 117/18 : « Il m’a châtié et châtié le Seigneur, sans me livrer à la mort… «
En français « châtier », naguère « castier », vient de castigare.
Le grec utilise le mot παιδευω, qui veut dire « élever un enfant » (παιδιον = enfant), d’où corriger, discipliner, punir, châtier. Le petit de l’homme conçu dans le péché doit être sans cesse redresser, et donc châtier, (rendu pur) : la langue grecque associe les deux choses. C’est un enseignement, conforme à l’Ecriture et au livre des Proverbes:
« N’épargne pas la correction à l’enfant,
« si tu le frappes de la verge, il ne mourra point; « Tu le frappes de la verge,
« Et tu délivres son âme du schéol. (23/13-14)
L’hébreu dit : IaSaR, même sens que le grec, et que le latin. Références: Dt 8/5, 4/36; Is.28/26; Os.7/15; Ps.94/12, 31/1; Lv. 26/18,28 , Dt.22/18 ; Jr.2/19, 10/24, 30/11 …
Dans le Ps. 117/18 cité ci-dessus, le psalmiste parle au nom d’Israël, qui a « connu les jugements de Dieu » par une expérience presque toujours douloureuse. Voir les lamentations de Jérémie. En Hb.12/6, et Apoc. 3/19, on retrouve cette expression: « Ceux que j’aime je les châtie ».
La pédagogie de Dieu sur Israël, le peuple « choisi » en raison de la foi d’Abraham, se révèle tout au long de l’Ancien Testament, comme un « dressage, une correction, une éducation » de l’homme déchu, pour le ramener à la raison, à l’intelligence, à la prise de conscience de son état de déficience, pour qu’il accepte enfin la Rédemption et le Salut, par une « conversion » (voir ce mot) : changement de mentalité et de conduite. Le mot grec est très expressif : « μετανοια» (métanoia)
De ce fait, aucun « châtiment » venant de Dieu n’a un caractère vindicatif. « Aucun mal ne vient de Dieu » (Voir le mot sainteté). Tous les maux, sans exception, que subit la créature rationnelle ne proviennent que de la désobéissance aux commandements de Dieu, et la « peine de mort » qui est évidemment le châtiment suprême, est la conséquence directe de la transgression du commandement premier promulgué pour Adam dès sa création: « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Ce commandement n’est pas « conventionnel », ni « arbitraire », mais il est l’expression précise de l’usage de la sexualité:
– usage bon : arbre de la vie, respect de la virginité naturelle, et amour eucharistique.
– usage erroné et interdit : la déchirure de l’hymen et la génération dans le sang et les larmes. Indigne d’un être rationnel qui pose alors un acte irrationnel car hasardeux: il ne peut être assuré du résultat. Pire: il sait, par l’interdit du Créateur, et 6000 ans d’expérience, que ses rejetons auront la mort dans la peau dès leur conception.
Dans la société issue de cette génération mauvaise, il faudra sanctionner des erreurs ou des péchés, c’est pourquoi Moïse prescrit la loi du talion, « oeil pour oeil, dent pour dent » (Ex. 21/24, Lev.24/20, Deut.19/21) ce qui signifie: « Le châtiment ne dépassera pas l’offense ». Or, il se trouve que dans les sociétés humaines, les châtiments ont toujours dépassé l’offense et parfois d’une manière phénoménale. (Peine de mort, camp de concentration, pour avoir désobéi au parti!) Le lecteur trouvera lui-même d’innombrables exemples.
Lorsque Notre Seigneur a été souffleté par le valet du grand prêtre, il n’a pas présenté l’autre joue, mais il a simplement pris la parole: « Si j’ai mal parlé, montre que j’ai mal parlé, si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? »(Jn.18/22-24) : Il a usé du glaive de la parole qui est beaucoup plus efficace sur une créature rationnelle que n’importe quel châtiment corporel. C’est pourquoi les armes que propose Saint Paul pour le « combat spirituel » comportent le « glaive de la parole, le bouclier de la foi, le casque du salut. » (Eph 6/10-17)
Pédagogie lourde et difficile que celle de Dieu sur son peuple ! car les commandements de Dieu ne furent pas, en général, obéis. C’est pourquoi l’histoire dramatique d’Israël se trouve parfaitement prophétisée par Moïse lui-même dans le chapitre 28 du Deutéronome: celui des « bénédictions et des malédictions ». Il faut lire ce chapitre.
Il commence par ces mots : »Si tu obéis à la voix de Yahvé ton Dieu, en gardant et en observant tous ses commandements:.. » suivent les bénédictions, qui s’étendent sur 14 versets: promesse de bonheur terrestre aussi grand qu’on peut le désirer. Le choix, la consécration d’Israël feront de lui, s’il est obéissant aux ordres divins, l’exemple et le modèle de tous les peuples de la terre. Effectivement, pendant la « diaspora » qui a suivi l’hellénisation du Moyen-Orient, les Juifs, à partir des capitales de l’empire d’Alexandre, (Antioche, Alexandrie…) ont eu un rayonnement profond dans le sens de la civilisation, depuis leurs nombreuses synagogues, où se réunissaient avec eux les « Craignant Dieu ».
Mais (v.15) « Si tu n’obéis pas à la voix de Yahvé ton Dieu ne gardant pas ses commandements et toutes les lois que je te prescris aujourd’hui, les malédictions – châtiments – que voici t’adviendront et t’atteindront. » Et du verset 16 à 69, nous lisons les plus terribles fléaux qu’on puisse concevoir et imaginer. On hésite à écrire de telles choses en raison de l’horreur qu’elles soulèvent. Et, de fait, dans certaines circonstances extrêmes du peuple d’Israël, la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, les dévergondages insensés de certains grands prêtres (v.g. Alexandre Janet…) et surtout le siège et la destruction opérée par les Romains, en 70… ces malédictions se sont réalisées à la lettre. Tout au long de l’histoire le peuple Juif a connu de grandes épreuves. Lorsqu’ils ont rejeté le Christ en criant : »Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » (Mt.27/25) ils ont appelé sur leurs têtes le juste châtiment de leur apostasie insensée. Il s’est amplifié tout au long de l’ère chrétienne, jusqu’à nos jours. Il ne se sont pas convertis pour autant.
Enfin lorsque Notre Seigneur Jésus-Christ est venu, lui le Verbe en personne, au milieu de son peuple – quel fantastique mystère ! – il ne fut pas reçu, mais rejeté, repoussé, condamné et crucifié par les autorités légitimes de ce peuple, qui « étaient assises sur la chaire de Moïse ». C’est pourquoi le Seigneur fut contraint, en quelque sorte, d’essayer de ramener son peuple à la raison, en l’avertissant clairement des malheurs, des châtiments qui allaient l’atteindre. En effet nous trouvons ces menaces dans le chapitre 23 de Saint Matthieu, et dans le ch.22/24s de St. Luc où il prédit la ruine de Jérusalem, qui fut effectivement effroyable.
De fait, en raison même du choix que Dieu a fait de leur race, depuis Abraham et Moïse, les Juifs étaient responsables de l’histoire: la leur et celle des nations. (Lire dans cette perspective, les ch.9-11 de l’Epître aux Romains).
Après l’apostasie d’Israël bien prophétisée aussi par la parabole des vignerons homicides, Dieu compte sur l’Eglise pour évangéliser le monde, « les nations », afin que le Salut, gagné par Notre Seigneur Jésus-Christ, puisse se répandre à toute la terre. Nous sommes donc dans le temps de l’Eglise. En lisant l’histoire de l’Eglise nous pouvons nous instruire de la pédagogie divine qui prépare l’Eglise au Royaume. Il est aisé de constater que l’Eglise n’a pas été d’une fidélité parfaite, soit dans son enseignement, soit dans la sainteté de ses membres. De ce fait, Dieu fut en quelque sorte contraint de « châtier son Eglise » comme il avait châtié Israël pendant l’Ancien Testament: de grands fléaux se sont abattus sur la chrétienté, tout comme il y eut de lourds châtiments sur le peuple d’Israël.
L’Ancien Testament, l’Ancienne Alliance, a porté son Fruit par l’avènement de Jésus-Christ: « Les adorateurs en Esprit et en Vérité » (Joseph et Marie, cf. Jn.4 /23) se sont arrachés au piège satanique de la génération charnelle, par la foi exacte. Ainsi en sera-t-il à la fin du « temps de l’Eglise », un certain nombre « d’adorateurs en Esprit et en Vérité » (Jn.4/23-24) découvriront et pratiqueront les Normes du Royaume.
Ciel
Ciel, cieux – hébreu : SchaMaÏM ; Grec: ουρανοσ (ouranos) ; Latin: Caelum,-i.
Le mot revient souvent dans l’Ecriture, notamment dans l’expression « Le ciel et la terre », pour désigner la totalité de la création, qui apparaît aussitôt comme le « milieu vital » de l’homme. La Terre est « donnée aux fils d’Adam », alors que les Cieux sont la demeure de Dieu. Voici quelques références : Dt. 4/17 ; Gen.1/26, 2/19 ; Ps. 8/9 ; Jr.8/7 ; Dt 11/11; Is.40/22 ; Ps.104/2 ; Is. 55/9 ; Ps. 103/11…Gen.15/5 ; Ps.19/2
Le vocable hébreu est au pluriel comme on le dit couramment dans les prières chrétiennes : »Pater noster qui es in caelis… » « aux cieux ». Pourquoi cela ? Parce que la bible distingue plusieurs étages du ciel au-dessus de la terre :
1- Le ciel proche où volent les oiseaux, où se déplacent les nuages.
2- Le ciel des astres mobiles, Lune, Soleil et Planètes, qui déterminent les temps et les époques, jour, semaine, mois, et autres époques marquées par les révolutions des planètes.
3- Le ciel des étoiles et au-dessus, que l’on appelle aussi « les cieux des cieux » et souvent « le trône de Dieu ».
Le mot « cieux » implique donc l’idée de l’étendue, et de la profondeur : « Comme est la hauteur des cieux sur la terre, puissant est son amour pour qui le craint » (Ps.103/11) « Comme est élevé le ciel au-dessus de la terre, ainsi mes pensées au- dessus de vos pensées ».(Is.55/9)
« Dieu dit : qu’il y ait un firmament…et Dieu appela le firmament Ciel » : Gen.1/6-8 Le mot firmament : RaQiHa en hébreu, est peu fréquent. D’après le contexte ici il donne l’idée de l’expansion, mot qui en astronomie va prendre un relief saisissant.
« Ciel » vient du latin Caelum = voûte; de même le mot grec ουρανοσ signifie voûte, couvercle. Les Grecs voyaient le ciel comme un couvercle percé de trous par lesquels passait la lumière de l’Empyrée, la demeure des Dieux. Conception très différente de celle des Hébreux.
Tout comme pour la géologie, la physique, la chimie, la biologie… et autres sciences expérimentales qui se sont développées à partir de la « révolution copernicienne », la Bible ne nous donne pas d’indication précise dans le domaine des sciences simplement rationnelles (observation et calcul). Pourquoi ? Parce que l’homme n’avait pas besoin d’une révélation pour découvrir ce qui est au pouvoir de sa seule raison. Toutefois certains ont conjecturé, en examinant les plus anciens monuments construits par les hommes (la pyramide de Kéops, en particulier,) que des coïncidences géographiques et astronomiques pourraient s’expliquer si l’on admettait que les constructeurs avaient une science infuse de la grandeur de la Terre, de la distance du Soleil, des orbites des planètes, etc…*
Ainsi dès sa création, Adam « donne des noms aux animaux » – et à tout ce qui l’entoure – ce que ses fils ont continué de faire jusqu’à nos jours. Nous avons dans la Sainte Ecriture, certains textes très importants, qui nous enseignent que le Créateur a fixé des lois rationnelles dans toute sa création. Par exemple le psaume 148/1-6 que voici, ou le mot Schamaïm est employé 4 fois (traduction du Père Gelineau) :
Alléluia – Louez Dieu depuis les cieux, louez-le dans les hauteurs Louez-le tous ses anges, louez-le toutes ses armées !
Louez-le soleil et lune, tous les astres de lumière
Louez-le cieux des cieux et les eaux par dessus les cieux ! Qu’ils louent le nom de Yahvé: lui commande et eux sont créés,
Il les posa pour toujours sous une loi qui jamais ne passera….
-Alléluia = « Louons Yahvé » (Ia première syllabe de « Yahvé »). Le mot « Hallel » (du verbe HaLlaL = louer) désignait aussi les psaumes de louange, notamment le psaume 136 (hb) qui était chanté dans la célébration de la Pâque, et que Jésus chanta avec ses Apôtres (Luc 22/17) , lors de l’Institution du Sacerdoce et de l’Eucharistie, la veille de sa Passion…
-« hauteurs » – C’est le mot hébreu MaROM = haut, élevé. Le mot se retrouve dans le chant des Anges le jour de Noël : « Gloire à Dieu dans les hauteurs (« in excelsis ») et paix sur la terre aux hommes de la complaisance ».
-« anges, armées » : Les cieux sont peuplés d’êtres rationnels en grand nombre, dont certains sont « envoyés » pour une « mission spéciale » auprès des hommes. Jean a eu la vision de ces myriades de myriades d’anges, vision qu’il a racontée dans le ch. 5/1-14 de l’Apocalypse. Le mot « armées » n’a pas le caractère militaire qu’il a pris en raison du péché des hommes et de leur fureur homicide: il a seulement le sens de « multitude ». Et de fait l’Univers est peuplé d’une multitude d’êtres divers et merveilleux « dignes d’étude et d’amour » (Ps.111(hb) /12).
-« astres de lumière. » : nous trouvons ici le mot « étoile » : QOQaB. La racine du mot hébreu signifie : « rond » et « chaud ou brillant ». Ce qui correspond à la réalité, puisque nous sommes bien assurés aujourd’hui que les étoiles sont des soleils, dont un grand nombre sont beaucoup plus puissantes que le Soleil. Déneb par exemple a un éclat intrinsèque (magnitude absolue) équivalent à 260 000 soleils. Elle brille comme une étoile de première grandeur, sa distance est supérieure à 3000 AL. Naos, dans la Poupe est encore plus puissante que Déneb … On ne peut mieux exprimer l’admiration que tout homme sensé ressent devant de la création, surtout le ciel, que par le chant de l’Ecclésiastique : chapitre 43. Le mot « astre » existe aussi : MaHOR. Soleil se dit : SchèMèSch, et lune : IaRéHa
-« cieux des cieux »: les cieux supérieurement élevés, qui dépassent le domaine des étoiles visibles. Idée de la profondeur. Découverte et identification des galaxies à partir de la fin du 19ème S. Les profondeurs des espaces sont scrutés aujourd’hui jusqu’à plusieurs milliards d’années de lumière.
-« eaux » : la pluie « tombe du ciel », si bien que l’on distingue les eaux d’en bas : la mer, les fleuves etc, et les eaux d’en haut. Toutefois le mot « eaux » employé au pluriel a le sens d’immensité, selon le sentiment qu’on éprouve en contemplant la mer et les océans.
-« loi » : c’est le mot hébreu HoQ qui signifie: « assise solide, fondement inébranlable », d’où le mot « loi » dérivé; loi qui explique les mouvements des astres, et même leur constitution, leur puissance, leur grandeur… Ces lois sont bien connues aujourd’hui. Plus nous les connaissons, plus nous avons de raison de louer et d’adorer la Sainte Trinité, le vrai Dieu créateur et législateur.
L’auteur inspiré de la Sainte Ecriture avait parfaitement l’intuition de cette immensité prodigieuse des cieux: témoin ce passage du Livre de Job ch.9/8 s.
« Dieu seul a déployé les cieux, et foulé les hauteurs de l’immensité, « Il a fait l’Ourse et Orion, les Pléiades et les chambres australes. « Il est l’auteur d’oeuvres grandioses et insondables,
« de merveilles qu’on ne peut compter…
Le psalmiste aurait-il deviné déjà l’expansion de l’Univers, en écrivant: « Par sa parole les cieux ont été faits et par le souffle de sa bouche leur armée » ? (Ps.33/6)
Ainsi, nous comprenons que l’ordonnance de l’Univers est fixée par des lois immuables: ordonnance des cieux déjà connue des Anciens, sauf les énigmes que posaient les « astres errants » = les planètes. L’astronomie moderne a enregistré ces Lois sur des ordinateurs très puissants qui permettent de connaître le ciel non seulement tel qu’il est aujourd’hui, mais tel qu’il fut dans les temps très reculés, bien avant la création de l’homme, et de prévoir ce qu’il sera dans l’avenir aussi lointain que l’on veut, compte tenu de la précision des constantes. La durée de vie et le mouvement propre des étoiles se chiffrent en millions d’années…
Ainsi nous comprenons que les désordres, la morbidité et la mortalité de la créature humaine sont la conséquence nécessaire de sa désobéissance aux Lois de Dieu, qui lui sont spécifiques. Du fait qu’elles ont été transgressées depuis l’origine, nous avons beaucoup de peine à les retrouver et surtout à les mettre en pratique. C’est dans le Royaume du Père, en effet que l’Ordre sera rétabli « sur la terre comme il est établi dans les cieux ». Remarquons en effet, que le mot « ciel », ou « cieux « revient plusieurs fois dans la prière que le Seigneur Jésus nous a proposée:
« Que ton nom (de Père) soit sanctifié sur la terre, comme il est sanctifié dans le ciel; que ton règne s’établisse sur la terre comme il est établi dans le ciel,
que ton bon vouloir soit réalisé sur la terre comme il est réalisé dans le ciel. » (« comme au ciel » se rapporte au trois propositions)
« J’irai au ciel » : on l’a dit et on l’a chanté. De quel ciel s’agit-il ? Le Christ est monté au ciel, et se faisant il a montré que le ciel des astres était associé à notre demeure future. Il est grand en effet ce ciel, et ce n’est pas sans raison. Il est réservé aux Ressuscités et aux Glorifiés qui prennent possession de l’héritage (Eph.1/14,18 et 5/5). « Il y a de nombreuses demeures dans la maison de mon Père, et je vais vous préparer une place » (Jn 14/3-4) Quelles sont ces demeures, sinon d’innombrables planètes ? La Terre, seule parmi tous les astres, fut le lieu choisi pour notre éducation et l’exercice de notre liberté de fils et de filles de Dieu. Cette liberté hélas nous l’avons utilisé à l’envers, d’où la chute, la perte de notre filiation, mais aussi la Rédemption par la venue sur Terre du Fils monogène de Dieu, le Verbe éternel. Seule la Terre est souillée de crimes, le ciel reste intact. N’y seront admis que ceux qui auront opté pour Jésus-Christ.
En raison de l’influence du manichéisme et de la philosophie dualiste introduite dans la théologie et la piété, le « ciel » est devenu un objet d’évasion et de rêve, comme si les réalités terrestres, le monde matériel était méprisable. (voir le mot « monde ») Nous trouvons ce discrédit même dans la liturgie latine: « terrena despiscere et amare caelestia ». Il ne faut pas déprécier – désacraliser même – les réalités terrestres qui sont le fait de la création parfaitement bonne de la Sainte Trinité (Voir le mot « bon »), la chair humaine étant son chef d’oeuvre achevé (voir le mot « corps »). Mais il faut discerner clairement le péché qui a profondément altéré la chair humaine et provoqué la mort et la corruption. (Voir les mots « encratisme », et « Rédemption. »).
*Voir sur ce point le livre très remarquable de l’abbé Moreux : « La science mystérieuse des Pharaons. » Les explorations archéologiques en Egypte et en Chaldée montrent en effet que dès le 3ème millénaire avant Jésus-Christ les hommes étaient supérieurement intelligents. Ce qui confirme les premiers chapitres de la Bible. S’il y a une « évolution » elle n’est pas constructive, mais dégradante.
Circoncision
Circoncision : hébreu : MOUL ; grec : περιτομη (péritomè) ; Latin: circumcisio.
ablation du prépuce par une in cision circulaire ( circum, περι) du membre viril.
Le mot hébreu MOUL, ne revient qu’une vingtaine de fois dans l’Ancien Testament, surtout dans le chapitre 17 de la Genèse, lorsque Dieu prescrit ce rite à Abraham, comme signe de son Alliance. Voici quelques références : Gen.21/4; Ex.12/44; Jos.5/2-7; Jr.9/24…
Mais le mot grec, dans le Nouveau Testament, revient plus souvent, car, effectivement, ce fut le problème de l’Eglise apostolique : « Faut-il maintenir le rite de la circoncision pour les gentils qui acceptent la Foi en Jésus-Christ ? » Problème fondamental dont Paul présente la solution dans les épîtres aux Galates et aux Romains.
Il n’est pas inutile d’étudier ce vocable – qui paraît dérisoire à certains théologiens d’aujourd’hui: « Coutumes surannées du peuple Juif… » -Mais en réalité, aujourd’hui encore, les Juifs et les Musulmans – combien de millions d’hommes ? – pratiquent rigoureusement ce rite qu’ils considèrent comme un article « de foi » de leur religion. En outre, le Seigneur Jésus le dit lui-même, « la circoncision ne remonte pas à Moïse, mais à Abraham et aux Pères » (Jn.7/22-23). Son antiquité et son institution divine gardent une très grande valeur d’enseignement.
En effet, il faut se reporter au ch.17 de la Genèse, dans lequel Abraham reçoit avec une extrême précision, l’ordre formel de pratiquer la circoncision sur tous les mâles de sa famille et de sa maison. Et Dieu lui-même donne le sens de cette coutume qui va durer jusqu’à nos jours. Il dit en effet à Abraham:
« Je suis El Shaddaï : marche devant ma face et sois parfait. J’établis mon alliance entre moi et toi: et je te ferai beaucoup grandir…. Et voici mon alliance entre moi et vous, c’est-à-dire ta race après toi: tous vos mâles seront circoncis. »
Il faut bien comprendre, par le contexte historique, quel est le sens de cette « alliance », car, de fait, on ne voit pas bien pourquoi une opération chirurgicale bénigne, peut établir une alliance entre Dieu et sa créature rationnelle. – Il est vrai que la circoncision est une disposition hygiénique de propreté, puisque l’on a constaté que les femmes dont le mari est circoncis ne contractent pas de cancer à la matrice. Abraham, en effet, ne reçoit pas l’alliance à son départ de Haran, mais beaucoup plus tard, après la bénédiction qu’il reçut de Melchisédech, (Gen.14/13) et surtout après qu’il eut posé son acte de foi en la promesse de Yahvé: « Celui qui sortira de tes entrailles (des entrailles de Sarah, son épouse légitime) sera ton héritier… Regarde le ciel et compte les étoiles : telle sera ta postérité. « Et Abraham crut en Yahvé qui le lui compta comme justice ». (Gen 15/1-6).
Il faut comprendre ceci: « Melchisédech était prêtre du Très-Haut », et « il n’avait ni père, ni mère, ni postérité », (Cen 14/18-20) expliqué dans l’Epître aux Hébreux : chapitres 5-7. Il apparaît que l’essence de son Sacerdoce consistait en ceci: il avait renoncé à la génération charnelle, ayant vu, selon les antiques traditions remontant aux premiers patriarches, quelle était la pensée première et immuable de Dieu sur la génération humaine. Lors de sa rencontre avec Abraham, il eut le temps de l’instruire de cette Pensée initial e de Dieu. Ce qui explique que la foi d’Abraham n’était pas une simple intuition personnelle, mais une véritable instruction théologique et sacerdotale, qu’il avait recueillie dans la bénédiction que lui donna Melchisédech. Il faut penser en effet que la rencontre de ces deux hommes leur a permis de dialoguer assez longuement pour avoir une idée très précise de cette bénédiction sanctionnée par un sacrifice pacifique de pain et de vin.
Toutefois « après avoir été justifié par sa foi » en la paternité directe de Yahvé, Abraham se laisse séduire par Sarah, sa femme stérile, qui veut avoir un fils par une « mère porteuse » : Agar sa servante. Abraham consent à cette idée, il rend Agar féconde, et Ismaël est engendré. Le foyer d’Abraham est assombri lourdement par la jalousie des deux femmes. Dieu se tait. Treize ans se passent … Abraham entend à nouveau sa parole, la même promesse : « C’est moi qui te donnerai un fils… » lui dit Yahvé (17/16), et c’est alors que le rite de la circoncision est institué par Dieu lui- même. On comprend alors le sens de ce rite : il signifie qu’Abraham ne devra plus désormais essayer d’avoir un fils par l’accouplement charnel. Dieu, évidemment sait qu’il ne sera ni compris, ni obéi, mais au moins cette « circoncision » et les lois qui l’accompagneront, maintiendront le peuple d’Israël dans un certain « ordre » patriarcal et familial.
En effet, Moïse lui-même apprendra de sa femme Séphora – qui n’est pas juive, ce qui est très curieux – qu’il y a un danger de mort à ne pas pratiquer fidèlement ce rite de la circoncision. (Ex. Ch. 4)
Beaucoup plus tard, lorsque les Juifs arrivent à la frontière de leur Terre Promise : Gilgal, après la longue marche dans le désert, on opère une importante cérémonie: la circoncision de tous ceux qui n’avaient pu être circoncis depuis la sortie d’Egypte. (Jos. 5/ 3 s.) Cette cérémonie se fait sur un ordre exprès de Yahvé qui s’adresse à Josué, tout comme il s’était adressé à Abraham, puis à Moïse. Lorsque tous sont circoncis, on célèbre dignement la Pâque. Voici donc les deux rites fondamentaux qui assureront la survivance et l’identité du peuple Juif: la circoncision et la Pâque, c’est-à-dire le mémorial d’Abraham et de Moïse.
Il est donc évident que les Juifs et les Musulmans qui pratiquent la circoncision, la comprennent exactement à l’envers, comme si elle était une autorisation d’avoir des familles charnelles, alors que, de soi, ce rite est une sorte de castration figurative. Il en fut de même des chrétiens qui, malgré la sévère argumentation de Saint Pierre (1a Pe.1/12) et de Saint Paul (v.g. Gal.6/7-8), malgré les promesses de leur Baptême, ont continué à engendrer selon la chair, pour en récolter les douleurs de l’enfantement, la mort et autres malédictions portées sur la transgression originelle.(v.g. Genèse ch. 3). Sauf les « consacrés » qui ont accepté cette castration « spirituelle » en signe de leur renoncement à la voie charnelle.
Saint Paul, dans l’Epître aux Romains, ch. 4 met en évidence la foi qui justifia Abraham, foi dont la circoncision était le signe et le mémorial. « La circoncision, dit- il est le sceau de la justice (on pourrait dire la justesse) de la foi ». Voir également le Cantique de Zacharie, qui cite expressément Abraham: « Serment juré à notre père Abraham… » Luc 1/70, et Marie dans son Magnificat, Luc 1/56 : »…promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa postérité » : textes qui attestent que la génération sainte du Christ est conforme à la foi d’Abraham en la paternité directe de Dieu.
La circoncision des Gentils qui entraient dans l’Eglise fut vivement discutée au premier Concile oecuménique, celui de Jérusalem, dont l’histoire – inquiétante – est rapportée dans le ch. 15 des Actes des Apôtres. La question posée est simple : »Faut-il circoncire les Gentils qui croient en Jésus-Christ et veulent devenir chrétiens ? » Oui ou non ?… Grandes discussions, dont nous voudrions avoir l’enregistrement sonore, ou tout au moins lire des textes significatifs… Car, manifestement c’est Pierre qui a tranché la question d’autorité : « Non ! les païens qui croient en Jésus-Christ ne seront pas obligés à la circoncision… » Toutefois ils pouvaient l’accepter, s’ils le voulaient, comme Timothée qui fut circoncis par Paul, lequel cependant, avec Barnabé, avait plaidé contre la circoncision des Gentils (Act.16/3).
En fait, il faut comprendre qu’il y a deux circoncisions:
-
– celle de Moïse, donnée aux juifs, et qui leur assurait la bénédiction sur leur
race.
-
– et celle d’Abraham, « notre père à tous » (Juifs et Chrétiens), qui lui fut donnée
en raison de sa Foi.
Les chrétiens n’ont pas à recevoir la circoncision de Moïse, qui tolérait lagénération charnelle, mais celle d’Abraham qui dénonce cette même génération, en vue de la paternité de Dieu. Désormais, par une alliance virginale et eucharistique, ils doivent imiter la Sainte Famille. Hélas ! lors du concile de Jérusalem, Saint Pierre n’a rien expliqué, et la leçon n’a pu être comprise, d’où les désordres innombrables qui ont suivis.
Dans son épître aux Galates, Paul lutte désespérément contre les Judaïsants (chrétiens d’origine juive) qui veulent imposer la circoncision aux chrétiens venus de la gentilité… alors qu’il est lui-même circoncis, et fier de l’être (Phil.3/8) : »moi, circoncis le huitième jour ». L’indignation véhémente de Paul vient de ce que ses chrétiens, ses « fils dans la foi », trompés par les Judaïsants, voient dans le rite de la circoncision une permission de revenir à la génération charnelle. Quoi ! retourner sous l’esclavage de Satan, alors que, dans le baptême, ils « ont renoncé à ses pompes et ses oeuvres ! » -c’est-à-dire à la séduction qu’Eve subit: « Pour devenir mère, pourquoi ne pas imiter les animaux des champs, les biches des forêts ? »- Ne voyez- vous pas que, par le Baptême, vos corps sont les Temples du Saint-Esprit ? Oui, cet Esprit Créateur par lequel Marie dans sa virginité glorieuse, a conçu le Christ, le vrai « Fils de l’homme » ?
De fait, pourquoi tant d’argumentations indignées qui restèrent sans effet ?.. Pour les Galates et les Romains, Paul insiste sur l’histoire d’Abraham, avec ses deux femmes Agar et Sarah ? Ne suffisait-il pas de dire: « Imitez donc les saints géniteurs du Christ, Joseph et Marie ! « N’est-ce pas Marie qui mit l’ange à l’épreuve en lui proposant la barrière de sa virginité ? « Comment, ange de Dieu, cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas l’homme ? » Il est vrai que, plus tard, à Timothée, il précisera que l’Evêque, « homme d’une seule femme », doit se conformer au « Mystère de la piété »….
Nous avons, dans l’Evangile de Saint Thomas, une parole de Jésus très significative sur la circoncision. La voici:
« Les disciples lui disent: « La circoncision est-elle utile ou non ? – Il leur dit: « Si elle était utile leur père les engendrerait de leur mère (tout) circoncis. Mais (seule) la circoncision dans l’esprit donne tout le profit ». (Trad. Jean Dorèse). (Logion 53)
C’est la virginité de la femme qui est dans la nature. La « circoncision dans l’esprit » = le sens de la circoncision. Il suffit de comprendre, en effet, que l’Alliance dont elle était le signe relevait non pas de la seule circoncision corporelle d’Abraham, mais de sa foi en la génération sainte d’Isaac, qui était « de l’Esprit ». (Gal. 4/ 29).
(Voir le livre de Melle Marie-Pierre Morel sur les Actes des Apôtres:
« Ce qui a manqué »).
Cœur
Cœur hébreu : LéB ; grec : καρδια (cardia) Latin : Cor, cordis.
Nous pensons aujourd’hui , en prononçant le mot « cœur », à l’organe qui assure, avec une régularité et une puissance admirables, la circulation du sang dans l’organisme. Je ne sais si certains médecins ou sages de l’antiquité aient eu une intuition de cette merveille anatomique et physiologique, qui assure la vie de tous les animaux supérieurs, et de l’homme. La fréquence des pulsations du coeur est inversement proportionnelle à la grandeur de l’animal: c’est ainsi que les oiseaux et les petits mammifères, ont un coeur qui bat avec une fréquence très grande, tout à fait surprenante.
Certes les anciens savaient que la vie était suspendue aux pulsations du cœur: ils savaient qu’une blessure au cœur était mortelle, puisque le soldat romain d’un coup de lance adroitement dirigé atteignit le Cœur du Christ. (Jn.19/31-37). Jérémie sent les pulsations précipitées de son cœur (Jr.4/19) et le cœur du léviathan (monstre marin) est « dur comme le roc ». (Job.41/16)
La plupart du temps, dans l’Ecriture, ce mot désigne, d’une manière générale, l’intériorité du corps sans préciser l’identité des organes que nous connaissons aujourd’hui, avec leur rôle déterminé pour assurer la continuité de la vie. Cette intériorité corporelle est ainsi le siège de la santé et de la force : Gen.18/5, Ps. 104/15, I Sam. 25/3s. et aussi des sentiments, de l’affectivité, des désirs, des intentions : Ex. 15/8; Prov.23/34; Ps. 46/3, Ps.84/3, 73/26; Deut. 7/17,18/14, Is.47/8, Jer. 5/24, Ps. 4/5.
L’intelligence du coeur: Deut 29/3, Ex. 31/5, 35/10; Pr. ch.10; Ps. 33/21,Ez. 36/5. Coeur: piété envers Dieu, affection pour le prochain : Gen 6/5; Deut. 5/29, 8/2, Ps. 119/7, 24/4. … et beaucoup d’autres passages.
Le texte hébreu le plus important est évidemment le « Shema Israël » (Deut. 6/ 4) :
« Ecoute Israël… Tu aimeras Yahvé ton Dieu de tout ton cœur, de toutes tes forces… »
Commandement repris et précisé dans l’Evangile : Mt. 22/37, et textes parallèles. L’amour de Dieu et aussi l’amour du prochain, avec la merveilleuse parabole du « bon samaritain » : Lc. ch. 10/25-36.
Cette racine hébraïque, si ancienne, rejoint très bien ce que nous disons familièrement encore dans notre langue : »Jouer cœur… » « Je t’aime de tout mon cœur »; ou encore » savoir par cœur » ce qui ne signifie pas par simple mémoire, mais en ayant bien compris et goûté ce que l’on a appris.
