Madeleine, Salomé, la femme de Zébédée, Véronique, Jeanne, Suzanne, la Samaritaine… toutes sont mises en scène et occupent, pour une fois, le devant de la scène. L’Evangile vu du côté féminin… L’Evangile bu par ces âmes sensibles, intuitives. Elles ont compris plus que les hommes sans doute le cœur du Christ et la révolution qu’il apporte au quotidien de leur vie de femme, d’épouse et de mère. Elles l’ont accompagné jusqu’au tombeau…
Postface
Indications historiques sur les personnages de la Tragédie des Saintes Femmes.
Madeleine
Sainte Marie-Madeleine est la célèbre « pécheresse » dont il est question dans l’Evangile de Saint Luc, à la fin du chapitre 7, (v.36-60), scène poignante où Jésus-Christ manifeste son amour miséricordieux, dans le dialogue avec Simon le Pharisien et l’absolution à Madeleine. Luc mentionne ensuite ch. 8/1-3 cette même Madeleine parmi les autres femmes qui accompagnaient les Douze et assistaient de leurs biens la troupe apostolique.
Au ch. 10/38-43, saint Luc raconte l’épisode de « Marthe et Marie ». Le Christ en voyage s’arrête dans leur maison. Marthe s’occupe des soins du ménage, alors que Marie-Madeleine assise à ses pieds, écoute sa parole et « choisit la meilleure part ».
« Madeleine » vient du mot Magdala, ville de Galilée, la Magdaléenne.
Saint Jean nous parle aussi de Marie-Madeleine, (Jn. ch. 11) et la désigne (v.2) comme la soeur de Marthe et de Lazare: les trois enfants de « Simon le lépreux ». Marie-Madeleine joue un rôle important dans la résurrection de son frère Lazare, événement d’une importance capitale qui a suscité l’enthousiasme du peuple de Judée, la confusion des chefs des prêtres, puis leur ardente colère contre le Christ.
Jean, (11/2), identifie Marie, soeur de Lazare avec la pécheresse qui a oint les pieds de Jésus antérieurement chez Simon le Pharisien, rapportée par Luc ch.7. Nous retrouvons Madeleine lors de l’Onction de Jésus à Béthanie, rapportée par les trois évangélistes, Marc, ch.14/3-9 Matthieu ch.17/6-15, et Jean ch. 12/1-10. La coïncidence de ces trois témoignages permet de dater cet événement juste avant les derniers discours de Jésus à Jérusalem pendant les jours qui suivirent son entrée triomphale dans la Ville: le « Dimanche des Rameaux. », – ou de la Passion, selon que l’on accepte la chronologie du Père Lagrange, ou celle plus récente, et plus fiable – car appuyée sur les documents de Qumram – du Père Carmignac.
Marie-Madeleine se trouve au pied de la Croix du Seigneur (Jn.19/25; Mc.14/40; Mt.27/55-56), avec d’autres femmes dont certaines sont nommées, et évoquées dans notre tragédie. Marie-Madeleine monte la première au tombeau, dès la pointe du jour, voit la pierre roulée, et court avertir Pierre et Jean. Elle remonte dans la matinée au tombeau et voit le Seigneur (sans doute la première). Les autres femmes aussi voient les Anges de la Résurrection. (Luc.24/3-10; Mc. 16/5-8) Mt.28/5-7). Et Matthieu rapporte l’apparition de Jésus aux autres femmes: 28/9-10 : « Et voici que Jésus se présenta à elles en disant : Shalom ! Elles, s’approchant, se saisirent de ses pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit: « Ne craignez pas: allez, faites savoir à mes frères qu’ils aillent en Galilée, et là, ils me verront' ». Ce sont donc bien Madeleine et les saintes femmes qui ont eu le privilège de voir Jésus ressuscité les premières, ce qui est juste, puisqu’elles avaient pris le parti du Crucifié en se tenant avec Marie au pied de la croix.
La Tradition nous rapporte que Marie-Madeleine fut embarquée sur un bateau sans voiles ni rames par les ennemis du Christ et des premiers chrétiens (après la lapidation d’Etienne) et abandonnée ainsi, avec Lazare, sa soeur Marthe, une autre « Marie », et quelques autres disciples, au gré des flots de la Méditerranée. Par un éclatant miracle, ces personnes traversèrent la mer et débarquèrent aux « Saintes Marie de la Mer », où le mémorial de ce prodigieux miracle reste jalousement gardé. Lazare fut le premier évêque de Marseille, d’où il envoya en Gaule les « hommes sûrs » qui furent très tôt les évangélistes du Midi et du sud-est de la France.
La Tradition nous rapporte aussi que Marie-Madeleine se retira comme ermite à la Sainte Baume (= la sainte grotte) où son souvenir est marqué par une chapelle et une maison de retraite.
Salomé
L’une des femmes qui se tenaient au pied de la Croix, mentionnée par Marc, 15/40. Saint Clément d’Alexandrie a rapporté le dialogue de Jésus et de Salomé dans ses Stromates où il cite l’Evangile aux Egyptiens, encore lu du temps de Saint Jérôme. (Voir Synopse de Lietzman, p. 144, les références). Clément d’Alexandrie : (150-216) athénien, aréopagiste, Evêque d’Alexandrie, docteur de l’Eglise. Voici la traduction de ces textes précieux rapportés par saint Clément:
Sur Mt. 19/12: « A Salomé qui lui demandait jusqu’à quand durerait le pouvoir de la mort, le Seigneur répondit : « Jusqu’à ce que vous les femmes vous enfanterez (dans la douleur) ». « … Salomé lui dit : »Jusqu’à quand les hommes mourront-ils ? » Le Seigneur lui répondit: « Tant que les femmes enfanteront »‘. Sur Mt. 5/17 , parole de Jésus: « Je suis venu pour délier les oeuvres de la femme ». Salomé lui demanda : » Ai-je bien fait de ne pas enfanter ? Le Seigneur, répondant, lui dit: « Mange de toute plante, mais ne mange pas celle qui contient l’amertume ». « Salomé s’informait de savoir quand serait connu ce dont il parlait. Le Seigneur dit : « Lorsque vous foulerez sous vos pieds le vêtement de la honte, et lorsque les deux deviendront un, le mâle avec la femme, et non plus mâle et femme (séparés). «
La Femme de Zébédée
Mère de Jacques le mineur et de Jean. Certains auteurs pensent qu’elle s’appelait aussi Salomé. Nous évoquons son caractère en fonction de son attitude rapportée dans Mt. 19/20-24. (Commenté par Saint Ambroise). La Légende dorée donne quelques détails sur les dernières années de la vie de cette mère de Jean, sa mort et le culte qui lui fut rendu.
La marchande de poissons
Nous imaginons que la femme du peuple mentionnée dans Luc. 11/27-28, était marchande de poissons. On peut penser qu’elle aura, elle aussi, suivi le Seigneur.
Véronique
La tradition rapporte que cette Véronique qui réconforta le Seigneur sur le chemin du Calvaire en essuyant son visage, fut l’hémorroïsse guérie par le Seigneur, (Luc.8/43 s, et parallèles de Mc. et Mt. ). Rapporté dans les « Actes de Pilate ». Elle suivit le Seigneur après sa guérison, se retrouva sur le chemin du Calvaire. Il est fort vraisemblable qu’elle reçut en dépôt sous sa garde le Saint-Suaire; en raison de la tradition du « voile de Véronique » qui désigne non seulement le linge avec lequel elle essuya le visage de Notre Seigneur sur le chemin du Calvaire, mais aussi le Suaire lui-même, dont les reliques sont incluses dans les « voiles de Véronique » (même tissu) que l’on vénère à Rome et à Gènes. (Voyez sur ce point nos cassettes sur l’histoire du Saint Suaire).
Le Saint Suaire fut porté à Edesse au Roi Abgar, après l’Ascension de Notre Seigneur, par Jude Thaddée, selon les « Actes de Jude Thaddée »; la correspondance épistolaire entre Abgar et Jésus est rapportée par Eusèbe de Césarée, tenant cela de chroniques plus anciennes, les chroniques d’Addaï. Voir sur ce point Jacques de Voragine, la Légende Dorée pour la fête des Apôtres Simon et Jude. Voir aussi l’attestation de « l’Evangile des Hébreux », texte araméen du Ier siècle, traduit en grec par Saint Jérôme, où l’on trouve beaucoup de renseignements sur les personnages de l’Evangile, notamment sur Malchus qui a reçu du Seigneur lui-même le Saint Suaire.