Toutefois « l’attrait du cœur » ne suffit pas: il faut ajouter la vertu de prudence: comme l’indique le Seigneur: « Soyez simples comme des colombes et prudents comme des serpents ». C’est pourquoi un excès de générosité, sans discernement, peut entraîner des désastres: tels furent ceux des guerres horribles du 20ème siècle où des millions d’hommes ont risqué et perdu leur vie pour « l’amour de la patrie », « l’honneur du drapeau », dans la soumission servile à des lois et à des ordres diaboliques, tout à fait contraires aux commandements de Dieu. De même la mise en garde contre les faux prophètes, Mt. 7/15 s. « qui viennent à vous couverts de peaux de brebis, mais qui sont au dedans des loups rapaces. »
« La bouche parle de la surabondance du coeur… » Rendez votre coeur bon et vos paroles seront bonnes. Voyez la transformation psychologique que Notre Seigneur demande Mt. 13/29 s. : parabole du bon grain et de l’ivraie. Voyez aussi Mc 7/17-23.
La dévotion au Sacré-Coeur, a soutenu l’Eglise, la suite des Apparitions du Christ à Sainte Marguerite Marie: « Voici ce coeur qui a tant aimé les hommes et qui en est si peu aimé… » a rectifié la piété chrétienne qui s’était endurcie sous la théologie augustinienne et janséniste. Les protestants sont restés étrangers à cette rénovation de la Foi Apostolique. Voir le coeur de Saint Paul dans sa sollicitude pour ses Eglises (Epîtres aux Thessaloniciens). Toutefois l’Eglise n’a pas tenu compte de la « dévotion au Chef Sacré, demandée par le Christ à Teresa Higginson. (Fin du 19è.S.). De ce fait l’orgueil intellectuel favorisé par les « réussites »(!) de la science et de la technique a privé beaucoup de chrétiens des richesses de la Vérité divine surtout Evangélique. Ainsi la dévotion au Sacré Coeur de Jésus aurait dû s’enrichir de la dévotion au Chef-Sacré. En effet, il faut le coeur et le cerveau, l’amour et l’intelligence pour que la personne humaine réalise « la plénitude du Christ » et même « la plénitude de Dieu » (Eph. ch. 3), et obtienne aussi la pleine Rédemption.
En 1940, alors que la guerre la plus horrible ravageait et tentait d’anéantir l’antique chrétienté, Pie XII a institué, à la suite des apparitions de Fatima, la fête du « Coeur immaculé de Marie ». En effet, nous avons toujours sa promesse, à la suite des prophéties terribles venues du ciel – dont beaucoup sont déjà réalisées* – « A la fin, mon coeur immaculé triomphera ». Or le coeur de la bienheureuse Vierge, en raison de sa conception immaculée, n’a jamais été touché ni par la peur, ni par la honte, ni par aucun des complexes ténébreux qui découlent de la faute originelle. Il nous est donné par grâce et par la médiation de la bienheureuse Vierge, de récupérer ce que nous avons perdu, aussi bien par le péché originel que par la contagion morbide de ce monde, « soumis à l’empire du Mauvais » (Ia Jn.5/19)
A vrai dire « l’amour rend intelligent, » mais « on ne peut aimer que ce que l’on connaît déjà. » « Nil volitum nisi praecognitum ». L’amour de Dieu conduit à l’intelligence de la Révélation divine, et par la grâce des Sacrements, il est possible à l’homme déchu de se récupérer et de courir à la conquête de la vie (Hb 7/15-16) à l’accomplissement de la promesse. (Jn.8/51)
Les mots cœur, cor, καρδια dérivent tous d’une même racine indoeuropéenne : « K’erd ». Même racine pour l’anglais: heart, l’allemand: herz, le russe: sierdse…
*Voyez tout particulièrement sur ce point la révélation donnée par la Vierge de la Salette à Mélanie. Ce « secret » qu’elle reçut de la Mère du Christ a été volontairement disqualifié… Voyez notre livre « Apocalypse de Notre Dame ».
Colère
Colère hébreu : HaPh ; grec : οργη (orguè) ; Latin : ira,-ae.
L’expression « la colère de Dieu » ne se supporte guère aujourd’hui, car la décadence de la théologie moderniste a transformé l’idée de Dieu Législateur, Maître et Juge suprême, en un bon papa débonnaire à l’image du « bon roi Dagobert ». Il n’en était pas de même au temps de Pie XI, qui dans sa magnifique Encyclique pour instaurer la fête du Christ-Roi, (« Quas primas » : 11 Dec. 1925) explique très bien que le Fils de Dieu fait homme a, de plein droit, les trois pouvoirs: « législatif, judiciaire et exécutif », donc qu’il pourra distribuer des « châtiments (voir ce mot) auxquels personne ne pourra échapper ». (Texte lu et chanté au Bréviaire romain pour la fête du Christ-Roi, le dernier dimanche d’Octobre.)
Le mot français « colère » vient du grec χολερα (cholera) qui lui-même dérive soit de χολη = la bile, le fiel, ou de χολασ = les intestins. Le choléra attaque les intestins et la colère est considérée comme un échauffement de la bile. Le mot grec οργη semble venir de εργον = travail, ici agitation intérieure, trouble de l’âme. L’origine du mot latin ira est mal connue. Il a donné « ire » en français. « Dies irae » = le jour de la colère.
Voici le psaume de Moïse (90 hb. 89 vulg.) qui, en quelques mots, donne la parfaite explication des malheurs et des détresses dont souffre l’humanité tout au long de l’histoire, en raison de la « colère » de Dieu. Je donne quelques explications supplémentaires pour les mots en italique.
(Traduction du Père Joseph Gelineau)
Seigneur tu es pour nous d’âge en âge un refuge, Avant que les montagnes fussent nées,
Enfantés la terre et le monde,
De toujours à toujours, tu es Dieu.
Tu fais revenir le mortel à la poussière
Et tu diras : »Revenez, fils d’Adam »,
Car mille ans sont à tes yeux comme un jour, Comme hier, comme une veille de la nuit.
Par ta colère (APh) nous sommes consumés, Et, par ta fureur (HéMaH), épouvantés,
Tu as mis nos torts devant toi,
Nos secrets sous l’éclat de ta face.
Sous ton courroux (HèBeRaH) tous nos jours déclinent, Nous consommons nos années comme un soupir;
Le temps de nos années ? Soixante ans,
Quatre-vingts pour les plus vigoureux;
Mais le grand nombre n’est que peine et mécompte, Elles s’écoulent, et nous nous envolons…
Qui aura su la force de ta colère, (APh)
Et craint la véhémence de ton courroux ? (HèBeRaH)
Fais-nous savoir comment compter nos jours, Que nous venions de coeur à la sagesse . Reviens Seigneur, jusques à quand ?
Prends en pitié tes serviteurs.
Rassasie-nous de ton amour au matin,
Nous vivrons dans la joie et les chants: Rends-nous en joie les jours de châtiment,
Et les années où nous connûmes le malheur !
Paraisse ton oeuvre en tes serviteurs, Brille ta splendeur sur leurs enfants ! La douceur du Seigneur soit sur nous, Confirme l’ouvrage de nos mains.
Dans ce psaume 90 (hb) les mots « colère, fureur, courroux », reviennent plusieurs fois, pour exprimer l’indignation du Créateur qui avait tout si bien disposé dans la nature sortie de ses mains, pour le plein bonheur de sa créature de prédilection: le couple humain, son image et ressemblance. Comme un père de famille, Dieu s’indigne à juste titre de la désobéissance de ses enfants. S’il restait indifférent, il n’aurait aucun amour pour eux.
Le premier HaPh = colère, c’est l’idée de l’animal qui crache de ses naseaux; d’où pester, s’énerver, rougir de colère… le second HéMaH = rage, fureur ; c’est l’animal enragé, furieux, ou l’ivrogne incontrôlable. Le troisième HèBeRaH = courroux, c’est le fleuve qui déborde, le courant d’eau qui déferle; emportement, débordement…
Notons aussi le mot KèTsèPh = courroux d’indignation, de déception, de dégoût (Ps.38/2)
Les mots en italique :
– « mortel » : ce sont les grecs qui nommaient l’homme « le mortel » » βρωτοσ » par opposition aux « immortels » c’est-à-dire les dieux de l’Olympe. Le texte hébreu, ni le texte des Septante, ne portent « mortel », mais seulement « l’homme », selon le vocable habituel « isch ».
– « revenir » : la sentence de Gen.3/19 : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière » sanctionne le péché originel = de génération.
– « poussière » : le mot hébreu DeKA ne signifie pas « poussière », mais « humiliation, dépression. » Il désigne exactement la confusion amère que provoque la pensée de la mort. Confusion qu’en général les hommes repoussent par le divertissement. (Voir Blaise Pascal)
– « revenez » : c’est déjà une espérance en la résurrection. Ce qu’indique clairement la version des Septante par le mot « Επιστεφετε » qui signifie « retournez-vous en montant au-dessus », nous dirions: « sortez du trou ! »
– « soupir » : verset célèbre pour sa difficulté. Le grec des Septante porte ici le mot araignée « αραχνην » avec le verbe « μελεταω » qui signifie « s’exercer avec peine, se tracasser », d’où l’idée d’avoir travaillé intensément, comme l’araignée, en pure perte, en faisant un travail fragile et inutile.
– « compter » = « faire le compte de », « en fin de compte », d’où « apprécier en faisant un bilan ».
On observera que la profession de foi en cette « colère » de Dieu ne conduit pas au désespoir, mais tout au contraire: elle donne la véritable explication rationnelle du problème du mal.
Lorsque Paul, dans son épître aux Romains, trace un tableau rapide, mais presque scandaleux par son réalisme, de la dépravation des hommes qui ont « souillé leur chair », il reprend cette même idée de la « colère de Dieu » : (Rom.1/18). En effet, après avoir énoncé le principe du Salut: « la justification de la personne humaine par la foi », (Rom.1/17) il invite aussitôt son lecteur à comprendre que tous les maux et les désordres dont souffre l’humanité sont la preuve évidente de la colère de Dieu.
Ce psaume 90 est le seul qui soit attribué explicitement à Moïse, législateur du peuple d’Israël qui a survécu pendant treize siècles, jusqu’à ce que « la foi vienne dans le monde » (Gal. ch. 3 fin, et 4 début), c’est-à-dire la Sainte Famille, Joseph et Marie qui furent enfin les « adorateurs en Esprit et en Vérité que le Père recherche ». Jn.4/ 23-24
Or, dans ce psaume – si précieux – de Moïse, on remarque qu’il ne fait aucune allusion, même indirecte, aux lois positives dont il est l’auteur: Décalogue, lois des sacrifices, circoncision, fêtes: Pâque, Tabernacles, etc… Mais il se rapporte uniquement à la Loi première et universelle transgressée par Adam et Eve dès le paradis terrestre: à savoir la disposition virginale du corps de la femme qui n’est pas une institution humaine, mais la disposition anatomique universelle. C’est donc bien sur la génération « adultère et pécheresse » que porte la colère, l’indignation de Dieu, qui se traduit, tout simplement, par la peine de mort, universelle aussi, dont le Créateur très sage avait menacé sa créature rationnelle. (Voyez Gen. Ch.2 et 3). « Génération adultère et pécheresse, jusqu’à quand vous supporterai-je ? » dit Jésus au père de famille qui lui amène son fils épileptique. (Mt.17/17)
Le mot « colère », (ou ses synonymes) se retrouve assez fréquemment dans toute l’Ecriture, voyez par exemple ces quelques références: Pr.11/22 ; Job 27/3, 40/24, 26 ; Gen.24/47 : Ez.8/17, 16/12… Os. 7/ 5 ; Dt 32/24 ; Ps.58/5 ; Ez. 3/14, Za.8/2 …Nu.32/21 ; Gen. 31/21; Is. 47/2 …
L’Evangile publique commence par la parole de Saint Jean-Baptiste: « Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir. Faites donc de dignes fruits de pénitence. » (Lc. 3/1, Mt.3/7s). Et Saint Jean: « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu reste suspendue sur lui. (Jn. 3/36). L’homme depuis la faute originelle est sous le signe de la colère. Il ne retrouvera la faveur (ευδοκια) de Dieu que par la vraie pénitence et la foi exacte.
Commandement
Commandement. Hébreu : MiTseVaH (verbe TseVeH);
grec : εντολη (èntolè) ; latin : mandatum
Dans le précieux dépôt de la Révélation divine (1 Tim 6/20 ; 2 Tim. 1/12,14) cette notion « commandement » fut toujours mal comprise: les lois conventionnelles et coercitives que se sont données les hommes déchus dans leurs diverses « sociétés », « tribus », « états » et surtout systèmes policiers ou militaires, n’ont absolument rien de commun avec les vrais commandements de Dieu. Le régime des « rois très chrétiens » depuis le « baptême de Clovis » – et auparavant l’Etat constantinien – a créé une redoutable confusion: car la volonté ou les caprices de l’autorité « civile » se sont habillés d’un absolutisme quasi divin, au nom duquel des foules de gens furent conduits au génocide généralisé. On a chanté en effet solennellement, aussi bien dans les églises que dans les casernes : « Catholique et français toujours… » en armant les fusils de baïonnettes. La « fille aînée de l’Eglise » a chanté, même dans les écoles maternelles : »Aux armes, citoyens…. qu’un sang impur abreuve nos sillons. »
Que devient dans de telles conditions la notion du commandement ? Qui a le droit de commander ? Le roi ? L’empereur ? Le président de la république ? Et lorsque les millions de morts immolés sur les champs de bataille ressusciteront pour le dernier jugement quel sera leur avis sur la loi républicaine du service militaire obligatoire ?
Il est donc urgent et nécessaire de retrouver la notion de l’ordonnance divine véritable proposée à la créature humaine: image et ressemblance de la Sainte Trinité. On peut le faire, en examinant avec soin l’étymologie et les racines hébraïques des mots que les traducteurs ont rendu par: commandement, loi, préceptes, ordonnance, ordres, jugement… etc. Commençons par le commencement:
L’Unique Commandement :
Genèse 2/16 : « Et Yahvé-Dieu commanda (TseVeH) à Adam: « Mange de tous les arbres du jardin – ordre positif – mais ne mange pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras tu mourras de mort » – interdiction. Voici en une seule phrase formulé l’unique commandement que Dieu donna à l’homme au principe du monde. Il n’y en a pas d’autre. Le verbe hébreu signifie prescrire, comme un médecin qui prescrit un remède, une ordonnance. Employé au Piel comme ici, il renforce l’idée : prescrire absolument, avec insistance, d’autorité, d’où ordonner, commander. Et l’ordre est ici vital !
Hélas ! Adam n’a pas suivi l’ordre de son Créateur et Législateur. Il a « croqué la pomme », et il est mort, lui et ses descendants après lui, comme les animaux. Adam créé à la ressemblance de Dieu est devenu une espèce animale, ayant choisi de se reproduire comme les mammifères supérieurs, sans égard pour la virginité naturelle de la femme.
Rappelons ici l’avertissement du livre des Proverbes 19/16 :
« Celui qui garde LE commandement garde sa vie,
Celui qui n’est pas attentif à sa voie mourra »
Que le Seigneur reprendra ainsi :
« En vérité, en vérité, je vous le dis: celui qui garde MA parole ne verra jamais la mort »
LE commandement de la Loi
Alors que faire ? Essayer de réparer, comme on dit, les « pots cassés ». Prescrire une « médication » pour tâcher vaille que vaille de « recoller les morceaux ». Ce qui ne rendra pas au vase brisé sa parure première. Rappeler d’abord et avant tout LE commandement fondamental qui coulait de source au Paradis Terrestre, mais que l’homme déchu doit entendre s’il veut retrouver l’alliance avec son Créateur. Le voici tel qu’il est rapporté au chapitre 6 du Deutéronome qui commence par ces mots:
« Voici LE commandement… et au verset 4 : Ecoute Israël: Yahvé notre Dieu est seul Yahvé. Tu aimeras Yahvé ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toutes tes forces. Et ces paroles que je te prescris aujourd’hui seront dans ton coeur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les attacheras sur ta main comme signe, et elles seront comme un frontal entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. »
LE commandement : MiTseVaH (au singulier dans le texte). C’est l’idée d’une recommandation instante, bien signifiée par la suite du texte. Dieu ne saurait trop insister sur ce point. Et plus loin « que je te prescris » (verbe TseVeH) En humiliant l’Esprit-Saint par sa conduite animale, l’homme charnel a perdu jusqu’au sens de l’Amour: carence très grave, que l’histoire hélas n’a que trop démontrée ! Jésus rappellera ce commandement et dira: « C’est le plus grand et le premier commandement (de la Loi). » Et il ajoute : « Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. En ces deux commandements tient toute la loi, et les prophètes ». (Mt.22/36/40) Le commandement de l’amour du prochain est spécifié au livre du lévitique ch.19/18. En cassant l’amour par la faute originelle, l’homme a tout perdu. En retrouvant l’amour du commencement, il peut se sauver.
Les 10 Commandements
Tout au long de la législation mosaïque, pour réveiller et réformer la conscience et
la conduite de l’homme déchu, Dieu va promulguer des lois et des préceptes, à commencer
par les « Dix Commandements », les « Dix Paroles » dit-on en hébreu que Moïse reçut sur le
Sinaï (Ex.20 et Dt.5). DaBaR = parole. (voyez Ex.34/28, Dt.4/13 et 10/4). Quiconque se range sous ses « Dix Paroles » éprouve une certaine joie de vivre, s’il ne peut encore prétendre à la vie impérissable. Elles sont le fondement de toute société et de toute civilisation*. Dieu veut empêcher autant que possible la dégradation affolante de la chair humaine.
Les commandements de l’Ancien Testament
La meilleure méthode pour la compréhension de ce mot et de ses synonymes, consiste à les étudier dans leur contexte littéraire et liturgique. Lisons pour cela le psaume 118 (hb. 119), où l’auteur sacré (Peut-être Moïse lui-même ?… peut-être un sage égyptien de l’école de Ptahotep ?… au temps des plus anciennes dynasties ?…) exprime son ardent désir de rejoindre exactement la pensée du Créateur. Les maîtres spirituels chrétiens, au cours des âges, ont toujours vénéré avec la plus grande estime ce texte alphabétique dont les Hébreux fredonnaient les strophes de 8 versets en faisant glisser leurs pouces sur les autres doigts de leurs mains.
La Sainte Liturgie catholique le réserve au Dimanche et aux grandes fêtes. Il est chanté avec le déroulement des heures du jour, de sorte que la piété est guidée précieusement par la correspondance entre l’ordonnance des lois de la nature, et celles qui guident la créature humaine dans le droit chemin de son salut.
Nous suivons l’ordre du Psaume, (traduction du Père Joseph Gelineau.). Il suffira de dérouler la première strophe pour saisir au passage tous les synonymes du mot « commandement ».
1- « Heureux impeccables dans leur voie, ceux qui marchent dans la loi de Dieu ».
Promesse de bonheur (voir ce mot) tout comme le Psaume I, et les Béatitudes de l’Evangile. L’homme heureux est un marcheur.
– impeccables : Le vocable hébreu : TaM = être parfait, intégrité, perfection ; TaMaH : « être stupéfié d’admiration » (Zor. P.900) exprime l’idée de perfection, absence de tout défaut, comme devaient l’être les animaux offerts en sacrifice. Latin « Immaculati » = sans tache, Grec: « αμωμοι » = sans reproche. Lorsqu’Abraham eut 99 ans, Dieu conclut avec lui et par lui son alliance, (Gen.17) dont la circoncision sera le sceau. Et Dieu lui dit au début de son discours: « Sois parfait et marche devant ma face ».
-voie : Les consonnes du mot hébreu sont les mêmes que le mot français : »Direct, direction » : (DaRaC). Ainsi le mot « voie » ne signifie pas une autoroute, mais seulement une direction à suivre intelligemment pour parvenir au bonheur. Latin : « via » chemin, route, grec : « οδοσ ». Mot que le Seigneur emploie pour se désigner: « Je suis la voie, la vérité, la vie »; Jn. 14/6 : « la voie qui conduit à la vérité par laquelle vous aurez la vie ». Il nous faut suivre cette voie sans dévier, ni tomber.
-loi : mot capital et général : la « ThORaH ». Elle a Dieu pour auteur, selon le refrain qui revient souvent: « Yahvé parla à Moïse et lui dit: « Parle aux enfants d’Israël… » Transmission orale. L’écriture ne sera qu’un aide-mémoire. De fait, tous les sabbats, les Hébreux, à la synagogue, entendaient la lecture de la Loi, de sorte que la plupart d’entre eux la savaient par coeur. Dans son sens le plus étendu le mot « Thorah » désigne tout l’ensemble de la Révélation. Dans son sens plus précis: l’instruction qui commence en principe dans la famille (Pr.6/20 s., 31/26), transmise de père en fils: (Ps.78/1s.) « Les commandements que je te donne aujourd’hui, tu les enseigneras à tes enfants… » Attestée par les prêtres: Deut.17/8s. La « Thorah » est le centre même de la vocation et la mission d’Israël. Les rouleaux de la Thorah sont en place d’honneur dans la synagogue, conservés jalousement, comme le « sacrement », en quelque sorte, de la fidélité du peuple élu, fidélité sur laquelle repose l’espérance du Salut, non pour les Juifs seulement, mais pour l’humanité. Les prophètes prévoient sa durée et son épanouissement dans le Royaume, où tous les peuples se rangeront sous cette Loi. (Is. ch.2 42/21, 51/4; Mi.4/2.) Les psaumes prophétiques du Règne, 95 à 100, annoncent l’accord unanime de tous les peuples enfin unis sous le patronage d’Israël. Tous reconnaissant la Loi du vrai Dieu comme seule authentiquement bonne et valable. Voyez le Ps.66 (hb.67).
– Dieu – Yahvé : Le nom révélé à Moise dans le Buisson ardent, par opposition à tous les dieux de l’Egypte. Nom invoqué dès l’origine: Gen.4/26. mention très importante qui authentifie le dogme de l’Eglise: « L’homme, dès le commencement, fut créé dans un état de Justice et de Sainteté ». Voir la Révélation que Dieu donne à Moïse sur son Nom. (mot « amour »)
2 -« Heureux gardant son témoignage, ceux qui le cherchent de tout coeur… »
-gardant : hébreu: NaTsaR ; Latin : « scrutantur »; grec : du verbe εξερευναω (chercher avec soin, chercher à savoir exactement). Le latin et le grec ont bien traduit. Le vocable hébreu signifie en effet « observer avec attention », ou conserver précieusement, garder en secret comme on veille sur un trésor. Le verbe grec implique un « mystère » à découvrir dans le témoignage de Dieu.
-« témoignage » : hébreu HéDOUTh, mis au pluriel dans le texte ; Latin « testimonia », grec « μαρτυρια »: deux mots au pluriel, comme en hébreu. Vocable fréquent dans la Sainte Ecriture. « Témoignage » dérive du substantif hébreu « assemblée du peuple, réunion » (latin « conventus »), évoquant le tribunal qui décide et sanctionne, avec autorité, après un ensemble de « témoignages ». Le plus grand est évidemment celui de Dieu lui-même. Et, de fait, la Thôrah, la Loi, la Révélation, s’est élaborée et précisée dans les débats souvent contradictoires entre Dieu et son peuple, et c’est le témoignage de Dieu qui a été enregistré pour authentique par le déroulement, le « cours de l’histoire »- dans le sens didactique du « cours » d’un professeur.On a gardé l’expression : « Les leçons de l’histoire… » Voyez, par exemple, le dernier entretien de Jérémie et de Sédécias, et la suite. (Jr.38/16s.). C’est pourquoi il faut étudier et scruter l’histoire : celle d’Israël et celle de l’Eglise, où l’on trouve l’explication rationnelle de la Vérité, qui devient alors incontestable.
-« cherchent » : hébreu DaRaSch ; lat « exquirunt »; grec: « εκζητησουσιν ». Le mot grec traduit le mieux possible la recherche ardente, infatigable que l’homme doit avoir pour découvrir et approfondir la vérité divine, cette vérité, dont Saint Paul dit, (Rom.2/18s.) parlant de ce monde : « En raison de leur injustice les hommes ont tenu la vérité captive… » le mot est très fort : »bâillonnée », « étouffée ». C’est le « conditionnement » de la psychologie et de la conscience, les « habitus », ou les « réflexes conditionnés »: autrefois sous l’empire des idoles, et, de nos jours, sous l’empire du crétinisme, à la fois politique, laïc, impie… Combien de gens, encore aujourd’hui, sont pliés et ont grandi (?) sous le joug du communisme athée, sous la férule de l’Islam , les grimaces du bouddhisme, et toutes sortes de superstitions, et même de rites diaboliques…etc… sans aucune espérance de salut ?… Ce n’est donc que par une recherche ardente, le plus souvent strictement personnelle, que chacun doit obéir à l’appel du Seigneur: « Cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira: qui cherche trouve.. » Et ce logion de l’Evangile de Saint Thomas:
« Celui cherche ne doit pas se lasser de chercher jusqu’à ce qu’il trouve: et quand il aura trouvé, il sera émerveillé, et étant émerveillé il règnera sur l’Univers…(Logion 2) » C’est dire qu’il aura récupéré sa dignité de Fils de Dieu.
3- …et qui, sans commettre le mal, marchent dans ses voies :
Ce verset commence par l’interjection « Ah, certes », (Hb.HaPh) bien rendue en latin : « Non enim qui operantur iniquitatem », et en grec aussi « ου γαρ » ; « certes, ce ne sont pas ceux qui font oeuvre (εργαζομενοι) d’iniquité (ανομιαν) qui ont marché dans ses voies ». (ambulaverunt : parfait du verbe). Le psalmiste parle au passé historique = le prétérit hébreu. Il donne une constatation déduite de l’expérience.
-« mal » : hébreu « RaH » ; latin in-iquitas et grec: α−νομια : deux vocables qui évoquent la distorsion, la « cassure » d’une conduite hasardeuse et chancelante. α−νομια = « absence de règle ».
-« voies », DaRaC au pluriel de « majesté »: il indique la voie excellente. Ce mot revient tout au long de ce psaume (voir verset 1).
4- « Toi tu promulgues tes préceptes à observer entièrement ».
« promulgues » : Hébreu « TseVeH ». C’est le verbe « prescrire » vu plus haut. D’où dérive le substantif « MiTseVaH », et au pluriel « MiTseVôT », très fréquent dans ce psaume et en de nombreux passages de la Bible. En grec « ενετειλω τασ εντολα »σ: le verbe ενετελομαι signifie « recommander », « conseiller avec insistance », « recommandations ». Nous sommes très proches du sens de l’hébreu. En latin : « Tu mandasti mandata tua » : Fr. mander, confier à quelqu’un une recommandation importante.
« préceptes »: Hébreu « PiQOUDIM » du verbe PaQaD, (inspecter, visiter) fréquent dans l’Ecriture, dont le sujet, le plus souvent est Dieu, ou plus rarement un chef, un maître de maison, un maître d’oeuvre, un capitaine de navire: celui qui prend complètement connaissance de la question, en l’examinant soigneusement, et ensuite prend les décisions les meilleures possibles. Voici quelques références : Gen.21/1, 50/24, Jr.32/5, Ps.8/5, 65/16, Is.61/6, Jr.23/2, Is.34/16, Ex.20/5, Amos 3/2. (Zor. p.662-663).
Si on le traduit par « préceptes », il faut comprendre que ce sont des conseils motivés dont il faut saisir le bien-fondé. C’est ainsi qui celui qui doit obéir le fera d’autant plus volontiers qu’il a bien compris les motifs du « commandement ».
« observer » : idée de vigilance, de surveillance, d’attention extrême sur un objet, et ici une parole, une « ordonnance ». hébreu ScheMoR ; Grec φυλαξασθαι moyen de « φυλαξω », que les préceptes « soient pris en considération » pour être enregistrés dans la mémoire et intelligemment gardés. « Entièrement » ou « tout à fait bien. » Dieu ne demande jamais une obéissance servile. Latin : custodiri = être observé.
« entièrement » : hébreu MeHoD , à la perfection, jusqu’au bout. Mot qui revient souvent dans l’Ecriture, souvent mal traduit: ainsi lorsque le psalmiste prie en disant « Ne me délaisse pas entièrement », qu’il faut comprendre : »Ne me délaisse pas du tout ». C’est-à- dire: « Ne cesse pas de m’assister et de me soutenir ». Grec : σφοδρα = fortement, jusqu’au bout. Latin: nimis = beaucoup, très.
5 – « Puissent mes voies se fixer à observer tes volontés ».
« Puissent » : Latin « Utinam » = « Ah si au moins ! » (souhait) qui traduit le grec : « οφελον » = utilité, avantage, profit: « Profit pour moi, mon avantage. » Le texte hébreu est différent. Le premier mot de ce verset AHaLaÏ = « ma tente », rappelle que les Hébreux étaient en marche dans le désert où il est indispensable à la fin d’une étape de dresser la tente, de la fixer solidement. C’est le sens du mot suivant, traduit ici par « fixer », de la racine hébraïque Kén, qui donne le sens du vocable fréquent « Cohen », employé souvent comme nom propre désignant une famille, et qui signifie « prêtre ». Le sacerdoce en effet est comme la fixation inébranlable de la Vérité: le prêtre a pour mission de la maintenir fermement. Dès lors la traduction de ce verset serait : « Ma tente (sur) mon chemin, je la fixe: c’est observer tes volontés ».
« volontés » : C’est le mot « PiQOUDiM », (pluriel) qui revient plus de 20 fois dans ce psaume que l’on traduit en général par « préceptes » rendu ici par « volontés ». Le verbe hébreu PaQaD = « inspecter », « examiner » à suite de quoi on « demande des comptes », et éventuellement on punit, ou on récompense. L’idée de ce verset énigmatique est donc: « A chaque étape sur mon chemin je reste vigilant, attentif à ton inspection ».
Le latin traduit par « justificationes » : « tes justifications »; en suivant le grec: « δικαιωματα ». Nous trouvons ici le mot capital de la théologie paulinienne: ce qui compte pour tout homme c’est d’être « justifié par la foi », c’est-à-dire obtenir la « faveur de Dieu » « ευδοκια »: mot employé par les Anges le jour de Noël : « Gloire à Dieu dans les hauteurs (in excelsis) et paix pour les hommes de la complaisance ». « ευδοκια » = qui ont obtenu par la foi exacte la faveur de Dieu. Et non pas « aux hommes de bonne volonté ».
6 – » Alors je n’aurai nulle honte en revoyant tous tes ordres »
« Je n’aurai nulle honte » : Ce verset s’enchaîne avec le précédent. Latin: « non confundar » : « Je ne serai pas confondu » : « Je ne rougirai pas », puisque je me serai conformé à toutes tes ordonnances ». Nous trouvons le mot concret « rougir » : idée de la honte, que l’innocence originelle écartait : « Ils étaient nus tous deux l’un devant l’autre et ils ne rougissaient pas ». (Gen ch.2 fin).
« ordres » : c’est le mot MiTseVaH.
7- « Je te rendrai grâces en droiture de coeur, instruit de tes (justes) jugements. »
« Je te rendrai grâce » ou « je te louerai » : par la science que j’ai (ou aurai) des jugements de ta justice .
« instruit » – LaMaD, d’où dérive le mot « disciple » = celui qui apprend.
« justes jugements » ou « jugements de justice »: SchèPhèTh = jugement, et TsèDèQ = justice. Nous trouvons ces deux mots très importants toujours retenus aussi bien dans la foi judaïque que dans la foi chrétienne. Dieu exerce sa justice lorsque précisément il donne ses commandements à l’Homme : et ses ordres ne sont pas arbitraires, mais parfaitement adaptés à la créature humaine pour assurer son bonheur et sa vie. L’homme est justifié – reconnu juste – lorsqu’il reçoit les commandements de Dieu et les met en pratique. « C’est la parole que j’ai prononcée qui vous jugera au dernier jour » (Jn.12/48). Et la parole de jugement est déjà donnée au commencement du livre, sous forme d’interrogation (Adam est ainsi appelé à se juger lui-même): « Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais dit: « Tu n’en mangeras pas » ? (Gen.3) C’est pourquoi, si nous sommes instruits de la révélation divine, nous pouvons dès maintenant, et même à chaque instant, « nous juger nous- mêmes »: (1 Cor.11/28) comme Saint Paul l’enseigne. Et Jésus: « Pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste » (Luc.12/57).
8 – « Tes volontés je les veux observer, ne me délaisse pas entièrement ».
« Tes volontés » – HouQaH du verbe HaQaQ : décréter, (idée de la loi écrite). C’est l’idée d’un acte qui correspond parfaitement à la volonté du législateur. « Adaequatio mentis ad rem ». Traduit ici en grec par « δικαιωματα » et en latin par « justificationes » : le mot clé de la destinée de chaque personne, douée, en principe, d’intelligence et de conscience. Il nous faut en effet obtenir la « Justification » aux yeux de Dieu, car celui qui est justifié aux yeux de Dieu réussit pleinement sa destinée par la vie impérissable. (Rom.1/17, Jn.8/51). Tel est bien l’enseignement fondamental de Saint Paul, surtout dans son épître aux Romains. La pensée de Paul a été précisée au concile de Trente par le décret et les canons sur la Justification, ou, au pluriel de majesté, « les justifications », comme le grec a traduit: « δικαιωματα » . Ce mot revient 19 fois dans ce psaume. Pour ce mot hébreu, voir aussi le Ps.81hb/5.
Nous comprenons que les »ordonnances »ou les « commandements » de Dieu ne nous sont pas donnés pour limiter notre liberté ou nous humilier, mais pour assurer au contraire notre plein bonheur, notre parfaite réussite, dans une vraie liberté. Cette réussite serait beaucoup plus facile si nous étions « immaculés dès notre conception », comme le fut la très heureuse Vierge Marie. Il nous faut recevoir une guérison et une réfection, une « Rédemption ». Comprenons bien que les commandements ne sont pas seulement d’ordre social ou moral, mais qu’ils se rapportent à notre nature même, telle qu’elle fut établie dès avant la transgression originelle, et telle qu’elle sera retrouvée dans le Royaume.
Le Nouveau Commandement
C’est celui que promulgua Notre Seigneur au soir de la sainte Cène : (Jn 13/34)
« Je vous donne un commandement nouveau: aimez-vous l’un l’autre; tout comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous l’un l’autre ».
Que l’on peut ré-écrire ci-dessous en grec:
« Εντολην καινην διδωμι υμιν : ινα αγαπατε αλληλουσ, καθωσ ηγαπησα υμασ , ινα και υμεισ αγαπατε αλληλουσ. »
εντολην (èntolèn) = commandement. Du verbe εντελλω = recommander, d’où ordonner, commander. Dans le verbe « recommander » il y a une nuance d’amour, d’attention envers la personne à qui on s’adresse, et c’est bien le sens qui convient ici. Le verbe τελλω signifie accomplir, achever, poursuivre sa course jusqu’au terme. le commandement est donc donné pour mettre sur la voie qui conduit à l’achèvement, à la plénitude. Il est une aide sur la route, un panneau indicateur qu’il convient de suivre.
αγαπατε (agapaté) = aimez-vous, mot très fort, aimer d’amour. D’où le mot « agapes ».
αλληλουσ(allèlous) = d’abord « l’un l’autre », ensuite « les uns les autres ». C’est l’idée de réciprocité.
En quoi est-il « nouveau » ce commandement, car la loi ancienne demandait aussi l’amour fraternel ? C’est la question du docteur de la loi: « Maître quel est le plus grand commandement dans la Loi ? Il lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit. C’est le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même; De ces deux commandements toute la Loi dépend et les prophètes. » (Mt.22/36-40).
Il est « nouveau » ce Commandement de Jésus parce qu’il vise une façon d’aimer que n’a pas connue la loi ancienne, celle qui, plus précisément, touche la relation homme- femme, que traduit bien l’expression « l’un l’autre ». L’homme est appelé à aimer son épouse d’un amour virginal comme est celui du Christ envers son Eglise (Eph.5/25), et aussi d’un amour eucharistique : en cette sainte Cène, il lui donne son corps à manger. « Comme je vous ai aimés… ». Le sceau de l’amour est la virginité, et « ils seront deux en une seule chair »(Mt.19/5), rappelant l’ordonnance primordiale (Gen.2/24). En changeant de génération, en passant de la charnelle à la spirituelle révélée par Jésus-Christ, on renouvelle complètement l’amour humain. (Galates, 6/7-8).
Les lois et les ordonnances ont été nécessaires tant que durait le péché (originel), et que l’amour plein était empêché. Pour éviter que les hommes s’entretuent, les garde-fous ont été indispensables. Mais quand arrive le commandement nouveau de l’Amour compris et vécu, lui seul suffit.
Voyons pour terminer ce qu’écrit St Jean dans sa première épitre: (2/7-8)
Bien-aimés ce n’est pas un commandement (εντολη) nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien, que vous avez reçu dès le début. Ce commandement ancien est la parole que vous avez entendue. Et néanmoins c’est un commandement nouveau que je vous écris. (voyez aussi depuis le verset 3).
Il est nouveau et il est ancien ce commandement, car le commandement du Christ rejoint l’unique commandement donnée à l’homme au principe de l’Ecriture. Citons ici le logion 18 de St Thomas:
« Les disciples dirent à Jésus: « Dis-nous comment sera notre fin. Jésus dit: avez- vous dévoilé le commencement pour que vous me questionniez sur la fin ? Car où est le commencement, là sera la fin. Heureux qui atteindra le commencement ! il connaîtra la fin et ne goûtera pas la mort. »
*Le code d’Hammourabi ainsi que les lois de Solon reproduisent l’essentiel de ces Dix Paroles.
Comprendre
Comprendre hébreu : BÌN, SaCaL, SaBaL
grec : συνιημι (sunièmi) et χωρεω (kôréô)
latin : comprehendo ou comprendo et intellego
Ce verbe en français signifie « saisir, lier, attacher ensemble » – du latin com- prehendere – en usage depuis le XIVè S.- geste de la main, image du mouvement de l’esprit. Comprendre est en effet la fonction principale de l’intelligence, qui juge des rapports et des causes. L’intelligence s’appuie sur la perception et la mémoire. Celui qui ne sait rien comment pourrait-il éveiller et développer son intelligence ? La notion de « compréhension », en français exprime plus particulièrement un achèvement: « j’ai trouvé la solution du problème, et maintenant je comprends ». Et de fait, on va toujours de questions en réponses: c’est pourquoi toute la pédagogie de la Sainte Ecriture consiste justement à proposer des énigmes, des « paraboles » (MaSchaL), pour que « le disciple devienne comme son maître. »
Le verbe latin « intellego », »faire acte d’intelligence, » subsiste en français dans l’adjectif « intelligent ». C’est à partir des XVIIè et XVIIIè S. que les mots « intellect, intelligence… » sont employés: « intus-legere » : lire à l’intérieur »: ne pas s’arrêter aux apparences. Copernic, à ce titre, est celui qui ne s’est pas arrêté aux apparences mais a voulu comprendre le ciel en profondeur: importance de la « Révolution copernicienne ». De même pour toutes les sciences: chimie par exemple: la découverte des « insectiles »(= atomes) postulés par Démocrite… jusqu’à Gassendi.
Le grec « συνιημι » = lancer ensemble, l’un vers l’autre, rassembler, même sens que le latin « comprendo ». « Il leur ouvrit l’esprit pour comprendre les Ecritures » (Luc24/45). L’esprit ou l’intelligence : νοοσ en grec (de la racine γνω = connaître). Un autre verbe est employé dans l’expression du Seigneur: « Que celui qui peut comprendre qu’il comprendre » (Mt.19/12) : χωρεω, verbe qui signifie « prendre du recul, se mettre à l’écart, pour réfléchir, faire silence et réflexion sur ses voies. Le mot vient de χωρα qui signifie campagne, lieu désert.
Trois vocables hébreux peuvent se traduire par « comprendre » :
BÌN très fréquent. Signifie d’abord : discerner. Même consonne que la préposition « entre » (BéÌN) qui indique une distance, une opposition ou une ressemblance entre deux choses. Exemple Gen. 1/4 « Dieu sépara entre la lumière et entre les ténèbres ». Gen. 1/6: « Qu’il y ait une distance entre les eaux d’ en-bas et entre les eaux d’en-haut. » Ou encore l’idée de recul, d’éloignement : comme en Lev. 20/25 : le peuple de Dieu est « mis à part », pour être exempt de souillure. En Mal. 3/18: « Alors vous verrez la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas ». Nb. 17/13: « Aaron se tint entre les morts et les vivants, il fit le rite de l’expiation et la plaie s’arrêta ».
Ainsi la notion de « comprendre », comme en grec et en latin, se rapporte à une « comparaison » entre deux ou plusieurs termes dont il faut saisir les différences et les relations, et faire un discernement. Cette notion se révèle bien dans plusieurs psaumes. Certains hommes sont impies et deviennent méchants : « Parce qu’ils ne comprennent pas les ouvrages du Seigneur.. »(Ps. 28/5). Ce mot se rencontre deux fois dans le ch.9 de Daniel: « Il scrute les Ecritures, pour en avoir l’intelligence… » et au v. 23 c’est l’Ange Gabriel qui lui donne l’intelligence du déroulement des temps dans le célèbre oracle qui annonce les 70 semaines. Le psalmiste reçoit du Seigneur l’instruction dont il a besoin: « Je t’instruirai, je t’apprendrai la route qu’il faut suivre: ne sois pas comme le mulet le cheval sans intelligence… « . BÌNaH = l’intelligence.
Il est vrai que tous les maux de l’humanité proviennent d’un comportement animal : « Ils ne savent pas ce qu’ils font… » Luc.23/34. Ils ne savent pas (οιδασιν), parce qu’ils n’ont pas compris le témoignage que Jésus-Christ a porté devant eux tout au long de sa vie publique comme un Maître qui enseigne : διδασκαλοσ.
Une autre racine hébraïque SaCaL signifie comprendre : considérer, regarder attentivement, examiner avec soin…. Ainsi lorsque Jacob (Israël) bénit les fils de Joseph, il examine l’affaire et conclut que la bénédiction doit tomber non sur l’aîné mais sur le plus jeune, et de fait, il étendra sa main droite qu’il posera sur Ephaïm. (Gen. 48/13-14). Au principe du genre humain, sous la séduction du serpent, Eve considère attentivement « l’arbre de la connaissance (de l’expérience) du bien et du mal »: « Elle vit que l’arbre était bon à manger, agréable à voir, et désirable pour comprendre (SaCal) » (Gen.3/6). Comprendre quoi ? – le problème qui se pose précisément à elle : comment étant vierge et cependant faite pour être mère, va-t-elle concevoir ? A la vue des petits des animaux – agréables à voir – elle pense que la voie génitale des mammifères supérieurs sera la solution à son problème. Elle oublie qu’ainsi elle va perdre sa virginité: elle ne parvient donc pas à résoudre le paradoxe de sa propre nature, l’énigme qui se présente à elle. C’est la Vierge Marie qui comprendra !
Ces deux vocables (BÌN et SaCaL) sont rassemblés dans un seul verset du prophète Isaïe (44/18) lorsqu’il évoque la folie des fabricants d’idoles: « Ils ne connaissent pas, ils ne comprennent pas (BÌN), car à toute vision leurs yeux sont fermés et leur coeur pour ne pas comprendre (SaCaL) ». De même le psaume 94/8 « Soyez donc intelligents, vous qui êtes insensés parmi le peuple ! Et vous les stupides, sachez enfin discerner ». (lire tout le psaume). Ps.119/99 : « Je comprends mieux que tous mes maîtres, car j’ai le discernement de ton témoignage ». En Isaïe, ch.52/13, le Serviteur de Yahvé « par son intelligence supérieure, grandira, dominera, sera comblé de toute grâce et de toute vertu » et cependant (ch.53) : « malgré sa grâce et sa beauté nous ne l’avons pas vu, nous ne l’avons pas aimé… » ! Job. 34/27 : Les impies n’ont pas compris ses voies (de Dieu). Ps.101/3 : « J’avancerai dans la voie des intelligents… » Ps. 41/2 « Heureux celui qui comprend le pauvre et le faible… » etc.
Il est donc évident que le salut et la réussite dans la vie et le bonheur ne peuvent être obtenus sans une intelligence de l’ouvrage de Dieu: l’Univers créé qui manifeste ses attributs, et de la parole de Dieu: la révélation qu’il nous a donnée dans l’histoire, qui reste consignée dans l’Ecriture Sainte, et qui est attestée par le magistère infaillible de l’Eglise. (Vérité de foi).
Le verbe SaBaL utilisé dans la rétroversion hébraïque de l’Evangile, pour cette parole du Seigneur : « Que celui qui peut comprendre qu’il comprenne », signifie porter supporter un fardeau, ici une révélation, une confidence, un secret. La parole de Dieu est un glaive à deux tranchants qui peut blesser dans un premier temps, et qu’il faut accepter avec humilité. Voyez Gen.49/15, Is. 53/4, Ps.144h/14. Il faut surmonter le scandale dont Jésus disait: « Heureux celui pour lequel je ne suis pas un objet de scandale ».
Confession
Confession – hébreu : IDeH (verbe) , grec : ομολογεω (omologéô) latin : confiteor
Ce vocable mérite d’être étudié, car il fut employé couramment dans le vocabulaire chrétien, surtout lorsqu’il s’agissait « d’aller à confesse », pour « se confesser », obtenir le pardon de ses péchés et retrouver ainsi la fraîcheur de l’état de grâce. En effet le pénitent commençait par le « Confiteor » : »Je confesse à Dieu tout puissant, à la bienheureuse Marie, toujours vierge… » Il se mettait ainsi en présence de l’Eglise triomphante pour « avouer » sincèrement, qu’il avait manqué à l’honneur d’être chrétien et qu’il ne s’était pas comporté d’une manière digne de la Bienheureuse Vierge Marie, de Jean-Baptiste, des Apôtres, et de tous les saints qui l’avaient précédé dans une authentique « confession » de la foi. Avec eux, le disciple de Jésus- Christ est en effet responsable de la foi qu’il a reçue.
La « confession » fréquente, gardée dans l’Eglise catholique depuis le Concile de Trente, jusqu’à Vatican II, était une force invincible contre les embûches du Diable, une grande consolation, un puissant réconfort, d’autant plus que le prêtre qui donnait l’absolution ajoutait des paroles d’enseignement et d’encouragement d’une grande efficacité. En effet, dans l’administration de ce sacrement, le Saint Esprit était là pour suggérer et inspirer au « confesseur » les conseils et les avis appropriés pour chaque personne – on disait chaque « âme » – le prêtre avait « charge d’âmes », responsabilité qu’il acceptait volontiers, car il éprouvait toujours la satisfaction d’avoir bien oeuvré pour le Seigneur.
Le mot « confession » est un mot latin, qui a le sens, en effet, « d’attester avec », d’approuver la validité d’un témoignage, de reconnaître un fait, et par suite ses péchés. Il a aussi le sens de « professer », dans un sens plus didactique. Et de ce fait, dans l’Eglise, les « confesseurs de la foi » ont une place toute spéciale: confesseurs pontifes, non pontifes, et les « martyrs », illustres par leurs souffrances et leur mort héroïque qui attestaient leur confession de foi.. Avec ce mot « martyr », nous trouvons le vocable grec: « μαρτυρειν » qui signifie précisément « porter témoignage », selon la définition même que Notre Seigneur donne de ses disciples : »vous serez mes témoins ». En effet, les pontifes et scribes juifs purent un instant se réjouir : le » blasphémateur n’était pas descendu de sa croix »; mais du fait qu’il ressuscita d’entre les morts, le procès doit reprendre: c’est le crucifié qui avait raison: il est vraiment fils de Dieu, comme il l’avait dit en prononçant le serment: « Tu l’as dit, je le suis, et vous verrez le fils de l’homme revenir sur les nuées du ciel ». (Mt.26/63-68; Mc.14/61-65; Luc 22/67-71)
Ainsi le témoignage apostolique est d’attester que Jésus de Nazareth est bien, comme il l’a dit, fils de Dieu, par sa génération virginale et sainte. D’où l’importance capitale de la Parole de Paul, au ch.10/10 de son épître aux Romains: »C’est la foi du coeur qui justifie, mais c’est la confession de la foi par la bouche qui procure le salut » (salut = vie impérissable, voir le mot « salut »)
Le vocable grec « ομολογεω » = parler en accord avec, d’où reconnaître, confesser, avouer, a donné les mots français homologuer, homologue… « Confessez les uns aux autres vos péchés » dit saint Jacques (5/16).
L’hébreu IDeH, qui traduit confesser, signifie aussi professer, faire sortir de soi, soit la louange, soit l’aveu de ses fautes, mot que les psychiatres connaissent sans doute. Voici quelques références : Pr.28/13; Ps.32/5; Lv. 5/5; Dn 9/20; Nu. 5/7.
Connaitre
Connaître, connaissance – Hébreu: IaDaH (connaître), DéHa (connaissance)
Grec : γιγνωσκω (guignôscô), γνωσισ latin : cognosco , cognitio
Le verbe « connaître » se rencontre souvent dans la sainte Ecriture, et tout particulièrement au début du monde: puisque le commandement initial de Dieu, qui va déterminer la vie de tout homme et le déroulement de toute l’histoire, porte précisément sur une « connaissance ». D’où l’importance extrême, la nécessité absolue de saisir très exactement le sens de ce mot. Mot qui sera repris par le Seigneur dans sa prière sacerdotale: « Père… j’ai achevé l’oeuvre que tu m’as donnée… je leur ai fait connaître ton Nom. »(Jn ch.17) La connaissance de ce Nom suffit à notre salut, d’où l’importance de le bien connaître.
Revenons donc au premier et fondamental commandement de Dieu. Le voici formulé dans le chapitre 2 de la Genèse, aux versets 9 et 17. Yahvé Elohim plante un « jardin de délices », avec des « arbres admirables à voir et bons à manger ». Et « au milieu du jardin, « l’arbre de la vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Puis, après avoir mentionné les fleuves qui irriguaient le jardin, l’Auteur sacré transcrit le commandement primordial, qui, comme tout commandement raisonnable, présente un ordre positif et une interdiction.
De graves erreurs d’interprétation furent commises et subsistent encore sur ce commandement primordial (voir Bible de Jérusalem, note k, du v.17, ch. 2 de la Genèse), de sorte que, depuis la fin de l’époque apostolique, la conscience chrétienne est restée sous l’empire du « Prince des ténèbres »(Hb. 2/14; Jn Ia.5/19), qui a gardé sa séduction sur la génération humaine. (Voir le mot génération) Certains théologiens et maîtres spirituels ont enseigné que Dieu avait interdit à l’homme la « connaissance », comme si le Créateur avait voulu laisser l’homme dans une ignorance infantile ! Ce mot « connaissance » étant alors compris dans un sens absolu comme s’il n’avait pas de complément d’objet.
Cette manière ridicule et stupide de priver le verbe de son complément est devenue à la mode: par exemple, de nos jours, il convient d’être « responsable », « solidaire », « engagé »… etc. Ces formules à l’emporte-pièce ne signifient plus rien… « Responsable »… de quoi ? de qui ?… Solidaire: de qui ? de quoi ?… d’une bande de malfaiteurs ? d’un régime ou d’un parti politique ? … Engagé dans quoi ?… dans l’armée ? dans une activité lucrative ? une secte d’anarchistes ? …Il convient impérativement d’employer des vocables bien définis, aussi bien par leur sens que par leur contexte immédiat: sujets et compléments du verbe.
Ordre positif et interdiction que ce premier commandement. Remarquons, au passage, que le magistère de l’Eglise , en prescrivant les vérités de la foi, a toujours procédé de même: il définit la foi par des « décrets » positifs, et il proscrit les erreurs et les hérésies par des « canons » qui promulguent l’anathème. Le chrétien – tout homme qui sait lire avec un minimum d’intelligence – est donc bien averti que s’il persévère dans l’erreur ou l’hérésie , il ne pourra pas obtenir le salut. (voir le mot « salut »).*
Ainsi en est-il de l’Ordre divin primordial qui a pour auteur et législateur Dieu lui-même: son ordre formulé par deux propositions, l’une impérative, l’autre prohibitive :
1 – Le commandement positif : »Tu mangeras de tous les arbres du jardin », y compris, bien sûr, l’arbre de la vie, qui est « au milieu du jardin de délices »: par conséquent cet arbre lui procurera le plus grand plaisir et le bonheur assuré. Tous les arbres « bons à manger » sont utiles et même nécessaires pour assurer la vie d’Adam, être corporel, étroitement lié à la matière dont il est formé, et surtout à la matière vivante dont il doit assimiler les éléments nourriciers. Mais l’arbre « de la vie » possède une propriété toute particulière pour soutenir et accroître la permanence et le développement de la vie: jusqu’à l’immortalité. C’est l’arbre = le moyen, l’outil (voir le mot « arbre ») de l’incorruptibilité. (Sag. 2/23-24)
2 – L’interdiction : « Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas ». Puis la sanction de la désobéissance, de la transgression de cette interdiction : « Car le jour où tu en mangeras – ou mangerais – mourant tu mourras », ce qui signifie: « Tu commenceras à mourir et tu mourras de plus en plus ». On comprend aussitôt qu’il s’agit d’un processus fatal** qui est amorcé et va se développer de plus en plus. Sentence inexorable, car il s’agit d’une nécessité biologique sous laquelle la créature rationnelle risque de s’asservir sans qu’elle puisse en prévoir et en contrôler le déroulement ; mais elle en apprend par avance le résultat: la mort et la corruption. C’est évidemment à cette mise en garde première que Paul pense lorsqu’il écrit en conclusion de son épître aux Galates:
dans l’erreur ou l’hérésie , il ne pourra pas obtenir le salut. (voir le mot « salut »). Dans l’Ancien Testament l’anathème était une proscription: le coupable est exclu de la communauté d’Israël. En Grèce, également, une faute grave était sanctionnée par la proscription : privation du droit de cité, donc des avantages que procure la vie sociale. Le fidèle qui se met dans les conditions d’être frappé d’anathème, se met ipso facto dans l’impossibilité d’atteindre le Salut.
« Frères ne vous y trompez pas: on ne se moque pas de Dieu: l’homme récolte ce qu’il sème: celui qui sème dans sa chair récoltera de la chair la corruption, celui qui sème dans l’Esprit (Saint) récoltera la vie impérissable. » (Gal.6/7-8)
En effet, il est absurde pour une créature rationnelle de poser un acte dont elle n’est pas maîtresse du déroulement, ni du résultat ! Et à plus forte raison lorsqu’on lui dit d’une manière claire et magistrale que ce résultat sera désastreux ! C’est Dieu lui- même qui la met en garde pour éviter cette issue fatale: « Le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement = tu te mets la mort dans la peau et tu ne pourras pas t’en défaire ».
Il est donc bien évident que le commandement primordial n’est pas d’ordre moral ou social, mais d’ordre biologique.
Il faut en effet savoir quelle est, dans la langue sacrée, l’étymologie exacte de ce mot connaissance » (« IaDaH « ) « connaître ». De quelle connaissance s’agit-il ?
En hébreu le verbe « connaître » dérive directement du mot « main ». (IaD) Ce n’est donc pas une connaissance intellectuelle et abstraite, mais une connaissance pratique et expérimentale: celle que l’on acquiert en manipulant des objets, en travaillant avec des outils. Il faudrait donc traduire plus exactement : « Tu feras l’expérience concrète d’un mélange de bien et de mal »: tu auras encore du plaisir et du bonheur, mais aussi de la douleur et de la souffrance », en outre cette voie équivoque aboutira nécessairement à la mort: « mourant tu mourras », cette répétition du verbe, avec le participe et l’indicatif est courante pour préciser une affirmation; en exemple: « S’en allant, il partit » signifie: « Il prit la décision ferme de s’en aller et il s’éloigna pour ne plus revenir ». « Mangeant, il mangea : « il décida de manger et il prit franchement son repas ».
Si, dès le principe, Dieu prononce cette menace de mort, c’est qu’Adam, qui entend cette menace, sait de quoi Dieu parle, sinon Dieu aurait été odieusement injuste d’employer un vocable dont Adam n’aurait pas connu le sens. Comment donc Adam pouvait-il savoir ce que signifie ce mot « mort » ? Il le sait parce qu’il a vécu parmi les animaux, auxquels il a donné des noms. Il les a vus s’accoupler, donner naissance à des petits, et il a vu ces animaux mourir individuellement, même si l’espèce subsiste. En effet: les animaux sont créés « selon leurs espèces », comme aussi les herbes et les arbres. Il n’est pas dit qu’Adam soit créé selon son espèce, mais qu’il est créé, « mâle et femelle selon l’image et la ressemblance d’Elohim »; qui, lui, est le Vivant éternel et immuable : un seul Dieu en trois Personnes.
C’est donc bien cette vie « animale » qui est interdite à l’homme. Autrement dit:
l’homme doit se comporter selon une loi qui lui est propre: Adam ne doit pas devenir une espèce. Telle est sa dignité exclusive et transcendante à tous les animaux: l’homme, – l’être humain, homme-femme – est une créature rationnelle – « volonté rationnelle » comme dit Saint Anselme – à l’image de Dieu. C’est de cette dignité transcendante qu’il ne doit pas déchoir. ***
Enseignement scripturaire d’autant plus exact que cet « ordre », cette « ordonnance », qu’Adam reçoit par Révélation divine lui est signifiée aussi par la nature, et de deux manières :
1 – L’utérus de la femme est fermé par l’hymen, qui est l’interdiction naturelle de l’accouplement, voie normale pour les animaux, mais interdite à l’homme et à la femme. D’où il suit aussitôt que le respect de la virginité de la femme est le sceau de l’amour et de la vérité. Il faut savoir que dans certaines espèces animales, la femelle porte un hymen qui tombe lorsqu’elle est apte à la génération. Tant que l’hymen subsiste les mâles ne s’accouplent pas avec les femelles. Or l’hymen de la femme ne tombe jamais.
2 – Après sa création Adam est resté seul et assez longtemps pour qu’il ait eu le temps de « donner des noms aux animaux », et sans doute à beaucoup d’autres choses qu’il avait sous les yeux, dans la langue qui lui était inspirée, infuse. Un certain nombre de mots hébreux par la seule manière dont ils sont articulés évoquent aussitôt l’objet ou l’animal qu’ils représentent. C’est pendant cette période, où, dans la familiarité de Dieu, et aussi des Anges, qu’Adam fait son éducation, et acquiert son instruction.****
Adam se rend compte qu’aucun de ces animaux qui lui sont cependant très familiers n’est « semblable à lui », c’est-à-dire qu’il ne peut avec ces animaux établir une conversation, un dialogue: « Il n’est pas bon qu’Adam soit seul ». Lorsqu’Adam se rend compte que sa solitude est assez ennuyeuse, Dieu façonne la femme à partir de ses os et de sa chair: c’est une génération – non une création – par laquelle ils seront vraiment « une seule chair », comme Adam le constate en recevant la femme de la main de Dieu : »Celle-ci, vraiment, est l’os de mes os, la chair de ma chair ». C’est ainsi que Dieu révèle ici la puissance de sa « Paternité créatrice »
C’est pourquoi, depuis cette sinistre « faute originelle », toute l’humanité a fait la « connaissance », l’expérimentation d’une vie ambiguë, mélange de bien et de mal, de plaisir et de douleur, de rire et de larmes, qui se termine par la mort et la corruption. (Voir le mot péché )
Ainsi toutes les races de la terre, issues du premier homme, – (vérité de foi, concile de Trente, Décret sur le péché originel, § 1) – selon une programmation chromosomique qu’il est impossible de gérer et de surveiller intelligemment, font la même expérience: à savoir une prolifération rapide, une véritable « explosion », que l’on est obligé de réprimer par l’infanticide ou par les guerres tribales et raciales. Les calculs que l’on peut faire par les progressions géométriques montrent que par une simple raison 2 – multiplication des individus par deux tous les trente ans, où chaque couple a 4 enfants – il suffit de 720 ans pour peupler la terre d’un milliard d’hommes. Et 200 ans plus tard on aurait plus de 100 milliards d’individus de la dernière génération. Ce qui montre que les 6 milliards d’hommes que l’on peut compter aujourd’hui sur la terre, ne sont qu’un résidu minime et misérable de tous les fils d’Adam, dont l’immense majorité n’a pu se reproduire. (Voir ces calculs dans on livre « Retour au Paradis terrestre, ch. 4; L’Economie de la Loi: « La rigueur insupportable des calculs »).
Ces mots « connaissance », « connaître », reviennent très souvent dans la Sainte Écriture. Le mot « connaître » prend un sens très particulier dans l’expression qui signifie l’accouplement de l’homme et de la femme: « Il la connut et elle enfanta… » sens qui nous ramène au commandement premier. Ou, avec la négation « il ne la connut pas » : il ne s’accoupla pas avec elle. Ce fut le cas du roi David devenu vieux, qui avait proliféré copieusement, soit à Hébron, soit à Jérusalem, avec une bonne douzaine de femmes plus les concubines, fut enfin calmé de sa fureur sexuelle: « Il ne connut pas la jeune Abisag que ses lieutenants avaient sélectionnée parmi les plus belles filles d’Israël, pour réchauffer le roi sur sa couche ».. (Début du Ier livre des Rois). Ce qui est très étrange, c’est que, sous le reproche du Prophète Nathan, David confesse: « Ma mère m’a conçu dans le péché… » (Ps.51/7) et que, malgré son repentir sincère, il n’a pas hésité, par la suite, à multiplier ses propres rejetons, dont l’un, le fameux Absalom – (Ab-shalom = père de paix ) – ironie du sort, dirions-nous ! – lui provoqua de terribles craintes et un chagrin mortel.
On peut aligner un grand nombre de citations dans ce sens très particulier du mot « connaître » Gen.4/1,17. 24/16. 1 Sam. 1/19. Gen.19/8.
La bienheureuse vierge Marie était instruite des Saintes Ecritures, et sa mère Anne également, qui l’avait enfantée immaculée dès sa conception. Lorsque l’Ange Gabriel vint saluer Marie et lui annoncer qu’elle serait la mère du Roi, fils de David, « dont le règne n’aurait pas de fin », bien loin d’acquiescer spontanément à cette proposition merveilleuse, elle mit l’Ange à l’épreuve, car elle se demandait « d’où venait cette salutation ». Elle lui opposa la barrière de sa virginité en lui posant la question: « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas l’homme ? » Et lorsqu’elle entendit de la bouche de l’Ange, que son fils serait conçu par l’Esprit- Saint: « l’Esprit-Saint te fécondera », alors elle donna son assentiment au messager qui venait assurément d’En Haut, puisqu’il était d’accord avec la Sainte Ecriture qui dénonçait le péché, et prophétisait par Isaïe: « Voici : la Vierge concevra et enfantera un fils dont le Nom sera Dieu-avec-nous ». (Luc 2/26-38; Is.7/14)
Mais le mot « connaître » dans son sens général, est celui que nous gardons en français, connaître Dieu, se connaître soi-même – le « γνωτι σεαυτον » de Socrate – connaître telle ou telle personne, tel ou tel lieu… etc. Il revient très souvent dans l’Ecriture. Dans l’Evangile de Saint Thomas, Jésus dit : »Connais ce qui est devant ton visage, et ce qui est caché te sera dévoilé, car il n’y a rien de caché qui n’apparaîtra » (log.5), parole qui va à l’encontre de celle de Socrate. Il nous faut chercher la Vérité non pas en soi, par une introspection dangereuse et nocive, d’autant qu’en raison de la faute « nous sommes devenus ténèbres » (Eph.5/8) mais dans la création du Père qui est la parole subsistante de Dieu. Parole célèbre que celle du prophète Osée (4/6) : « Le peuple périt faute de connaissance », faute de la connaissance de Dieu et de la pensée de Dieu sur l’homme, réalisée pleinement en Jésus-Christ. C’est pourquoi notre Salut et notre Rédemption sont étroitement liés et conditionnés par la connaissance, que nous devons acquérir, de Notre Seigneur Jésus- Christ par la méditation assidue de l’Evangile: car il est « la voie, la vérité et la vie » (Jn.14/6) et avant tout par sa sainte génération.
γιγνωσκω en grec de la racine γνω = connaître, comme en latin cognoscere, d’où dérive le mot français. D’où le mot gnose. Et la connaissance fondamentale que le Christ est venu nous apporter est celle du Nom de Dieu: ce nom est PERE, comme il le dit explicitement dans sa prière sacerdotale. Il peut en parler lui qui est fils de Dieu, il doit nous l’apprendre à nous qui ne le sommes pas, en raison de la faute originelle précisément. Adam était fils de Dieu mais ses fils ne le furent pas, au point que le Seigneur va jusqu’à dire aux pharisiens et docteurs de la loi: « Vous avez le diable pour père » (Jn 8/44)… « Si Dieu était votre Père vous m’aimeriez » (Jn 8/42)… « Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu, si vous ne les entendez pas c’est que vous n’êtes pas de Dieu (Jn 8/47). C’est pour n’avoir pas fait la connaissance du bien et du mal que Joseph et Marie nous ont donné le fils du Père.
En effet le témoignage primordial que Jésus-Christ est venu apporter sur la Terre, le but même de sa mission, c’est de nous révéler la génération sainte dont il est le Fruit béni, selon la parole qu’il dit à Pilate: « J’ai été engendré et je suis venu en ce monde, pour porter témoignage à la Vérité. » (Jn.18/37)
*Le Concile de Vatican II a écrit de très longues dissertations mais n’a pas prétendu promulguer des décrets rappelant les Vérités de Foi, ni des anathèmes, même pas contre l’athéisme du communisme, ni contre la fabrication de la bombe atomique. Il est donc légitime de penser que ce concile a authentifié l’erreur et l’ambiguïté en promulguant une « liberté religieuse» qui donne raison à tout rêveur ignorant et à tout fondateur de secte.
** « fatal » : je donne à ce mot le sens de « nécessaire ». Nous savons scientifiquement aujourd’hui que la mitose des cellules dans le domaine de la fécondation et de leur multiplication est irréversible et que les tares du génome vont se répercuter inexorablement sur le foetus. On détecte aujourd’hui plusieurs milliers de tares dans le génome humain, tares héréditaires et incurables. Et ces tares se multiplient en progression géométrique au fil des générations successives.
*** Nous sommes assurés par l’enseignement du Concile de Trente que l’homme a été créé « dans un état de perfection ». Voyez le premier anathème sur le péché originel.
**** Cette connaissance infuse des premiers hommes est authentifiée par l’Ecriture : en effet, nous apprenons que les constructeurs de villes et les forgerons apparaissent dès les premières générations. Et d’autre part les anciennes civilisations (Chaldée, Egypte) témoignent par l’archéologie des plus anciens monuments, une science et une habileté technique quasi parfaites. De même les langues anciennes possèdent une grammaire parfaitement claire et intelligible. L’évolution des langues est une évolution régressive : perte de nombreuses racines, et confusions dans la morphologie des vocables…
Conscience
Conscience. (traduit par LéB = coeur, en hébreu), grec : συνειδησισ (suneidèsis) Latin : consciencia
Ce mot existe dans notre langue à partir du XIIIè S. dérivé du latin « consciencia que l’on trouve chez Cicéron et Tacite, qui distinguent la « bonne » et la « mauvaise conscience ». Le mot latin est calqué sur le grec συν−ειδησισ (συν−οιδα)qui signifie « savoir avec, savoir par comparaison ». Comparaison avec l’opinion générale et avec soi-même.
Il n’y a pas en hébreu de vocable équivalent. Les rétroversions, qui traduisent le Nouveau Testament en hébreu, ont employé dans cette langue le mot « LéB », qui signifie « coeur »= tout l’intérieur du corps, tout l’intérieur de l’homme. La béatitude « Heureux les coeurs purs » pourrait ainsi se traduire: « Heureuses les consciences droites ». Paul emploie l’expression « conscience pure » pour justifier son apostolat qui fut sans aucune recherche d’intérêt personnel.