Dans la « Légende Dorée », du bienheureux Jacques de Voragine figurent certains souvenirs intéressants que le lecteur pourra retrouver facilement, en consultant cet ouvrage, souvent présenté avec une table alphabétique des noms propres. Le lecteur pourra aussi consulter le livre de Monseigneur Gaume: « Biographies Evangéliques » où sont rapportés les principaux éléments traditionnels et historiques concernant les personnages, chrétiens ou juifs, contemporains du Christ, et dont les noms nous sont parvenus.
Jeanne
Épouse de Chouza intendant d’Hérode, selon l’affirmation de Luc, au début de son ch. 8.
Suzanne
Cette femme, nommée parmi celles qui suivaient le Seigneur et aidaient de leurs biens la troupe apostolique, (Luc.8/3) reste inconnue. Son nom signifie « Le Lys ».
La Belle-mère de Pierre.
Voir Luc 4/38-39; Mc. 1/29-31: Mt. 8/14-15. Du fait qu’elle fut miraculeusement guérie par le Seigneur, on peut supposer qu’elle a participé aussi aux événements de l’Evangile. Une tradition liturgique mentionne la fille de Saint Pierre: Sainte Pétronille, fêtée le 31 mai.
La Samaritaine
Voir Evangile de Jean, ch.4. Il faut penser que la Samarie avait été préparée par le Christ lui-même à son Evangélisation, faite plus tard par Saint Pierre et Saint Jean, comme le rapportent les Actes des Apôtres, Ch. 8. Il est tout à fait vraisemblable de penser que la Samaritaine, qui fut la première à témoigner de notre Seigneur auprès de ses compatriotes, persévéra dans sa fidélité au Seigneur.
La Sainte Cène
On doit penser que les Saintes femmes étaient présentes sinon à la Sainte Cène, du moins dans la maison de Marc, qu’elles ont préparé les mets du Repas Pascal, qu’elles ont fait le service de la table, et que, par conséquent, elles ont entendu les paroles qui furent échangées au cours de ce repas.
L’Evangile de Jean
Nous savons par l’Apocalypse que Jean fut exilé à Patmos à la suite de son « témoignage » : en effet il était à Ephèse avec Marie, lorsqu’il fut dénoncé comme chrétien par le gouverneur de cette ville , qui écrivit à Domitien à son sujet; Domitien fit venir Jean à Rome, pour qu’il soit supplicié d’une manière exemplaire, afin de discréditer les chrétiens. Il fut plongé dans une chaudière d’huile bouillante, devant la Porte Latine (Fête le 6 mai), mais en sortit « vigor et vegetior », rajeuni et revigoré. Témoignage de Saint Jérôme, qui cite Tertullien et diverses « Histoires ecclésiastiques ». Il est certain que Jean a écrit son Evangile à Ephèse, avant son martyre à Rome et son exil à Patmos, où il écrivit l’Apocalypse: livre beaucoup plus tardif que son Evangile. Marie, auprès de lui, à Ephèse, pouvait attester un grand nombre des faits rapportés dans son évangile. On garde encore aujourd’hui à Ephèse la Maison de Marie, et le lieu de son Assomption, par une tradition deux fois millénaire.
L’évangile de Jean toutefois, présente des irrégularités chronologiques et des lacunes évidentes. En effet, lui qui veut démontrer que « Jésus est Fils de Dieu », a dû certainement rapporter les événements les plus significatifs de cette profession de foi, dont il fut le témoin oculaire et auriculaire, à savoir: le Baptême de Jésus et la Voix du Père; la Transfiguration; les enseignements particuliers que Jésus donna à ses apôtres, après le ministère en Galilée; l’Agonie de notre Seigneur, dont il fut le témoin privilégié; la condamnation de Jésus par Caïphe sur le grief de Fils de Dieu, alors qu’il était dans la cour du Grand prêtre; il ne rapporte pas l’institution eucharistique, alors qu’il a rapporté dans son ch. 6 le discours de Jésus sur ce point; les ch. 13,14,15,16,17 de son Evangile n’ont peut-être pas tous été dits à la Sainte Cène qui semble, selon lui, se terminer à la fin du ch. 14. Ils rapportent sans doute des fragments des entretiens que Jésus eut avec ses Apôtres après sa Résurrection, du fait même que l’Eglise dans sa liturgie les mentionne pendant les Dimanches qui suivent Pâques…. etc. Ces considérations et beaucoup d’autres, nous incitent à penser que nous n’avons qu’un « résidu » de l’Evangile de Jean, et que des passages importants, et peut-être les plus nombreux ont disparu. Nous nous appuyons sur ces considérations pour imaginer la dernière scène de la Tragédie.