Ce n’est que dans le Nouveau Testament que l’on trouve le mot « conscience », en grec et en latin dont voici les références aux livres grecs de l’Ecriture:
Sag. 17/10; Sir. 13/30; Act. 23/1 : (Paul devant le Sanhédrin) ; Act. 24/16, (Paul devant le gouverneur romain) … »je m’applique à avoir sans cesse une conscience irréprochable devant Dieu et devant les hommes »; Rom. 2/15, 9/1,13/5 ; I Cor. 8/7,10,12, 10/27,28,29 ; I Tim 1/5,19; 3/9; 4/2 ; 2 Tim 1/3 ; Ti/ 1/15 ; Hb. 9/9,14, 10/2,22, 13/18 ; I Pe. 2/19, 3/16, 21.
Dans la première épître aux Corinthiens, en plusieurs passages Paul fait l’éducation de la conscience de ses néophytes, par rapport à leurs « procès », aux influences sur eux de l’idolâtrie ambiante, (viandes offertes aux idoles); sur le mariage et la virginité (ch.7) où Paul lui-même n’a pas encore bien saisi la solution qu’il proposera plus tard dans l’Epître aux Ephésiens (ch.5/20 s.). Autres questions délicates: comment les femmes admises au culte chrétien devront-elles se comporter ? Certes il affirme clairement : »Dans le Christ pas d’homme sans femme, pas de femme sans homme dans le Christ » (I Cor. 11/11), mais les femmes seront-elles à part avec un voile sur la tête selon l’ancienne coutume du culte synagogal (au Temple: parvis des femmes) ?
C’est surtout le pain eucharistique qui pose problème… I Cor.11/17-38. Sur ce point le comportement des chrétiens de Corinthe laisse beaucoup à désirer, Paul leur fait de cinglants reproches (v. 17-22). Il reprend donc son enseignement* en s’appuyant non seulement sur les Evangiles: témoignage des Apôtres présents à la Sainte Cène, mais sur la révélation personnelle qu’il a reçue directement de Jésus lui-même. Il donne ici un enseignement capital, d’où dépend la vie et la mort: c’est par la vérité eucharistique que tout homme est invité à « se juger lui-même » pour « échapper à la condamnation de ce monde ». (Voir, sur ces versets 31 et 32 les mots διακρινω ετ εκκρινω ετ κατακρ.ινTω) tout dépend donc de l’estime que la conscience fera du corps, et surtout du corps du Christ, qui ne doit pas être profané. « Beaucoup sont malades et beaucoup sont morts parmi vous, parce que vous n’avez pas discerné (ou estimé, apprécié) (διακρινων) le corps », et tout spécialement le corps du Christ.
Cependant Paul se rend compte qu’il lui faut tenir compte de la conscience encore obscure, troublée, ou servile de ses auditeurs: Juifs et Gentils. Les Juifs parce qu’ils restent encore obnubilés par les anciennes coutumes de la Loi: viandes pures et impures, fréquentation des païens… Pierre lui-même dut « évoluer » au niveau de sa propre conscience, et la chose ne put se faire qu’avec une intervention céleste, la fameuse « vision de la nappe » racontée avec insistance dans le ch. 10 des Actes. Et il gardera encore longtemps des scrupules gênants, que Paul lui reproche, pour le ramener à la vraie liberté chrétienne. (Gal. 1/11-14.) Et les Gentils parce qu’ils sont encore tributaires de leurs habitudes héritées de l’idôlatrie. Mais Paul lui-même qui fut si imprudent en se rendant à Jérusalem, malgré l’avertissement des prophètes, se rendra compte à ses dépens qu’il ne faut pas brusquer les consciences des lecteurs ou des auditeurs, comme il l’expose si bien dans le chapitre 14 de l’épître aux Romains et autres passages parallèles, en évoquant « les forts » et les « faibles » . De fait, tout au long de l’histoire des missionnaires de l’Eglise, l’évangélisation fut toujours difficile pour amener l’homme déchu à la grâce et à la liberté que procurent la justification.
Il en est de même aujourd’hui: que l’on songe aux obligations sans fondement que l’Islam impose à des centaines de millions d’hommes et de femmes ! Que l’on songe à la tyrannie du « sur-moi », surtout lorsque la démocratie, depuis la Révolution française a lié sous l’idole de la Nation, ou du « parti » un nombre incalculable de pauvres gens généreux et dévoués, mais qui ne jugent pas explicitement et personnellement par la lumière de la liberté évangélique ! Les guerres les plus meurtrières du XXè Siècle ont été faites par des soldats, français, allemands, italiens, anglais, etc, d’une générosité extrême mais dont la conscience était obnubilée par le « Drapeau »… La tâche la plus urgente et la plus difficile est de délier les esclaves de leurs chaînes: chaînes invisibles qui paralysent la véritable obligation morale.
Ajoutons enfin que la psychologie moderne, issue de Freud et autres penseurs, a bien analysé le poids et la contrainte du « subconscient » et de « l’inconscient »: c’est-à- dire les réflexes conditionnés, – les « habitus » ** – contraintes familiales , sociales, religieuses qui paralysent le jugement juste et équitable de la conscience personnelle.
Il faut constater que, dans la longue histoire de la Rédemption commencée avec Abraham, cette « conscience » personnelle s’éveille avec le Nouveau Testament. En effet, alors que tout l’Ancien s’appuie sur le choix d’une race particulière, Israël, parmi toutes celles qui descendent d’Adam, Jésus-Christ au contraire s’adresse toujours à la personne au singulier: « Que celui qui écoute comprenne », « Celui qui veut me suivre… » « Celui qui demeure dans ma parole connaîtra la Vérité et la Vérité le délivrera ». Certes, Jésus fut condamné et exécuté sur la croix comme blasphémateur en se proclamant « fils de Dieu », mais aussi parce que sa personnalité et son « individualisme » faisaient scandale pour des gens étroitement solidaires entre eux sous le joug de la Loi Mosaïque et surtout des « traditions » ajoutées à cette loi.
C’est justement l’Epître aux Hébreux qui procure la véritable liberté de conscience, en déliant définitivement l’obligation morale de toutes les observances provisoires. Tel est l’esprit de cette épître prodigieuse. Il se résume dans les versets 6/1 et 9/ 14 que voici: « Voilà pourquoi laissant de côté le discours élémentaire du Christ portons-nous vers la perfection, sans revenir sur le fondement, à savoir la repentance des oeuvres mortes… » et le second « …à combien plus forte raison le sang de Christ, qui par le Saint Esprit s’est offert lui-même à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des oeuvres mortes en vue de l’adoration du Dieu vivant. » *** Il faut comprendre que les « oeuvres mortes » désignent le résultat inévitable de la génération charnelle, que la loi de Moïse autorisait moyennant les sacrifices sanglants de l’ancienne loi. Les Hébreux étaient « prisonniers », sous la « servitude » de la Loi, alors que c’est par la foi en la paternité toute puissante de Dieu que Saint Joseph et Sainte Marie nous ont donné le Christ. Toute la préoccupation de Paul est d’amener les Juifs, – de sa race, (Rom.9/1-6) – à la même foi, et aussi les Gentils, qui peuvent entrer directement dans la foi, à condition qu’ils ne reviennent pas à la génération charnelle et à ses servitudes. Tel est l’objet des deux épîtres fondamentales de Paul, aux Galates et aux Romains.
De fait dans l’Eglise ceux qui ont fait avancer la Rédemption, ou qui ont maintenu la foi ont toujours été des individus isolés, retirés au désert, qui ont vécu en solitaires et en ermites, passant pour des « excentriques » avant d’être entourés de disciples admiratifs et enthousiastes, qui la plupart du temps, en se multipliant par instinct grégaire, n’ont pas manqué de trahir les intentions de leur fondateur…
Nous attendons le Royaume de Dieu le Père, par la Sanctification de son Nom, et de ce fait nous rejoignons la Sainte Famille des géniteurs du Christ qui ont dépassé les contraintes de la loi qui régissait la génération charnelle, pour rejoindre l’intention première de Dieu inscrite dans la virginité de la femme. (Voir les mots génération, filiation, scandale, tradition. )
*Très précieux pour nous, encore aujourd’hui, puisque tout au long de l’histoire jusqu’à nos jours, la présence corporelle du Christ sous les « apparences » du pain et du vin consacrés fut toujours mise en doute par d’innombrables hérétiques. Encore aujourd’hui plusieurs théologiens agréés avancent des arguments très contestables, qui s’éloignent des affirmations dogmatiques du Magistère. (Voir notre tragédie: « La dispute du Saint Sacrement.)
**Tel est le mot traditionnel bien connu des moralistes chrétiens et des auteur spirituels. Les prêtres assidus au confessionnal se sont toujours trouvés devant des « ignorances invincibles », et devant le scandale que provoque la Vérité comme Jésus le dit au coeur de l’Evangile: « Heureux celui pour lequel je ne suis pas un objet de scandale ».
***Voir notre traduction et explication de l’Epître aux Hébreux. Voir aussi les traductions et notes de Crampon et de la Bible de Jérusalem.
Conseil (don de l'esprit)
Un peu longue cette définition est ici
Contradiction
Contradiction – hébreu : MaDON grec : αντιλογια (antiloguia) latin : contradictio
Mot important en raison de la prophétie du vieillard Siméon, lors de la présentation de Jésus au Temple. (Luc 2/34-35) :
« Siméon les bénit et dit à Marie sa mère: « Voici: celui-ci (Jésus) est placé (κειται) pour la chute (πτωσιν) et le relèvement (αναστασιν) de beaucoup en Israël et comme un signe (σημειον) de contradiction (αντιλεγομενον) (latin : cui contradicetur = auquel on contredira), et pour toi c’est un glaive qui transpercera ton âme (ψυχην)… «
Le mot français dérive directement du latin de la Vulgate. Le grec « αντιλογεω » est très semblable au latin : « contradicere » qui signifie « raisonner et parler contre. »
Le mot grec « σημειον » est très fort. Ce mot grec a passé dans le vocable français, inventé en 1812, « sémaphore », le « signal » qui provoque une réaction instinctive, cri de l’animal face à un danger, de la vipère dérangée de son nid. On le traduit pas « signe », mais il vaudrait mieux le traduire par « signal », comme un étendard levé, comme le son de la trompette qui rassemble des foules, suscite des cohues, des ruées : soldats à l’assaut, cris de guerre et de protestations véhémentes. Cette ruée homicide fut typiquement celles des Juifs dans le Temple de Jérusalem, lorsque Paul vint y porter témoignage de sa conversion et de la résurrection du Christ, (Act. ch.21 et 22) quoique cette résurrection fût parfaitement connue de tous, puisque le tombeau était vide, ce que tous ont pu constater.
Si l’on recherche un mot hébreu qui signifie « contradiction », on trouve le vocable MaDON, qui signifie en effet contester, contredire, s’opposer, faire une sorte de complot, intriguer contre quelqu’un. Le texte de Jérémie du ch. 15/10 s. est tout à fait significatif, d’autant plus que le prophète évoque sa mère:
« Malheur à moi, ma mère, car tu m’as enfanté homme de querelle et de contradiction pour tout le pays ! Jamais je ne prête ni n’emprunte, et pourtant tout le monde me maudit.
« En vérité, Yahvé, ne t’ai-je pas servi de mon mieux, intercédé auprès de toi pour mon ennemi, au temps de son malheur et de sa détresse ? Tu le sais…
Le vieillard Siméon connaissait en effet les écritures prophétiques, celle-ci par exemple et surtout le chant du « Serviteur de Yahvé », au ch. 53 d’Isaïe. Il connaissait aussi la foi de la bienheureuse Vierge, qu’il avait pu rencontrer à Jérusalem lorsqu’elle y vint se dévouer au Temple pour le ménage et les lessives, comme c’était la coutume, avec d’autres vierges… Les vierges, en effet, avaient un « droit d’entrée » dans les lieux saints, par le fait qu’elles n’avaient pas été déflorées ni souillées par le sang du viol et de la maternité charnelle. Par les confidences de Marie le vieillard Siméon faisait aisément la différence entre les comportements de ce monde et la mentalité de la Vierge Immaculée. Il n’avait aucune peine à prévoir que la Foi qui nous a donné le Sauveur de toute chair, allait se heurter à une opposition farouche, avant d’amener cette « αναστασισ » cette « résurrection » de la chair – à commencer par celle de la conscience.
De fait Notre Seigneur Jésus-Christ donne toujours un enseignement qui choque les disciples, et repousse les foules. L’exemple le plus frappant est le chapitre 6 de l’Evangile de Jean: alors que les foules sont dans l’enthousiasme après la multiplication des pains, lorsqu’elles entendent de la bouche de Jésus le vrai moyen du Salut, à savoir « Mon corps est la véritable nourriture et mon sang la véritable boisson », elles sont profondément scandalisées, et même les disciples s’en vont en disant : « Cette parole est insupportable, qui peut l’entendre ? » Il ne reste que les Douze, auxquels Jésus dit: « Voulez-vous, vous aussi vous en aller ?… «
De même dans le chapitre X de Saint Marc v. 21-27: « Qu’il est donc difficile à un riche d’être sauvé !… » Etonnement des disciples: Jésus insiste en disant : « Il est plus difficile à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille… » Et la même contradiction avec l’ordonnance de ce monde, lorsque dans le ch. 14 de Luc, le Seigneur ose prononcer: « Celui qui ne hait pas son père, sa mère, ses soeurs, ses frère., ses fils, ses filles… ne peut être mon disciple »… Il dénonce évidemment ici la génération charnelle qui nous a mis la mort dans la peau….
Voici quelques références utiles pour préciser ce mystère de « contradiction » que la Vérité suscite en ce monde: contradiction qu’ont vécue d’innombrables martyrs, bien exprimée par le mot de saint Augustin qui revient souvent sous sa plume : « Veritas odium generat ». (La vérité engendre la haine). C’est également le sens de la dernière béatitude: « Bienheureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera … à cause du Fils de l’homme… » Et inversement : « Malheur à vous quand tous les hommes diront du bien de vous, car c’est ainsi que leurs pères traitaient les faux-prophètes. » (Mt. 5/11-12 et parall en Luc : 6/22-23 ; 26).
Références: Pr. 16/28, 26/20, 28/25, 29/22 ; 2S.21/20 ; Ps. 80/7 …. Voir aussi les mots « béatitude » « bonheur » « scandale ».
Conversion
Conversion. Hébreu : ShOUB ; grec μετανοια (métanoia) latin : conversio
Le latin « converto » signifie seulement « faire tourner », ou tournoyer, ou « mettre une armée en fuite », ou « bouleverser l’état ». Il signifie aussi les mouvements des astres qui « tournent » dans le ciel.
Ce n’est qu’à partir du XIIIème siècle, que le mot « conversio » a paru dans le sens d’une reprise des pratiques de la piété après un certain abandon. Ce « retour à la religion » fut à cette époque concrétisé par l’engagement dans les ordres monastiques qui ont fleuri pendant les siècles difficiles, où l’Eglise officielle s’occupait surtout de ses querelles avec les rois et les empereurs, tout en s’efforçant de ne pas être étouffée par les musulmans. Les moines, en effet, nous ont gardé le « bon dépôt de la foi » que Paul confiait à « Timothée et à des hommes sûrs » pour qu’il demeure « jusqu’en ce jour-là », c’est-à-dire la Parousie du Seigneur Jésus. La liturgie monastique dans la splendeur de l’Office divin , sous les voûtes immuables des abbatiales et des cathédrales, a maintenu, au milieu des guerres, des émeutes, des invasions, des épidémies… la base de la Vérité, à savoir les textes immuables des Ecritures.
Il faut s’interroger sur ce phénomène de rejet des valeurs « chrétiennes », qui a cohabité de siècle en siècle avec la profession de la foi… En effet dès la période des persécutions il a fallu trouver une solution pour les « lapsi »: chrétiens revenus à l’idolâtrie par peur du martyre. Pourquoi tant de baptisés se sont-ils lassés des sermons, de la messe, des processions ? Pascal, par ses judicieux raisonnements, n’a pu convertir les libertins… Les philosophies athées et dévastatrices, les illusions révolutionnaires, – bien au-dessous de la stupidité – furent inventées par des chrétiens – chrétiens apostats. La franc-maçonnerie fondée par deux pasteurs, dès le début du X V I I I ème Siècle*. Pourquoi a-t-il fallu précher des « missions » dans les paroisses chrétiennes ? Evangéliser les campagnes, rappeler sans cesse au clergé ses obligations ? Anne-Marie Javouhey, Vincent de Paul, Alphonse de Liguori, Marcelin Champagnat… pour ne citer que quelques lumières qui transcendent le brouillard funèbre de l’histoire de l’Eglise. Après la deuxième guerre mondiale on a parlé de la « France pays de mission »… De nos jours le Pape est devenu l’homme le plus célèbre du monde, mais il faut déplorer la perte des vocations sacerdotales et l’abandon généralisé de la « pratique religieuse » dans l’antique chrétienté: cette Europe déchirée par les guerres les plus horribles du XXe Siècle… Démocratie et droits de l’homme: nouvelles illusions ! vont- elles nous conduire aux plus cruelles désillusions ?
Faut-il admettre avec Chesterton, que l’instruction chrétienne est restée si rudimentaire qu’elle a vacciné les chrétiens contre la vérité ?
La sainte Ecriture raconte, par la loyauté des livres historiques, les infidélités d’Israël et les persécutions qu’ont endurées les prophètes. Moïse lui-même fut contesté par le peuple qu’il venait d’arracher à l’esclavage. Il fut contraint d’appeler à son secours les frères de sa tribu – fils de Lévi – qui firent un massacre exemplaire. (Ex.32/25 s.) Qu’on lise le récit de la vocation de Jérémie: (Ch.1) Dieu l’appelle pour s’opposer « aux prêtres, au roi, aux princes, à tout le peuple d’Israël. » Il est envoyé pour « arracher et pour détruire »… Alors faut-il toujours reconstruire sur les ruines antiques, planter sur les terres dévastées ?
Il en fut ainsi dans le temps d’Israël, et de même celui de l’Eglise. Alors : la « conversion » prêchée par les prophètes et les apôtres ne fut-elle jamais obtenue ?… Pourquoi ? L’étude de la racine hébraïque et de ses références dans la sainte Ecriture nous permettra de répondre.
Le verbe ShOUB en effet n’a que le sens de « revenir », ou « se retourner pour revenir sur ses pas ». Il est employé plus de 500 fois dans l’Ecriture, à ses différents modes. Voici quelques références : Gen. 14/7, 50/5 ; Ps.90/3; Job 16/22 ; Pr.26/11 ; Dt.30/10 ; Is.9/12, 63/17 ; Ps. 6/5, 80/15 … L’un des textes les plus remarquables est, sans contredit, le psaume 80 (hb.) dont voici le refrain:
Ref. – « Seigneur Sabaoth, fais-nous revenir, (hiphil) fais briller ta face sur nous, et nous serons sauvés ! »
La vulgate ne donne aucun titre à ce psaume qui commence tout de suite par ces mots:
« Toi qui conduis Israël, sois attentif, toi qui mène Joseph comme (ta) brebis, et qui sièges au-dessus des Chérubins, manifeste-toi devant Ephraïm, Benjamin et Manassé. »
Allusion aux territoires voisins de Jérusalem, menacés pas les Babyloniens, lors de la première invasion de la Palestine, en 582. Cinq ans plus tard, lorsque Sédécias se révolte contre les occupants, destruction complète de plusieurs villes de Judée, puis la ruine de Jérusalem et la déportation d’un grand nombre de Juifs. C’est dans ces circonstances tragiques que Jérémie écrivit son chapitre 31, l’un des passages les plus poignants de l’Ecriture. Et c’est aussi de cette époque qu’il convient de dater ce psaume 80.
Dans les Septante, nous trouvons un titre formulé ainsi :
« En vue de la fin (εισ το τελοσ) au sujet de ceux qui ont été déportés à l’étranger (υπερ των αλλιωθησεσομυνων t)é,moignage (μαρτυριον) d’Asaph, au sujet de l’Assyrien. »
Asaph : nom qui revient souvent dans l’Ecriture. Il désigne l’un des chantres du Temple, qui assuraient le culte liturgique et spécialement le chant sacré, du matin, du soir, et des veilles de la nuit. Parmi ces chantres, on retrouve souvent « les fils de Coré » (voir les titres de nombreux psaumes, à parti du psaume 49). Asaph signe plusieurs psaumes: supplications poignantes en raison des malheurs d’Israël: psaumes tardifs, par rapport à ceux qui figurent dans le recueil de David. (Près de 6 siècles de différence)**.
L' »Assyrien » est Nabuchodonosor, ou l’un de ses généraux, mais aussi le peuple envahisseur…L’auteur du psaume ne tient pas compte que Nabuchodonosor n’est pas un Assyrien, mais un Babylonien. En effet la capitale de l’empire Assyrien était Ninive qui fut prise par le roi de Babylone Cyaxare, en 612, et complètement détruite par Nabopolassar, le père de Nabuchodonosor, en 606. Le pharaon Néko vint au secours de Ninive, mais il fut écrasé à Karkémisch, alors que Josias, qui voulut s’opposer à la marche de Néko, fut tué à Megiddo. Nous avons donc dans ce titre une évocation de la situation tragique de cette époque pour Israël. (Voir 2 Rois, ch.23, Jér.47; Chron. 35.)
La comparaison dans ce psaume du peuple d’Israël avec la « vigne plantée par Dieu », figure déjà dans le ch. 5 d’Isaïe, qui donne l’explication des épreuves du peuple choisi : la vigne dont le Seigneur attendait un bon fruit n’a produit que du verjus.
Le texte hébreu donne à ce psaume un titre plus simple :
« Au chanteur : « sur les lys ». Témoignage. Psaume ».
« Sur les Lys » : indique une mélopée, ou un « mode » expressif d’une supplication plaintive …
Ce qui importe c’est évidemment le sens de cette prière poignante, lorsque l’on fait un effort d’imagination pour reconstituer le contexte historique: celui d’un peuple pillé, en partie déporté, et qui, selon les prophéties de Jérémie, doit s’attendre au pire : la ruine de Jérusalem: donc l’anéantissement, en quelque sorte, de la pérennité d’Israël, de son identité, de sa liberté… Ainsi tout est contenu dans le seul verbe important du refrain : »Fais-nous revenir »
Si l’on se réfère aux nombreuses citations bibliques de ce mot nous comprenons que le Saint-Esprit nous a laissé le moyen efficace d’être délivrés de tous nos maux: comme Tobie, qui, parmi les déportés, le chante d’une manière idéale dans son cantique : (Tob.13/1-9)
« …Bénissez le Seigneur de justice, exaltez le roi des siècles ! » « Et moi, en terre d’exil je lui rends grâces,
« je montre sa force et sa grandeur face un peuple de pécheurs : « Revenez pécheurs, et agissez selon ce qui est juste devant lui, « qui ne le sait: il vous aime et vous fera grâce ! »
Remarquons au passage dans cette courte citation, les mots importants: « juste, justice », qui ne signifient pas la justice distributive, l’égalité démocratique des fortunes et des revenus, comme les syndicalistes le réclament, mais l’ajustement de l’intelligence et de la conscience personnelles à la Pensée, au bon vouloir de Dieu.
« le roi des siècles »: le « Maître de l’histoire », où se manifeste, pour qui veut bien la comprendre, la justice immanente de Dieu, par laquelle les hommes récoltent très exactement ce qu’ils ont semé. (Gal.6/7-8)
C’est donc bien le vocable RETOUR, qui est souverainement important. Mais de quel retour s’agit-il ?
Il y eut effectivement un retour d’Israël sur sa terre, après 70 ans environ de déportation et de captivité. Le temple de Jérusalem fut reconstruit, restaurée la liturgie; mais le peuple choisi ne retrouva ni son unité ni sa sécurité. Les livres d’Esdras et Néhémie gardent le mémorial de ces essais de réforme, dont la plus importante, à leurs yeux, était la pureté de la race élue. Ils ont exigé que les hommes renvoient leurs « femmes étrangères », ce ne fut pas sans cris ni larmes. Il leur fut impossible de restaurer la royauté de « David »: lignée disqualifiée par les derniers rois de Samarie et de Juda: Achaz, Joakin, Sédécias : sombres histoires de Jézabel, Athalie, Jéhu … il fallut donc subsister sous une théocratie sacerdotale.
Hélas ! plusieurs grands prêtres glissèrent dans les pires abominations, comme Alexandre Jannée… Ménélas…. sous les suprématies des rois étrangers: les « Séleucus » et les « Antiochus… »
Il n’y eut donc pas de vrai « retour » d’Israël à la conscience authentique de sa vocation, du choix divin, de sa « sélection » parmi toutes les races issues d’Adam. Pendant les siècles qui précédèrent Jésus-Christ, ils furent corrigés et avertis par les derniers prophètes : Aggée, Zacharie, Malachie… mais en pure perte.
Les deux premiers livres des Maccabées, retenus dans le canon des Ecritures, exposent cette fin de l’histoire d’Israël, douloureuse et tragique. Il faut y voir une curieuse prophétie « en actes », des temps qui précéderont la Parousie de Notre Seigneur. La lecture de ces épisodes transcrits par l’Auteur Sacré nous fait comprendre pourquoi le vrai « retour », la vraie « conversion » ne fut pas alors réalisée. Retenons deux attitudes, deux « réactions » du peuple élu dans les circonstances tragiques qu’il connut alors:
– La réaction politique et militaire des Maccabées. Résistance ouverte et même féroce contre l’idolâtrie païenne et les moeurs grecques, afin de sauvegarder les dispositions séparatistes de l’ « ordre » mosaïque: essai de survie contre un « oecuménisme » séduisant que la langue grecque, déjà universelle, véhiculait avec ses théâtres, ses gymnases, sa philosophie. Sous les Séleucides, (197-142) les grands prêtres, de père en fils, restaurent le temple et le culte. Lire le ch. 50 de l’Ecclésiastique: éloge dithyrambique du grand prêtre Simon II, fils d’Onias II. Mais sous Onias III, fils de Simon II, Héliodore, général de Séleucus, pille le temple. Son successeur Jason, introduit d’autorité l’Hellénisme à Jérusalem. (Ouverture au monde !) Le grand prêtre suivant, Ménélas, fait tuer Onias… il se rend odieux par ses trafics d’argent avec différents princes des nations. De 167 à 163, grande persécution contre les Juifs fidèles, qui refusent de se plier aux coutumes grecques. En 167 la statue de Jupiter Olympien érigée dans le Temple de la Ville dite sainte ! « abomination de la désolation… « . C’est alors que se produit la révolte des Maccabées, avec Mathatias, puis Judas. Guerres atroces. En 164: reprise de Jérusalem et purification du temple.
Ce retour à la Loi et au culte sera-t-il suffisant ?… Non: car la Loi n’est pas comprise dans son esprit: Judas Maccabée fait alliance avec les Romains; aussitôt après il est tué dans la défaite de Bérézeth. Jonathan succède à Judas. Il est investi de l’honneur du souverain pontificat. Désormais les grands prêtres seront sous la tutelle des Romains, ils devront leur « acheter » leur charge, jusqu’à Anne et Caïphe, et ceux qui suivirent jusqu’à la ruine de Jérusalem… On ne peut mieux réaliser l' »ouverture au monde… « Depuis l’Edit de Milan la papauté resta plus ou moins dominée par les empereurs et les rois, ou même simplement par les grandes familles de la péninsule italienne. Qu’en est-il aujourd’hui ? Dans quelle mesure la hiérarchie catholique est- elle libre de ses décisions et ordonnances vis-à-vis des Etats ? ***
2 – La réaction des Sages. Les rabbins et copistes d’Alexandrie, capitale de la « diaspora », traduisent l’Ancien Testament en grec: Moïse, livres historiques, prophètes, psaumes.. de manière que les « craignant Dieu », parmi les Gentils, puissent s’instruire intelligemment de la Révélation divine. Heureuse initiative du second siècle avant Jésus-Christ, racontée par Saint Clément d’Alexandrie dans ses « Stromates ». Ce travail éminemment positif prépare, comme une pierre d’attente, la diffusion de l’Evangile dans tout le bassin méditerranéen. L’Eglise sera instruite par la bible grecque, puis la bible latine de Saint Jérôme. Le précieux « dépôt » dont se serviront les confesseurs et docteurs de la Foi, doit amener et développer l’intelligence de la Révélation divine, et par conséquent ouvrir les portes du Royaume.
Signes des temps
Les Juifs sont revenus sur leur terre. Jérusalem n’est plus « foulée par les nations » (Luc, 21/24). Retour purement politique, financier et militaire, analogue à la révolte militaire des Maccabées. On peut craindre l’Islam qui enserre de tous côtés la minuscule Palestine: la prophétie de Zacharie reste menaçante: « Jérusalem sera prise… » (Zc. 12/11, 14/1s). Allons-nous voir « le Jour de la colère de Yahvé » ? Si Paul annonce la conversion finale des Juifs, (Rom. ch. 9-11) il ne précise pas quelles seront les épreuves qui les contraindront à reconnaître leur énorme faute : la condamnation et la crucifixion de Jésus-Christ. Les dix plaies d’Egypte furent nécessaires pour contraindre le Pharaon à libérer le peuple de Dieu. Combien faudra- t-il de plaies pour amener les Juifs à la repentance ? Dans sa prophétie sur le déroulement de l’histoire chapitre 28 du Deutéronome, Moïse écrit (v.60) : « Yahvé fera retomber sur toi les plaies d’Egypte qui furent ta terreur, et elles s’attacheront à toi. … » **** Et d’autres fléaux déjà décrits par les anciens prophètes. La ruine de Jérusalem reste la prophétie en actes de la dernière ruine de Jérusalem. L’Eglise a chanté chaque année, pendant la semaine sainte, les lamentations de Jérémie, pour appeler les Juifs déicides à la pénitence, à leur « conversion ». Déjà Jésus, pleurant sur Jérusalem, prédit sa ruine, son investissement par les armées, et l’immense détresse qu’elle connut en l’année 70 ***** : « Si tu avais connu le temps de ta visite…. Tout cela viendra sur toi jusqu’à ce que vous disiez: » Béni soit celui qui vient au Nom du Seigneur ! » (Luc 13/64; Mat. 23/37 s.). Il importe donc au plus haut point que les Juifs prennent conscience, en toute intelligence, de leur propre histoire.
Mais il est aussi rigoureusement nécessaire que l’Eglise obtienne l’intelligence de sa propre doctrine, et de sa propre histoire ! Voici un « signe des temps »: elle se trouve aujourd’hui dans un grand désarroi, perte des vocations, désertion des églises, de la pratique des Sacrements…Et d’autre part elle affiche un faste pontifical fabuleux: très semblable à celui des grands prêtres d’Israël au temps des Maccabées. Israël a survécu, l’Eglise aussi, malgré ses ennemis extérieurs et la perfidie sournoise des hérésies….
Le véritable RETOUR s’est-il produit ? Se produira-t-il ?
En Israël, ce Retour se produisit dans la lignée de David, aux temps où elle ne subsistait que dans l’humilité et la pauvreté. Les géniteurs du Christ sont revenus à la Loi Biologique véritable, promulguée, non pas par Moïse, mais par le Créateur lui-même au paradis terrestre. Ils ont dit « non » à la génération charnelle, et ils ont adoré Dieu comme Père en sanctifiant son Nom: Jésus Fils de Dieu est le Fruit béni de leur acte de foi.
Il est donc nécessaire que l’Eglise prenne conscience du centre de son Credo: « Jésus conçu par le Saint Esprit dans le sein de la Vierge Marie ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Jésus n’est pas advenu comme une exception pour nous épater, mais comme le maître de la Vérité pour nous instruire. « Dieu nous a parlé en Fils… » comme l’explique l’épître aux Hébreux dans son prologue. C’est donc une Loi Biologique qui intéresse non pas le culte, ni la doctrine sociale, mais la nature même, de laquelle il faut enfin comprendre la signification…
Dès lors, le véritable « retour », la véritable « conversion », consiste à revenir au commencement, au principe, au Paradis terrestre, comme l’exprime si bien Notre Seigneur Jésus-Christ dans un logion de l’Evangile de Saint Thomas que voici:
« Les disciples dirent à Jésus: « Dis-nous comment sera notre fin ? » Jésus leur dit: « Avez-vous donc dévoilé le commencement pour que vous que questionniez sur la fin ? Car où est le commencement, là sera la fin. Bienheureux celui qui atteindra le commencement. Il connaîtra la fin et ne goûtera pas la mort. »
(Logion 18, trad. Jean Dorèse)
Les Saints Géniteurs du Christ, le père de Joseph, Jacques le juste – « C’est à cause de lui que le ciel et la terre ont été créés »(logion de St Thomas) – Joachim et Anne qui nous ont donné Marie engendrée en toute justice, « immaculée dès le premier instant de sa conception, » et enfin saint Joseph et son épouse vierge, ont parfaitement compris ce qu’est le péché que la Loi dénonce, et se sont élevés à la justification parfaite qui procède de la foi. Le Royaume du Père ne peut advenir autrement que par la Sanctification de son Nom…
Ainsi prêchait Jean-Baptiste, criant aux Juifs: « Convertissez-vous ! car le royaume de Dieu est proche (Mt. 3/2). Le verbe grec est μετανοεω. Ce royaume de Dieu dont il parle est vécu depuis trente ans au foyer de saint Joseph. Les auditeurs de Jean Baptiste sont donc appelés à un « changement de mentalité », c’est le sens du mot grec μετα−νοια.. Se convertir c’est donc changer sa « façon de penser », ce qui dans le domaine de la génération est une révolution radicale ! Passer de la génération d’Adam et Eve qui a perduré jusqu’à Jésus-Christ à celle que nous enseigne la sainte famille implique en effet une refonte complète de sa mentalité. Se « convertir » lorsque l’on a commis des fautes graves, facilement identifiables, et que la conscience réprouve, reste un acte relativement facile par rapport à cette conversion-là, que le conditionnement de la « chair » empêche.******
C’est pourtant l’exigence du Seigneur:
« Celui qui ne hait pas son père, sa mère, ses enfants… ne peut pas être mon disciple. »
(Luc ch.14)
(Voyez les mots « génération, salut, justice, justification… « )
*Les pasteurs Jean Théophile Desagliers, et James Anderson, en 1717. Voir le livre de Jacques Ploncard d’Assac « Le secret des francs-maçons » (Editions de Chiré)
**On doit penser que plusieurs psaumes sont très antérieurs à David (exemple le psaume 89 de Moïse) et d’autres qui remontent aux patriarches, insérés dans le recueil de David.
***La politique des « concordats » a rendu l’Eglise étroitement dépendante de l’autorité politique. (Voir dans les «Mémoires du Cardinal Consalvi » la manière dont fut signé le « Concordat » de 1801 (14 Juillet) et comment furent ensuite publiés les « Articles Organiques ». L’Etat républicain français donne son assentiment pour le sacre d’un Evêque : le candidat doit promettre qu’il ne s’opposera pas aux lois de la République. C’est sans doute pour cela que les Evêques français n’ont jamais protesté contre la Loi de l’Avortement, même s’ils ont engagé les chrétiennes à ne pas se faire avorter… De même ils n’ont pas protesté contre le service militaire obligatoire…
****Lire attentivement ce chapitre 28 du Deutéronome qui est la clé de l’Histoire.
*****Mois de Septembre, où nous célébrons la Nativité de Marie. Si l’on admet que Marie avait 30 ans à la naissance de Jésus (elle était une femme et une épouse accomplie) la ruine de la Jérusalem incrédule se serait alors produite 100 ans après sa naissance.
******Lire le chapitre 7 de l’épitre aux Romains, où saint Paul exprime d’une manière dramatique la difficulté de revenir à un mode de pensée et d’action absolument contraire au conditionnement charnel.
Couple
Couple – hébreu : ScheNaÌM (= deux)
grec : αμφω, αμφοτερω (amphotérô) ou αλληλων (allèlôn)
latin : par, paris ; ambo, -ae ; jugum, -i
Le mot français couple vient du latin « copula » = « lien, chaîne », d’où les mots copuler, copulation. Le mot latin qui le traduit le mieux est « jugum » = le joug, d’où le mot conjugal. Il n’y a pas de mot grec ni hébreu pour le traduire. On trouve seulement dans ces deux langues les mots qui signifient la dualité. Le duel est d’ailleurs une forme grammaticale grecque et hébraïque. Quand on parle de choses ou de parties du corps qui vont deux par deux, comme par l’exemple les oreilles , les yeux… on emploie le duel. Ces deux langues vont donc parler du couple comme d’une paire : ScheNaÌM-ScheNaÌM = deux-deux, avec parfois ce redoublement caractéristique, alors que le mot a déjà la forme pluriel. Exemple, lorsque les animaux entrent « deux à deux » = par paire, par couple, dans l’arche de Noé. (Gn.7/15) Ce mot vient de la racine « SchéN », qui veut dire « dent », car les dents précisément sont associés deux à deux. Semblablement en grec: αμφω = tous deux, αμφοτερω = l’un et l’autre, αλληλων = l’un l’autre (redoublement de αλλοσ = l’autre). « Aimez-vous l’un l’autre (αλληλουσ) ou les uns les autres » (Jn 14/34) , que le latin a traduit par « invicem » = en retour, réciproquement, mutuellement. Les mots latins qui expriment la dualité sont: par = paire et aussi ambo = les deux, d’où les mots ambivalent, ambidextre, etc…
J’avais l’idée de traiter du vocable: « concevoir » qui, en français a un sens très étendu, puisqu’il désigne d’abord la formation d’un être nouveau dans l’utérus de la femme – et de toute femelle – mais aussi l’apparition d’une idée, qui sera vraie ou fausse… dans l’intelligence. C’est ce que Saint Léon met si bien en évidence dans un de ses sermons sur la Nativité, lorsqu’il affirme que Marie, mère de Jésus, « a conçu le Verbe dans son esprit avant de lui donner de sa propre chair un corps d’homme. »
A vrai dire, la « conception » intervient, comme une loi biologique chez les animaux supérieurs, les mammifères, créés le sixième jour avec l’homme, qui achève le grand ouvrage de la Création de tout l’Univers. Toute conception d’un être nouveau se fait chez les animaux supérieurs dans l’utérus de la femelle, après la « fécondation », opérée par le sperme du mâle. Alors que chez les vivants inférieurs, il y a une multiplication toute autre, par simple duplication de l’individu: mitose, ou parfois par marcottage ou bouturage… on dit aussi de nos jours par « clonage ». La science biologique a scruté profondément ces processus vitaux, si bien qu’elle fournit une base de raisonnement qui nous fait saisir comment l’être humain est à la fois solidaire de tout le processus vital des animaux (composés d’organes et de cellules) et comment il doit obéir a une loi spécifique, par laquelle il restera transcendant à tous les processus de multiplication et de prolifération des espèces qui peuplent la biosphère de la Terre. L’être rationnel doit garder une relation directe avec son Créateur Souverain: cette relation s’appelle la « filiation », par laquelle l’être humain dit n’être pas seulement créé, mais engendré.
Il est donc plus logique d’étudier d’abord les racines hébraïques qui définissent l’être humain, tel qu’il est sorti des mains de Dieu, et qui survit encore aujourd’hui dans une nature « déchue » (voir les anathèmes du Concile de Trente, sur le péché originel). Ainsi la nature actuelle de l’homme, avec tout son cortège de maladies et de souffrances, n’est pas celle que Dieu a voulue et créée. La tradition conciliaire a toujours affirmé que Dieu n’a pas voulu la mort de l’homme. Ainsi déjà sous le pape Vigile en 418, le concile de Carthage définit clairement, par un anathème pertinent :
« Il a plu à tous les évêques réunis dans le saint synode de Carthage, de déclarer: « Si quelqu’un dit qu’Adam, le premier homme, a été fait mortel, de sorte que, qu’il ait péché ou qu’il n’ait pas péché, il serait mort corporellement, c’est-à-dire qu’il serait sorti (exiret) de son corps non pas en raison (merito) du péché, mais par nécessité de nature, qu’il soit anathème ».
D’où il résulte qu’un chrétien qui pense que la mort est dans la volonté de Dieu, donc « naturelle », tombe sous le joug de cet anathème ; il se met dans l’impossibilité d’atteindre le salut, et de fait, ce qu’il a voulu lui sera donné. (Ecclésiastique, ch.15, sur le libre choix de l’homme devant la vie ou la mort.)
Mais, quoique déchue, cette nature est encore reconnaissable, car la conscience n’est pas éteinte par le péché, puisque l’homme garde son « libre arbitre », c’est-à-dire la possibilité de comprendre et d’accepter le Salut que Dieu lui propose. (Voir les querelles de Luther et d’Erasme sur le « serf arbitre » et le « libre arbitre », le concile de Trente a tranché pour la théologie d’Erasme.)
Il importe donc de saisir aussi exactement que possible ce que nous enseigne le texte sacré de la Genèse, à la fin du premier chapitre, lorsque Dieu entreprend d’inscrire sa propre image et ressemblance dans l’achèvement de tout son ouvrage, puisque, ayant créé l’homme, « il se reposa »: il ne pouvait aller plus haut dans la manifestation créée de sa sublime Sagesse.
Il ne sera pas inutile de citer, avec une brève explication, les deux versets fondamentaux , 26 et 27 du 1er chapitre de la Genèse, texte que l’on doit considérer comme absolument fondamental:
Gen. 1/26 : Puis Elohim dit : »Fabriquons Adam dans notre ombre et dans notre similitude, et qu’il soit au-dessus des poissons de la mer, des oiseaux des cieux et de tous les rampants qui rampent sur la terre. »
« Puis » : la création de l’homme s’enchaîne directement avec celle des mammifères qui sont aussi créés le 6ème jour, et qui sont en quelque sorte le milieu vital de l’homme.
« Elohim »: le mot pluriel de Dieu: où les Pères ont toujours vu la Trinité: Les Trois Personnes s’expriment en effet ici par les pronoms « nous », « notre ». Tout comme en Isaïe, (Is. 6/8) où nous lisons le singulier et le pluriel: « Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? » Il y aura plusieurs personnes en « Adam » : l’homme et la femme, ce qui nous montre que le mot le meilleur pour signifier « le couple » en hébreu est précisément « Adam », vrai couple (qui n’est pas sous le « joug »). Le nom « d’Eve » pour désigner la femme apparaît comme une rupture après le péché. (Gn.3/20)
« fabriquons »: l’homme est l’ouvrage « fabriqué », ou « façonné », importance du mot « faber », le forgeron: métier de Joseph et de Jésus.
« ombre. Le mot hébreu « TsèLeM », signifie par sa racine TséL l’ombre que projette sur un mur ou sur le sol un objet ou une personne. En fr. le mot « silhouette ». Le verbe hébreu a un sens de « trembler » comme l’ombre des feuilles sur le sol au vent qui les agite. Mais ce mot a aussi le sens de « protection », « d’abri », comme l’ombre d’un arbre dans la canicule du désert. « Qui s’abrite sous l’ombre du Très Haut » (Ps.91/1). « Le Très Haut te couvrira de son ombre ». (Luc 1/35)
« similitude » ou « ressemblance »: MÌN c’est l’image que l’on voit dans un miroir, ou que l’on reconnaît sur une statue, ou, aujourd’hui, sur une photographie. En français on a « minois ». L’Ecriture proscrit de telles images pour représenter la divinité (Ex. 20/4 et al.) parce que cette image nous la sommes initialement et nous devons la retrouver et en témoigner par notre vie même. Elle a été altérée par le péché et devient souvent une caricature. Il convient de la reconstruire en nous par la grâce rédemptrice. C’est évidemment Jésus, dans sa perfection qui est l’image parfaite du Père, comme il le dit lui-même dans le ch. 14 de Jean: « Qui m’a vu a vu le Père… » « soit au-dessus »: on traduit souvent par « qu’il domine », ce qui laisse entendre que l’homme peut exercer un « pouvoir », même tyrannique, pour chasser ou enfermer les animaux, ou les exploiter pour le profit, ou les abattre en grand nombre pour satisfaire la gloutonnerie carnivore des dégénérés que nous sommes devenus par le péché !… Le mot hébreu « IaRaD » (d’où dérive le nom propre « Jourdain » = « celui qui vient d’en haut ».) signifie seulement la transcendance de l’homme sur l’animal, en raison de l’intelligence et de la volonté: ses facultés intellectuelles, dont il devra faire bon usage, évidemment.
« ramper, rampants ». Ce mot signifie en fait tous les animaux qui se distinguent des poissons et des oiseaux, qui ont leur milieu vital sur le sol. Le mot « ramper », traduction littérale de l’hébreu, n’a pas ici de sens péjoratif, mais il marque bien comment l’homme doit être « au-dessus » du règne animal. Ramper en hébreu « RaMaS », se retrouve en français dans le verbe « ramasser » qui signifie que l’on se baisse jusqu’à terre pour y saisir un objet. Et il a parfois un sens péjoratif: « Il a ramassé une sale affaire… etc »
Ce verset 26 exprime le conseil divin qui a présidé à la création de l’homme. « Puis Dieu dit: « Faisons… » Cette indication est d’une importance capitale pour nous apprendre que l’homme n’est pas un produit automatique de je ne sais quelle « évolution… » Il n’y a pas de fable plus fausse ni plus venimeuse que cette théorie sans aucun fondement scientifique, car elle supprime radicalement l’éminente dignité et sainteté initiales de « l’ouvrage achevé de Dieu » où le Créateur souverain a exprimé ce qu’il est lui-même.
Gen. 1/27 : « Et Elohim créa Adam dans son ombre, « dans l’ombre d’Elohim il le créa, » mâle et femelle il les créa.
« créa » : C’est ici l’un des vocables clés de toute la Révélation. En effet le mot hébreu « BaRaH » qui ne revient qu’une vingtaine de fois dans la Sainte Ecriture, signifie toujours une action qui n’appartient qu’à Dieu, dont Dieu seul a le privilège. Dieu seul peut ‘ »appeler le néant à l’existence », selon le mot de Saint Paul, (Rom. 4/17); ou encore celui de David, qui, sous le reproche de Nathan prend conscience de la destruction que le péché a produit en lui: « O Dieu, crée pour moi un coeur pur ». (Ps. 51). Nous retrouvons ce mot en Is. 40/26 ; Ps. 89/13 ; Dt. 4/32 ; Is. 40/28 ; Am. 4/13…etc
On remarque, dans l’insistance de la répétition de cette même phrase l’importance de l’enseignement divin qui nous est ici donné, pour que nous restions accrochés, si je puis dire, à cette ressemblance de Dieu qui constitue notre nature même et notre identité. Le Seigneur nous dira dans l’Evangile: « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »(Mt. 5/48). Le Verbe est en effet venu comme Maître de vérité, pour nous rendre notre identité. « Si vous demeurez en ma parole, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous délivrera ». (Jn.8/ 31)
« mâle » : ZaKaR : verbe hébreu qui signifie « se souvenir »: Le mâle est « celui qui se souvient ». C’est à la mémoire de l’homme qu’est confiée la vérité dont il a besoin plus que de pain. De quoi doit-il se souvenir ? Avant tout de la Parole de Dieu, de l’explication, de la Révélation que Dieu lui donne en le créant, pour qu’il sache qui il est. Ensuite de la science et de la sagesse qu’il pourra acquérir – s’il est fidèle – au cours de son existence terrestre, afin d’être digne de l’existence céleste et glorieuse. Il fera l’exploration de son « jardin » qu’il doit « cultiver ». Effectivement, avant la génération de la femme, Adam « appelle les animaux par leurs noms » (Hébreu : »crie » les noms des animaux) noms qu’il enregistrera dans sa mémoire. Ce travail d’investigation n’a jamais été abandonné: il y eut, toujours, un certain nombre d’hommes – fraction infime ! – qui ont eu le temps, et les capacités, d’enrichir le vocabulaire. Les savants le font encore aujourd’hui…
Dieu prescrira clairement à Moïse: « Les commandements que je te confie aujourd’hui tu les répéteras à tes enfants… » Devoir de mémoire. Et Jésus à ses Apôtres, pour que soit gardée l’Alliance eucharistique définitive: « Faites ceci en mémoire de moi: » Le Sacerdoce est confié à des mâles (Zakar). Si l’homme perd la tradition de la Vérité il perd la raison et le sens de son identité. Comme l’histoire des nations sanguinaires l’a surabondamment démontré.
D’ailleurs le mot grec « αληθη » = « vérité », signifie étymologiquement « ce qui n’est pas oublié », α : privatif, ληθη : oubli. De fait toutes les civilisations, pour ne pas « oublier », ont accumulé des « archives »: innombrables livres et documents, qui n’expriment qu’une très petite fraction de l’expérience humaine depuis la création d’Adam et, hélas ! depuis sa chute. Lorsque les pères engendrent sans avoir ni les compétences, ni l’instruction pour transmettre à leurs enfants la tradition de la vérité, tout s’effondre rapidement. C’est pourquoi l’Eglise, devant cette terrible maladie de l’esprit: l’ignorance, a toujours multiplié les oeuvres d’éducation et d’instruction. Même l’état laïc = impie, qui veut ignorer et mépriser les fondements divins de la science et de la sagesse, a fondé les écoles laïques des « citoyens », d’où sortent des individus suffisamment instruits pour apporter à l’humanité quelque secours, mais suffisamment idiots pour fabriquer des armes destructrices: avions de combat, bombes nucléaires, sous-marins militaires , armes chimiques, etc.
« femelle »: « NeQébaH » – C’est le mot primitif, qu’on ne peut traduire autrement. En effet il est employé dans l’Ecriture pour les animaux et pour l’homme. Gn. 5/2 ; Lv.12/5, 7 ; Gn. 6/19, 7/3… Les traductions habituelles disent « homme et femme », pour éviter la rudesse des mots « mâle et femelle », qui se sont obscurcis, en raison des complexes de peur et de culpabilité qui ont envahi le jugement de la conscience depuis la faute originelle. Cette manière pudique de parler veut atténuer le langage premier, tout comme le vêtement sous lequel toute l’humanité reste honteusement couverte. Nous verrons en étudiant le mot « péché », quelles en sont les conséquences à partir des vocables hébreux qui apparaissent au ch. 3 de la Genèse, et qui marquent immédiatement comment « le mâle et la femelle » ont perdu leur identité, sans pouvoir, encore aujourd’hui, la récupérer. (Voir les mots « péché » culpabilité, honte, pudeur.).
Le mot « NeQébaH » est extrêmement intéressant. Il se rattache à la racine QaB qui signifie « vase, » et désigne plus particulièrement une mesure de capacité.On retrouve ce mot dans le verbe NaQaB qui indique un travail de sculpture en creux: « creuser avec un outil ». Et de fait le mot même « NeQéBaH » est une forme passive, « ouvrage fait en creux ». Et la comparaison de la femme avec un « vase » : »σκευοσ » est énoncée par Saint Paul dans le texte célèbre qui prescrit aux chrétiens leur conduite par rapport à leur femme: c’est-à-dire l’éminent respect qu’ils doivent à sa virginité, à sa dignité et à sa sublime vocation :
« La volonté de Dieu: votre sanctification: vous abstenir de la fornication; que chacun d’entre vous prenne soin de son propre vase dans la sanctification et l’honneur et non pas dans la passion des convoitises, comme les peuples qui ne connaissent pas Dieu… » (I Thess. 4/3-5).
Il s’agit d’un « vase sacré ». Au Canada, on appelle « calice » l’utérus de la femme. De fait le séjour du Verbe de Dieu dans l’utérus de la Vierge , infiniment plus précieux que n’importe quel calice d’argent ou d’or, a consacré définitivement l’utérus de la femme créée vierge.
L’Eglise en effet chante dans les litanies de Lorette, la gloire de la Bienheureuse Vierge sous les invocations de : « Vas spirituale, vas honorabile, vas insigne devotionis », le mot « vas » désigne bien sûr l’utérus de la Vierge fécondé par le Saint-Esprit, qui est donc digne du plus grand honneur, et « insigne devotionis », « insigne » a le sens de « σημειον » = le signal qui indique la route, la bonne direction, le « panneau indicateur ». Cicéron emploie le mot « insigne » (latin, lire ìnsigné) dans le sens de « signe distinctif de la vérité », preuve évidente et incontestable de la vérité. C’est pourquoi nous aimons chanter la gloire de saint Joseph par cette strophe
de l’hymne :
« Tu reçus dans tes bras Marie, vierge très pure, « Tabernacle vivant du Verbe Créateur,
« Et de ce Dieu très saint , caché dans cette coupe,
« Tu fus premier adorateur. »
Nous mesurons ainsi la difficile conversion, la « μετανοια »; le « changement de mentalité » (voir le mot conversion ) indispensable pour que l’homme pécheur et couvert du vêtement de la honte saisisse la pensée de Dieu et simplement accepte l’ouvrage de ses mains ! Dans un logion de l’Evangile de Saint Thomas (27 de Jean Dorèse), le Seigneur dit « :
« …si vous faites le mâle et la femelle un seul, de sorte que le mâle ne soit plus (un) mâle, et la femelle ne soit plus (une) femelle… » alors vous entrerez dans le Royaume. «
Dans ce même logion Jésus parle aussi du changement de regard:
« Si vous mettez des yeux à place d’un oeil… »
Il s’agit donc de considérer la femme dans toute sa dignité et sa vocation première, de sorte qu’il n’y ait plus d’adultère ni de profanation du « vase sacré ».
Ce qui fut réalisé exemplairement dans le couple qui nous a donné le « Fils de l’Homme ».
Crainte (don de l'esprit)
Un peu longue cette définition est ici
Créer, Création, Créateur
Créer, (Création, Créateur) – hébreu BaRaH, et QaNaH
grec : ποιεω (poiéô) et κτιζω (ktidzô)
latin : creo, de creare; (creatio, creator) Nous avons déjà évoqué ce vocable. Mais il convient de le préciser. En effet ce
verbe « créer » est le premier qui figure dans le premier verset de l’Ecriture:
« Au commencement (au principe): Dieu crée les cieux et la terre ».
BeRéHSchaÌT = dans le commencement: RoHSch = commencement.
Ce mot traduit par « commencement » ou par « principe », signifie d’abord simplement « tête ». On le retrouve dans l’Evangile lorsqu’il est question des « princes des prêtres », sous le mot « princes » il faut lire « têtes », soit ceux qui ont l’autorité et le gouvernement. Ce sont en effet les « chefs » des « grandes familles sacerdotales » que nous retrouvons dans les Actes des Apôtres (ch.4/5), qui font arrêter et comparaître Pierre et Jean. Jésus lui-même, lorsque les chefs juifs lui demandent: « Qui es-tu ? » répond du tac au tac: « Je suis le principe, précisément* ce que je vous dis ». En général les traducteurs de cette phrase simple et évidente n’osent pas la citer exactement. Phrase pourtant merveilleuse ! où nous trouvons le mot grec αρχη. (archè) = être le premier, aller en tête, montrer le chemin, de la racine αρχ = diriger, mot que l’on retrouve dans « archevêque ».
L’Evangile de Jean commence par le rapprochement du « principe », avec le Verbe Créateur, le Λογοσ. En effet voici le premier verset de cet évangile : « Au principe est le Verbe, et le Verbe est auprès de Dieu, et le Verbe est Dieu ». Cette phrase est exploitée par tous les Pères pour affirmer la divinité de Jésus-Christ, qui est de la substance du Père au coeur de la Sainte Trinité. Et remarquez le parallélisme : « Au principe Elohim » : premier mot de la sainte Ecriture et: « Au principe le Verbe » premier mot de l’Evangile de Jean. Voici pourquoi la parole de Dieu est Créatrice: « Dieu dit: « Que la lumière soit, et la lumière fut… ». Elle est aussi parfaitement organisatrice, car Dieu est à la fois Créateur et Législateur.
Il est le « principe » le Christ car il résume en lui-même tout ce que le Père désire pour la créature humaine. Il est le « principe » car il est maître de Vérité; il est le principe parce qu’il est au principe de toutes choses : « Au principe Dieu ». « In principio » en latin (de princeps = qui occupe la première place).
Ce mot désigne aussi l’un des choeurs des Anges: « Les Principautés », chargées d’une mission de chefs, et dont le pouvoir est grand. Nous savons, – hélas !- que certains de ces anges ont suivi la révolte de Satan. C’est contre eux que nous avons à mener le combat victorieux de la foi. (Eph.6/ 12): « Notre combat n’est pas contre les hommes mais contre les Principautés et les Puissances, les régisseurs de ce monde de ténèbres ».
« Au commencement » : il y a donc eu un commencement à la création : renseignement précieux. Dieu a décidé dans son conseil divin de créer. Nous expliquerons plus loin pourquoi. Certes il ne nous dit pas quel a été le moment de l’apparition de la première créature – sans doute la « lumière », créée le premier jour. Il nous reste encore à découvrir ce qu’est la lumière… Est-ce le champ électromagnétique universel et son ébranlement énergétique ?… La Science la plus poussée a des certitudes sur la vitesse de propagation de la lumière, les interactions entre la matière, la lumière, la température, l’énergie transportée par les « ondes » électromagnétiques. Et nous constatons que les Lois ont une application universelle – je veux dire aussi loin que l’on peut scruter l’Espace.
Créa : On traduit en général par le parfait : Dieu « créa » mais cette traduction n’exprime pas le vrai sens du prétérit hébreu. Pour être très exact il faut comprendre: « Dans le principe, Elohim (pluriel indiquant la Sainte Trinité) créa-et-ne-cesse-pas- de-créer les cieux et la terre ». Car le prétérit exprime en effet la permanence de l’action. Notre manière habituelle de parler en employant le »passé simple » signifie une action qui s’est produite à un instant donné, de sorte que le chrétien qui entend la traduction habituelle de ce premier verset de l’Ecriture, pense que Dieu a créé autrefois, il y a très, très longtemps… D’autant plus qu’aujourd’hui l’Astronomie nous montre des astres qui existent depuis des dizaines de milliards d’années… On pense donc que, depuis ce temps si lointain de la création, les choses marchent toutes seules sans que Dieu intervienne. Vue enfantine et anthropomorphique du tour de manivelle qui a mis la machine en marche…
La vraie théologie a parfaitement défini la notion de création, telle qu’elle est enseignée dans la Sainte Ecriture, selon le sens exact des vocables.
En effet, le mot hébreu « créer » : BaRaH a toujours pour sujet Dieu lui-même; Dieu seul a le pouvoir de créer.
Dans son sens premier et direct, « donner l’existence à partir de rien, » le mot hébreu ne figure que 18 fois dans l’Ancien Testament. Mais il est employé aussi, surtout dans les prophètes, pour montrer l’action « personnelle » de Dieu dans l’histoire: une vingtaine de fois environ.
Dans Isaïe et quelques psaumes, l’action salvatrice de Dieu à l’égard de son peuple est mise en corrélation directe avec sa puissance créatrice proprement dite. Ainsi, l’espérance du Salut est fortement appuyée sur la puissance invincible de Dieu.
Voici quelques références parmi les plus remarquables : Gn. 1/2, 27, 5/1, 6/7 , Is.45/18 ; Is.4/5, 41/20, 65/18 ; Ps.104/30, 148/5, 102/19….
Dans la Vulgate, le mot « creare » est beaucoup plus fréquent. En effet le verbe latin ne désigne pas seulement l’action de créer, mais aussi d’engendrer, d’arranger, de produire, de choisir un homme pour l’élever à une fonction: « créer un capitaine ». En français de même, le mot « créer » est employé abusivement: « Créer un spectacle…
Créer un nouveau modèle… Créer un personnage de roman… » L’homme ne peut aucunement créer, mais seulement fabriquer, ou construire, ou inventer, ou imaginer… Le latin « creare » est de la même racine que « crescere » = croître, faire pousser, grandir. Le grec emploie deux verbes: ποιεω = faire, ou κτιζω = bâtir, construire, édifier; de la racine κτι = établir. Les Septante ont utilisé « ποιεω » pour traduire ce premier verset de l’Ecriture.
Le verbe QaNaH est à rapprocher du verbe grec κτιζω , car il inclut une construction, une édification. C’est le Verbe, le « Logos » qui ordonne par des lois, et une logique interne chaque chose. Créateur et législateur.
Le mot « création », dans son sens honnête, a deux significations :
– soit « l’acte de créer », qui n’appartient qu’à Dieu, qui seul peut faire exister quelque
chose à partir de rien. De ce fait la création d’un seul atome est aussi remarquable que celle de l’Univers. La création d’un seul rayon de lumière est aussi merveilleuse que celle de l’énergie rayonnante de toutes les Etoiles.
– soit l’ouvrage de Dieu, que l’Ecriture désigne habituellement par l’expression simplifiée « Le ciel et la terre… » Et l’on ajoute parfois, « Tout ce qu’ils contiennent », nous disons aujourd’hui « l’Univers. »
Il appartient à l’homme de « cultiver et de garder le jardin » (Gen 2/15), pour l’ordonner d’une manière plus efficace à ses besoins, ou pour en agrémenter la beauté ou l’utilité. Hélas ! le péché a gravement altéré son intelligence, et surtout sa conscience, de sorte qu’ il a pillé et détruit son milieu vital. Que d’espèces d’animaux ont disparu par la chasse et la voracité carnivore des fils déchus d’Adam ! Les zones les plus fertiles et les plus confortables de la terre, tropicales et subtropicales, ont été transformées en déserts: « La terre a vomi ses habitants ».
La structure logique de tous les êtres créés.
« Tu as tout réglé avec nombre, poids et mesure » Sag. 11/21
La sainte Ecriture enseigne ainsi que l’Univers, « le ciel et la terre », sont placés sous des « lois ». Parlant des astres, le Ps. 148 déclare : « Il les plaça sous une loi qui ne passera pas ». Plusieurs passages poétiques de l’Ecclésiastique, du livre de Job, des Psaumes, du livre de la Sagesse, en décrivant la beauté de la Création soulignent l’admiration qu’elle éveille chez tout homme intelligent, enseignent clairement que tout obéit aux ordres, à l’ordonnance, aux lois que le Créateur a posées à la base de tout être créé.
Cette existence des lois pour les êtres irrationnels, est parfaitement expliquée par Saint Anselme, notamment dans son traité: « De peccato originali et de conceptu virginali »: (« Du péché originel et de la conception virginale »), où le saint docteur explique avec une logique admirable – alors qu’il ne connaissait pas encore ce que nous appelons le conditionnement chromosomique – qu’un homme conçu virginalement ne contracte ni le péché originel ni ses conséquences.
La philosophie pythagoricienne pose le même principe, en précisant la notion de « nombre », et la possibilité d’un calcul pour mieux comprendre les choses**. Cet axiome de base est le fondement du développement de la science, qui a fait disparaître presque entièrement l’idée de magie ou de hasard, ou de « caprice des dieux ».
L’acte créateur de Dieu produit aussitôt une oeuvre parfaite. L’Epître aux Hébreux le dit clairement : « Les oeuvres de Dieu sont achevées dès le principe » (4/3), à la fois dans leur perfection et dans leur « multitude »: Dieu Sabaoth = Dieu des multitudes. Dieu n’est pas un apprenti qui doit faire des essais successifs pour obtenir un ouvrage acceptable. La parole de Dieu : »Dieu dit et cela est »: « Que la lumière soit et la lumière existe… » « Dieu dit… et il en fut ainsi », refrain du premier chapitre de la Genèse, implique une création parfaite. C’est le Verbe de Dieu qui crée, et la chose est aussitôt conforme au Verbe (λογοσ). Saint Thomas d’Aquin explique parfaitement ce principe, de même que sa définition de la Vérité : »Veritas adaequatio mentis ad rem » : « La vérité c’est l’adéquation de l’esprit à la chose ». Nous connaissons la vérité lorsque nous avons une idée exacte de la « chose »: mais pour Dieu Créateur c’est la chose qui répond adéquatement à sa pensée.
Toutefois la création n’est pas une oeuvre finie instantanément : le temps lui- même est une créature, que d’aucuns appellent aujourd’hui « la quatrième dimension ». Il n’est pas, à mon sens, logique de dire que le temps est une dimension, pour la bonne raison que si les trois dimensions de l’Espace, (où Képler voyait la signature de la Sainte Trinité, non sans raison) sont réversibles en ce sens que l’on peut les parcourir dans un sens ou dans l’autre, il est impossible de revenir au passé. – Nous dirions, dans le langage scolastique, qu’il y a une différence substantielle entre le temps et l’espace. – Certes la lumière met un certain « temps » pour parcourir l’espace: c’est déjà au XVIIème siècle que les astronomes ont mesuré d’une manière précise la vitesse de la lumière, en observant les satellites de Jupiter, compte tenu des lois de Képler. Ainsi tout ce que nous voyons au loin est déjà dans le passé. (La lumière met 8 minutes pour nous venir du Soleil, elle met 4,4 ans pour venir de l’étoile la plus proche, alors que la distance des galaxies se compte en millions d’années de lumière) .
C’est donc avec le temps que Dieu crée l’Univers; c’est ce que l’Ecriture (Gn.1) enseigne en évoquant les 6 « jours » de la création de la Terre. Mais il faut savoir que ces 6 jours ou plutôt six « nuits », – car le texte dit : « Il y eut un soir, il y eut un matin » – sont les six « visions » que Moïse eut des grandes étapes de la création et de l’organisation de notre planète Terre. Il resta en effet « 6 jours » dans la nuée sur la montagne avant de gravir le sommet du Sinaï. (Ex. 24/15-16). Cette indication est précieuse : elle nous invite à penser que c’est bien à ce moment-là qu’il reçut la révélation du premier chapitre de la Genèse. Nul témoin en effet n’a pu le lui conter. Il lui fallut un enseignement divin. Ainsi tout s’explique: et les « 6 jours » de la vision, et les grandes « ères géologiques » dont la description que l’on peut en faire aujourd’hui correspond effectivement très bien à l’élaboration du milieu vital terrestre: océans (abîme), continents (« que le sec paraisse ») , atmosphère (étendue entre les « eaux d’en- bas et les eaux d’en haut »), qui devient transparente au 4ème jour, où les astres apparaissent; puis création des poissons et des oiseaux qui ont des yeux pour se diriger dans l’atmosphère ou l’eau; enfin les animaux supérieurs, et l’homme.
Nous avons acquis une large connaissance des lois admirables qui président à la matière terrestre, directement accessible: minéraux, leurs structures moléculaires, cristaux… La chimie explore la matière jusqu’aux atomes, molécules, acides aminés, dont vingt-quatre seulement pour constituer toute matière vivante. Plus profond encore: la physique nucléaire explore les structures de l’atome, explique même les échanges d’énergie entre la lumière et la matière: des équations sévères justifient ces lois profondément cachées dans « l’infiniment petit ».
D’autres lois régissent la manière vivante, végétaux et animaux: biologie. Tout repose sur la cellule vivante. Mais en définitive, la vie est confinée dans une fine pellicule de la surface terrestre, où les radiations électromagnétiques assurent la photosynthèse des molécules organiques. Toute vie terrestre repose sur l’équilibre des cellules, qui ne subsistent que dans des limites extrêmement étroites de pression, d’humidité, de température***. L’apparition de la vie sur une planète par un processus chimique et biologique automatique est une impossibilité mathématique (probabilité = 0). Il y a autant d’atomes dans une seule cellule vivante que d’étoiles dans la Galaxie toute entière, et tous merveilleusement ordonnés à leur fonction précise. Chose que le hasard ne pourra jamais réaliser. Il faut la Main de Dieu pour cela, sa Parole créatrice, comme ce fut et demeure le cas sur la planète Terre.
Au sommet de la pyramide des vivants : la créature humaine, devenue hélas une « espèce » – le « genre » humain – dont l’énorme majorité des individus ne voit le soleil que quelques jours, pour retourner à la terre dont ils ont été tirés. C’est un échec redoutable. Le Créateur aurait-il fait une erreur dans ses calculs ? Toute bonne philosophie professe qu’il est absurde qu’un être rationnel disparaisse… Dieu ne peut se tromper… et pourtant toute femme qui enfante, dans les cris et le sang, laisse glisser son rejeton dans la fosse de perdition… dans la géhenne, cette vallée du Gihon (Géhenne) aux portes de Jérusalem, où la puanteur des ordures et des cadavres voltigeait dans des fumerolles vacillantes, rougeâtres durant la nuit.
Y avait-il une loi spécifique qui devait assurer l’immortalité puis la gloire de la chair humaine ? Nous est-il possible de retrouver cette Loi ?
La finalité de la Création
Dieu, dans sa perfection intime, le bonheur immuable de sa Trinité, n’a aucun besoin de créer quoi que ce soit, ni qui que ce soit, pour être plus grand ou plus heureux. S’il a décidé de créer aussi bien l’Univers entier – dont nous ne connaissons pas les limites, ni dans le temps ni dans l’espace – que toutes les particules dont est composée la matière, ou toutes les énergies portés par la lumière (ondes électromagnétiques) c’est dans un but précis.
Ce dessein immuable de Dieu, Souverain Créateur et Législateur, l’Ecriture le définit parfaitement. Nous lisons en effet dans l’Epître aux Hébreux, (2/10): « Dieu veut conduire à la gloire un grand nombre de fils… «
« … Il convenait en effet que, voulant conduire à la gloire un grand nombre de fils, Celui par qui et pour qui sont toutes choses, rendit parfait, au milieu de ses souffrances, le chef qui devait les guider vers le Salut… » (Trad. Bible de Jérusalem)
« … En effet, il était bien digne de celui pour qui et par qui sont toutes choses, qui, ayant à conduire à la gloire un grand nombre de fils il élevât par les souffrances, au plus haut degré de perfection le chef qui les a guidés vers le salut ». (Trad. Crampon)
J’ai traduit dans mon étude de l’Epître aux Hébreux :
« … Faveur de Dieu en effet, lui par qui tout subsiste et tout existe, qui pour conduire à la gloire un grand nombre de fils, a manifesté la perfection de l’archège de leur salut par le moyen de ses souffrances… «
Cette phrase, donc le grec est très compact, met en évidence avant tout, le dessein éternel et immuable du Père : « Il a tout créé pour faire partager sa gloire à un grand nombre de fils ». Telle est la finalité de la création de l’Univers: disons la cause finale. Ce dessein aurait été accompli sans problème, si l’homme avait obéi à la loi spécifique qui lui fut prescrite au commencement. En effet Adam, le premier homme, fut créé « fils de Dieu, » (Luc.3/38) , recevant l’Esprit, -le souffle de Dieu- dès qu’il eût été façonné de la glaise du sol. Eve de même fut engendrée fille de Dieu, façonnée par la main de Dieu des os et de la chair d’Adam; si l’Ange porteur de lumière avait été fidèle, le premier couple eût été guidé vers la génération sainte et virginale pour enfanter, par la puissance de l’Esprit-Saint, des fils et des filles de Dieu.
Dessein d’une merveille extrême: en effet il correspond à ce que la femme désire au plus haut point car elle est engendrée d’Adam pour cela : enfanter dans la joie et l’allégresse de l’extase divine, dans la gloire, et non dans la douleur, des fils et des filles de Dieu. Il n’y a pas, il ne peut y avoir de plus grande merveille, comme l’Ange le dit à Sarah, lorsqu’il lui annonce qu’elle enfantera un fils dans sa vieillesse, hors de toute possibilité « normale »: « Y a-t-il rien n’est trop merveilleux de la part de Yahvé notre Dieu ? ». (Gen. 17/14). Si Dieu ne veut pas réaliser ce qu’il y a de plus merveilleux, de plus parfait, de plus admirable, il n’est pas Dieu, car Dieu, en raison de sa sainteté****, ne peut concevoir et réaliser que le bien suprême de ses créatures
rationnelles: surtout celle qui est son image et ressemblance.
Ce dessein a été déraciné à la base, si je puis dire, par la jalousie de Satan, et la désobéissance d’Adam et d’Eve…. Mais il demeure éternellement, malgré la négation et l’hostilité de milliards et de milliards d’individus, malgré la rage diabolique. Le Prophète nous en assure : « Je suis le Seigneur, et je ne change pas » « Ego sum Dominus et non mutor ». (Mal.3/6 ) C’est ce même dessein, « conduire à la gloire une multitude de fils », que le Verbe éternel a lui-même exemplairement et typiquement restauré dans sa nature humaine.
Nous ne pouvons pas imaginer en effet, ce qu’eût été la Terre peuplée de fils et de filles de Dieu appelés à l’existence par une conception immaculée, instruits et conditionnés par le Saint-Esprit lui-même. Les chrétiens n’ont reçu que l’adoption filiale par le baptême, et il leur est difficile, en ce monde de ténèbres, « tout entier sous l’empire du Mauvais et de la mort » (Hb.2/14, Ia Jn 5/17-19) de s’élever jusqu’à la foi parfaite pour obtenir cette gloire.
Désormais nous savons quelle est la loi spécifique de la créature humaine, qui assurera l’immortalité de chaque personne et le bonheur parfait du couple virginal. Loi prescrite à Adam par le Créateur et Législateur souverain, dès la création, et démontrée par le Verbe, inaugurant l’ère de la Rédemption. En effet la Seconde Personne de la Sainte Trinité a authentifié la Foi de Joseph et de Marie qui l’ont « engendré en ce monde pour porter témoignage à la Vérité. » (Jn 18/34-37) (Voir les mots chasteté et couple)
Il faut bien comprendre que les êtres irrationnels obéissent automatiquement aux lois générales des vivants et aux lois propres aux diverses espèces: lois qui assurent leur développement et leur permanence dans le temps. Alors que l’acte créateur de Dieu à l’égard de l’homme, s’accompagne d’une parole qui s’adresse à son intelligence: si elle est comprise et observée, elle assurera sa liberté son bonheur, et sa gloire. On dit généralement que l’homme se distingue des animaux par la conscience qu’il a de lui-même et de la valeur de ses actes. Mais à la suite du péché qui dure sur six millénaires, le « jugement de la conscience » est gravement altéré, si bien que les païens adoraient des animaux. Sans doute voyaient-ils que ces animaux étaient plus sages que l’homme, car ils obéissent mieux que lui aux ordres du Créateur !
Par la révélation divine – la parole de Dieu, toujours la même – nous pouvons rectifier le jugement de notre conscience, et obtenir ainsi la justesse = notre conformité exacte de conscience et de conduite avec le bon vouloir de notre Créateur; ce qu’on appelle « La justification par la foi ». (Voir le mot justification.)
*Je traduis « précisément » le και qui s’insère dans cette courte réponse. On pourrait traduire aussi: « Le principe: oui ce que je vous dis ». C’est le premier mot de la sainte Ecriture.
**Les anciens ne connaissaient pas le système décimal, mais ils effectuaient les opérations sur les nombres par diverses méthodes très astucieuses. Ils ne pouvaient par calculer les racines, qui donnent des nombres « irrationnels ». Enigme de l’autel d’Apollon à Delphes. Ils n’avaient pas non plus les logarithmes. Cependant ils ont posé les bases de la géométrie dite d’Euclide, qui reste un outil merveilleux pour éveiller l’intelligence des enfants et des jeunes gens.
***Il est vrai, et très étonnant qu’il y a sur terre des organismes qui vivent dans des conditions de température et de pression extrêmes, au fond des océans, par exemple. Les déserts recèlent une infinité de graines et de microorganismes qui « attendent » que les conditions deviennent meilleures, pour fleurir et se développer…
****Voir le vocable « saint, sainteté ».
D comme Dieu…
Damnation
Vaste sujet disponible ici.
Diable
Trouver le Diable, sa définition est ici.
Dieu
Il est en toutes choses, et vous le découvrirez ici
Disciple
Disciple – hébreu : LiMOUD ou TaLeMID , tous deux du verbe LaMaD (instruire) ; grec : μαθητησ (mathètès) ; latin : discipulus
Le mot français apparaît au XIIè siècle dans « Chrétien de Troyes » – le premier grand romancier français – dans le sens de « disciple du Christ ». Ce mot n’est autre que le « discipulus » latin qui vient du verbe « disco » : apprendre et savoir.
Le mot « enseigner » en latin est « doceo »; parf. « docui », « docuit ». d’où le mot français « docteur », dont le sens est gardé dans le mot « docteur ès lettres… thèse de doctorat ».
Le mot latin « discipulus » figure un grand nombre de fois dans le Nouveau Testament. Dans l’Evangile de Matthieu le mot disciple revient 100 fois environ, une quarantaine de fois dans Marc et Luc, 60 fois au moins dans Jean. Puis une trentaine de fois dans les Actes. Cela signifie, à l’évidence, que Jésus, le Verbe de Dieu, est venu pour « enseigner » la « doctrine du Royaume de Dieu », et qu’il l’a confiée à des disciples qui ont bien voulu l’écouter et le suivre. Ce fut une « sélection » dans le peuple juif: sélection se dit en grec « église » (vient de εκ−καλεω = appeler parmi, d’où choisir).
Inversement dans la vulgate de l’Ancien Testament le mot « discipulus » ne se rencontre que deux fois: une fois en Isaïe 8/16, où le prophète évoque » s e s disciples », et une fois dans Malachie 2/12: « le maître et le disciple » – cette insertion ne figure pas dans le texte hébreu. A vrai dire, dans l’Ancien Testament c’est la naissance charnelle et la circoncision qui font que l’individu est solidaire du « peuple choisi », de la race juive, sans aucun engagement personnel, puisque le nouveau-né n’a pas l’usage de la raison, donc aucune liberté (voir ce mot). C’est le peuple hébreu qui est « choisi », et non pas tel ou tel individu. Alors que Jésus, tout au contraire, propose sa doctrine et lance son appel « à celui qui veut l’entendre », ou à « celui qui veut le suivre »: des adultes qui, en principe, ont l’âge de raison et peuvent prendre une libre décision. C’est en cela que Jésus a paru comme un « subversif » en Israël, ce que les pharisiens reprochent à leurs serviteurs envoyés pour arrêter Jésus: – « Vous aussi vous seriez-vous laisser séduire ? » et à Nicodème: « Es-tu toi aussi galiléen ? » c’est-à- dire, en suivant Jésus tu te désolidarises de notre race. La race choisie a toujours raison, c’est une grave faute de s’en affranchir. (Voir Jean 7/44-53). C’est en effet par la puissance dictatoriale du « groupe » que les pires atrocités furent – et sont encore – commises sur la terre…
Inversement, l’Evangile intéresse avant tout la destinée de la personne, de l’être rationnel dans son individualité, et non pas un groupe, ou une association, ou un « peuple », ou un parti politique, ou une nation quelle qu’elle soit. Il y a donc grand danger à dire que l’Eglise est le « peuple de Dieu » : car l’Eglise ne se reproduit pas par la génération charnelle, comme la race d’Israël. Toute la difficulté d’être « chrétien » est là: il faut des tempéraments et des caractères capables de penser par eux-mêmes et d’agir par eux-mêmes, sans l’appui sécurisant et lénifiant du groupe. C’est pourquoi précisément ce fut une grave erreur de l’Eglise de vouloir s’appuyer sur les rois, les empereurs, les « nations », et même sur les démocraties… dans l’espoir – et l’illusion – que des lois civiles ou policières favoriseraient l’Évangélisation.
Grand danger aussi de baptiser des enfants, s’il n’est pas possible de leur donner quelque instruction que ce soit.*
Pour agir par soi-même en toute liberté il est impérieusement nécessaire de connaître la Vérité par son intelligence, et d’user de sa volonté en fonction de la Vérité. C’est ce que précisément le Seigneur explique dans le texte de Jean 8/31-34.
Le mot grec voisin du latin : »διδασκαλοσ », du verbe « διδασκω » = enseigner, ne signifie pas « disciple », mais « maître »: « celui qui enseigne ». Le mot grec « disciple » , « μαθητησ » vient du verbe « μανθανω », « apprendre », dont l’aoriste « εμαθον » a donné plusieurs dérivés.(Racine « μαθ »). Nous avons le mot français « mathématiques » qui a pris une signification spécifique, pour la science des nombres (arithmétique, algèbre, analyse, géométrie etc…). Le mot « mathématicien » signifie seulement celui qui est versé dans la science des nombres; il a plutôt le sens de « maître » que de « disciple ». Il est vrai que tout maître se trouve toujours affronté à des « problèmes » même dans sa spécialité: il reste donc toujours un « disciple ».
La racine latine « disc » est donc ambiguë, par rapport au grec: « autre est le maître »: « διδασκαλοσ », autre le disciple « μαθητησ ». Le mot français disciple est donc décalé par rapport à la racine grecque.
En hébreu les mots « maître » et « disciple » sont de la même racine LaMaD. Les sens actifs « kal » de ce verbe, et le sens intensif « piel » ou encore « hiphil », signifient : « enseigner », « faire apprendre » et « faire comprendre ». Alors que le sens « passif » de ce même verbe signifie « s’instruire », « apprendre », comme l’élève, et non comme un maître qui, en français, peut dire: « Je vous ai appris que… » alors qu’il devrait dire: « Je vous ai enseigné que… » Le participe passif donne MeLeMaD = l’enseigné.
Le mot LiMOUD ne se trouve que 4 fois dans l’Ancien Testament: En Isaïe 8/16 à propos des « disciples d’Isaïe », 54/13 : « Tous tes fils seront disciples de Yahvé », en Jérémie 2/24 : « les onagres habituées (= disciples) du désert », et 13/23 : « les habitués (= disciples) du mal. » Le sens de ce mot est large. Une seule référence pour TaLeMID : 1 Ch. 25/8 à propos des chantres: « Ils tirèrent le sort pour leurs fonctions, petits et grands, maîtres et disciples ». C’est ce mot-là qui est utilisé dans les rétroversions hébraïques du nouveau testament, pour traduire le mot « disciple ». « TaLeMIDIM » au pluriel. « IéSchOUHa-TaLeMIDIM » = les disciples de Jésus.
Nous avons donc en hébreu la cohérence logique de l’activité de l’être rationnel, qui est d’exercer son intelligence et de remplir sa mémoire, afin de se dégager le plus possible de l’animalité**, c’est-à-dire des « réflexes conditionnés »
soit par la génération (voir ce mot), soit par l’influence familiale, sociale, raciale… etc. qui, recèlent des pièges redoutables liés aux processus mortels de ce monde. Nous retrouvons les « blessures du péché originel », dont la sainte Liturgie supplie le Seigneur de nous délivrer.
Dans les références ci-dessous sur le verbe LaMaD, vous remarquerez que c’est Dieu qui reste toujours le Maître, en raison de ses lois, de ses préceptes et de l’instruction qu’il a donnée à l’homme par sa divine Révélation .
Voici quelques références pour le sens actif de ce mot : Is 2/41; Mi 4/3; la Sagesse: Pro. 30/3; Deut 5/1; Ps 119/7 ; la Justice : Is 26/9 s; Jr 12/16; Ps 106/35; Deut 4/10; 18/9; Ez 19/3 – au Piel : Deut 4/10; Jr 32/33; Ps 25/3; Cant 8/2; Ps 119/12; Dt 14/11, 31/19, 22; Ps 60/1; Ps 119/99, 5/13.
Voici quelques références au sens passif : Ct. 3/8, Os. 10/11; Jr. 31/18
Le texte vraiment important est celui que nous avons évoqué plus haut: Jean 8/30 s. que voici.
« Comme Jésus parlait ainsi beaucoup crurent en lui. Jésus disait donc aux Juifs qui avaient cru en lui : « Si vous demeurez en ma parole, vous serez vraiment mes disciples. Et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous délivrera ».
« Comme Jésus parlait ainsi.. » Que leur disait-il, pour provoquer un acte de foi de la part de « beaucoup » ? Reportons-nous aux versets précédents. Je reprends le v. 24 où le Seigneur formule deux fois une menace terrifiante : »Donc, je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés, oui, si vous avez le malheur de ne pas croire en moi, vous mourrez dans vos péchés… » Or auparavant il a bien précisé : « Moi je suis d’En Haut, vous vous êtes d’en bas: vous, vous êtes de ce monde, moi, je ne suis pas de ce monde ». Ce qui suggère évidemment une autre génération que la leur. Jésus soulève donc le voile du « secret génital » qui explique sa grâce et ses pouvoirs. Alors les Juifs posent la question directe: « Toi, qui es-tu ? » La question va à l’identité de la personne. Et Jésus répond avec la plus grande franchise, du tac au tac: « Le principe, ce que justement (précisément) je vous dis »*** C’est, très curieusement, cette vérité « scandaleuse », sa filiation divine, qui provoque la foi de plusieurs, lorsqu’il prononce le Nom de Dieu qui est « Père » (v.28). Jésus prévoit que cette foi naissante ne sera pas partagée par les chefs du peuple qui vont le condamner: il prophétise sa passion sur ce point précis, et son exécution. « Quand vous aurez dressé en haut le fils de l’homme »… Ils ont donc obtenu la réponse à leur question : « Qui es-tu ? ».
… beaucoup crurent en lui ». Cette « foi » n’est encore qu’un assentiment de principe, bien fragile : c’est pourquoi Jésus les exhorte à persévérer:
» Si vous demeurez en ma parole… » au lieu de l’écouter d’une oreille distraite, au lieu de la rejeter. La parole du Christ est en effet « scandaleuse » pour le monde. « Heureux celui pour lequel je ne suis pas un objet de scandale… » (voir le mot scandale) En effet, lorsque la foi est proposée, la réaction immédiate est « Comment cela est-il possible ? Nous savons bien comment se fait la génération humaine ! On n’a jamais vu un fils d’homme sortir d’un sein virginal ! Admettre que Dieu puisse être père d’un être humain !.. C’est une naïveté ! » Cependant, là est la vérité. La parole du Christ a pour but non seulement d’énoncer la vérité, mais d’éclairer l’intelligence pour qu’elle soit enfin capable de la recevoir. Cette réaction spontanée de scandale est très dangereuse, car elle bloque l’homme charnel dans son état de déchéance, de sorte qu’il ne peut que « mourir dans ses péchés ».
« … vraiment vous serez mes disciples… Lorsque les foules donnent une sorte d’assentiment enthousiaste au Seigneur, l’Evangile dit: « Il ne se fiait pas en eux, car il savait ce qu’il y a en l’homme »…. On ne peut être « disciple » du Christ, que si le Christ nous reconnaît, lui, comme capable de s’engager pour lui, indépendamment de toute influence extérieure…
« …Et vous connaîtrez la vérité…. Quelle vérité ? La vérité dont le Verbe de Dieu est venu en Personne porter témoignage en ce monde, comme il le dira plus tard à Pilate: « Je suis né et j’ai été engendré en ce monde pour porter témoignage à la vérité ». (Jn. 18/34-37) C’est la vérité de sa filiation divine en notre chair humaine, filiation qui fut obtenue par la foi de Sainte Marie et de Joseph.
« … et la vérité vous délivrera ». De quoi ? De la mort dont il disait plus haut aux Juifs: « Si vous ne croyez pas que je suis, vous mourez dans vos péchés ». Nous rejoignons donc la promesse fondamentale que nous allons trouver à la fin de ce chapitre : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui garde ma parole ne verra jamais la mort. » (Jn. 8/51)
La condition pour être un véritable disciple du Christ.
Alors nous comprenons cette parole saisissante et « scandaleuse » que le Seigneur a prononcée pour mettre en garde les foules qui le suivaient avec enthousiasme en raison de ses miracles: « Celui qui ne hait pas son père, sa mère, ses soeurs, ses frères, ses enfants… ne peut être mon disciple. » Il ne s’agit pas d’avoir une haine contre les personnes, mais contre le mode de génération par lequel nous avons été engendrés. C’est donc « la génération adultère et pécheresse », (Mt. 17/17) qu’il faut absolument et définitivement rejeter pour que vienne la génération sainte par laquelle le Nom du Père sera sanctifié. Telle est la foi qui justifie, sachant que « la Foi est l’assurance des choses que l’on ne voit pas (encore) » (Hb.ch.11).
*On a baptisé les enfants pour deux raisons :-1 Parce qu’on avait peur qu’ils tombent en enfer s’ils mouraient (erreur de la théologie augustinienne) . 2- parce qu’on avait l’illusion que la société et la famille seraient pour eux un milieu vital favorable. Ce qui pouvait se produire éventuellement….
**Si l’on veut se rendre compte du désastre des réactions « animales » qu’on médite le psaume 22 (Vulg. 21) et que l’on compte les divers animaux responsables des souffrances et de la mort de Jésus-Christ.
***Je traduis littéralement les mots grecs, en remarquant le « και » qu’il faut entendre comme un renforcement de l’affirmation: « Oui, ce que je vous dis » « ο τι » : ce que. Je ne sais pourquoi certains traducteurs ont hésité sur le sens direct de la réponse du Christ.
Dogme
Dogme grec: δογμα (dogma) ; latin dogma ;
pas de mot spécifique hébreu, l’idée se retrouve dans le mot commandement*.
Mot grec « δογμα » qui dérive du verbe « δοκεω » qui exprime une opinion, une appréciation de la pensée, avec un sens positif : « sembler bon », « cela me paraît valable ». C’est la vieille racine « DA » que l’on retrouve dans la langue slave pour dire « oui ». Après avoir « jugé bon », « jugé avec réflexion, examen », il prend le sens de « décret, décision, arrêt », ou de « doctrine, thèse ». On retrouve ici le sens du mot latin dogma, et du vocable chrétien.
Le verbe « δογματιζειν » : soutenir une opinion, d’où juger, décider, et ensuite enseigner comme une doctrine, se reproduit en français « dogmatiser » : dans un sens assez ambigu avec une nuance péjorative, que l’on retrouve dans St Paul en Colossiens 2/20 : « Du moment que vous êtes morts avec le Christ, pourquoi dogmatiser (latin : decernitis) envers des ordonnances comme si vous viviez encore en ce monde ? », pour attribuer une valeur à des choses ou à des comportements de soi indifférents. L’Apôtre vise ici les judaïsants qui continuent à suivre les anciens préceptes concernant les aliments purs ou impurs… De fait il faut toujours, encore aujourd’hui, rectifier le jugement de la conscience…
La notion de « dogme » s’est élaborée et affermie avec le développement de la science théologique, à mesure qu’il fut nécessaire de discerner nettement ce qui est absolument certain – parole authentique de Dieu – et ce qui n’est qu’une opinion plus ou moins vraisemblable, et parfois erronée ou contradictoire avec la pensée de Dieu telle qu’elle est exprimée dans les Ecritures Saintes et dans la Tradition apostolique : les deux «sources» de la Révélation. Le dogme va définir un point de doctrine, une vérité de foi. Dans le domaine des sciences il en fut de même, il fallut un grand nombre d’expériences et de calculs pour trouver le « théorème » sauveur (Θεορημα = parole de Dieu). Les « dogmes » de la Foi sont donc les « théorèmes » de la Foi : base sûre sur laquelle il faut s’appuyer pour espérer atteindre la « vérité toute entière »(Jn.16/13). Qui aurait l’idée aujourd’hui de supprimer les théorèmes des mathématiques, alors qu’ils sont une base indispensable au développement de cette science ? Il en est exactement de même avec les dogmes de la foi. Certes il faut apprendre comment ils ont été établis et reconnus comme vrais.
Les Conciles, au cours des âges, ont authentifié les dogmes par des affirmations solennelles et des anathèmes redoutables (voir le mot anathème), toujours prononcés après examen scrupuleux et dans la prière. Dans ces affirmations on retrouve souvent le verbe « δοκεω » : « Il a plu aux membres réunis en assemblée de dire, ou de définir…» Ensuite les Conciles mentionnent les propositions contraires à ce qui vient d’être défini comme vrai, en précisant que ceux qui oseraient penser ou dire, ou proclamer le contraire de ce « vrai » se mettent eux-mêmes hors de la voie du Salut. « Qu’il soit anathème… ». Le subjonctif « Qu’il soit » : latin « sit », n’exprime pas une condamnation formelle, mais simplement une éventualité, c’est un avertissement. Il faut comprendre : « Celui qui nierait cette vérité serait sur la voie de la perdition. »
Lorsque l’Eglise a dû défendre la Vérité contre les hérésies, le coupable qui ne se repentait pas était abandonné au « bras séculier » qui alors appliquait la peine encourue: éventuellement la peine capitale et parfois le bûcher. Il y eut de graves équivoques, par exemple pour Jeanne d’Arc…*
Il faut évidemment déplorer ces violences extrêmes qui s’expliquent par l’atmosphère de terreur qui régnait alors devant les famines, les pestes… et autres fléaux dont la cause, pensait-on, était l’hérésie… Mais qui était hérétique ? Pourquoi le Salut promis n’est-il pas arrivé, pas plus aujourd’hui qu’hier, après 2000 ans de christianisme ? Pas plus dans « l’Eglise-mère » que chez les hérétiques ? Qui se souvient des merveilleuses promesses du Christ, notamment Jn 8/51 : « En vérité, en vérité, je vous le dis celui qui garde ma parole ne verra jamais la mort ? » Pourquoi la Foi et les Sacrements n’ont-ils pas encore procuré le Salut de toute chair ? Nous sommes encore sous la terrible sentence de saint Paul dans l’épître aux Galates 6/7-8 ?**
Force est de constater que tous les hommes subissent la mort et la corruption cadavérique: anathème redoutable spécifié en Gen.2/17. Alors que les dogmes promulgués par l’Eglise dans son enseignement infaillible nous ont largement ouvert la voie qui conduit à la vie et à l’immortalité. Ils n’ont pas porté à ce jour les fruits que l’on était en droit d’espérer.
Pourquoi ? Parce que cette Foi si bien codifiée, si bien définie, crue sur parole par d’innombrables chrétiens, n’a jamais été mise en pratique. Là se situe le drame. C’est la parole de saint Jacques: « La Foi, sans les oeuvres (de la foi), est morte sur elle-même. » (2/26) Terrible aveu ! Et de fait, on a chanté ou récité le Credo à toutes les messes: « Je crois… en Jésus-Christ son fils unique (monogène) né de la vierge Marie, conçu du Saint-Esprit », mais on n’a jamais vu là un exemple à suivre pour la génération humaine. Les chrétiens n’ont pas compris qu’ils devaient sanctifier le Nom de Dieu – Père – en s’élevant à la génération sainte que nous a donnée la Sainte famille. Ce mystère si merveilleux de la piété (voir 1Tim.3/16) de saint Joseph et de sainte Marie nous a été enlevé dans la gloire. Quand refleurira-t-il sur terre !
*Les ennemis de l’Eglise ont exploité frauduleusement l’Inquisition, en ignorant volontairement les règles qu’elle suivait pour amener le coupable à la repentance et en ne tenant pas compte, ou très mal, des conditions psychologiques et sociales du Moyen Age. Les régimes totalitaires modernes, le communisme par exemple, a condamné, sans procès, ou un simulacre de procès, des milliers de fois plus de monde que l’inquisition du Moyen Age. Avant de critiquer l’Inquisition il n’est pas interdit de méditer sur la guillotine…
**« Frères, prenez garde : on ne se moque pas de Dieu ! Celui qui sème dans sa chair récoltera de la chair la corruption, celui qui sème dans l’Esprit récoltera de l’Esprit la vie impérissable ».
Dogme
Dogme grec: δογμα (dogma) ; latin dogma ;
pas de mot spécifique hébreu, l’idée se retrouve dans le mot commandement*.
Mot grec « δογμα » qui dérive du verbe « δοκεω » qui exprime une opinion, une appréciation de la pensée, avec un sens positif : « sembler bon », « cela me paraît valable ». C’est la vieille racine « DA » que l’on retrouve dans la langue slave pour dire « oui ». Après avoir « jugé bon », « jugé avec réflexion, examen », il prend le sens de « décret, décision, arrêt », ou de « doctrine, thèse ». On retrouve ici le sens du mot latin dogma, et du vocable chrétien.
Le verbe « δογματιζειν » : soutenir une opinion, d’où juger, décider, et ensuite enseigner comme une doctrine, se reproduit en français « dogmatiser » : dans un sens assez ambigu avec une nuance péjorative, que l’on retrouve dans St Paul en Colossiens 2/20 : « Du moment que vous êtes morts avec le Christ, pourquoi dogmatiser (latin : decernitis) envers des ordonnances comme si vous viviez encore en ce monde ? », pour attribuer une valeur à des choses ou à des comportements de soi indifférents. L’Apôtre vise ici les judaïsants qui continuent à suivre les anciens préceptes concernant les aliments purs ou impurs… De fait il faut toujours, encore aujourd’hui, rectifier le jugement de la conscience…
La notion de « dogme » s’est élaborée et affermie avec le développement de la science théologique, à mesure qu’il fut nécessaire de discerner nettement ce qui est absolument certain – parole authentique de Dieu – et ce qui n’est qu’une opinion plus ou moins vraisemblable, et parfois erronée ou contradictoire avec la pensée de Dieu telle qu’elle est exprimée dans les Ecritures Saintes et dans la Tradition apostolique : les deux «sources» de la Révélation. Le dogme va définir un point de doctrine, une vérité de foi. Dans le domaine des sciences il en fut de même, il fallut un grand nombre d’expériences et de calculs pour trouver le « théorème » sauveur (Θεορημα = parole de Dieu). Les « dogmes » de la Foi sont donc les « théorèmes » de la Foi : base sûre sur laquelle il faut s’appuyer pour espérer atteindre la « vérité toute entière »(Jn.16/13). Qui aurait l’idée aujourd’hui de supprimer les théorèmes des mathématiques, alors qu’ils sont une base indispensable au développement de cette science ? Il en est exactement de même avec les dogmes de la foi. Certes il faut apprendre comment ils ont été établis et reconnus comme vrais.
Les Conciles, au cours des âges, ont authentifié les dogmes par des affirmations solennelles et des anathèmes redoutables (voir le mot anathème), toujours prononcés après examen scrupuleux et dans la prière. Dans ces affirmations on retrouve souvent le verbe « δοκεω » : « Il a plu aux membres réunis en assemblée de dire, ou de définir…» Ensuite les Conciles mentionnent les propositions contraires à ce qui vient d’être défini comme vrai, en précisant que ceux qui oseraient penser ou dire, ou proclamer le contraire de ce « vrai » se mettent eux-mêmes hors de la voie du Salut. « Qu’il soit anathème… ». Le subjonctif « Qu’il soit » : latin « sit », n’exprime pas une condamnation formelle, mais simplement une éventualité, c’est un avertissement. Il faut comprendre : « Celui qui nierait cette vérité serait sur la voie de la perdition. »
Lorsque l’Eglise a dû défendre la Vérité contre les hérésies, le coupable qui ne se repentait pas était abandonné au « bras séculier » qui alors appliquait la peine encourue: éventuellement la peine capitale et parfois le bûcher. Il y eut de graves équivoques, par exemple pour Jeanne d’Arc…*
Il faut évidemment déplorer ces violences extrêmes qui s’expliquent par l’atmosphère de terreur qui régnait alors devant les famines, les pestes… et autres fléaux dont la cause, pensait-on, était l’hérésie… Mais qui était hérétique ? Pourquoi le Salut promis n’est-il pas arrivé, pas plus aujourd’hui qu’hier, après 2000 ans de christianisme ? Pas plus dans « l’Eglise-mère » que chez les hérétiques ? Qui se souvient des merveilleuses promesses du Christ, notamment Jn 8/51 : « En vérité, en vérité, je vous le dis celui qui garde ma parole ne verra jamais la mort ? » Pourquoi la Foi et les Sacrements n’ont-ils pas encore procuré le Salut de toute chair ? Nous sommes encore sous la terrible sentence de saint Paul dans l’épître aux Galates 6/7-8 ?**
Force est de constater que tous les hommes subissent la mort et la corruption cadavérique: anathème redoutable spécifié en Gen.2/17. Alors que les dogmes promulgués par l’Eglise dans son enseignement infaillible nous ont largement ouvert la voie qui conduit à la vie et à l’immortalité. Ils n’ont pas porté à ce jour les fruits que l’on était en droit d’espérer.
Pourquoi ? Parce que cette Foi si bien codifiée, si bien définie, crue sur parole par d’innombrables chrétiens, n’a jamais été mise en pratique. Là se situe le drame. C’est la parole de saint Jacques: « La Foi, sans les oeuvres (de la foi), est morte sur elle-même. » (2/26) Terrible aveu ! Et de fait, on a chanté ou récité le Credo à toutes les messes: « Je crois… en Jésus-Christ son fils unique (monogène) né de la vierge Marie, conçu du Saint-Esprit », mais on n’a jamais vu là un exemple à suivre pour la génération humaine. Les chrétiens n’ont pas compris qu’ils devaient sanctifier le Nom de Dieu – Père – en s’élevant à la génération sainte que nous a donnée la Sainte famille. Ce mystère si merveilleux de la piété (voir 1Tim.3/16) de saint Joseph et de sainte Marie nous a été enlevé dans la gloire. Quand refleurira-t-il sur terre !
*Les ennemis de l’Eglise ont exploité frauduleusement l’Inquisition, en ignorant volontairement les règles qu’elle suivait pour amener le coupable à la repentance et en ne tenant pas compte, ou très mal, des conditions psychologiques et sociales du Moyen Age. Les régimes totalitaires modernes, le communisme par exemple, a condamné, sans procès, ou un simulacre de procès, des milliers de fois plus de monde que l’inquisition du Moyen Age. Avant de critiquer l’Inquisition il n’est pas interdit de méditer sur la guillotine…
**« Frères, prenez garde : on ne se moque pas de Dieu ! Celui qui sème dans sa chair récoltera de la chair la corruption, celui qui sème dans l’Esprit récoltera de l’Esprit la vie impérissable ».
E comme Évangile…
Économie
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Église
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Encratisme
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Enfer
Enfer. Hébreu : ScheHOL et BeHèR (puits) ;
Grec : Ταρταροσ (tartaros) , Αιδησ (Hadès) Latin : infernus, inferus, -i, inferni, inferna
Notre mot français dérive du latin « Infernus » : « le lieu d’en bas », « au-dessous » (du sol), habitation des « dii inferi » : des dieux infernaux, souterrains. « Inferus » a donné « inférieur » en français. Les auteurs classiques, avant J.C. parlent déjà des « inferni » = les lieux souterrains, ou « inferna » : les enfers, nom pluriel, ou encore: « Tartara » (emprunté au grec), « Avernus, Acheron, Styx…Orcus… »
En grec l’antique tradition poétique parle du « Ταρταροσ » : « l’enfer », où Zeus précipite ceux qui se révoltent contre lui : les Titans. Nous avons aussi le mot « Hadès » : Αιδησ qui signifie d’abord « Pluton, » le dieu des enfers, puis le domaine de Pluton qui règne sur les morts condamnés à une vie (?) misérable. Telle celle de la malheureuse Eurydice, qu’Orphée ne put ramener à la vie terrestre.
Nous devons tenir compte de cette tradition poétique et même philosophique puisqu’elle figure en Platon, comme ayant pour origine les patriarches, en passant par Japhet et Noé.
En hébreu, nous avons le mot ScheHOL = le séjour des morts (mêmes consonnes que le mot « Saul » : « SchaHOUL », le premier roi qui fut un désastre pour Israël, selon la prophétie de Samuel, ch.8.). Le « mauvais riche », après sa mort et sa sépulture est précipité dans le « schéol », où il y a effectivement des « pleurs et des grincements de dents ». Pourquoi donc ? « Il a négligé d’écouter Moise et Prophètes ». Toutefois il ne faut pas identifier « Schéol » et « enfer », au sens que l’on donne à ce dernier mot : le séjour des damnés. Le « séjour des morts » peut-être aussi le purgatoire… En effet, le mot grec αιωνιοσ (aiônios) que l’on a traduit abusivement par « éternel » signifie « séculaire », adjectif formé sur le mot « αιων » = siècle. L’Evangile emploie toujours ce mot qui désigne un temps très long au sens étymologique du mot. Alors que le mot grec employé par Paul quand il parle de « l’éternité » – mot réservé à Dieu – est « αιδιοσ » (Rom. 1/18 s.) = éternel. Vient de l’adverbe « αει » = toujours.
Références de « ScheHOL » : Ez.32/21, Ps.6/6, 9/18, 10/10, 31/18, 86/13… Job 14/13, 17/13, 16 ; 1 Sam.2/6 ; Gen. 37/35 ; Is.14/11, 15 ; Hab. 2/5 ; Os. 13/14.
Un autre mot hébreu peut signifier également « enfer » c’est le mot BeHèR = « puits profond ». C’est également l’idée exprimée par l’Apocalypse qui nous parle « du puits de l’abîme ».(Apoc. 9/1, 11/2, 20/1-3). Nous avons cette expression également dans Jude, 6, et 2a Pe, 2/4s. lorsqu’ils parlent tous deux des anges rebelles qui ont « manqué à leur ministère » et qui sont enfermés dans le « puits profond des ténèbres », en attendant le jour du dernier jugement.
D’où l’on voit, dans la tradition antique, la notion d’un être pervers de qui provient le mal – qui autrement serait inexplicable : – contradictoire avec la notion de Dieu, en raison même de sa nature d’Etre infiniment bon et infiniment intelligent : il ne peut en aucune manière être l’auteur du mal. (Voir le mot « saint, sainteté »). Donc le mal provient d’une créature, et d’une créature libre, à laquelle Dieu n’impose pas de partager son propre bonheur, (il le propose seulement, comme Jésus: « Si quelqu’un veut être mon disciple.. » « Celui qui veut me suivre… » lorsqu’il désire avoir des « ouvriers pour la moisson »). Lucifer, créé bon, s’est librement et volontairement engagé dans la voie du mal, et beaucoup à sa suite, anges ou hommes. (voir Diable)
En effet, par le fait que l’humanité est partie de travers sous la séduction du Mauvais « menteur et homicide dès l’origine » (Jn.8/44), il faudra que le disciple affronte un combat difficile; c’est pourquoi le Seigneur l’avertit: « Qu’il prenne sa croix… Dans le monde vous aurez à souffrir…. » mais « Heureux ceux qui sont persécutés pour la Justice… « . Dans le temps de la Rédemption, il ne peut en être autrement. Mais la récompense est assurée…. « Vous siégerez sur douze trônes et vous jugerez les douze tribus d’Israël… «
C’est donc pour respecter la liberté que Dieu a donnée à la créature rationnelle que l’Enfer existe. Celui qui veut se damner en persistant dans l’impiété et la transgression des commandements, a le droit de se damner: c’est là, justement, le plus grand et incontestable « Droit de l’homme ». Dieu ne lui enlève pas ce libre choix, car il n’oblige personne à entrer dans son Paradis. Satan ne peut pas reprocher à Dieu sa damnation éternelle, puisque c’est lui qui l’a voulue et décidée en toute connaissance de cause.
Il est vrai que la créature humaine possède rarement une pleine liberté de choix: et c’est précisément pour cela que son péché n’est pas irrémissible. Toutefois le Seigneur prononce une parole très pertinente, lorsqu’il évoque le « péché contre l’Esprit Saint ». (Mt.12/31-32 ; Mc.3/28-29; Lc; 12/10) : « Celui qui blasphème contre l’Esprit Saint sera coupable d’un péché éternel (αιωνιου) » (Mc 3/29). « Quiconque dira une parole contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera remis ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle à venir ». (Mt.12/31-32) Par opposition au « blasphème contre le fils de l’homme, qui peut être pardonné ».
Que faut-il donc entendre par ce « péché contre l’Esprit-Saint » ? Dans le contexte de l’Evangile, c’est le péché des pharisiens qui, ayant vu et constaté les miracles de Jésus, qui guérit les gens en chassant les démons, disent: « C’est par Béelzébub, le prince des démons qu’il chasse les démons ». Le péché contre l’Esprit est donc l’obstination contre l’évidence en faisant un « raisonnement » absurde, ce qui est, hélas ! possible. (voir Damnation* où la question est étudiée, n°7).
Cette antique tradition de la révolte de certains anges est décrite d’une manière saisissante dans le chapitre 11 de l’Apocalypse de Jean. L’Apôtre a la vision synthétique de toute l’histoire du « mal » et de la « révolte », qui a commencé dès la création de l’homme, et plus exactement de celle de la femme. C’est elle en effet qui, dès le principe, reçoit une vocation suréminente qui domine tout l’Univers: « Elle est revêtue du soleil, la lune sous ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles ».
En effet, la femme est l’achèvement de la création : lorsqu’elle est façonnée à partir des os et de la chair de l’homme, l’ouvrage de Dieu est terminé: il entre dans son repos, car il ne peut aller plus haut dans la perfection de tout le créé.
Et c’est ici que surgit « le dragon rouge » (Ap. 11/3-4) qui est « le diable et Satan » et qui refuse obstinément de remplir la mission qui lui est confiée, comme le dit l’apôtre Jude v.6. Quelle était cette « mission » ? C’était celle d’apporter la lumière, – le « porte-lumière » = Lucifer – c’est-à-dire guider la femme (et l’homme) dans la Pensée première et éternelle du Créateur. Il fallait en effet « résoudre l’énigme », comme Eve le dit en acceptant la proposition du Tentateur. Quelle est cette énigme ? C’est que la femme est manifestement créée pour la maternité, alors que son utérus est fermé par l’hymen. Telle est la disposition de la nature, sortie des mains de Dieu, avant même toute révélation orale*. (voir le mot Diable).
Que faire ? Briser l’hymen, pour avoir des « petits » comme les mammifères ? Mais c’est alors une faute contre la nature. Respecter la virginité (= la fermeture du sein), en vue d’une mystérieuse (voir mystère ) génération ? Une génération qui serait au-dessus de celle des animaux ? (Sens exact de Gen 1/28).
Lucifer devait « porter la lumière », révéler à la femme la splendeur de la Pensée de Dieu, du vrai Dieu dont le nom est Père, sur la génération humaine. Il refuse, il ne peut tolérer qu’une créature si faible, tellement plus fragile que lui, puisse devenir plus brillante que le Soleil, couronnée de douze étoiles. Jalousie ? Envie ? Dérision ?… Il entraîne dans sa révolte, le « tiers des étoiles du ciel » = le tiers des anges, qui prennent son parti, pour s’emparer de la génération humaine et, ainsi, faire leur demeure en l’homme. (Cf. Mt.12/43-44). Alors que le corps humain, avec toutes les merveilles que nous lui connaissons aujourd’hui, devait être « Temple du Saint Esprit »… sanctuaire du Saint-Esprit, comme il le fut en Marie pour la génération du véritable « fils de l’homme » – il peut le redevenir par la foi et le baptême. (Cf. I Cor.6).
Jésus est venu « délier les oeuvres du Diable » : le Verbe lui-même a pris chair comme « Maître de Vérité » dans sa génération même: il le dit à Pilate. (Jn.18/37) Quoique le Dragon ait parfaitement compris cette démonstration, il refuse de s’y soumettre: Au moment des « tentations dans le désert », lorsque Jésus lui dit : « Tu n’adoreras que Dieu seul », bien loin de fléchir le genou, il se retire « jusqu’à un temps », le temps qu’il puisse séduire même les grands prêtres d’Israël, de manière que le Christ soit totalement disqualifié par la honteuse crucifixion.
Malgré sa résurrection, preuve éclatante que Jésus est bien Fils de Dieu, Satan s’obstine encore: cette fois sur l’Eglise, afin de ne pas perdre son empire sur le « genre » humain (genus = race, fruit de la génération), Il veut assouvir sa totale jalousie, en prolongeant le plus possible l’empire de la mort (Hb.2/14). Enfin, avec la Parousie du Seigneur, Satan sera précipité définitivement « dans l’étang de feu et de souffre avec la mort et l’Hadès (Apoc. 21/13-15)**
Le péché de Lucifer est irrémissible, car il l’a commis en toute connaissance de cause, en toute liberté: c’est donc le péché* « mortel » par excellence. Et nous avons la parole du Seigneur, qui nous annonce, en Mt. 25/31-46 le « Jugement dernier », c’est- à-dire celui qui se produira à la fin du « millénaire » : le jugement « des vivants et des morts ». Différent du jugement « des nations » lors de son retour en gloire. (Voir le mot « jugement « ). « Allez, maudits, au feu éternel qui fut préparé pour le Diable et pour ses anges ».
Ainsi par la révélation des Saintes Ecritures nous sommes assurés que l’enfer existe et qu’il est éternel.
Mais il ne faut pas faire peur aux braves gens, qui font ce qu’ils peuvent pour rester droits et honnêtes. La notion du « péché mortel » est restée fort équivoque, de sorte que beaucoup de chrétiens, même prêtres et religieux furent terrorisés par l’idée de l’enfer. Il convient donc de vérifier les notions de « damnation » et de « péché », pour que tout soit bien clarifié par une conscience juste. (Voir ces deux mots)
* Les Egyptiens, les Grecs et les Latins gardaient cette révélation de la virginité sacrée de la femme dans leurs cultes. Sacrifices expiatoires, Parthénon, vestales…
** Ce qui nous laisse entrevoir, peut-être ? que la damnation éternelle se terminant dans l’étang de feu et de souffre équivaut à la suppression du damné, ange ou homme (?)
Espérance
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Eucharistie
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F comme Foi…
G comme Grâce..
Génération
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Gloire
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Grâce
Grâce : hébreu : ‘HéN , + HèSèD ; grec : χαρισ (caris) ; latin : gratia
Vocable d’une importance extrême pour la science théologique. Il convient de le préciser le mieux possible. En effet, les controverses sur « la liberté et la grâce », sur la « nécessité de la grâce », sur la « définition de la grâce » (prévenante, suffisante, nécessaire, efficace… ) se sont délayées tout au long de l’histoire de l’Eglise. Encore aujourd’hui, entre les diverses confessions chrétiennes, les malentendus et parfois les oppositions restent irréductibles. Il faut donc impérativement savoir ce que le Saint Esprit de Dieu, « qui nous conduit vers la vérité tout entière », a exprimé par le mot « grâce ».
Le mot français dérive directement du latin « gratia », dont il reproduit les consonnes; lui-même vient de « gratus » = « accueilli avec faveur », d’où les mots « gratifier, gré… » Le sens latin : « faveur, pardon, remerciement », subsiste en italien et espagnol: en effet le mot « merci » se dit encore en italien, « grazia » et en Espagnol « gracias ». A partir du 17è siècle, le mot français « grâce » s’est limité au sens théologique. On a encore « grâce à toi, grâce à vous », pour exprimer un remerciement. Et nous avons l’adjectif « gracieux »: agréable à voir ou à entendre.
Dans le Nouveau Testament nous trouvons le mot grec: « χαρισ » , qui bien avant Jésus-Christ était employé dans le sens de « lumière, joie, agrément… »; et aussi « bienveillance, faveur… » Il vient de la racine « χαρ » qui signifie « briller » ; χαρισ = ce qui brille, ce qui réjouit, ce qui charme… Ce mot est donc associé à la lumière. « Dieu est lumière » nous dit saint Jean, « aucune ténèbre en lui ». La grâce se rapporte donc directement à Dieu, et, de fait, elle vient de Dieu. De nombreux dérivés « χαριεστοσ »: charmant, agréable, « χαρισμα » : récompense, don gracieux… « charisme ».
Le vocable se présente au début de l’Evangile, dans la parole de l’Ange Gabriel, au moment de la salutation angélique (Luc 1/28) : « χαιρε κεχαριτωμνη »; χαιρε est traduit habituellement par « Je vous salue Marie », en copiant sur le latin « Ave Maria », alors que le verbe « χαιρω » – de la même racine que χαρισ – signifie « se réjouir, être heureux », à l’impératif ici: « Réjouis-toi ». Le mot qui suit : « κεχαριτωμνη » = « ayant été rempli de la grâce », « comblée de grâce », ou « de la bienveillance » , est le participe parfait passif du verbe « χαριτοω » (dictionnaire de Bailly) . A lui seul, il évoque l’action divine en sainte Marie; l’Eglise s’est appuyée sur ce mot – outre la Tradition constante des pères – pour définir l’Immaculée Conception. Il figure aussi en Eph. 1/6 : « il nous a prédestinés à l’adoption filiale en Jésus-Christ, selon le bon vouloir de sa volonté, à la louange de la gloire (δοξα) de sa grâce (χαρισ) de laquelle il nous a comblés (εχαριτωσεν) dans le bien-aimé ». Nous pouvons comme sainte Marie être comblés de cette même grâce : faveur divine ! (lire tout le début de cette épitre aux Ephésiens) – « χαρισ » revient souvent dans le vocabulaire chrétien pour signifier l’action de Dieu bienveillante, vivifiante, rédemptrice dans le baptisé, conscient de son Baptême qui l’a élevé à la filiation* divine.
Le mot français « charme » (grec « χαρμα »), dérive de la même racine grecque. Ainsi ce qu’il y eut de meilleur dans la « πολιθεια » = la civilisation de la cité grecque, s’est épanoui dans la grâce chrétienne.
Le sens théologique du mot « grâce » a été bien défini par le concile de Trente, dans le Décret sur le péché originel, (ch.5), lorsqu’il enseigne clairement que le péché originel et sa culpabilité sont détruits par la « grâce » accordée à celui que la Foi justifie. Ce texte est d’une grande valeur. (Voi r notre Traité de la Justification )
De même le mot « grâce » a été parfaitement précisé dans le Décret sur la Justification, où le Concile explique d’abord la nécessité de la grâce divine pour que la créature humaine puisse se relever de son état de déchéance en raison du péché * originel , ensuite, les conditions qu’il faut remplir, les dispositions de coeur, et l’esprit qu’il faut avoir, pour obtenir cette « grâce », et pour demeurer en « état de grâce », c’est-à-dire dans la faveur de Dieu et recevoir les dons * du Saint Esprit. C’est ainsi que la théologie catholique a défini ce qu’est la grâce « actuelle » = un secours qui vient gratuitement de Dieu dans telle ou telle circonstance; et la grâce « sanctifiante » = la présence du Saint Esprit dans l’homme justifié par la foi, ayant retrouvé sa véritable identité – l’image et la ressemblance de Dieu – dans la connaissance et l’amour de la Sainte Trinité.
Dieu:
Voici le canon n°5 sur le péché originel pardonné et supprimé par la grâce de (Extrait de mon ouvrage : « Traité de la justification.) »
Chap.5 – Si quelqu’un dit que la culpabilité du péché originel n’est pas supprimée par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, laquelle est conférée dans le baptême; ou encore s’il affirme que n’est pas entièrement enlevé ce qui comporte une raison propre et véritable de péché, mais s’il dit que cela est seulement raclé ou non imputé : qu’il soit anathème. En ceux qui sont re-nés, en effet, Dieu ne hait rien, car « il n’y a rien qui soit motif de condamnation pour ceux qui sont vraiment ensevelis avec le Christ par le baptême dans la mort » (Rom.6/4), qui « ne marchent pas selon la chair » (Rom.8/1), mais qui ayant dépouillé le vieil homme et ayant revêtu l’homme nouveau qui est créé selon Dieu (Eph. 4/ 22s. Col. 3/9 s.) sont devenus innocents, purs, immaculés, sans reproche et pour Dieu des fils aimés, « héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ » (Rom.8/17), de sorte que, désormais, rien ne les empêche d’entrer au ciel.
Racines hébraïques.
En hébreu le mot qui fut traduit par « grâce » : « HéN » se retrouve dans le prénom féminin « Anne »: HaNaH. HaNaN = faire une grâce, HaNOUN = gracieux.
Ce vocable se présente pour la première fois dans l’Ecriture en Genèse 6/8 : « Noé trouva grâce aux yeux de Dieu ». Puis nous le retrouvons en Gen.19/19 : Lot a trouvé grâce aux yeux de Yahvé qui l’arrache à la ruine de Sodome. Ce mot revient plusieurs fois dans le dialogue, très émouvant, de Moïse avec Dieu: Gen 33/12-17. « Si j’ai ta faveur… « Et Dieu lui dit: « Tu as trouvé grâce à mes yeux et je te connais par ton nom. » Puis le fameux passage où Moïse ne peut voir Dieu face à face, mais seulement entendre sa voix….
Cette expression : »Si j’ai trouvé grâce à tes yeux » revient assez souvent dans le texte sacré: avec le sens de beauté, d’agrément, d’amabilité. Nous sommes en effet très proches du mot grec: « χαρισ « .
Un autre mot a aussi le sens de « faveur », de grâce : « HèSèD » On rencontre ce mot dans l’épisode très significatif du 2ème livre de Samuel, ch.24, où David perd la faveur de Dieu pour avoir recensé le peuple, puis la retrouve par son repentir à la voix du Prophète Gad, en offrant des sacrifices d’expiation (v.23). C’est le mot qu’emploie le prophète Isaïe dans les chants du « serviteur » de Yahvé 42/1-9; 49/1-6, 50/4-11, 52/13 53/12 : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît, j’ai mis sur lui mon esprit pour qu’il apporte aux nations le droit ». Ces chants désignent, avec une vérité étonnante, notre Seigneur Jésus-Christ comme le « Juste » * « plein de grâce (χαρισ) et de vérité, » mais qui, en raison de la contradiction qu’il affronte de la part des hommes charnels, devient l’homme des douleurs persécuté et rejeté comme un objet de rebut. (Is. ch. 53)
C’est cette même parole, exprimant la faveur divine, que le Père a prononcée lui-même au baptême de Jésus et à la Transfiguration: « Voici mon fils bien-aimé en qui j’ai mis toute ma faveur » : ευδοκησα (Mt. 3/17) que l’on traduit aussi : « J’ai mis mes complaisances », « ευδοκια » : faveur , bienveillance. « ευ−δοκεω » = bien-plaire, d’où complaire. Ce mot, très important, est aussi celui qu’ont chanté les Anges le jour de Noël. On a traduit faussement par « Les hommes de bonne volonté », alors qu’il faut dire : « les hommes de la complaisance », de la « faveur divine »: Ce mot désigne en premier lieu les saints géniteurs du Christ qui, par la foi, ont obtenu la justification aux yeux du Père, et ont eu le privilège d’engendrer le Sauveur par la Vertu fécondante du Saint Esprit.
Ce qui démontre que la première récompense de cette foi qui est venue dans le monde, (Gal. ch 3 fin et 4 début) fut la génération sainte, virginale et glorieuse du Christ qui est non seulement « le fils de l’homme », mais le « Verbe fait chair ».
« La liberté et la grâce » : Dieu offre sa grâce, mais nous restons toujours libre de l’accepter ou de la refuser; c’est bien pourquoi sainte Marie a dû librement prononcer son « Fiat » avant de concevoir l’enfant Jésus. Nous pouvons et nous devons réclamer la grâce divine, don que Dieu ne refuse pas si la prière est sincère. « Vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père donnera-t-il l’Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent ». (Luc 11/13)
H comme Hérésie…
Haïr, Haine
Haïr, Haine. Hébreu : SaNéH (haïr) ; SiNeHaH (haine)
Grec : μισειν (miséìn), et μισοσ Latin : odi et odium
Il semble utile d’étudier ce mot car il fait scandale dans le passage célèbre du chapitre 14 de Saint Luc, où nous lisons (v.25-26):
« Alors que de grandes foules suivaient ensemble Jésus, il se retourna et leur dit: » Si quelqu’un vient à moi et ne hait pas son père, et sa mère et sa femme et ses enfants et ses frères et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple ».
Et cette parole – traduite ici fidèlement sur le grec – est accompagnée de deux paraboles significatives – celles des deux insensés : l’un qui construit une tour sans avoir de quoi l’achever, et va devenir la risée des passants; l’autre : un roi qui prétend remporter une victoire sur son ennemi qui vient contre lui avec des bataillons deux fois plus nombreux. Pourquoi ces étourdis ne prennent-ils pas le temps de réfléchir avant de s’engager dans une entreprise au-dessus de leurs forces ?
Les commentateurs et les prédicateurs évitent le plus possible de citer le texte tel qu’il est, et suppriment hardiment le mot « haïr », en le remplaçant par « sans me préférer à ». Il est vrai que le quatrième commandement du Décalogue prescrit: « Tu honoreras ton père et ta mère… «
Il n’y a aucune hésitation possible sur le mot grec « μισειν », « μισοσ »: haïr, détester, et haine, aversion, horreur. De même si l’on se reporte au latin, « odi, » « odium, » qui a le même sens que le mot grec. Il faut signaler que le verbe « odi » est défectif. Odi est un parfait, non pas « je hais », mais « j’ai haï », « j’ai pris en haine », ce qui indique que la haine n’est pas le sentiment spontané d’une nature vierge, mais qu’il est provoqué par l’expérience de la vie en ce monde. C’est pourquoi, le Christ exige aussi de ses disciples, qu’ils deviennent de « petits enfants, pour entrer dans le Royaume de Dieu »: il faut avoir une mentalité propre, purifiée des influences délétères du monde « ennemi de Dieu ». C’est ce que le Christ enseigne tout au long du ch. 18 de St. Math.
Si nous interrogeons le vocable hébreu, « SaNéH » nous rencontrons le verbe qui ne peut signifier autre chose que « haïr, détester, repousser, avoir de l’aversion envers quelqu’un ou quelque chose ». Ce mot hébreu « haïr – haine » figure souvent dans le texte sacré. Le lecteur pourra vérifier qu’il a, dans toute l’Ecriture, le même sens, en hébreu, en grec et en latin, tout comme en français. Le mot français, quant à lui, vient de l’ancien francique, qui a donné en allemand « hassen » et en anglais « to hate ». Voici quelques références hébraïques utiles : Ps.105/25 ; Gen.37/4 ; Is.60/15 ; Pr.19/7 ; Jr.12/8 ; Ps.56/11, 50/17 …
Ce vocable se rencontre plus de 400 fois dans la Sainte Ecriture. Il est fréquent dans les Proverbes, les Psaumes et l’Ecclésiastique. Son sens général enseigne qu’il faut haïr et repousser tout mal avec horreur, comme le fait Dieu lui-même. On le lit en plusieurs endroits très significatifs: par exemple le psaume 5/5-7 que voici:
« Tu n’es pas un Dieu agréant l’iniquité, le méchant n’est pas ton hôte, Non, les insensés ne tiennent pas devant ton regard.
Tu détestes tous les malfaisants, tu fais périr les menteurs,
l’homme de sang et de fraude le Seigneur le hait…
Non rien n’est sûr en leur bouche, leur fond n’est que ruine,
leur gosier est un sépulcre béant, mielleuse est leur langue.
Traite-les en coupables, ô Dieu, qu’ils échouent dans leurs intrigues, pour leurs crimes sans nombre chasse-les, pour leur révolte contre toi… »
Nous trouvons ainsi de telles imprécations de haine dans les psaumes retenus par la Bible de Jérusalem: (note a) du Psaume 5. Avec le bon commentaire qui suit l’indication de nombreuses références.
Parmi ces textes, il faut retenir le célèbre psaume 109 (Hb.) en prenant garde que les premières imprécations – terribles – du v.6 au v.15, sont les malédictions que porte le méchant contre le serviteur de Dieu. En effet, au v.16, nous entendons ce serviteur réclamer justice. Il est assuré de l’obtenir, et il rend grâces à Dieu qui se tient à la droite du pauvre pour l’assister et le délivrer jusqu’à la disparition définitive du « méchant ». Nous savons en effet que le Royaume de Dieu comme Père s’établira par un « jugement » et une sentence terrible: « Allez maudits au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges ». (Voir le mot jugement )
Nous retrouvons l’idée biblique fondamentale, (étudiée déjà sous le vocable « colère « ) de la juste rétribution. Il n’y a, de la part de Dieu, aucune haine du pécheur en sa personne, mais seulement l’horreur, l’aversion et la haine du mal qui est en lui, qui le conduit à la mort, et peut-être à la damnation. Aucun mal ne vient de Dieu: il est toujours causé par le péché ou l’erreur, de sorte que toute souffrance nous invite à réfléchir, en vue d’une conversion pour retrouver la miséricorde et le Salut. (Parabole de l’enfant prodigue, Luc ch.15) Le prophète Ezéchiel a résolu le « problème du « mal » avec tout le développement explicatif évident en son ch.19, particulièrement v.20-28.
Tous les préceptes de la Loi, comme les exhortations des prophètes, étaient et demeurent la pédagogie fondamentale, indispensable pour que l’homme reconnaisse et réprouve résolument le péché qui le perd. Alors, d’où vient le péché ? – Initialement de la fourberie de Satan « homicide dès l’origine » (Jn.8/44) qui a fait dévier le premier couple Adam et Eve, dans la voie interdite: celle de la génération animale, de sorte que la créature rationnelle, primitivement « image et ressemblance de Dieu » s’est effondrée en une « espèce » qui prolifère aveuglément dans le hasard: le mélange de bien et de mal (Gen. 2 /17) : « expérience » funeste qui était et qui reste interdite: « Tu ne mangeras pas de l’arbre de l’expérimentation du bien et du mal ». Il est en effet absurde pour un être rationnel de poser un acte sans qu’il puisse en prévoir le résultat, et surtout, dont il sait aujourd’hui par une expérience de six mille ans, que cet acte – dit « conjugal » – conduit à la mort et à la corruption. Si l’on veut appeler les choses par leur nom, il faut dire le « viol » ou la « fornication. » (Hb.13/3)
Nous comprenons alors l’exigence de Jésus- Christ citée ci-dessus: « Celui qui ne hait pas son père et sa mère … ne peut être mon disciple. » Le contexte montre bien qu’il ne voulait pas de cette horde de gens qui le suivaient par une curiosité folklorique, par ambition politique, pour des avantages temporels (manger à satiété des pains multipliés) dans un enthousiasme puéril. Pour son oeuvre de Rédemption, il lui faut opérer une sélection parmi cette foule. Il prononce donc une parole dure à entendre mais chargée d’un enseignement fondamental. « Celui qui ne hait pas son père, sa mère…. et toute sa smala familiale… ne peut être mon disciple ». Disciple de qui ? « De Celui qui ne fut pas engendré de la chair ni du sang, mais engendré de Dieu ». (Jn. Ch.1, Luc Ch.2, Mt. ch. 1)
C’est donc bien le renoncement à la génération charnelle que le Christ exige de son disciple. Contrairement aux apparences, ce n’est pas là une frustration, mais la première condition de la liberté par laquelle la créature rationnelle pourra enfin confondre Satan, s’arracher à la fatalité de la mort, en vue de la vie impérissable, bien exprimée par le livre de la Sagesse : « Dieu a créé l’homme incorruptible: c’est par la fourberie du diable que la mort est entrée dans le monde. » ( Sag.2/23-24) C’est aussi la promesse formelle de Jésus: « En vérité, je vous le dis, celui qui garde ma parole ne verra jamais la mort ». (Jn. ch.8/51)
Ainsi notre Seigneur Jésus-Christ exige de ceux qui veulent devenir ses disciples qu’ils aient à leur tour la foi de ses propres géniteurs, Joseph et Marie – et ses grands parents Jacques le juste, Joachim et Anne, qui déjà ont « dépassé » (sens du mot Joseph) la génération charnelle, puisque Marie a été immaculée dès sa conception, exempte de tout péché et de toutes les conséquences du péché. Telle est la véritable génération * humaine, digne de Dieu et conforme à la dignité et de la vocation de la femme, créée vierge.
Ce renoncement fondamental était exigé dans les temps apostoliques pour tout catéchumène, selon la formule gardée précieusement, même si, par la suite, elle fut incomprise: « Je renonce à Satan, à ses pompes et à ses oeuvres, et je m’attache à Jésus-Christ. » Que de vierges chrétiennes ont été martyrisées pour leur fidélité à leur engagement baptismal ! Cette obligation de la chasteté fut ensuite gardée dans l’Eglise catholique pour les hommes qui voulaient accéder aux Ordres Sacrés du Sacerdoce, et proposée aux femmes qui voulaient servir l’Eglise par les « voeux » de virginité, de pauvreté et d’obéissance. Toute la force de l’Eglise militante réside dans cet engagement déjà proposé par le Christ à ses premiers auditeurs. « Haïr son père et sa mère… » c’est-à-dire avoir en horreur la manière dont on est conçu en ce monde: dans le péché sous la sentence de la mort. « Ma mère m’a conçu dans le péché ». (Ps.51/7) Haïr cette paternité et cette maternité là – sans haïr les personnes. Sinon, nulle chance d’arriver à « construire la tour », impossible de « l’emporter sur l’ennemi » = le diable, qui tient en main la génération charnelle.
Il faut d’ailleurs être réaliste et remarquer le fameux « complexe d’Oedipe » bien connu des psychologues: cette haine congénitale entre un fils et celui qui l’a appelé à la « vie »: vie précaire, larmoyante et souffrante. La subconscience – et la conscience – disent : « non ! » à l’acte qui nous a donné la vie en formant notre première cellule. Le port universel du vêtement qui cache essentiellement le sexe, témoigne, tout au long de l’histoire, de la honte * signifiée par l’Ecriture : « Ils cousirent des feuilles de figuier pour se faire de pagnes ». La conduite humaine est victime d’une hypocrisie phénoménale universelle sous l’appareil menteur de la vêture et de l’uniforme ! Les parents ne révèlent pas à leurs enfants qu’ils sont nés à la manière de animaux: erreur primordiale qui a multiplié un « genre » humain misérable qui disparaît dans la poussière du sol. Il faut un effort, parfois héroïque, pour appliquer le commandement de Dieu: « Tu honoreras ton père et ta mère ».
L’Eglise catholique, dans son droit , sa liturgie et sa vraie théologie a très bien compris l’universalité et la gravité du péché originel, du péché de génération. Mais elle n’a pu se faire entendre que par un très petit nombre de personnes… C’est pourquoi le Royaume de Dieu comme Père a tant tardé à venir.
Celui qui mérite une haine totale est le Diable qui, par sa fourberie homicide, a fait venir dans le monde la mort et la corruption du chef d’oeuvre de Dieu: la chair humaine.
Hérésie
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Homme
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I comme Israël…
Idole
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Intelligence (Don de l'Esprit)
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Israël
Israël – mot hébreu : ISRa-ÉL, du verbe « SaRaH » : être fort, et « ÉL » : Dieu
Ce mot revient souvent dans l’Ecriture, et aujourd’hui dans l’actualité. C’est le nom propre que reçoit le Patriarche Jacob. Il figure plus de 1500 fois dans l’Ancien Testament, une cinquantaine de fois dans le Nouveau, une vingtaine de fois seulement dans les Evangiles, surtout pour désigner la terre d’Israël, ou le peuple d’Israël. En effet, depuis cette époque, le mot « Israël » a désigné soit le peuple juif, soit sa terre. Il en est de même aujourd’hui. De sorte que dans toute l’histoire de la Rédemption ce vocable a subsisté, ainsi que le peuple qu’il désigne, la langue qu’il parle et la terre qu’il a reconquise au milieu du XXè Siècle. Le mot « Israël » a passé dans toutes les langues.
Ce nom apparaît au ch. 32 de la Genèse, v. 28, au moment où le patriarche Jacob lutte contre l’ A nge : épisode célèbre retenu par la T radition et illustré par de nombreuses œuvres d’art. Son étymologie hébraïque se rattache, semble-t-il, au verbe « SaRaH » qui signifie « être fort », que l’on retrouve en Osée 12/5. Voici le passage de Genèse, avec sa signification :
« Un homme lutta avec lui (Jacob) jusqu’au lever de l’aurore. Voyant qu’il ne le maîtrisait pas, il le frappa à l’articulation de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant qu’il luttait avec lui. Il dit: « Lâche-moi car l’aurore est levée », mais Jacob répondit : « Je ne te lâcherai pas que tu m’aies béni ». Il lui demanda: « Quel est ton nom ? » – « Jacob », répondit-il. Il reprit: « On te t’appellera plus Jacob mais Israël, car tu as été fort (SaRiTha) avec Dieu, et avec les hommes, et tu l’as emporté. »
Le texte lui-même nous indique le sens du mot, qui garde cependant son ambiguïté. Car Jacob a été fort avec (ÌM) Dieu, mais en luttant contre lui. Si bien que l’on peut traduire « Tu as été fort contre Dieu ». Si Israël lutte avec Dieu, il est revêtu de la force de Dieu, mais s’il lutte contre Dieu, sa force va tourner à son désavantage. Et Dieu le frappera comme il a frappé Jacob à la hanche. Leçon pour toute l’histoire.
Cette lutte contre l’Ange – interprétée donc comme une lutte contre Dieu lui- même – est d’une grande signification historique et prophétique.
– Historique – parce qu’elle se situe comme la conclusion du conflit entre les deux fils d’Isaac: Esaü et Jacob ; le premier rempli d’une haine homicide intraitable contre son frère, tout comme celle de Caïn pour Abel. Lorsque Jacob revient sur la terre promise à Abraham, après son long exil chez Laban, il tremble de rencontrer son frère jumeau. Il fait donc passer toute sa troupe, hommes et bêtes, de l’autre côté du Yaboc, et reste lui seul sur la rive orientale. C’est la peur d’être tué par son frère qui le torture. Mais, s’il ne revient pas sur la Terre Promise, c’est tout le plan de la Rédemption, commencée par la foi d’Abraham, qui s’effondre. C’est pourquoi Dieu intervient par son Ange pour contraindre Jacob à « faire le pas », à « franchir le Rubicon » : ici le Yaboc.
– Prophétique,- parce que tout au long de l’histoire du peuple d’Israël nous verrons cette lutte continuelle entre Dieu et ses prophètes d’une part, et les rois, les tribus d’Israël, et même les prêtres d’autre part. Toute l’histoire « sainte » est un conflit perpétuel entre Dieu qui veut absolument sauver la chair qu’il a faite, et l’homme qui n’arrive pas à se dégager du piège de l’Ennemi : Satan.
C’est surtout lorsque le Christ, annoncé par les Prophètes, accomplira son ministère en Israël, que cette opposition au Dessein Sauveur de Dieu prendra toute sa dramatique puissance, lors de la condamnation et de la crucifixion de Notre Seigneur Jésus-Christ par le sacerdoce lévitique. – Voyez le film sur la Passion. Cette opposition, cette lutte contre Dieu, continuera contre les Apôtres et les disciples du Christ. Elle sera châtiée par la ruine de Jérusalem, en 70, conformément à la prédiction de Daniel (Ch. 9/20-24). Malgré ce châtiment, parfaitement prophétisé par Notre Seigneur Jésus-Christ (Mt. Ch.24 et parall.), les Juifs en tant que peuple sont restés sourds et aveugles volontairement pour lutter contre l’Eglise et ne pas recevoir Jésus comme Messie, Roi universel (comme ont dit les Prophètes) et surtout Fils de Dieu.
Comme Israël fut infidèle à sa mission, et a rejeté le Messie au lieu de l’accueillir, le peuple juif n’est plus « Israël » : il n’est qu’un résidu qui subsiste comme un vestige, témoin permanent du passé, de tout l’Ancien Testament : exactement comme un monument funéraire, comme un mausolée, comme les ruines d’une cité naguère florissante, où l’on peut, par l’intelligence et l’imagination, faire « revivre » l’économie rédemptrice de Dieu pour l’homme. C’est pourquoi Saint Paul, qui a changé de camp, écrit dans l’Epître aux Galates : 6/15-17 : « Il n’y a plus maintenant de circoncision ou d’incirconcision, puisque c’est une nouvelle création. Sur tous ceux qui se tiendront à ce principe : paix et miséricorde, ainsi que sur l’ Israël de Dieu ». C’ est donc bien l’ Eglise maintenant qui est le véritable «Israël», qui ne se multiplie plus par la génération charnelle, même ordonnée par la Loi, mais par la régénération baptismale, qui rend à la créature humaine, moyennant la foi, sa filiation divine, à l’exemple de la foi d’Abraham.
C’est donc ici que nous voyons, avec la plus grande évidence, que toute l’histoire est commandée par une lutte inexpiable de races : celle qui oppose les fils du Diable aux Fils de Dieu, comme l’indique très bien la parabole de l’Ivraie, au ch. 13 de Mt. Versets 26-30, puis 36-43.
J comme Jésus…
L comme Lumière…
M comme Marie…
Maison
MAISON – hébreu : BaÌTh (prononcez Beth) ; grec : oikia et oikos ; latin : domus et mansio
Ce vocable est important. Il figure dans plusieurs mots qui ont passé dans toutes les langues, notamment le mot « Bethléem » : « la maison du pain ». Ce mot « beth » dérive-t-il du verbe « BaNaH » : « construire, édifier », dans le sens premier de «construire une famille», une lignée, comme on le dit encore aujourd’hui : « la maison de France », indiquant les dynasties qui se sont succédées dans les familles des Bourbons, d’Orléans, etc… ?
Dans l’Evangile, nous apprenons que Jésus était de la « maison de David », pour dire « de la lignée de David », ou simplement « fils de David ». C’est là l’énigme capitale, par laquelle Jésus-Christ a confondu ses adversaires, les scribes et les pharisiens, en leur opposant l’oracle de David : le Psaume 110 (Hb.) « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : « Tu es mon fils, moi en ce jour, je t’ai engendré » Le mot Seigneur (Adonaï) désigne Dieu. David donne donc au Messie son fils le nom de « Seigneur », réservé à Dieu lui-même !… serait-il donc « engendré de Dieu» ? Les Ecritures prophétiques annoncent que le Messie sera issu de la lignée de David. David doit-il donc se prosterner devant son propre fils ? Qui est donc ce fils ? De quelle manière est-il son fils ?… (Mt. 22/41-46. Syn. Lagrange : 242)
Une seule solution à cette énigme: admettre que le Messie est engendré d’une manière transcendante aux autres « fils de David », qui se sont succédés sur son trône pendant quatre cents ans, environ… Après quoi la royauté n’exista plus en Israël. Les géniteurs de Jésus, …Mathan, Jacob, Joseph savaient, par les listes généalogiques quel était leur royal ancêtre, et l’Ange confirme Joseph dans cette certitude : « Joseph, fils de David, ne crains pas de garder avec toi Marie, ta femme, du fait que ce qui engendré en elle est de l’Esprit Saint ».
C’est ainsi que le vieil oracle mystérieux du Psaume de David devient une prophétie de la filiation divine du Messie. Comment David pouvait-il deviner une telle « réussite », de sa « Maison » sinon par une inspiration du Saint Esprit ? C’est donc bien dans la « maison » de David que la génération humaine est remise sur ses bases divines et éternelles. Exactement ce que Le Pape Léon XIII enseigne, à l’orée du XXè siècle :
«Lorsque le Dieu miséricordieux eut décidé d’entreprendre la Rédemption du genre humain, attendue depuis tant de siècles, il disposa l’ordre de son ouvrage de manière à reproduire ce qu’il avait déjà établi dès le commencement à l’origine du monde. Il a montré ainsi l’image (species) de la famille (maison) établie sur ses bases divines (divinitus constituae) dans laquelle tous les hommes auraient l’exemple le plus absolu de la société domestique (maison, latin : domus), de toute vertu et de toute sainteté ».
C’est pourquoi il est inutile de construire une maison en bois, en pierre ou en béton armé, ou de louer un appartement, si le couple humain – fiancés ou mariés officiellement – ne se construit pas d’abord sur les « bases divines immuables », mais, hélas, entièrement oubliées depuis le péché originel = le viol, légal ou illégal, de l’utérus fermé par l’interdiction divine de l’hymen. En effet, la maison de pierre ou de bois, comme le temple ou le sanctuaire faits de main d’homme, ne sont que des figures artificielles du corps humain, qui, lui, est l’ouvrage de Dieu, le Temple vivant du Saint Esprit, qu’il est interdit de profaner ou d’abîmer.
Le mot grec des Septante et le Nouveau testament est « οικια ou οικοσ » (racine Fik = venir) d’où dérivent plusieurs substantifs et verbes, sur l’idée « d’habitation », de résidence, d’hospitalité : verbe οικοδομειν, construire une maison, οικοδομοσ, architecte, et οικονομειν : diriger, organiser sa maison, d’où le mot « économie » (voir ce mot) que Saint Irénée emploie pour désigner le gouvernement de Dieu sur toute l’histoire.
Le mot latin est « domus », qui vient lui-même du grec «δομοσ» qui signifie «construction» ; «δομεω», construire ; (racine Dem = bâtir). Cette racine a subsisté dans le mot «dôme» et dans «domicile», petite construction, petite maison. Le mot «maison» est le latin «mansio», qui signifie «demeure» : «manere» = demeurer, rester en place. «Manet in aeternum» : il demeure éternellement. Toutes ces racines nous montrent qu’il est « inadmissible » qu’une maison puisse s’écrouler et disparaître dans la mort. De fait la civilisation latine était établie sur la «gens», les «familles» dont les noms se perpétuaient pendant plusieurs «générations». C’est sur ce même édifice « génétique » que s’établit toute l’Europe, la chrétienté. Rois, ducs, comtes, barons…assuraient un ordre social, une sécurité sociale, par la stabilité – toute relative – de leurs « maisons ».
L’Eglise fit exception, puisque le Sacerdoce réside non pas sur la génération, mais sur la chasteté, qui resta toujours – encore aujourd’hui – un «signe de contradiction», dont le mystère ne fut jamais éclairci. En effet le Pape Pie XII, dans son encyclique « Sacra virginitas » voit uniquement la législation de l’Eglise, sans dire que le mot «virginité» signifie d’abord la fermeture du sein par l’hymen. Tel est l’exemple remarquable – pontifical – de cette transposition de la psychologie humaine sur le plan social, alors qu’il ne voit pas qu’avant le «social», il y a la nature qui sort des mains de Dieu.
La « maison établie sur le roc » (Mt.7/24s. Lc 6/47s.) , que les flots ne peuvent engloutir ni les vents renverser, est celle qui est construite sur la Foi telle qu’elle fut vécue à Nazareth. Voilà la maison vers laquelle il faut regarder, et qu’il faut imiter : « celle de saint Joseph », qui a remporté la victoire de la vie, par la vraie génération humaine.
« Allez à Joseph, et faites tout ce qu’il vous dira ».
Mal
MAL – hébreu : RaH ; grec : πονηρον , πονηροσ (ponêron, -os), κακον, κακοσ latin : malus, malum
Il convient d’étudier ce vocable qui figure dès la première page de la Sainte Ecriture, lors du commandement premier et définitif: « L’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas » (Gen.2/17).
Il faut aussi étudier ce vocable pour la raison qu’il n’y a qu’un seul problème: celui du mal. Il se pose d’une manière extrêmement simple : «Si Dieu est bon -sage et intelligent- pourquoi le mal ? » Tant que la réponse à cette question n’est pas donnée d’une manière rationnelle et incontestable, le « scandale * » est si grand que la foi semble une utopie, alors qu’il n’y a pas d’autre solution que dans et par la foi.
Le mot « mal » n’est autre que le latin « malus », adjectif, dont le neutre « malum » a un sens de substantif – de même en grec. Dans la Vulgate ,le mot « malus, malum » se présente environ 680 fois. En français le mot « mal » a de nombreux composés : «malheur, malveillance, malade , malin, malfaiteur, etc.. » Ce qui se comprend fort bien, puisque, à la suite du péché originel, la créature humaine est tombée « dans un état de déchéance » comme l’enseigne le Concile de Trente: déchéance qui n’est pas dans le comportement seulement, mais dans la nature même – nous dirions aujourd’hui dans les chromosomes – et dans la psychologie, de sorte qu’il est fort difficile de retrouver un jugement de conscience exact.
C’est pourquoi la demande du Pater est si importante: « Délivre-nous du mal». Toutefois cette délivrance ne saurait advenir que si les demandes précédentes de l’oraison dominicale sont d’abord exaucées : « Père, que ton nom soit sanctifié… sur la terre comme il est sanctifié dans le Ciel. »
En grec, nous avons le mot « πονηροσ » adjectif, « mauvais » ou « pervers », et qui avec l’article signifie « le Mauvais » pour désigner le diable. Le mot grec dérive du verbe « πονεω » qui signifie d’abord « avoir de la peine » , « être en mauvais état », ou encore « faire un travail pénible ». « πονοσ » = peine, fatigue. L’idée de méchanceté n’apparaît pas immédiatement. Finalement la meilleure traduction serait « dépravé ». Et de fait ce mot conviendrait très bien au diable, – le malin, l’auteur du mal – car il révèle bien l’intention du « Mauvais » : faire déchoir la créature humaine hors de sa vraie nature, de lui faire perdre, par conséquent, son identité et sa dignité. L’adjectif κακοσ signifie « mauvais » dans le sens de laid, sordide, et aussi défectueux, lâche, puis méchant, malveillant; le subtantif « το κακον » désigne le mal, le malheur, faire du mal à quelqu’un ; κακα = les maux.
(η κακκη = excrément, même origine que le français « caca »).
En hébreu nous avons le mot ‘RaH’ qui donne tout comme en latin, en grec et en français, toutes les nuances que nous exprimons habituellement par les mots « mal, mauvais, pervers… » etc. Voici quelques références : Gen.2/17 ; Ps.5/5 ,10/15 ; Job 21/30 ; Pr.2/12 , 15/26 , 17/11 , 20/8 ; Is.5/20 ; Ex.5/19 ; Nb.11/1 ; Ps. 23/4 , 121/7, 140/2…
La dernière demande du Pater : « Délivre-nous du mal », signifie aussi, et surtout, « arrache-nous aux griffes du Mauvais », car alors nous serons à l’abri de la tentation. Il est significatif d’ailleurs que ce mot « mal » désigne Satan lui-même : le Mauvais, le Malin, le Mal personnifié, car c’est lui l’auteur du mal, et non pas Dieu.
Les deux dernières demandes du Pater sont habituellement très mal traduites et comprises. « Ne nous induis pas en tentation », ou « ne nous soumets pas à la tentation », ou encore « ne nous laisse pas succomber à la tentation »… Ces traductions sont une erreur de lecture sur le texte grec original et sur son ancêtre hébreu. En hébreu, en effet, on inscrit souvent la négation au début de la phrase, comme on le fait en français dans certaines expressions, par exemple : « On ne doit pas tuer » ce qui signifie littéralement : « On n’a pas le devoir de tuer », alors que nous comprenons la phrase comme si elle était écrite : « On doit ne pas tuer » : la négation ‘ne…pas’ qui enserre le verbe « doit », porte en réalité sur le mot « tuer ».
Ainsi en est-il en hébreu : « Ne nous induis pas à être tentés », signifie : « Induis-nous à n’être pas tentés » c’est-à-dire « éloigne de nous la tentation, fais en sorte que nous ne soyons pas tentés » ; le meilleur moyen c’est que Dieu lui-même nous délivre du tentateur. Ainsi les deux dernières demandes du Pater sont tout à fait symétriques et cohérentes. L’apôtre Jacques, en effet, dans son épître nous dit explicitement que Dieu ne « tente personne », mais que chacun « est tenté par sa propre convoitise ». (1/13-14) Nous trouvons cette même vérité dans le chapître 15 de l’ Ecclésiastique, lorsque l’ auteur écarte l’ idée qu’ il puisse y avoir quelque mauvaise intention en Dieu. Voyez, ci-dessus, le vocable « liberté »
Il faut bien comprendre le commandement de Dieu qui interdit «la connaissance du bien et du mal » – nous avons déjà donné une explication dans le mot « connaissance » = connaissance pratique, expérimentation (voir aussi le mot commandement). Ce que Dieu interdit c’est en effet un comportement qui soit un mélange de bien et de mal, un mélange de plaisir et de douleur. Dieu ne veut aucun mal pour sa créature rationnelle, mais, au contraire, ce qu’il y a de plus merveilleux et de plus magnifique, car ce qui est parfait est vraiment digne de Dieu. Dieu pourrait-il se contenter du médiocre ?…. Il est donc évident que la génération charnelle qui comporte de soi le sang et les larmes est interdite par Dieu. (Voir les mots génération, filiation, péché), C’est pourquoi le Verbe a pris chair dans les entrailles inviolées d’une vierge pour nous « mettre sur la voie » (Jn. 1/18- εξηγησατο = nous arrache d’une voie pour nous mettre sur une autre) en portant témoignage pour sa filiation divine jusqu’à la mort ; sa Résurrection prouve cette divine et exemplaire filiation.
Si les chrétiens s’élèvent à la foi exacte qui fut celle des saints géniteurs du Christ, ils obtiendront la pleine justification et la vie impérissable selon sa promesse : Jean 8/51. Et le Mauvais sera définitivement écarté.
Malade
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Mariage
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Marie
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Melchisédech
MELCHISEDECH. Mot hébreu composé : MaLKÌ – TsèDèQ = roi de justice
Voir les mots Sacerdoce, ordre, sacrifice.
Consultez mon livre : « L’Ordre de Melchisédech » qui expose la doctrine du Sacerdoce Catholique.
Mort
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Mystère
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Mystique
Mystique – pas de mot hébreu ; grec : μυστικοσ ; latin : mysticus
Ce mot fut d’abord un adjectif, comme le latin mysticus, « relatif au mystère », μυστικοσ en grec, même chose. Μυστεσ = initié (aux mystères) ou initiateur ; du verbe μυω = fermer, se fermer. Il a pris un sens bien particulier dans le christianisme, lorsque l’on parle de la « Théologie mystique », ou du « Corps mystique » du Christ.
La théologie mystique est l’étude des « révélations privées » que certains chrétiens ont (ou prétendent avoir) dans leur rapport avec Dieu, et leur connaissance des choses divines : des mystères. Il faut donc que le théologien fasse une analyse sérieuse de ces « révélations » particulières, pour s’assurer de leur authenticité et ainsi en tenir compte ou non. Il doit donc user des règles du « discernement des esprits » dont parle saint Jean dans sa première épître début du chapitre 4. De même Saint Paul dans la Ière aux Corinthiens, Ch.12/3.
Le Corps mystique du Christ est l’Eglise. Saint Paul l’explique fort bien dans l’Epître aux Corinthiens, en rappelant les rôles différents et nécessaires des organes du corps. (Ia.Cor. 12/12 s.) Le Pape Pie XII, dans son Encyclique « Mystici Corporis » a parfaitement défini la différence entre un « corps physique « et le « corps mystique ». Dans un corps physique tous les organes sont orientés et travaillent en vue du corps total ; alors que dans le Corps Mystique, au contraire, c’est le corps qui est orienté au plus grand bien de chacun de ses membres, organes, et cellules, au plein salut des hommes et des femmes qui le constituent. De sorte que le Corps mystique dont le Christ est la Tête, a pour but d’amener chaque chrétien à la sainteté et à l’immortalité.
La « mystique », substantif féminin, désigne une piété particulièrement profonde par laquelle le fidèle obtient une familiarité avec les mystères divins ; avec l’une ou l’autre des Personnes divines. Il faut, pour éviter toute illusion, savoir les conditions d’ éducation, de circonstances, d’ influences diverses où se sont trouvées ces personnes. Pour simplifier, on peut distinguer les « mystiques d’évasion », et « d’acceptation » :
La mystique d’évasion est la plus courante : elle consiste à fuir les conditions dans lesquelles nous sommes, conditions de la création même et conditions des circonstances. On remarque, en effet, qu’en raison des complexes psychologiques issus du péché originel, – peur et honte surtout, – on se réfugie sous le vêtement, on a recours à l’abri d’une maison, d’un bâtiment, de murailles, de remparts etc… On fuit dans la solitude…Beaucoup de saints et de saintes, ont désiré en finir le plus vite possible avec les limites de leur corps, pour « libérer leur âme ». Il est évident que le dualisme philosophique a joué un grand rôle dans ces erreurs. On pourrait en effet analyser les écrits et l’histoire de nombreux saints, pour y discerner cette ambiance de refus et de fuite, le désir d’obtenir plus facilement et rapidement la liberté de l’âme, et le paradis…. Dans certains cas les «mortifications» excessives procédaient d’une mystique suicidaire. Il est vrai qu’il faut se garder dans ce monde de péché, (Jac 1/27), ce qui conduit nécessairement le mystique à se tenir à l’écart. (Voir Nazareth).
La mystique (ou spiritualité) de l’acceptation est au contraire beaucoup plus sûre : elle consiste à dire simplement «amen» à notre propre nature corporelle, pour retrouver l’équilibre psychologique qui régnait avant la faute : « Ils étaient nus l’ homme et la femme l’ un devant l’ autre, et ils ne rougissaient pas » (Gen 2.fin) C’est à cette même « acceptation » que nous convie le Christ quand il nous montre les petits enfants qui jouent tout nus sur le sable, sans aucune honte. De même lorsqu’il nous dit: « Le corps est plus que le vêtement… » Voyez le discours de Jésus sur les yeux qui doivent être la lampe du corps : Luc : 11/33-36. Il faut aussi accepter les circonstances qui nous sont présentées par la Divine Providence, en sachant que « tout concourt au plus grand bien de ceux qui aiment le Seigneur ».
Tant que dure la génération charnelle, sous le poids du péché et de ses conséquences, il reste difficile d’échapper complètement au « milieu » dans lequel nous sommes, et il faut autant que possible faire sans cesse un juste discernement.
N comme Nazareth…
Nature
NATURE. Pas de mot hébreu ; grec : φυσισ (phusis) ; latin : natura
C’est le mot latin « natura », dérivé du participe passé « natus » du verbe « nascor », naître. Le sens du mot latin se retrouve identiquement en français avec toutes ses nuances. Il désigne d’abord l’ensemble des êtres créés; autrefois presque divinisée : « Natura ». « De natura rerum » = de la nature des choses, ouvrage de Lucrèce exposant la théorie atomique d’Epicure, reprise plus tard par Gassendi et confirmée par la science moderne : il expose ce qu’il y a au-dessous des « apparences », en grec les « φαινομενα », (phénomènes, apparences) titre du précieux livre d’Aratos (4ème S. av. J.C.) qui décrit le ciel et ses variations saisonnières pour que les marins grecs qui parcouraient l’Egée puissent aisément se diriger vers le rivage qu’ils convoitaient. On oppose aussi souvent ce qui est « naturel » et « artificiel »… On dit « un bon naturel » pour qualifier un homme droit et honnête, qui est vertueux sans effort. Et lorsque l’on parle, en théologie de la « nature déchue » on désigne les conséquences du péché originel qui a fait dévier l’homme hors et au-dessous de sa « vraie nature », celle qu’il avait reçue au commencement, lorsque Dieu vit toute son œuvre et conclut : « tout est très bon ».
Le mot grec est «φυσισ » qui signifie « plante » « rejeton », mot qui évoque le fruit d’une « génération ». Le verbe « φυω» signifie « pousser, faire pousser, planter ». Le verbe « φυτευω» signifie « semer » ou « planter », ce qui évoque que la « nature » est en quelque sorte achevée par les êtres vivants. En I Cor. 3/6, nous avons dans la bouche de Paul « εγω εφυτευσα » : « Moi, j’ai planté, Apollo a arrosé ». En français ce mot : « φυσισ » se retrouve dans le mot « physique » qui est justement la science qui donne l’intelligence des choses mais avec une spécialisation pour la matière non vivante, qui se présente sous les trois états solide, liquide, gazeux, et ensuite les lois qui régissent les mouvements et les équilibres des corps. (mécanique, cinétique, statique etc).. L’étude des êtres vivants « biologie » se rattache au mot « βιοσ» qui signifie « vie », et le mot « génétique » qui désigne l’étude de la reproduction des êtres vivants vient du mot engendrer : racine « γεν ».
Dieu s’est exprimé parfaitement par ses œuvres. « Ils sont inexcusables, dit saint Paul, puisque ayant connu Dieu – par le moyen de ses oeuvres (v.20) – ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces. Mais ils sont devenus vains dans leurs pensées, et leur coeur sans intelligence s’est enveloppé de ténèbres. Se vantant d’être sage ils sont devenus fous… » (Rom 1/20-22 ; lire de 18 à 23). L’athéisme est un aveuglement monumental directement issu du crétinisme humain et de la supercherie diabolique. Il procède d’un mensonge et d’une hypocrisie impardonnables. Lorsque le Royaume sera établi « sur la terre comme au ciel » nous serons effarés devant l’histoire des nations. Le concile Vatican I a bien défini que l’homme par sa seule raison peut s’assurer de l’existence de Dieu, par le moyen de ses oeuvres. Il faut en effet être aveugle, ou de mauvaise foi, pour ne le point voir !
Il n’y a pas de mot hébreu pour dire « nature » parce que le génie de la Bible ne sépare jamais la création du Créateur. Pour évoquer la « nature » nous avons l’expression « le ciel et la terre ». « Adjutorium nostrum in nomine domini qui fecit caelum et terram » : notre secours est dans le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre ». Le mot hébreu le plus voisin de l’idée de nature signifie intégrité, ordonnance, comportement, voie. C’est le mot « HiRaH ». (avec « aleph », Zorell p.79)
L’homme a déchu de sa « vraie nature » en désobéissant au commandement primordial – sa loi spécifique – qui règle la génération humaine. Engendré comme les animaux, réduit à la condition (nature) d’une espèce entre les espèces, il a perdu sa filiation divine qui l’instituait « image et ressemblance de Dieu », fils et fille du Dieu Créateur et Père. La nature humaine des fils d’Adam engendré de la chair et du sang n’est plus la nature originelle du couple initial au paradis terrestre. Génétiquement, elle est cassée, altérée. C’est pourquoi la théologie parle de la « nature déchue ». Le Christ seul, et sainte Marie nous donnent une image exacte de la « nature intègre » telle que Dieu l’a voulu au principe.
C’est le but de la rédemption : restaurer la nature humaine.
Nature humaine, nature divine
Ce mot a été employé dans la théologie pour définir les deux natures présentes dans le Christ. La nature humaine est celle qu’il a prise de la Vierge Marie, au moment de son incarnation. La nature divine est celle qu’il possède de toute éternité avec le Père et l’Esprit-Saint, « une seule nature en trois personnes » distinctes, affirme clairement le symbole de saint Athanase. Cette formule très simple nous permet de définir au mieux la Sainte Trinité : un seul Dieu en trois personnes.
Extrait du symbole de saint Athanase :
« Voici la foi catholique : c’est d’adorer un seul Dieu en Trinité et la Trinité dans l’unité. Sans confondre les personnes et sans diviser la substance. Autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit. Mais du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint, une est la divinité, égale la gloire, co-éternelle la majesté. Tel le Père, tel le Fils, tel le Saint-Esprit. Le Père est incréé, le Fils est incréé, le Saint-Esprit est incréé. Immense le Père, immense le Fils, immense le Saint-Esprit. Eternel le Père, éternel le Fils, éternel le Saint-Esprit. Cependant non pas trois éternels mais un seul est éternel. De même, non pas trois incréés ni trois immenses, mais un seul est incréé, un seul est immense. Tout aussi bien le Père est tout puissant, tout puissant le Fils, tout puissant le Saint Esprit, et cependant non pas trois tout puissants, mais un seul est tout puissant. De même le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint Esprit est Die , et cependant non pas trois Dieux mais un seul est Dieu. Et encore le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint Esprit est Seigneur, cependant non pas trois Seigneurs mais un seul est Seigneur. C’est ainsi que la vérité chrétienne nous oblige à confesser que chacune des personnes est Dieu et Seigneur, et cependant la même religion catholique nous empêche de parler de trois dieux et de trois seigneurs… »
Nazareth
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Malade
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P comme Paradis…
Paix
PAIX – hébreu : ShaLOM, du verbe ShaLéM = être complet, intègre, sans tache. grec : ειρηνη (eirènè) ; latin : pax, -pacis
« Paix à vous… » : ce sont les premiers mots du Christ ressuscité à ses Apôtres, à son Eglise. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, non pas comme le monde la donne : moi je vous la donne ». Ces paroles de Notre Seigneur, rapportées par saint Jean (ch.14 vers la fin) résonnent tout au long des âges, pendant l’histoire douloureuse de l’Eglise, comme la consolation de toutes ses épreuves, et l’assurance que les promesses si précieuses auront un jour leur accomplissement.
Le mot français dérive directement du latin : « Pax, pacis ». Même sens qu’en français. Cessation des hostilités, par une convention passée entre les belligérants. De la racine indoeuropéenne : « pak » = fixer par une convention. La « Pax Romana », assure un ordre politique et social. Dans la liturgie latine : le « baiser de paix » est un signe de fraternité et d’accueil mutuel. Le mot prend un sens sacramentel après l’absolution des péchés : « Pax tecum. »
En grec : « ειρηνη ». par opposition à πολεμοσ = guerre. Comme en latin, le mot grec a un sens historique, et non pas ontologique comme l’hébreu. Il découle de l’histoire qui fut guerrière, en raison de la faute originelle. En dorique : ειρανα (racine ρα). D’où le nom propre « Irénée ». Irène : ancienne déesse de la paix, d’où le substantif, sans doute. On a aussi sainte Irène vierge martyrisée en 304. L’impératrice Irène (752-803) reste célèbre par ses intrigues et sa cruauté, canonisée cependant par l’Eglise orthodoxe ! L’adjectif « irénique » dérive directement du vocable grec.
En hébreu, nous avons la salutation habituelle qui a subsisté jusqu’à nos jours : « Shalom » – (cf. notre « salamalec », de l’arabe « salam alaik » =« paix sur toi »). Ce nom « ShaLoM » figure très souvent dans l’Ancien Testament dans tous les sens variés que nous donnons encore aujourd’hui au mot « paix » : sérénité, tranquillité, bien-être, absence de conflit, de guerre, de procès… Toutefois, le sens premier indiqué par le dictionnaire est: « salut, santé, intégrité, prospérité. »
Quelques références : Lév.26/6 ; 1Sam.7/14 ; Za.6/13 ; Is.33/7, Jos.9/15… 1er sens : Ps.35/27, 38/4, 73/3 ; Pr.3/2 ; Gn.29/6, 43/28 ; Dt.29/18…
Car ce substantif hébreu dérive du verbe « ShaLéM » : être complet, entier, intact, intègre, sans tache, sain et sauf, sauvé. Racine très intéressante qui nous indique que la paix n’est possible que lorsque l’intégrité est là, retrouvée si elle était perdue. Et l’intégrité de la personne – homme ou femme – est celle que Dieu fit au commencement du monde. Il fit la femme vierge, confiée à la mémoire de l’homme (cf. le mot ZaKaR = homme) qui doit garder la Révélation reçue de la bouche de Dieu. La paix sera sur terre vraiment effective lorsque l’humanité retrouvera et gardera cette intégrité première.
« Marie, reine de la paix ». Le Cantique des Cantiques reprend cette idée lorsque la vierge-épouse déclare :
« Je suis un rempart et mes seins en sont les tours, « voilà pourquoi je suis à ses yeux celle qui a trouvé la paix. » (8/10)
Le mot hébreu « ShaLaM », (SheLaMIM au pluriel), dérive lui aussi du verbe ShaLéM ; il désigne le «sacrifice pacifique » que tout juif devait offrir (Lév.7/11s): sacrifice de fleur de farine et d’huile, de pain et de vin si bien mis en évidence par Melchisédech, et repris merveilleusement par le Christ. Adam devait offrir un sacrifice pacifique : celui de sa paternité « selon la chair » en vue d’une paternité supérieure « selon l’esprit ». Par ce sacrifice, la paix eut été assurée à ses descendants. Ce que fit saint Joseph.
Le mot « paix » a un sens chrétien très particulier, que l’on peut dire transcendant, par rapport à l’usage habituel de ce mot. C’est bien le sens que Notre Seigneur lui donne dans ses entretiens avec les Apôtres : « Je vous donne la paix, non pas comme le monde la donne; moi je vous donne ma paix. » C’est la paix inébranlable et pleinement joyeuse que la créature humaine reçoit par la grâce que procurent la foi et la justification : c’est-à-dire lorsqu’elle connaît et met en pratique le bon vouloir du Père. C’est alors qu’elle peut enfin réaliser l’image et la ressemblance de la Sainte Trinité, dans son bonheur inaltérable. Toutes les épîtres de saint Paul commencent par le souhait de cette paix.
Nous avons cependant cette parole de Notre Seigneur : « Croyez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre ? Non pas, mais la division ! » (Luc 12/51) – « le glaive » écrit Matthieu (10/34) – Et Il poursuit: « Car désormais dans une même maison, cinq seront divisés : trois contre deux et deux contre trois; ils seront divisés le père contre fils, le fils contre le père, la mère contre la fille, la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille, et la belle-fille contre la belle-mère. » (Luc 12/52- 53).
Comprenons ce que le Seigneur veut dire : il est venu casser les liens de la famille charnelle, arracher les enfants – ou les parents, suivant les cas – au processus charnel. Ce qui, au sein de la famille, ne se fait pas sans heurt. Que les enfants contestent la génération qui les a mis au jour : accusation insupportable ! Que les parents renient les enfants qu’ils ont engendrés dans le péché, décision héroïque ! Mais pour que vienne le Royaume du Père, il ne peut en être autrement. Il faut « casser la baraque » pour construire la « maison sur le roc » de la Foi.
« Acquiers la paix du coeur, et beaucoup trouveront leur salut auprès de toi » :
maxime de saint Séraphin de Sarov.
Et l’oraison de la messe du 8 septembre : « Que la solennité de la Nativité de la bienheureuse Vierge Marie procure un accroissement de paix à ceux pour qui son enfantement fut le principe du Salut. »
La paix soit à vous !
Paradis
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Parousie
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S comme Saint…
Sacerdoce
Sacrement
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Sagesse (Don de l'Esprit)
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T comme Théologie…